| ------OFALAC 
        : La vigne est une plante spécifiquement méditerranéenne. 
        Aussi, dès l'antiquité, l'Afrique du Nord produisait-elle 
        déjà des vins qu'elle exportait dans les territoires bordant 
        la Méditerranée. Cinq siècles avant l'ère 
        chrétienne, dit-on, les vins de la colline de Byrsa à Carthage 
        étaient déjà célèbres. On a trouvé, 
        en Algérie, des traces certaines de cet ancien vignoble nord-africain, 
        notamment dans les ruines de Cherchell et de Tipaza, où des mosaïques 
        antiques représentent le déchaussage et le sarclage de la 
        vigne, le foulage du raisin.------Dans 
        la période qui suit la chute de l'Empire Romain, la viticulture 
        régresse progressivement au point de presque disparaître. 
        Après la conquête de l'Afrique du Nord par les Musulmans, 
        auxquels leur Livre Saint interdit la consommation du vin, les populations 
        indigènes ne s'intéressent plus à la vigne que pour 
        la production du raisin frais, qu'elles apprécient particulièrement.
 ------À 
        l'arrivée des Français en Algérie, en 1830, la vigne 
        ne couvre plus que 2.000 ha. Les premiers colons, dont certains étaient 
        originaires du Midi, plantent de la vigne. Mais, s'ils sont encouragés 
        par les résultats obtenus grâce aux conditions extrêmement 
        favorables du milieu en ce qui concerne la production du raisin, ils se 
        heurtent à des difficultés toutes particulières, 
        et qui paraissent alors insurmontables, en ce qui concerne la vinification 
        en pays chauds : les vins obtenus sont médiocres ou mauvais, se 
        conservent mal. Le Maréchal Bugeaud, alors Gouverneur Général 
        de l'Algérie, doute lui-même de l'avenir viticole du pays. 
        Il estime que - du fait des difficultés de vinification - la vigne 
        ne pourra jamais y fournir autre chose que du raisin de table pour les 
        populations locales. En 1861, plus de trente ans après l'entrée 
        des Français à Alger, la vigne ne couvre encore que 6.500 
        ha.
 ------C'est 
        grâce aux découvertes de Pasteur sur les fermentations alcooliques 
        (1857) qui permettent dorénavant de vinifier en pays chauds, puis 
        à l'invasion phylloxérique en France (1864) qui, en détruisant 
        systématiquement le vignoble métropolitain, en réduit 
        la production, que le vignoble algérien peut prendre son essor 
        jusqu'à devenir l'un des éléments prépondérants 
        de la mise en valeur et de la richesse du pays.
 ------C'est, 
        en effet, à partir de 1870 seulement que le vignoble s'étend 
        30.500 hectares sont déjà plantés en 1881 ; 125.000 
        ha. sont recensés en 1888. De plus, des modifications heureuses 
        sont apportées dans l'encépagement ; on délaisse 
        l'Aramon et les Terrets pour planter Carignan, Cinsault et Mourvèdre, 
        que l'on commence à savoir correctement vinifier malgré 
        les fortes chaleurs d'août et septembre.
 ------Dans 
        la décade suivante, de 1890 à 1900, le vignoble continue 
        à s'étendre, mais on note un ralentissement dans sa progression. 
        C'est que le vignoble métropolitain est maintenant en grande partie 
        reconstitué, que la mévente des vins se manifeste déjà, 
        et que l'Algérie, à son tour, est, depuis 1885, envahie 
        par le phylloxera.
 ------La loi 
        du 23 mars 1899 ouvre l'ère de la reconstitution du vignoble algérien 
        sur plants américains. Mais la crise de mévente du vin complique 
        la situation des colons, et certains d'entre eux doivent abandonner la 
        production viticole.
 ------Malgré 
        ces périodes d'épreuves - que les agriculteurs de tous les 
        pays connaissent bien - les surfaces s'étendent encore et, en 1914, 
        181.000 ha. de vigne en production existent en Algérie. Ces surfaces 
        régressent à 170.000 ha. en 1920, pour passer à 271.000 
        ha. en 1930 et atteindre leur plafond en 1935 avec 396 000 ha.
