Alger, la Cathédrale
LE PALAIS DE L'ARCHEVÊCHÉ
ANCIEN PALAIS DES AMBASSADEURS SOUS LES TURCS

Cet ancien palais est peut-être beaucoup plus ancien qu'on le pense généralement, car nous le retrouvons sur les plus anciens plans cavaliers connus du XVIIe siècle. Il était situé directement derrière l'ancien Dar-Es-Soltan, l'ancienne maison des Sultans qui servit de résidence à cette époque aux rois d'Alger, bien avant l'occupation turque. Nous voyons, sur tous les plans de cette époque, que l'ancien Dar-Es-Soltan n'avait à ce moment qu'un étage et que déjà se profilait, immédiatement en arrière, un palais qui servait d'hôtel pour la résidence des chargés de mission des puissances étrangères.

Voici le passage du récit fait en 1720, par les R. P. Rédempteurs Comelin de Lamothe et Bernard :
" Trois jours après notre arrivée à Alger, nous quittâmes le bord pour aller loger avec l'Ambassadeur, qui, à cette époque était M. Dussault, dans l'hôtel qui nous était préparé. C'est l'un des plus beaux hôtels ; avant le tremblement de terre de 1716 (qui détruisit en grande partie la ville d'Alger), il avait trois étages. Depuis, il ne lui en reste plus que deux. Sa forme est carrée avec une cour au milieu. Chaque façade est formée de quatre arcades soutenues par des piliers en marbre ; sa façade orientale est ornée d'une double galerie. On entre par une petite rue située du côté de la rue du Soudan ". C'était une ruelle donnant dans l'intérieur même de la Maison des Sultans, appelée depuis l'occupation turque " Djenina ".


Extraits des-Feuillets d'El Djezaïr, Henri Klein
Quelques Monuments
- Jenina
(Dar-Sultan)
La Jénina, palais des Deys, s'étendait de la rue du Divan à la rue Jénina. Elle comprenait plusieurs bâtiments : le Palais proprement dit (Dar-Sultan), construit par Salah Raïs, de 1552 à 1556, que surmonta, en 1842, une horloge, placée dans la suite sur le minaret de la Mosquée-Neuve; l'actuel archevêché; la mosquée Ech-Chouach (entrée de la rue Bab-el-Oued; Dar-Ahmed, l'ancien harem du Dey Ahmed, assassiné en 1808; les fours et les magasins de la Manutention, limités par la rue Jénina. (Voir à : Autres Bâtiments Militaires).
Voi encore

Vieil Alger, visite de l'Archevêché.(20-3-1933)

Afrique du nord illustrée du 13-10-1934- Transmis par Francis Rambert

mise sur site : juin 2021

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Archevéché
Archevéché
Extrait du planVrillon
Coll. perso.

LE PALAIS DE L'ARCHEVÊCHÉ

LE PALAIS DE L'ARCHEVÊCHÉ
ANCIEN PALAIS DES AMBASSADEURS SOUS LES TURCS

Cet ancien palais est peut-être beaucoup plus ancien qu'on le pense généralement, car nous le retrouvons sur les plus anciens plans cavaliers connus du XVIIe siècle. Il était situé directement derrière l'ancien Dar-Es-Soltan, l'ancienne maison des Sultans qui servit de résidence à cette époque aux rois d'Alger, bien avant l'occupation turque. Nous voyons, sur tous les plans de cette époque, que l'ancien Dar-Es-Soltan n'avait à ce moment qu'un étage et que déjà se profilait, immédiatement en arrière, un palais qui servait d'hôtel pour la résidence des chargés de mission des puissances étrangères.

Voici le passage du récit fait en 1720, par les R. P. Rédempteurs Comelin de Lamothe et Bernard :
" Trois jours après notre arrivée à Alger, nous quittâmes le bord pour aller loger avec l'Ambassadeur, qui, à cette époque était M. Dussault, dans l'hôtel qui nous était préparé. C'est l'un des plus beaux hôtels ; avant le tremblement de terre de 1716 (qui détruisit en grande partie la ville d'Alger), il avait trois étages. Depuis, il ne lui en reste plus que deux. Sa forme est carrée avec une cour au milieu. Chaque façade est formée de quatre arcades soutenues par des piliers en marbre ; sa façade orientale est ornée d'une double galerie. On entre par une petite rue située du côté de la rue du Soudan ". C'était une ruelle donnant dans l'intérieur même de la Maison des Sultans, appelée depuis l'occupation turque " Djenina ".

