sur site le 2/08/2002
-LA BERBERIE SOUS LA DOMINATION ARABE
À l'exception de la période de la romanisation, l'Afrique du Nord n'avait pas connu la paix. Il en a été de même pour sa prospérité qui en découlait.
Faute d'unité, le pouvoir politique a été, et l'est toujours, affaibli par des luttes tribales, par des troubles et des misères résultant non seulement de la pauvreté du peuple mais aussi de l'impuissance d'un trop grand nombre de chefs avides du pouvoir suprême.

pnha n°59 juillet 1995

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-------À l'exception de la période de la romanisation, l'Afrique du Nord n'avait pas connu la paix. Il en a été de même pour sa prospérité qui en découlait.
-------Faute d'unité, le pouvoir politique a été, et l'est toujours, affaibli par des luttes tribales, par des troubles et des misères résultant non seulement de la pauvreté du peuple mais aussi de l'impuissance d'un trop grand nombre de chefs avides du pouvoir suprême. Les discordes religieuses furent souvent à l'origine de luttes de clans, ce qui conduisit le pays à se replier progressivement sur luimême. Cela, nonobstant les efforts des générations laborieuses pour la mise en valeur de l'Afrique alors que celle?ci bénéficiait de certains bienfaits de la civilisation romaine qui avait marqué profondément, les Berbères.
-------Aujourd'hui, cela se vérifie à nouveau avec l'abandon de quinze de nos départements Français d'Algérie par le pouvoir d'il y a trente sept ans alors que nos compatriotes, de toutes confessions, avaient, par les sueurs et les sacrifices des Musulmans et des nonMusulmans, fécondé la terre et civilisé tout en transformant et enrichissant le pays. Ils étaient parvenus à unifier les départements au sein de la Mère-Patrie, sous le drapeau tricolore, symbole de la Liberté dans la Paix. Ceux que l'histoire appellera désormais les Pieds-Noirs avec un grand nombre de leurs frères, Français musulmans qui n'ont pas subi le génocide qui suivit l'abandon des quatre cinquièmes de notre territoire national, n'ont pu qu'y laisser avec leurs ancêtres dans leurs sépultures hélas trop souvent profannées, leur âme et leur coeur déchirés par l'imprévoyance de ceux qui, arguant le fallactieux prétexte des droits de l'homme, sans vouloir connaître les problèmes qui se posaient encore à l'Afrique, se firent les complices des assassins terroristes, d'hier et d'aujourd'hui. Oui, l'armée française d'Afrique était l'armée de la Paix, celle que nos casques bleus d'aujourd'hui assument si difficilement. S'il y avait eu une volonté politique saine, à l'époque, elle aurait achevé, aujourd'hui, sans perdre la face aux yeux du monde, la mission pacificatrice et civilisatrice que la France s'était fixée, alliant dans un même creuset, l'Orient
à l'Occident.
-------Premier envahissement de l'Afrique du Nord par les Arabes
-------Une nouvelle période s'ouvre dès lors dans l'histoire de l'Afrique du Nord qui avait changé, à plusieurs reprises, de maîtres, au cours des siècles précédant le VIF qui vit la première grande ivasion des Arabes.
-------Ce n'est qu'en l'an 647 que les premiers envahisseurs arabes se manifestèrent en Afrique du Nord, au cours d'une razzia près de Sutefula (Sbeitla), contre les armées byzantines commandées par le Patrice Grégoire qui fut tué durant l'action.
-------L'Afrique musulmane n'avait pas, jusqu'alors, d'existence propre.
-------La prise de Carthage, en 698, puis celles de toutes les autres possessions byzantines dans les quelques années qui suivirent, marquèrent le triomphe de la conquête arabe et l'incorporation de l'Afrique du Nord à l'immense domaine musulman dont l'Islam est la religion. La très succinte notion qui suit, parait indispensable pour mieux appréhender les problèmes, fort complexes, auxquels les Berbères n'ont toujours pas trouvé les solutions qui conduiraient le pays à l'unité, dans la paix. L'insécurité renaît et perdure, tant pour les voyageurs que les populations au départ de chacun des conquérants. Ce fut le cas pour les Romains avec la "Pax romana", avant celle des Français.
Naissance de l'Islam