 ------La production 
        moyenne annuelle de la période quinquennale qui précède 
        l'ouverture des hostilités est de 17 millions 1/2 d'hectolitres.
 ------Les 
        vins algériens sont alors d'excellente qualité.
 ------L'Algérie 
        possède, tant pour la préparation des vins rouges que pour 
        celle des vins rosés, des vins blancs et vins de liqueur, une gamme 
        de cépages bien adaptés aux milieux et susceptibles de satisfaire 
        à toutes les exigences de qualité. Pour les vins rouges 
        et rosés, ce sont surtout le Carignan et le Cinsault. Ils donnent 
        des produits bien constitués et agréables nu goût. 
        En montagne, on y trouve en outre, en mélange : Pinot, Cabernet, 
        Grenache, Mourvèdre et Syrah. Le teinturier utilisé est 
        ]'Alicante Bouschet. Pour les vins blancs, ce sont les Clairettes, Merseguéra 
        et Maccabéo qui dominent. Les vins de liqueur sont principalement 
        à base de Grenache et Muscat.
 
 -----Les 
        vignes à raisin de table, surtout encepagées 
        en Chasselas et subsidiairement en Muscat et variétés kabyles, 
        couvrent 6.700 ha. et donnent une production de l'ordre de 25:000 à 
        30.000 tonnes, dont 4 000 à 7.000 tonnes de Chasselas précoce 
        pour les exportations de juillet.------Les 
        méthodes modernes de vinification, mises au point dans les laboratoires 
        nologie, notamment ceux de l'Institut Agricole d'Algérie, 
        rationnellement appliquées dans de puissantes caves coopératives, 
        permettent l'obtention de vins parfaits et de bonne conservation.
 ------Pendant 
        la période des hostilités, la situation est profondément 
        modifiée. Les moyens réduits de production dont dispose 
        l'Algérie coupée de la Métropole : carburants, engrais, 
        produits antiparasitaires, sont réservés par priorité 
        aux cultures vivrières. La vigne périclite et les surfaces 
        régressent. En 1947, il ne reste plus que 340.000 ha. dont 333.000 
        en production, la récolte n'est plus que de 9 millions d'hectolitres.
 ------Le vignoble 
        algérien est au plus bas, un effort considérable de reconstitution 
        est à faire.
 ------Il est 
        fait au cours de la période 1946-1952 : 112.000 ha, de vigne sont 
        replantés, la taille de rajeunissement est largement étendue 
        et rationnellement appliquée, l'équipement des exploitations 
        est modernisé. Des dizaines de milliards sont investis dans cette 
        régénération de la viticulture.
 ------Fin 
        1952, la vigne couvre à nouveau près de 400.000 ha. du territoire 
        algérien, mais 367.000 ha. seulement sont en production, et il 
        faudra attendre plusieurs années encore pour que le potentiel de 
        production 1938 soit complètement reconstitué. Il aura fallu 
        dix ans d'efforts et des dépenses se chiffrant par dizaines de 
        milliards, pour effacer les redoutables conséquences de la guerre.
 ------Cependant, 
        l'on peut dire que d'ores et déjà la vigne a repris toute 
        son importance économique et sociale d'autrefois.
 ------Les 
        résultats obtenus par la viticulture algérienne montrent 
        que les techniques culturales sont au point. Mais cela ne veut pas dire 
        qu'il ne reste rien à faire en la matière. Des améliorations 
        sont toujours possibles. Aussi, les Pouvoirs Publics et la Section Algérienne 
        de l'Institut Technique du Vin, représentée par la Confédération 
        Générale des Vignerons Algériens, ont-ils établi 
        un important programme de recherche et d'expérimentation ayant 
        pour objet d'améliorer encore les techniques viticoles ainsi que 
        la qualité des produits et de réduire - si possible - les 
        prix de revient. À cet effet, en outre des travaux de laboratoire 
        exécutés à l'Institut Agricole d'Algérie, 
        38 champs expérimentaux et vignes-pilotes ont été 
        créés au cours des trois dernières années.
 
 
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