Alger, l'Amirauté
Service Sanitaire en Algérie
Afrique illustrée du 15-10-1910- Transmis par Francis Rambert

 

Service Sanitaire en Algérie

Le choléra, selon le cliché, est à nos portes, puisqu'on signale sa présence sur bien des points en Europe et tout particulièrement dans certains ports italiens en relations fréquentes avec l'Algérie. Il faut espérer que l'Algérie échappera à l'invasion du choléra, comme elle a su résister, grâce aux mesures énergiques qui furent prises, à celle de la peste en 1907. Son Service Sanitaire est d'ailleurs cité comme modèle, non seulement en France, mais encore dans toutes les autres puissances.

Ce service comprend quatre circonscriptions, ayant comme centres Oran. Alger, Philippeville et Bône, et surveillées par un docteur en médecine qui prend le nom de Directeur de la Santé.

Jusqu'en 1906, ces différentes circonscriptions jouissaient d'une entière autonomie. Elles ne relevaient que du Gouverneur général de l'Algérie, auquel était adressée toute la correspondance par l'intermédiaire des préfets. Mais il n'existait aucun service technique, pas plus dans les préfectures qu'au Gouvernement général. Celui-ci se contentait de transmettre aux directeurs sanitaires les circulaires ou les indications télégraphiques envoyées par le Ministre de l'Intérieur et signalant des épidémies, principalement de peste ou de choléra, dans telle ou telle contrée.

Ces télégrammes ministériels, qui n'étaient que de simples informations, étaient considérés par les directeurs comme des ordres formels, et aucun télégramme nouveau ne venait par la suite indiquer que les épidémies signalées étaient terminées : l'interdit prononcé par les directeurs de santé demeurait en vigueur, causant au commerce des préjudices considérables. De nombreuses réclamations ne tardèrent pas à s'élever contre ce manque de cohésion et d'entente.

Sur les instances et les observations du docteur Raynaud, directeur du Service de Santé Maritime d'Alger, le directeur de l'intérieur au Gouvernement général, de qui relevait le Service Sanitaire, soumit un projet qui reçut l'approbation du Comité permanent du Conseil supérieur d'Hygiène de France et du Ministre de l'Intérieur.

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Service Sanitaire en Algérie

Service Sanitaire en Algérie



Service Sanitaire en Algérie
Service Sanitaire en Algérie Le Service Sanitaire en Algérie

Le choléra, selon le cliché, est à nos portes, puisqu'on signale sa présence sur bien des points en Europe et tout particulièrement dans certains ports italiens en relations fréquentes avec l'Algérie. Il faut espérer que l'Algérie échappera à l'invasion du choléra, comme elle a su résister, grâce aux mesures énergiques qui furent prises, à celle de la peste en 1907. Son Service Sanitaire est d'ailleurs cité comme modèle, non seulement en France, mais encore dans toutes les autres puissances.

Ce service comprend quatre circonscriptions, ayant comme centres Oran. Alger, Philippeville et Bône, et surveillées par un docteur en médecine qui prend le nom de Directeur de la Santé.

Jusqu'en 1906, ces différentes circonscriptions jouissaient d'une entière autonomie. Elles ne relevaient que du Gouverneur général de l'Algérie, auquel était adressée toute la correspondance par l'intermédiaire des préfets. Mais il n'existait aucun service technique, pas plus dans les préfectures qu'au Gouvernement général. Celui-ci se contentait de transmettre aux directeurs sanitaires les circulaires ou les indications télégraphiques envoyées par le Ministre de l'Intérieur et signalant des épidémies, principalement de peste ou de choléra, dans telle ou telle contrée.

Ces télégrammes ministériels, qui n'étaient que de simples informations, étaient considérés par les directeurs comme des ordres formels, et aucun télégramme nouveau ne venait par la suite indiquer que les épidémies signalées étaient terminées : l'interdit prononcé par les directeurs de santé demeurait en vigueur, causant au commerce des préjudices considérables. De nombreuses réclamations ne tardèrent pas à s'élever contre ce manque de cohésion et d'entente.

Sur les instances et les observations du docteur Raynaud, directeur du Service de Santé Maritime d'Alger, le directeur de l'intérieur au Gouvernement général, de qui relevait le Service Sanitaire, soumit un projet qui reçut l'approbation du Comité permanent du Conseil supérieur d'Hygiène de France et du Ministre de l'Intérieur.

Le 19 février 1906, le Gouverneur général de l'Algérie signait un arrêté par lequel le directeur de la Santé d Alger devenait le chef de tout le Service Sanitaire Maritime de la Colonie, avec mission de centraliser toutes les informations concernant la police sanitaire du littoral algérien et de les transmettre aux directeurs des autres circonscriptions. De plus, le chef du nouveau service devrait être consulté sur les modifications à apporter aux circonscriptions sanitaires et à l'organisation du personnel, sur les propositions budgétaires, les travaux à effectuer dans les lazarets et stations sanitaires, les mesures prophylactiques à prendre, etc. Cette nouvelle organisation ainsi comprise a permis une rapidité plus grande dans les transmissions des indications sanitaires puisqu'elle supprimait l'intermédiaire des bureaux de Préfecture où les informations séjournaient autrefois des semaines entières. Elle permit encore d'obtenir enfin l'exécution de travaux d'amélioration dans les bâtiments et le matériel, et des modifications dans le personnel.

