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-La domination turque
pnha n°63, décembre 1995.

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------En 1534, Soliman, conquérant de Belgrade, de Rhodes et de la Hongrie appelle le chef suprême de l'odjeac, pour lui confier le commandement de ses forces navales avec mission de vaincre André Doria, grand amiral des flottes chrétiennes de Venise, de Gênes et d'Espagne. Honoré par cette haute dignité, Khaïr-ed-Din accepta et laissa le commandement d'Alger à un de ses lieutenants très dévoués, le renégat sarde, Hassan-Aga.
------Il rallia Constantinople avec quarante galères puissamment armées suivies de dix-huit prises et quatorze cents esclaves chrétiens conquis, chemin faisant, sur les côtes de Sicile et de Sardaigne.
------Ayant été conféré de l'ordre "CapitanPacha", seconde dignité de l'empire, il reprend pour le compte du "Grand Seigneur" les villes prises par les Vénitiens et va jusqu'à Rome semer l'épouvante. Puis il fit voile sur Tunis pour se venger des Béni-Hasf qui régnaient et avaient fomenté des troubles dans ses Etats d'Algérie. Il pénétra à Tunis après avoir enlevé Bizerte et la Goulette ; il chassa Mouley-Hassan et se fit nommer bey par acclamation de la population, après avoir pris la ville au nom du Grand-Seigneur.
------Grande consternation au sein de la chrétienté, tant à Malte qu'en Sicile, qui demande l'intervention de Charles Quint. Ce roi, craignant les actes de piraterie sur ses possessions d'Italie, leva une puissante armée et rassembla une flotte de quatre cents navires pour le transport de vingt-cinq mille soldats. Il les conduisit, en personne, devant Tunis. Barberousse accepte le combat. Mais les captifs Chrétiens brisent leurs chaînes et attaquent de l'intérieur de Tunis les Turcs opposés à l'armée de Chrétiens qui par le nombre remportait la victoire. Les Musulmans quittent Tunis et se réfugient à Bizerte. Vingt-cinq mille esclaves sont rendus à la liberté, dans Tunis à la tête de laquelle fut replacé le souverain, Mouley-Hassan, dépossédé par Khaïr-ed-Din. Celui-ci reconnut la suzeraineté de l'Empereur d'Espagne à qui il s'engagea à payer un tribut annuel de douze mille ducats d'or. Il renonçait également à la piraterie, de façon la plus solennelle.
------Mais Barberousse s'était éclipsé et, avec quatre mille Turcs, emportant ses trésors, il rejoint Bône où il retrouve sa flotte qu'il fit repartir aussitôt pour Alger, avant l'arrivée des trente galères et des deux mille hommes d'André Doria, dépêchés par Charles-Quint. Lui-même rejoint Alger avec ses cavaliers, par voie terrestre. Il y reconstitue ses forces et n'a de cesse que d'exercer de terribles représailles sur tout ce qui représente la chrétienté, laissant à Hassan-Aga la charge du gouvernement de l'odjeac.
------Dix-huit mois durant, redevenant corsaire et pirate, il sillonne la mer le long des côtes de la presqu'île ibérique et s'empare de navires dans le port de Mahon, débarque sur les côtes, entasse ses butins, incendie les maisons et les récoltes. Cela dura jusqu'à ce que le maître de Constantinople lui intime l'ordre de remplir la mission qu'il lui avait donnée : battre le commandant de la flotte des Chrétiens, André Doria. Il finit par le rencontrer dans le golfe d'Ambracie. Habile manaeuvrier, la flotte turque qu'il commande reste maîtresse de la mer nonobstant l'avantage en nombre de l'escadre chrétienne. Soliman le place ensuite à la tête de ses forces terrestres. I1 y réussit aussi bien que sur mer et remporte victoires sur victoires obligeant Venise à signer un traité glorieux pour les Ottomans qui prennent possession des Iles de l'Archipel et de nombreux châteaux et places fortes.
------Pendant ce temps la Méditerranée était sillonnée par de redoutables pirates commandés par Hassan-Agan, chef du gouvernement de l'odjeac, qui menait la même politique que son maître, interrompant tout commerce maritime, multipliant les meurtres et incendies sur les littorals.
