LES HAUTS PLATEAUX ET LE SUD ORANAIS
AÏN-SEFRA
extrait des Guides bleus Hachette, 1955 - page 223 et 224

 


mise sur site : juin 2013

9 Ko
retour
 

451 k. Aïn Sefra, la « source jaune « (ch. de fer, p. 24 ; — hôt. Sud-Hôtel, tél. 0-26), ch.-1. d'une commune mixte de 24.400 hab.,
ex-ch.-l. du Territoire militaire d'Aïn Sefra, à 1.070 m. d'alt., adossé au massif du djebel Mekter, en avant duquel s'étend une ligne de dunes longue de 15 à 20 k.

Une stèle commémorative élevée en souvenir du maréchal Lyautey et de sa pacification du Sud oranais porte l'inscription suivante : « Maréchal Lyautey, Aïn Sefra 1903-1906 » ; en dessous, cette citation des Lettres du Sud oranais « Mon commandement à Ain Sefra est celui où je goûtai les plus belles joies de ma carrière ». C'est en effet d'Ain Sefra, en mai 1903, que Lyautey entreprit de pacifier le Sud oranais à la suite de l'embuscade du col de Zenaga (p. 227-228).

A 200 m. de la gare (fortifiée) se trouve le village européen, puis de l'autre côté de l'oued, généralement à sec, et qu'on franchit sur un pont, la redoute, quartier militaire comprenant des casernes de style mauresque, le bureau arabe, les divers services militaires. L'ancien village européen fut dévasté de fond en comble le 21 oct. 1904 par une crue subite. Au nombre des victimes se trouvait Isabelle Eberhardt, écrivain orientaliste (1877-1904) ; une plaque, commémorant ce fait, est appliquée sur la maison où elle vécut.

Au S.-0. est un ksar, ou village indigène, avec de maigres jardins, qu'on pourra visiter. L'Institution Lavigerie, dirigée par les Pères Blancs, comprend une section d'apprentissage. Dans l'ouvroir, tenu par les Soeurs Blanches, on fabrique des tapis.

La redoute est adossée aux *dunes, dont la magnifique couleur d'or rouge met dans le paysage une note éclatante et imprévu Elles semblent se lancer à l'assaut de la redoute et menacer de l'engloutir, et elles la menacent en effet : lorsque souffle le vent du S., il charrie le sable en grande quantité dans les rues d'Ain Sefra, et l'on y enfonce jusqu'à la cheville. On a entrepris de fixer le sable par des plantations de peupliers, de saules, d'arbres de toutes sortes, qui constituent pour Aïn Sefra un charmant jardin (pour s'y rendre, contourner la redoute). Derrière le jardin, on pourra monter sur la dune (parfois des vipères à cornes, s'il fait chaud).

ENVIRONS. — Aïn Sefra est au coeur des monts des Ksour, massif de l'Atlas saharien qui se relie, par le djebel Amour, aux monts algérois des Ouled Naïl et, par les hauts plateaux marocains, au Haut-Atlas. Les excursions suivantes en donnent une idée. Plusieurs chantiers d'alfa.
1. Tiout (19 k. E. ; piste ; station de ch, de fer à 5 k. de l'oasis ; excursion recommandée). — On traverse une plaine encadrée entre les djebels Aïssa et Mekter. — 5 k. Djebel Mahisser, ou rocher Carminé, avec des gravures rupestres que l'on se fera montrer : on y voit, sculptés sur le grès rouge avec un certain sentiment artistique, des éléphants et un lion, Des caractères berbères, arabes, français, tous très postérieurs aux dessins d'animaux, y ont été tracés ; le rocher a été entouré d'une grille,

19 k. Tiout compte environ 600 hab. et possède 500 à 600 palmiers, Il occupe une position très pittoresque, au milieu de grands rochers de grès rouge. L'oasis se trouve en aval d'un barrage qui disparaît sous les roseaux et les plantes aquatiques, dont les eaux sont visitées par des oiseaux de toutes sortes et peuplées de poissons. On entre dans le ksar (intéressant) par la porte de Sidi Ahmed Ben Youssef, qui porte le nom du savant de Miliana (p. 148), dont descend la famille de l'agha de Tiout, — Un peu plus haut que l'oasis, en traversant l'oued, on se fera montrer d'autres gravures rupestres également entourées d'une grille. Des chasseurs sont représentés avec des plumes sur la tête et armés d'arcs et flèches. Divers animaux, dont plusieurs appartiennent à des espèces qui ont disparu depuis longtemps du pays, s'entremêlent aux personnages. Des gravures semblables, que les indigènes appellent Hadjerat Meklad, les pierres écrites, se voient en divers lieux du Sud oranais, en particulier dans la région d'Ain Sefra et dans le djebel Amour.

2.Ras Chergui (2.011 m. ; ascension intéressante, possible à cheval ou à mulet, mais préférable à pied). — Le Ras Chergui est le point culminant du djebel Mekter, qui s'élève au S. d'Ain Sefra. Il y a un sentier muletier direct conduisant à l'ancien poste optique, qui couronne l'éperon N, E. du massif (montée 3 h. 30 à 4 h. ; descente 2 h. 30 à 3 h.) ; il est davantage recommandé, si l'on peut consacrer la journée entière à l'excursion (guide et provisions), de monter (à pied) en contournant le massif par l'O. et le S. (en 5 à 6 h.), puis de descendre par le sentier. Maigres bois de thuyas et de chênes verts sur les croupes supérieures. Du sommet , vue merveilleuse et très étendue.

3. Djebel Aissa (2.256 m.). — Un sentier muletier (montée 2 h. 30) conduit au poste optique (1.590 m.) qui couronne, à 7 k. N. d'Ain Sefra, un éperon S. du djebel Aissa (belle vue). — Il faudrait 5 à 6 h. au moins pour atteindre au N.-E., à 2.256 m., le plus haut sommet du massif (moins long de la station de Mekalis, p. 221). — Sur le revers N.-E., à 12 k. S. de Mekalis et à 35 k. N.-E. d'Ain Sefra, source dite Ain Aissa (d'où l'on peut monter au sommet en 2 h. à 2 h. 30), auprès de laquelle avait été installé un sanatorium militaire aujourd'hui désaffecté.

D'AIN SEFRA A GÉRYVILLE.