LES CULTURES INDUSTRIELLES : Tabac -Coton
Brochure :Les grands secteurs de l' Agriculture algérienne
Édité par le Gouvernement Général
Revu et augmenté par les soins de l'office Algérien d'Action Économique et Touristique
OFALAC - 40 rue d'Isly - Alger
anc.Imp.V.Heint
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sur site le 18-11-2003...+ février 2014

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Le Tabac

------La culture du tabac était pratiquée en Algérie bien avant notre arrivée, mais elle occupait des surfaces restreintes car, la consommation était insignifiante.
------Celle-ci augmenta avec l'Armée d'Afrique ; la culture demeurée libre de développa, et le Gouvernement l'encouragea par des achats.
------Mais ce n'est qu'avec la prodigieuse vogue de la cigarette que se créa une industrie algérienne du tabac à fumer et, naturellement, une grande extension de la, culture, qui' trouva un débouché sur place. La Régie française acheta également un contingent, et le tabac entra pour une part appréciable dans le revenu des cultivateurs musulmans des régions de la Mitidja, des Issers et de Bône, les plus favorables à cette culture.
En 1907, pour la première fois, un impôt fut créé sur les tabacs commercialisés. lI est devenu une importante ressource de budget algérien.
------Mais c'est surtout après la guerre de 1914-1918 que la culture du tabac prit l'importance qu'elle a conservée, grâce à l'élan que lui donna la coopérative.

------La Société coopérative des planteurs de tabacs de Bône, la " Tabacoop ", puis celle de la Mitidja et de la Kabylie, se fixèrent un triple objectif : assurer aux planteurs une rémunération convenable et, autant que possible, stable ; pratiquer une politique de qualité par la distribution de semences sélectionnées pour la culture de variétés appropriées ; traiter les tabacs afin de livrer à l'industrie et au commerce un produit irréprochable.

------C'était là les objectifs économiques. Ils allaient de pair avec les réalisations sociales : fixation à la terre du planteur par une culture familiale ; élévation de son standing d'existence ; assimilation progressive mais sûre,' parce que basée sur l'intérêt, des bienfaits de la coopération et de la mutualité.
Enfin, au-dessus de toutes ces considérations d'ordre privé ou professionnel, fraternisation effective dans le labeur et le profit entre Français et Français-Musulmans.
------On peut dire que tous ces objectifs ont été atteints grâce à l'esprit d'initiative et d'organisation des dirigeants, à la compréhension des coopératives, et à l'aide précieuse, vitale, de la Métropole, sous la forme de contrats d'achats par la Régie de quantités importantes - les 2/3 de la récolte - à des prix fixés de façon à assurer la stabilité et la permanence de la culture.
------La production du tabac, qui dépasse 20 millions de kilogrammes et occupe près de 30.000 hectares, est parvenue aujourd'hui en Algérie à l'étiage normal. Il ne convient pas de le dépasser, et c'est vers d'autres cultures sociales telles que le coton et le riz, que doivent être dirigés nos cultivateurs.
------Quoi qu'il en soit, le tabac, dont la production représente à peu près une journée de travail par kilog, demeurera un des meilleurs moyens de fixer le paysanat algérien.

Le coton

------Le cotonnier n'est pas, en Algérie, une plante spontanée. Il est venu d il y a des siècles, des millénaires même, puisque les Romains le connure que sa culture fut pratiquée aux XVè et XVIè siècles par les Turcs.
------Les Français le trouvèrent comme plante d'ornement, ou presque à sauvage dans les marais.
------Comme pour toutes, les plantes exotiques, sa culture fut encouragée 1831 par le Gouvernement. Depuis, elle connut de brèves époques de prospé et de longues périodes de délaissement total qui correspondent aux gue (Sécession, 1914-1918, 1939-1945), qui revalorisèrent le prix du coton.

-----Depuis quelques années, le relèvement sensible des cours, les efforts conjugués des agriculteurs groupés en coopératives, et des Pouvoirs publics, ont abouti à une extension importante de sa culture. Et le cotonnier a désormais une place certaine dans l'économie algérienne et nationale.
------En effet, la France, qui possède la quatrième industrie cotonnière du monde est contrainte d'importer annuellement une moyenne de 260.000 tonnes de coton brut, provenant en majeure partie des Etats-Unis. Depuis quelques années l'apport des territoires d'outre-mer s'est considérablement accru, et représente pour la dernière campagne 15,26 % de la consommation française.
------La contribution algérienne s'élève à 2.200 tonnes de fibres pour cette même période, et ce tonnage peut être sensiblement accru en utilisant à plein toutes les possibilités algériennes, d'une part dans les périmètres irrigables, et d'autre
part dans la vaste région de Bône et El-Arrouch pouvant normalement recevoir de 10.000 à 15.000 hectares de cotonniers qui, en culture sèche, donnent des rendements très satisfaisants et produisent une fibre de longueur moyenne (26 à 28 mm.), de qualité excellente. Elle y occupe déjà 6.500 hectares.
------En accord avec les Services de l'Expérimentation du Gouvernement Général et avec le concours des ingénieurs et techniciens de l'Institut de recherches C.T., il est procédé à la sélection méthodique des variétés les mieux adaptées à nos diverses régions, et donnant des fibres de qualité.
------Sur le plan industriel; la Coopérative cotonnière, qui groupe l'intégralité des planteurs de coton des trois départements algériens, dispose de trois usines équipées pour traiter dans des conditions normales de travail la production de 12.000 à 15.000 hectares de cotonniers.
------L'usine d'égrenage de Bône est, en raison de l'extension considérable des cultures dans cette riche région, celle qui a connu le développement le plus spectaculaire et qui dispose du matériel le plus moderne.
------En raison de ses besoins, la Métropole a intérêt à développer cette culture en Algérie comme dans les autres territoires de l'Union française, puisque chaque kilog de coton qui y est produit permet une économie de près 1 dollar.
------Une production de 5.000 à 6.000 tonnes de fibre, que l'ont peut raisonnablement escompter, conduit donc à une économie de 5 à 6 millions de dollars.
------De plus, le cotonnier est une culture sarclée qui procure du travail à des milliers d'ouvriers, aux femmes, vieillards et enfants, car les techniciens ont établi que 60 à 70 % du prix de vente du coton revient à la main-d'oeuvre.
------Son rôle social est donc très important, et dans les régions où elle est possible, elle fournit une base solide aux entreprises du paysanat.
------En octobre 1953, un important groupe de filateurs du Nord, de l'Est et de Normandie a visité les champs et les installations de la Coopérative cotonnière, de Bône.
------Ces professionnels ont été d'accord pour proclamer que la culture du cotonnier en Algérie était à encourager, et qu'elle était destinée à un développement certain et profitable à l'économie française.