AÏN - M'LILA
LA GROTTE PRÉHISTORIQUE DE BOU-ZABAOUINE
Afrique illustrée du 23-5-1908 - Transmis par Francis Rambert

LA GROTTE PRÉHISTORIQUE DE BOU-ZABAOUINE

Cette grotte se trouve à environ quatre kilomètres et demi au sud-ouest d'Aïn-M'lila, du département de Constantine. Elle est située sur le flanc est de la montagne appelée par les indigènes Bou-Zabaouine, au-dessus d'un ravin dont la tête forme limite entre les douars Oulad-Zouaï et Oulad-Belaguel. Cette montagne, au point de vue géologique, appartient, d'après M. Ficheur, le savant directeur de l'École des Sciences d'Alger, au terrain crétacé (étage aptien).

Un chemin carrossable d'Aïn-M'lila au marché de Naàmane conduit jusqu'au pied du Bou-Zabaouine : il faut alors gravir un escarpement assez raide pour accéder à la belle grotte préhistorique, à 964 mètres d'altitude.

On découvre alors au nord-est, au milieu de la plaine, le joli centre d'Aïn-M'lila et, plus loin, au fond, les mamelons de Fedj-Sila et des Oulad-Djehiche ; au nord, les quelques maisons d'El-Guerra et le soulèvement du Djebel-Meimane, dont on est séparé par la grande plaine, bien cultivée, des Oulad-Belaguel.
A ses pieds, l'on domine le ravin dont il est parlé plus haut et qui, à l'époque de l'occupation de la grotte, ne devait pas être si encaissé, l'action des eaux ayant dû l'approfondir dans une notable proportion.

A l'entrée de la grotte et dans la direction du ravin, s'étend un éboulis considérable de guano, pierrailles, sable, débris divers produits par les eaux pluviales qui descendent des failles supérieures et aussi par les détritus rejetés par les troglodytes d'alors. A droite et à gauche, courant le long de l'arête perpendiculaire contre laquelle est creusée la grotte, existent de nombreux sentiers dont plusieurs vont jusqu'au Ras-Bou-Zabaouine, sommet d'où, dans une vue magnifique, l'on découvre les arbres de Sidi-Mabrouk, près Constantine, au nord, et le Bou-Arif au sud.

L'ouverture de la grotte a les dimensions suivantes : hauteur, 6m50 ; largeur, 5m40. Cette ouverture quadrangulaire a été taillée par la main de l'homme et a dû nécessiter un travail considérable, si l'on songe que les populations primitives ne possédaient aucun instrument en fer.

*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1908. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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LA GROTTE PRÉHISTORIQUE DE BOU-ZABAOUINE
LA GROTTE PRÉHISTORIQUE DE BOU-ZABAOUINE
LA GROTTE PRÉHISTORIQUE DE BOU-ZABAOUINE

Cette grotte se trouve à environ quatre kilomètres et demi au sud-ouest d'Aïn-M'lila, du département de Constantine. Elle est située sur le flanc est de la montagne appelée par les indigènes Bou-Zabaouine, au-dessus d'un ravin dont la tête forme limite entre les douars Oulad-Zouaï et Oulad-Belaguel. Cette montagne, au point de vue géologique, appartient, d'après M. Ficheur, le savant directeur de l'École des Sciences d'Alger, au terrain crétacé (étage aptien).
Un chemin carrossable d'Aïn-M'lila au marché de Naàmane conduit jusqu'au pied du Bou-Zabaouine : il faut alors gravir un escarpement assez raide pour accéder à la belle grotte préhistorique, à 964 mètres d'altitude.

On découvre alors au nord-est, au milieu de la plaine, le joli centre d'Aïn-M'lila et, plus loin, au fond, les mamelons de Fedj-Sila et des Oulad-Djehiche ; au nord, les quelques maisons d'El-Guerra et le soulèvement du Djebel-Meimane, dont on est séparé par la grande plaine, bien cultivée, des Oulad-Belaguel.
A ses pieds, l'on domine le ravin dont il est parlé plus haut et qui, à l'époque de l'occupation de la grotte, ne devait pas être si encaissé, l'action des eaux ayant dû l'approfondir dans une notable proportion.

A l'entrée de la grotte et dans la direction du ravin, s'étend un éboulis considérable de guano, pierrailles, sable, débris divers produits par les eaux pluviales qui descendent des failles supérieures et aussi par les détritus rejetés par les troglodytes d'alors. A droite et à gauche, courant le long de l'arête perpendiculaire contre laquelle est creusée la grotte, existent de nombreux sentiers dont plusieurs vont jusqu'au Ras-Bou-Zabaouine, sommet d'où, dans une vue magnifique, l'on découvre les arbres de Sidi-Mabrouk, près Constantine, au nord, et le Bou-Arif au sud.

L'ouverture de la grotte a les dimensions suivantes : hauteur, 6m50 ; largeur, 5m40. Cette ouverture quadrangulaire a été taillée par la main de l'homme et a dû nécessiter un travail considérable, si l'on songe que les populations primitives ne possédaient aucun instrument en fer.