-------L'Islam est né en Arabie occidentale, dans la région, située à l'Est de la Mer Rouge, qui borde la péninsule arabique.
-------Les Bédouins constituent la majorité de la population ;ils sont de race et de langue arabes. Ce sont des nomades, pasteurs. Mais
une partie d'entre eux est sédentarisée dans les oasis, peu fertiles, et dans trois villes
Medine, La Mecque et Tait
-------Il y a aussi, dans ces oasis et villes, des Juifs et des Chrétiens, les premiers en plus grand nombre que les seconds.
-------L'Arabe pratiquait, avant l'entrée en scène de Mohammed, une religion qui présentait deux caractéristiques
-Le polythéisme qui révère une dizaine de divinités dont trois femmes ;
- La "litholâtrie", culte, très populaire, des "Pierres sacrées", monolithes et blocs erratiques structurés par les érosions.
-------La Mecque est un carrefour commercial et un passage obligé des caravanes en provenance d'Orient et d'Arabie, vers l'Afrique du Nord.
Politiquement, le pays n'est pas structure, bien qu'il ait une assemblée de notables appartenant à la tribu dominante des Karechites. Les moeurs et préjugés de l'Arabe individualiste demeurent bien vivaces et perdurent.
-------A l'origine, la Kaâba est un temple païen ; dans un angle est enchâssée la "Pierre noire" vénérée des litholâtres.
-------C'est donc dans une Arabie cosmopolite, païenne et quelque peu anarchique que, en 580 ou 570 selon les islamologues, Mohammed, désigné sous le nom de Mahommed, vint au monde.
Le "Coran", incréé, est la parole révélée d'Allah, conservée dans les mémoires.
-------Le texte du Coran est un recueil de versets, réparti en cent quatorez "Sourates" ou chapitres. Toutes les citations reproduites par des copistes sont en langue arabe, tout comme la < Sira" et la "Sounnah" qui permettent de connaître la vie de Mohammed dont l'élaboration n'a commencé, qu'au moins, un siècle après la mort du fondateur de l'Islam, à Medine, le 8 juin 632.
-------Leurs traductions, auxquelles il faut se référer, comportent parfois des différences considérables. Ainsi, l'infléchissement du sens des messages islamiques et de la signification des versets, est possible suivant les tendances personnelles du traducteur ! ! Il faut donc vérifier, si tant faire se peut, que la traduction corresponde bien avant les faits et la manière dont le musulman
perçoit, vit de façon concrète et met en pratique le point du dogme considéré.
-------La femme était, dans la société arabe, inférieure à l'homme. La naissance d'une fille, plutôt que celle d'un garçon, était considérée comme une disgrâce. Mohammed reprendra en compte ces usages dans la religion qu'il a bâtie. Marié, en premières noces, à Khadidjah, riche veuve de la Mecque, elle engendra des fils qui moururent à la naissance. Quatre filles survécurent, sources d'intrigues et de discordes dans la succession de Mohammed, qui donnèrent naissance au schisme Chiite.
-------Pour une bonne compréhension de la suite de l'exposé et sans entrer dans la carrière religieuse de Prophète, ni dans une étude théologique, quelques autres explications sur l'Islam sont nécessaires.
-------La religion islamique repose, cela a été déjà dit, sur le "Coran" qui est une révélation mais aussi sur unr tradion " Hadith" intimement liée aux actes, aux préceptes et aux décisions du Prophète Mohammed..

 

