sur site le 12-10-2003
-L'Algérie, Alger, leur Histoire.
Achèvement de la pacification : 1881-1890
L'Algérie et le Maroc 1903-1930
Les confins algéro-marocains

pnha, n°108, janvier 2000

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Général d'Amade

-------Extrait de la lettre du 12 juin 1923, adressée de Pontus-Fronsac à Monsieur Flandrin figurant en tête de l'album de photographies rétrospectives montrant le développement de la ville de Casablanca (1): "Le Maroc n'est-il pas le fruit de cent années d'énergies françaises ; l'épanouissement naturel et légitime de notre domaine Nord-Africain sur l'Atlantique ; son débouché sur une mer libre ? Il s'ouvre sur la Méditerranée de demain ; en face de lui, sur la rive américaine, l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay, le Venezuela, les Etats-Unis, étalent leurs splendides perspectives ; et aussi Panama d'où l'on prend une vue directe sur le Pacifique, le Japon, la Chine, sur tout l'avenir permis à l'activité de l'homme, à son labeur, à son génie.
-------Vos belles photographies sont les jalons, les premières bornes militaires, sur la nouvelle grande route de l'Histoire de demain. Avant la fin du siècle que sera la France nord-africaine, que sera Casablanca ? Ce seront avec les autres colonies françaises d'Afrique, les États-Unis, New-York.
-------En avant Français du Maroc ! En marche
vers l'avenir ! Un avenir radieux comme votre lumière, une moisson d'efforts de confiance et de gloire, lourde aussi de devoirs, et plus magnifique que toutes les visions des semeurs !"

Maréchal de France Lyautey

-------Commentaires sur la "guerre coloniale" d'après un document appartenant au général Durosoy (2)
"La guerre coloniale n'a rien de commun avec les guerres entre nations. Elle est une organisation qui marche.
-------- Elle est constructive, celles-ci sont destructives.
Elle crée de la vie et non des ruines
On ne s'empare pas d'un repaire comme d'une position lorsqu'il doit devenir immédiatement un centre d'attraction, un marché, et que l'adversaire d'aujourd'hui doit y être le collaborateur de demain"
. -------- Le Maroc devient un grand pays en vingt années de présence française. Grâce à une pléiade d'hommes de très grande valeur, le Maroc sort d'une léthargie et une anarchie pour se métamorphoser. Avec l'ordre rétabli, l'architecture se développe en respectant le caractère du pays ; les communications, la voirie se développent à la même cadence que l'hygiène introduite. Tout cela grâce à un urbanisme bien pensé et mis en œuvre par des entreprises de qualité. Les plantations bénéficient aussi du savoir-faire français ; elles se développent et poussent d'une manière active.
Les résultats obtenus se constatent par un afflux du trafic maritime, ferroviaire et aérien.
-------- Combien furent admirables ces soldats qui étaient demeurés fidèles à la France et à son drapeau dont ils défendirent les couleurs sur tous les fronts où la France était engagée pour sa liberté.
-------- Quelles belles leçons d'union de populations de différentes ethnies aurions-nous pu donner au monde si nos politiques l'avaient souhaité et surtout avaient eu le courage de poursuivre, avec la même vigueur et la même hardiesse, l'action de leurs aînés. Ils disposaient pourtant de plus de moyens, d'autant de pacificateurs humanistes et d'entrepreneurs laborieux. Nous avons entendu : "Ils veulent l'indépendance ? qu'ils la prennent !.
-------- Toutes ces énergies, dépensées par la France pour le bonheur des hommes dont elle avait la charge de conduire à bon port, vont être balayées par cette réponse dramatique et lourde de conséquences. Devant l'exigence d'ambitieux intellectuels ou (et) de chefs religieux, les premiers à bonne école, hélas, dans certains milieux d'idéologues français, un des gouvernements de la France accepte de larguer une grande partie de son territoire et les pays qu'elle avait mission de conduire, après une pacification réussie, vers une civilisation nouvelle et originale. Celle-ci, en bonne voie de concrétisation, sous la forme islamo-judéo-chrétienne, voit les cultures Moyen-orientale et occidentale se côtoyer, ce qui fait le charme des populations et de l'architecture des édifices. Le monde musulman, qui avait succédé à celui chrétien, et celui européen voisinaient avec une tolérance réciproque. Le premier affichait la générosité intellectuelle et la charité de l'esprit, deux qualités prônées par l'Islam, et que nous connaissions. Cet altruisme devait permettre aux populations indigènes d'atteindre la plus élevée et la meilleure des conditions sociales.