L'architecte Ravoisié a donné le plan de la construction primitive dans son ouvrage archéologique sur Alger, dans lequel il mentionnait l'entrée rue du Soudan. Il y avait la porte principale qui a été réemployée, lors de la réfection de l'entrée, place du Cardinal Lavigerie. Cette entrée primitive de la ruelle du Soudan était suivie d'une Sqifa, qui menait à un escalier de vingt marches (plan Ravoisié 1831 ) . Ce dernier fut démoli en 1832, par le Génie militaire, lors de l'agrandissement de la rue du Soudan. Par ce fait, ce qui était primitivement le premier étage devint le rez-de-chaussée actuel et le rez-de-chaussée ancien était ce qui forme les caves voûtées, qui sont le sous-sol à notre époque. Il y avait là un puits qui alimentait en même temps le dehors et l'intérieur du Palais. Ce puits était alimenté par une source qui existait déjà au XVIe siècle, citée sur d'anciens titres (Devoulx), et qui partait du pied d'un rocher situé rue Saint-Vincent de Paul, désigné sur des documents du XVIe siècle sous le nom de Ras-Essofa (la tête du rocher plat) .

Ce puits existe toujours, voisinant avec l'ancienne citerne dans laquelle se trouve, parait-il, une porte donnant communication dans un souterrain dont la direction irait vers la Kasba. Nous ne donnons cela, sans aucune affirmation, ne l'ayant pas vu.

Continuons donc le récit des R. P. Rédempteurs de 1720 : " La cour disent ils est pavée de carreaux blancs, elle se trouve située au-dessus de caves qui sont fort belles. L'intérieur des appartements est très riche. Tous les plafonds sont ornés de peintures avec des encadrements dorés. Les lambris sont en pavés de Gênes, le reste est en filigranes (gypsoplostie) ; les fenêtres qui ouvrent sur les galeries sont encadrées de marbres, et munies de grilles en cuivre ".
Ici s'arrête la description ancienne. Il faudrait tout un volume pour détailler les merveilles de décoration qui existent dans ce palais dont les poutres, en bois de cèdre soutenant les escaliers d'honneur, sont sculptées de dessins du plus grand fini. Au centre, se trouvent des souhaits pour tous ceux qui visitent cette demeure princière. Au dessus de la première marche on lit, en caractères arabes du XVI'e siècle, la sentence suivante, dont nous devons la traduction à un arabisant distingué, Si Taïeb: " Bénis sois-tu, toi qui viens au nom du Seigneur apporter la justice et la vérité ". Sur le palier suivant, au dessus de la première marche : " Dieu protecteur ". Au troisième palier : " Vous êtes la pleine lune qui éclairez l'Univers, elle est la bienheureuse parmi les beaux édifices ". Au quatrième : " Puisse Dieu l'éternel nous préserver des mauvais yeux et des maléfices des envieux ". Au cinquième : " Puissent ici se manifester la magnificence et le bonheur ". Au sixième : " Puissent durer ici la magnificence et la paix, ainsi que la réalisation des vœux ". Enfin, sur le dernier palier qui donne entrée dans les appartements particuliers de ce qui était jadis le second étage, on lit le souhait suivant : " Qu'il soit le Bienvenu, celui qui nous visite, à lui la paix et le bonheur ".

L'on voit que ces souhaits s'adressent tout particulièrement à des visiteurs, à des hôtes, et rien que cela démontrerait que cette demeure fut affectée de temps ancien à un hôtel, dans lequel étaient reçus les Dignitaires des pays en contact avec les Deys d'EI-Djedzaïr, en particulier les Rédempteurs des principaux ordres religieux qui s'occupaient du rachat des captifs.

C'est peut-être le seul palais intact qui nous reste à Alger, et ce serait un crime que de l'abattre, ou même de le transférer dans un autre endroit. Bien des fois il fut déjà question de le faire disparaître en même temps que la Djenina. Ce fut grâce à la sollicitude des amis de l'art de la Société Historique Algérienne qu'il fut conservé ainsi qu'aux démarches des premiers évêques, tels que Mgr Dupuch, Mgr Pavy que nous le voyons encore debout. En terminant, nous formons le vœu que ce spécimen unique de l'art Hispano-Mauresque africain demeure encore bien longtemps au centre d'Alger.