-------" Sounnah" veut dire "coutume". C'est un ensemble de règles de vie religieuse, morale et sociale tirées de la vie de Mohammed et de son enseignement. Elle a pour objet de compléter et d'expliquer le "Coran". Les muslmans orthodoxes se désignent "Hommes de la Sounnah", d'où le vocable de "Sunnites" alors que les Chiites sont les légitimistes.
-------La " Charia" interprète la "Révélation" et dicte au musulman le statut familial, le droit pénal, le droit public et international, les relations avec les non?musulmans. Elle règlemente enfin sa vie religieuse, politique et sociale.
-------Le " Fiqh" , ou le "droit", est la sagesse fixée par la loi coranique.
-------Le droit est enseigné par quatre écoles juridiques : chafiite, malékite, hanifite et hanbalite, nom tiré de celui de leur fondateur. Pour l'interprétation des textes et de la Sounnah, il existe une assemblée de "Docteurs de la Loi musulmane", juristes et théologiens, à qui les fdèles s'adressent en cas de doute sur telle ou telle interprétation. Ce sont les Ulemas dont la réponse écrite constitue une décision.
-------Les cinq piliers de l'Islam sont
-Chahâda, la profession de foi : il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah et Mohammed est l'envoyé de Dieu;
- Salaât, la prière : récitée cinq fois par jour à des heures bien déterminées, elle est un acte individuel qui devient une manifestation de la Communauté lorsqu'elle est dite en commun ;
- Zaâkat, l'aumône, prélèvement annuel sur les richesses personnelles, au profit des pauvres et des oeuvres de charité ;
- Ramadam, mois de jeûne ;
- Hadj, le pèlerinage de la Mecque ;les pauvres et les malades en sont dispensés.
-------Il convient d'ajouter à ceux-ci, l'interdiction de la consommation de la viande de porc et de toute chair provenant d'un animal non égorgé, poisson excepté :l'usage des boissons alcoolisées est bien nettement interdit, tout en condamnant l'ivresse.
-------Le Coran appelle à l'usage, aux fins de renforcer la puissance de la théocratie que Mahommed a fondé, de la "Djihad", ou guerre sainte. Le verset 29 de la Sourate (Chapitre) IX commande aux croyants: " Faites la guerre à ceux qui ne croient point en Dieu ni au jour dernier, qui ne regardent point comme défendu ce que Dieu et son apôtre ont défendu, et à ceux d'entre les hommes des Ecritures qui ne professent pas la croyance de la vérité. Faites leur la guerre jusqu'à ce qu'ils payent le tribut tous sans exception, et qu'ils soient humiliés" (certains traducteurs remplace le terme humiliés par "soumis").
-------La conception du martyre, pour le musulman, est tirés du verset 112 de ce même chapitre IX traduit par M. Kasimirski, édition française Sacelp, Paris.: "Dieu a acheté des croyants leurs biens et leurs personnes pour leur donner le paradis en retour ; ils combattront dans le sentier de Dieu, ils tueront et seront tués. La promesse de Dieu est vraie ; il l'a faite dans le Pentateuque, dans l'Evangile, dans le Coran ; et qui est plus fidèle à son alliance que Dieu ? Réjouissez- vous du pacte que vous avez contracté ; c'est un bonheur ineffable".
-------Après cet intermède exégétique, nous revenons à l'Afrique du Nord.
-------Omar, le second Khalife, successeur de Mohammed et d'Abou Bakr, père de l'épouse favorite de Mohammed, était également le père d'une épouse de Mohammed. Vainqueur des Byzantins et des Persans, il avait interdit la poursuite de la guerre sainte à l'Ouest de la Tripolitaine. Assassiné en 644, Oth'man, gendre de Mohammed, lui succède et lève cette interdiction.
Le gouverneur musulman de l'Egypte, for tde cette décision, lance ses attaques contre l'Ifriqya, l'Afrique proconsulaire du temps des Romains.
Oqba,commandant arabe des opérations militaires en Afrique du Nord, se battit contre les Berbères qui furent vaincus près de Tlemcen ; leur chef, Kossayla, fut fait prisonnier.
-------Les poètes et les chroniqueurs embellirent cette glorieuse et légendaire expédition qui conduisit Oqba dans le Sous, jusqu'à l'Atlantique.
Kossayla qui s'était échappé regroupa une armée de Berbères et battit, allié aux Byzantins, Oqba qui fut tué devant Tehouda (Biskra). Il entra à Kairouan, mais il en fut chassé par un nouvelle armée arabes, en 688.
-------Les Berbères, unis aux Byzantins, étaient redoutables dans les opérations militaires, les Arabes attaquèrent les seuls Byzantins. Ils prirent par deux fois et définitivement Carthage, en 698. C'était la fin de la domination byzantine en Afrique du Nord.
-------Contre les Berbères la lutte fut bien plus difficile, dure et longue. C'est à partir de Kairouan, citadelle militaire, que les expéditions furent lancées sur les populations berbères.
-------La propagation manifeste de la foi par les armes fut le premier mobile de la rapide extension du domaine musulman à travers le monde, le vieux continent et l'Afrique. La religion et la guerre étaient intimement liées. La violence n'était pas exclue pour parvenir, de façon systématique, à la conversion à l'Islam. Les Berbères en firent l'expérience. En effet, au cours de ses expéditions militaires, Moussa ben Noçayr faisait de nombreux prisonniers parmi les populations qui n'avaient plus le choix qu'entre la conversion et l'exil ou la mort.
La conversion permettait l'acquisition des droits communs à tous les musulmans qui étaient exempts de capitation, impôt par tête, appelé "Jiziya" et d'impôt foncier, appelé "Karadj". Ce procédé fut appliqué systématiquement dès 718.
-------Malgré les avantages que la conversion procurait aux Berbères, ceux-ci apostasièrent un très grand nombre de fois. Douze renoncements dit-on, en soixante-dix ans.
-------Comme les conversions n'étaient pas durables, les Arabes appliquèrent un autre principe de la "guerre sainte" : les territoires soumis par les armes devenaient et restaient la possession du conquérant.
-------Foi et intérêt amalgamés permirent aux Arabes musulmans de lancer les Berbères à l'assaut et à la conquête de l'Espagne. Ceux qui restèrent en Afrique du Nord furent contraints d'accepter la domination arabe, de suivre les préceptes de l'Islam et, du point de vue linguistique, d'adopter la langue du vainqueur, l'arabe.
-------Si les sédentaires et les citadins se plièrent à ces exigences, il n'en fut pas de même pour les montagnards des massifs difficiles à réduire. Ils conservèrent leur langue parlée avec des nuances, propres à chacune des ethnies.

Gaston Bautista