 

-------- Bien sûr il fallait pour cela l'appui, sans réserve de l'une des nations occidentales, européenne, de préférence.
-------- Laquelle d'entr'elles pouvait mieux faire que la France qui avait commencé à établir ce trait d'union indispensable à attirer les bénéfices de la civilisation occidentale, sans aucun fard politique, économique ou religieux, ni volonté d'asservissement ?. C'était le souhait de l'ensemble des habitants, de toutes confessions, d'Afrique du Nord ! Mais il fallait une volonté politique qui a manqué aux grandes nations civilisées, aux intellectuels conseillers du pouvoir et partant aux gouvernants de l'époque qui n'étaient pas de la même trempe de ceux qui, malgré les difficultés internationales rencontrées, ont montré tant d'esprit d'initiative, d'entreprise et de courage. Malgré les embûches, croyant à leur mission humaniste, ils ont persévéré dans leur tâche, bien des fois au milieu de la tourmente, sans jamais abdiquer. Quitte à me répéter, devant une rébellion vaincue et, probablement, pour satisfaire à des ambitions européennes, le pouvoir a préféré "mettre les pouces" plutôt que de s'attaquer à résoudre les problèmes politiques, propres à chacun des Essais de l'Union Française. Questions patentes depuis le discours prononcé par le chef du gouvernement provisoire de la République, lors de l'ouverture de la conférence africaine qu'il avait prononcé à Brazzaville, le 30 janvier 1944. L'engagement des colonies sur la route de temps nouveaux que préconisait celui que d'aucuns disaient être un visionnaire n'a pas eu de suite logique. En effet, celui-ci, plutôt que de continuer à se battre a préféré se plonger dans un désert politique abandonnant sa Patrie avec ses problèmes issus de l'occupation, aux politiciens dont il avait, dès le lendemain de la libération fait revenir certains qui ont été si néfastes
à la nation en 1940 et bien avant.
-------- Son retour au chevet de la France, malade certes mais encore grande, ll années plus tard, se conclut par l'effondrement de l'Union Française et le largage de la plus grande partie du territoire de la France nord-africaine. Cela alors qu'aux moments les plus dramatiques de son histoire, de 1940 à 1944, ses gouvernements successifs, malgré les difficultés de faire jouer nos institutions sous la pression des occupants allemands et italiens, ont su conserver par des artifices, toujours pas facile à concevoir, l'intégrité de ses diverses possessions, hormis celles de la Syrie et du Liban. Après l'armistice signé à Saint Jean-d'Acre le 14 juillet 1941, en dehors du général de Gaulle, ce qui mécontenta fortement celui-ci, entre le général Dentz, représentant le gouvernement légal de la France, à Vichy et le général britannique Henry Wilson, le Général Catroux, au nom du président du Comité National Français (CNF), créé le 24, proclame le 27 septembre 1941, de Londres, l'indépendance de la Syrie. Deux mois après, le 26 novembre, la même autorité proclame l'indépendance du Liban. Nous pourrions ajouter, pour le grand malheur de leurs habitants, car l'Angleterre avait évacué, pour les remplacer, les Forces Françaises Libres qui s'étaient substituées à l'Armée de la France qui leur assurait, depuis des décennies, la paix. La voix politique de notre visionnaire était d'ores et déjà tracée. Il l'appliquera dès son retour aux affaires par des artifices non glorieux.
-------- L'avenir radieux que prédisait le général d'Amade, ce grand pacificateur, et qui s'approchait à grand pas, où en est-il ?. Tout comme les États-Unis d'Afrique dont il rêvait ?.
-------- Les populations montantes, tant en France que dans nos anciens protectorats et celles d'Algérie réconciliées sauront-elles conserver cet esprit légué en héritage par leurs anciens pour bâtir, ensemble, ce vieux rêve qui devrait un jour se matérialiser, faire de la France et de l'Afrique du Nord le pont de l'Eurafrique, pour le bien être de leurs habitants

Gaston BAUTISTA
Lt Colonel (ER) du Génie

(1) Documents réunis par le photographe Flandrin, Casablanca de 1889 à nos jours. Édition photographiques "MARS", Casablanca 1928. Lettre autographe de M. le général d'Amade
(2) Généraux Hure, Delabare de Nanteuil, Colonels Devautour et de Pradel de Lamaze, l'Armée d'Afrique 1830-1962