Un organe de publicité, le Bulletin Sanitaire, paraissant deux fois par mois, fut alors créé afin de signaler les ports contaminés et de reproduire tous les décrets, arrêtés, circulaires et avis relatifs aux mesures à prendre en cas d'épidémie. Ce bulletin est adressé à tous les membres du Service Sanitaire, au monde maritime, aux médecins, maires et autorités chargés d'assurer la salubrité de la Colonie. En dehors des matières que nous avons indiquées plus haut, le bulletin contient un compte rendu résumé de tous les travaux récents sur la peste, le choléra et la fièvre jaune et donne la statistique des vaccinations pratiquées sur les immigrants et les dératisations dans les ports.

Le Service Sanitaire Maritime, ainsi réorganisé, fut mis en exécution durant l'automne 1907, pendant que sévissait à Oran l'épidémie de peste.

Le personnel des circonscriptions sanitaires dépendait autrefois en même temps des services du Port, de la Douane et de la Marine. C'était beaucoup trop pour qu'il y eut unité d'action. Désormais, le personnel spécial ne relève que du directeur de la Santé de chaque circonscription, qui conserve sa responsabilité et son initiative complète. Dans les rades peu importantes qui échappent à la surveillance immédiate des directeurs des circonscriptions, le service est confié aux agents des Douanes, plus jeunes, plus disciplinés et mieux préparés à leurs nouvelles fonctions que ne l'étaient les anciens agents, pour la plupart retraités de la navigation, trop vieux pour rendre de sérieux services.

Reconnaissant toute l'importance qu'il fallait donner au service chargé de veiller à la salubrité de l'Algérie, lés Délégations financières accordèrent des crédits qui permirent de doter Oran, Philippeville et Bône de locaux destinés aux bureaux et à la surveillance de nuit, d'un emplacement pour une étuve et les appareils de désinfection et d'un laboratoire pour l'examen des rongeurs.

Le port d'Alger était déjà, depuis un certain temps, supérieurement organisé et outillé pour lutter dans les meilleures conditions possibles contre les maladies pestilentielles. Il dispose en effet d'un lazaret merveilleux, installé à l'extrémité du cap Matifou ; d'un poste sanitaire créé sur un point isolé du port et comprenant une étuve de Gencste-Herscher, un appareil formolateur de Fournier, un four Clayton et une installation de douches.

A la suite de la campagne énergique menée par le Service Sanitaire après l'épidémie de peste qui infesta le littoral algérien, en 1907 (épidémie assez bénigne, en réalité), le Gouvernement de l'Algérie obtint, des Délégations financières, d'assez fortes augmentations des crédits alloués pour la police sanitaire; de leur côté, les Chambres de Commerce d'Oran, Philippeville et Bône firent, dès la fin de 1907, l'acquisition d'un appareil Marot qui est mis à la disposition du Service Sanitaire et avec lequel furent dératisés tous les navires touchant les ports algériens, tous les chalands, remorqueurs, etc. L'Administration, de son côté, se procurait un appareil du même genre qui fut entreposé à Alger et destiné à être transporté, au premier signal, dans un des ports de la Colonie qui serait menacé. Enfin, on a installé, à Mers-el-Kébir (Oran), une station de désinfection permettant à ce port de recevoir les navires de provenances contaminées, jusqu'ici dirigés sur Alger. Les Municipalités, les Chambres de Commerce, les Ponts et Chaussées des villes du littoral décidèrent aussi de remettre au Service Sanitaire des subventions qui, ajoutées aux dépenses prévues par le Gouvernement général, ont permis d'organiser la lutte systématique contre les rongeurs. Une brigade spéciale est chargée de procéder, d'une façon permanente, dans le port de la ville d'Alger, à la destruction des rats. Elle est envoyée à époques fixes dans toutes les autres villes du littoral pour former des moniteurs. Les chiens ratiers, exonérés de la taxe municipale, sont mis à la disposition des différentes administrations et compagnies établies sur les quais. Un laboratoire de bactériologie spécialement affecté à l'autopsie et à l'examen des rats capturés a été installé à Oran, Alger, Philippeville et Bône.

En juillet 1907, le Service Sanitaire Maritime avait été chargé de l'application d'un règlement sur la vaccination des immigrants. Enfin, depuis 1909, le Directeur du Service Sanitaire Maritime a également été chargé de l'organisation et du contrôle des Services d'Hygiène de la Colonie. Un décret du 5 août 1908 a rendu applicable à l'Algérie l'ensemble des dispositions de la loi du 15 février 1902 sur la protection de la santé publique.

Tel qu'il est actuellement organisé, le Service Sanitaire Maritime permet à l'Algérie d'éloigner de son littoral et, par suite, de la colonie entière, toute menace d'invasion des épidémies signalées à l'étranger et de faciliter la lutte contre les maladies endémiques.