Lorsqu'on pénètre, on trouve un long vestibule de dix-huit mètres sur une largeur de six à sept mètres. A droite de ce vestibule on voit une baie produite par une faille. Cette baie, lorsque le soleil donne, jette une vive lumière dans le vestibule ; elle devait aussi servir, très probablement, de seconde ouverture aux habitants de la grotte.

A gauche, à douze mètres de l'entrée, s'élèvent de très hautes murailles perpendiculaires, d'un effet grandiose, à la base desquelles se trouve l'entrée d'un couloir qui a vingt-trois mètres de long. Ce couloir, taillé dans le roc, laisse à peine le passage à une personne et conduit à une chambre circulaire autour de laquelle se trouvent de petites logettes.

Directement en face de la grande porte d'entrée, à sept mètres se trouve l'ouverture d'une chambre creusée dans le calcaire. Cette ouverture, de forme triangulaire, donne accès dans une salle ayant quatre mètres de long sur cinq mètres de large.

A 7m50 de l'entrée principale, au fond du vestibule et à gauche de la première chambre, existe une excavation demi-circulaire de 4 mètres de long sur 3 mètres de large qui précède une autre chambre de 5 mètres de long sur 3 mètres de large.

Tel est l'aspect général de la grotte de Bou-Zabaouine après l'exécution de nos travaux de recherches qui, en diminuant progressivement le sol par couches successives, sur une hauteur variant entre deux et trois mètres et sur toute la surface intérieure, ont permis de dégager les diverses entrées des chambres et les chambres elles-mêmes.

Les fouilles ont porté plus spécialement sur la pièce principale et la chambre dont l'entrée affecte la forme triangulaire.

Dans les diverses couches nous avons rencontré des instruments en silex, calcaire, grès, os, corne de cerf, le tout disposé sans ordre. Le mélange des divers objets s'explique par les bouleversements naturels : inondations venant par la faille supérieure, tremblements de terre, chute de débris des parois de la grotte et aussi par les trous et petites galeries faites par les hyènes, chacals et autres animaux.

Les plus intéressants des silex découverts consistent en haches, pointes de flèches, lames avec pédoncule.

Indépendamment des silex dont nous donnons la photographie, la grotte de Bou-Zabaouine nous a fourni des racloirs, burins, grattoirs circulaires, pointes à main, ciseaux, perçoirs, poinçons, scies, dont quelques échantillons bien conservés sont des plus intéressants.

Des outils en calcaire et en grès ont été également trouvés dans la grotte précitée : ils consistent en broyeurs, haches, tètes de lances. casse-tètes, coups-de-poing, poids de filets.

Parmi les broyeurs en grès, un de ces instruments présente à sa base des traces très apparentes de la matière rouge qu'il a broyée, probablement de l'hématite.

Les habitants de Bou-Zabaouine fabriquaient de nombreux outils en os poli : poinçons, aiguilles, pointes de sagaie, racloirs, cuillers, lissoirs, pendeloques.
Ils utilisaient aussi l'ivoire et polissaient les dents de sangliers ou autres animaux.

En outre des instruments ci-dessus mentionnés, nous avons trouvé une coquille de cyproea, un débris d'écaillé de tortue (ces deux objets étaient pourvus d'un trou de suspension), des fragments de coquille d'œufs d'autruche, une corne de bubale de 28 centimètres de long et des cornes de gazelle.

Les débris d'animaux recueillis consistent en un os de bos ibéricus, une molaire inférieure et une astragale de l'equus africanus, des os de bœuf, cheval, antilope, mouton, hyène, chacal, genette, lièvre, gerboise, débris de carapace de tortue, dents de sanglier, coquilles d'œufs d'autruche, pointes de porcs-épics et des hélix.

D'après les nombreux documents découverts, il ressort que la grotte de Bou-Zabaouine a été occupée depuis le chelléen jusqu'au néolithique. La similitude des objets recueillis avec ceux des diverses grottes de France et de Belgique fait supposer que l'industrie était sensiblement la même chez les populations africaines que chez celles d'Europe.

Cette similitude d'industrie amène à croire que les populations primitives de Bou-Zabaouine. comme toutes celles de l'Afrique septentrionale, devaient avoir des relations commerciales avec les diverses races d'Europe.

Ces relations pouvaient s'effectuer, d'un côté, par le seuil de Gibraltar qui, écroulé au début de l'époque pliocène, a fait place au détroit actuel, et. d'un autre côté, par l'Égypte, la Turquie et le Bosphore, et peut-être aussi par la Sicile alors soudée à la Tunisie ?

Pour la détermination de la période préhistorique à laquelle appartenait la population quaternaire de Bou-Zabaouine, nous pensons que l'on peut l'assimiler au néolithique, en raison des pièces suivantes : haches polies, molette, polissoirs, pointes de flèches et objets en os et en ivoire.