------Voulant mettre fin à ces actes de piraterie, Charles Quint réunit une flotte navale considérable commandée par André Doria. Elle était composée de soixante cinq galères et quatre cent cinquante-et un navires de transports de troupes d débarquement. Celles-ci, fortes de ving deux mille hommes dont quinze cent cavaliers, disposaient de chefs valeureux tels Fernand Cortez rendu célèbre par s conquête du Mexique, le duc d'Albe Ferdinand de Cordouc, Ferdinand Gonzague, vice-roi de Sicile et bien d'autre officiers nobles. Elles comportaient de Allemands, des Italiens, des Siciliens, des Espagnols, cent cinquante chevaliers de Malte.
------Hassan-Aga qui avait renforcé les fortifications de la ville attendait l'assaut, confiant, sûr de sa victoire. Il repoussa les sommations de Charles Quint qui, dès avoir débarqué le 23 octobre 1541, lui demandait de se rendre. Mais le mauvais temps, la pluie et les vents puis le brouillard matinal furent d'un grand secours pour les défenseurs, Turcs et Maures, de la ville assiégée..
------Charles Quint constata au petit jour du 26 les désastres de la terrible nuit qui venait de s'achever : cent cinquante navires avaient coulé corps et biens, sous l'effet de la tempête ; sur terre, l'artillerie était embourbée. Au cours des combats il y eut des mêlés inégales, les Turcs et Maures à l'abri des remparts. La levée du siège de la capitale s'imposait et la retraite fut sonnée sur l'ensemble du front. Les chevaliers de Malte font face, trop fiers pour fuir. Le lieu de la bataille, près du pont des Fours, est une gorge étroite à qui fut donné le nom de "Tombeau des Chevaliers"
------Charles Quint, le vainqueur de Tunis, voit, à Alger, son armée épouvantée après que la tempête ait brisé ses vaisseaux. L'armée chrétienne battue, se replia sur le cap Matifou à partir duquel elle réembarqua, abandonnant artillerie et bagages et perdant encore, au cours de cette phase, beaucoup de soldats. Entre Tafoura et Matifou, deux mille cadavres jonchaient le sol. Charles Quint ne ramena en Espagne que la moitié de ses troupes.
------Ces événements, mémorables, sont à l'origine de l'histoire particulièrement remarquable d'Alger dont le chef du gouvernement, corsaire, flibustier ou forban, suivant les circonstances dirigeait une véritable république de pirates. ------Conséquences bien lourdes pour la chrétienté qui subit pendant trois siècles les provocations, les insolences et la terreur barbaresques.
------Barberousse faisait payer fort cher, en plusieurs centaines de milliers d'écus d'or, son concours.
 

------De concert avec la France menacée par Charles Quint et Henri VIII, le sultan de Constantinople opéra contre l'Espagne. C'est ainsi que Barberousse, sollicité par François 1er fit mouiller la flotte turque qu'il commandait, le 5 juillet 1543, dans la baie de Marseille. Il y fut reçu avec de grands égards et les plus grands honneurs.
------Au siège de Nice, possession de Charles Quint, le duc d'Enghien qui commandait les Forces françaises fut son lieutenant. Mais pour prévenir l'action de l'armada de vaisseaux de guerre commandée par Doria et Du Guast, qui venait au secours de Nice, les troupes assiégeantes mettent le feu à la ville. Abandonnant leur camp et leur artillerie ils se réfugièrent sur les vaisseaux du comte d'Enghien qui se retira derrière le Var et Barberousse avec ses hommes gagnèrent Toulon. Insuccès pour lui, mais compensé par le butin ramené à Alger par un lieutenant de Barberousse, Hassan Caleb qui avait écumé les côtes espagnoles.
------De Toulon, Barberousse rejoint Constantinople via Gênes, l'île d'Elbe, les côtes de Toscane, non sans commettre encore des actes de piraterie, détruisant les villes, amassant un butin considérable, faisant des dépradations de toutes sortes, cannonant les villes côtières et emportant dans ses galères une multitude d'esclaves chrétiens tellement serrés qu'un grand nombre mourut.
------En 1547, Barberousse, retiré dans son harem, meurt après quelques jours de souffrance dus à une grave maladie ; il était âgé de quatre-vingts ans. Il avait fait construire une riche chapelle renfermant son tombeau où il est enterré. Située dans un quartier de Bissislach, elle fut longtemps un lieu de dévotion des marins turcs.
------Ce récit dont les principaux éléments ont été puisés dans le livre de Léon Galibert sera suivi d'une seconde partie qui s'étendra de 1541 à 1830 et traitera de l'Algérie sous les pachas et beys qui ont succédé aux frères Barberousse.
ACTUALITÉS
------L'histoire des frères Barberousse nous permet de faire un rapprochement des époques en ce qui concerne l'unité que recherche toujours et en vain les Berbères d'Algérie depuis son abandon par le pouvoir de la France. Ils recherchent l'homme fort qui s'imposera.
------Jusqu'alors il fut, sporadiquement, trouvé, mais venant de l'étranger. La France leur avait donné la chance, dans son sein, d'en promouvoir un. Leurs intellectuels, aidés des nôtres, n'ont pas voulu persévérer et poursuivre l'émancipation entamée, pour y parvenir. Les "Fous de Dieu", venant de l'extérieur de l'Algérie, veulent non seulement lui imposer la loi coranique comme constitution, mais aussi, jusqu'à maintenant et, insidieusement, à tous les états d'Europe et nous le voyons, ouvertement aux Etats-Unis d'Amérique, ces jours-ci. Et cela après s'être précipité dans la voie ouverte par le général de Gaulle lors de son discours de Brazzaville vers la "route des temps nouveaux" sur laquelle devait s'engager les Colonies.
------Nous ne pouvons que constater les conséquences désastreuses de cette prospective hasardeuse, trop tôt mise en application. En effet, les peuples dont la France avait la charge n'étaient pas encore aptes à se gouverner et n'avaient pas atteint le stade d'émancipation pour entrer dans la compétitivité internationale des pays développés ou en bonne voie de l'être.
------Alors les gouvernements successifs de la France, ne voulant pas ternir l'image du grand homme que fut de Gaulle et dégager les responsabilités des hommes politiques dont certains sont directement ou indirectement encore au pouvoir ou à la tête de grandes administrations, tentent de remédier par une politique sinueuse et pas toujours heureuse, aux conséquences négatives de l'Algérie algérienne, que nous constatons journellement. L'incurie de l'époque et celles qui s'en sont suivies, conduisent, 33 ans après l'abandon de la majeure partie de notre territoire national, à transporter, sur le sol métropolitain, au nom de Dieu, la terreur que les populations de l'Algérie française subissaient et que l'armée avait jugulée. Et cela, sans que les Algériens en soient épargnés.
------Le chef de ce groupuscule islamique invite, présentement, le président de notre République à embrasser l'islamisme, renouvelant l'ordre intimé au Patrice grec, Grégoire, par le général musulman Abdallah, chargé par le calife Othman, en 647, de musulmaniser l'Afrique, à la tête d'une expédition partie d'Egypte. Arrivé avec son armée devant Tripoli, il proposa la paix au Patrice, sous la condition d'embrasser, lui et ses sujets, l'islamisme. Devant le refus de Grégoire, la bataille s'engagea et les Arabes vainqueurs imposèrent aux habitants soit de se convertir, soit de payer tribut.
------Pour construire son avenir, il est indispensable d'interroger le passé et pourquoi ne pas rappeler les souhaits inquiétants de cet Oukbah, véritable vainqueur de l'Afrique lors de la troisième invasion des Arabes, qui imposa, par la force aux Berbères d'embrasser l'islamisme. Lorsqu'il parvint sur les bords de l'Atlantique, poussant dans l'Océan le cheval qu'il montait, animé par une foi meurtrière, le cimeterre brandi, il proférait, menaçant : "Grand Dieu ! si je n'étais retenu par les flots, j'irai jusqu'aux royaumes inconnus de l'Occident. Je prêcherais sur ma route l'unité de ton saint nom, et j'exterminerai les peuples qui adorent un autre Dieu que toi !"
------Tolérance ! Tolérance ! Qui dit Tolérance ?
------Sa mort, dans un combat contre les Berbères, marqua certes le recul de l'invasion musulmane arabe, mais l'islam demeura en Berbérie. Cette religion ne tolère pas pour un bon Musulman, d'autre constitution que les préceptes du Coran dont nous ne connaissons que l'interprétation humaine de la parole révélée, inscrite que dans le ciel.

Gaston Bautista