sur site le 17-3-2003
L'Armée Française sauve la France et l'Europe
Le debarquement du 8 novembre 1942
pnha n°85, décembre 1997

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-----Quelles que soient les différences qui apparaîtront dans le comportement des uns et des autres, qu'ils soient civils ou militaires avec ou sans grade, quelles que soient leurs idées politiques, tous hormis quelques exceptions qui confirment la règle, tous attendent avec impatience de reprendre et de participer à la lutte contre les forces italo-allemandes et pour ce faire l'aide américaine qui ne peut que se concrétiser par un débarquement.
-----Les accrochages, les affrontements, les batailles qui se produiront ne pourront être que le fait d'erreurs d'appréciation, de communication ou encore de surestimation des moyens et de la confiance accordée mais aussi et surtout de positions stratégiques sur le plan général prises pour une diversion de camouflage d'un débarquement plus important. Qui alors, aurait pu certifier le contraire ?
-----A Alger dans la nuit du 7 au 8 novembre 1942, les "conjurés" quelques centaines pourtant pris à contre-pied par les américains qui débarquent une quinzaine de jours avant la date prévue, n'en déploient pas moins leur dispositif qui consiste à isoler les postes de commandement et de communications. Même si cela apparaît surprenant, à Alger ils y parviennent dans un ordre parfait, à deux heures, heure prévue pour le débarquement, tout est en place, mais les imprévus qui auront de graves répercussions à Oran, au Maroc et bien plus en Tunisie, tombent en cascades : le Général Mast, adjoint au général Giraud est introuvable
------ le Général Giraud que Lemaigre-Dubreuil attend à l'aéroport de Blida n'arrivera que le 9 novembre dans l'après-midi après avoir adressé au maréchal Pétain le message suivant : "Je vous demande de bien vouloir me garder votre estime et me considérer toujours comme un de vos plus dévoués et plus respectueux subordonnés".
------ les anglo-saxons qui devaient débarquer à deux heures ne débarqueront qu'à 6 heures.

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Pour la petite histoire, à l'est d'Alger sur les plages d'Aïn-Taya-Surcouf, la mer est démontée et plusieurs barges de débarquement chavirent. Les habitants de ces agglomérations se jettent à l'eau pour sauver les occupants de la noyade, d'autres leur passent des couvertures et leur servent des rasades de cognac. L'un d'eux Marcel Cazeaux sera décoré pour ses actions.
-----C'est une preuve parmi tant d'autres, que les populations désiraient ce débarquement qui serait le premier, suivi par d'autres pour la reprise des combats et la libération de la France. Au cours de cette nuit, à l'heure prévue mais avec quatre heures d'avance dues au retard du débarquement, l'Amiral Darlan et le général Juin sont prisonniers cernés dans leur résidence par des groupes des chantiers de jeunesse aux ordres du colonel Van-Heck mais, fait cocasse, qui retiennent en otage le délégué général américain Murphy venu les informer du débarquement. Ils manifestent énergiquement mais sagement et intelligemment leur désapprobation pour éviter des combats que personne ne souhaite.

TOUT RENTRE DANS L'ORDRE----

-----Comme par hasard, en fin de soirée du 7 novembre, le capitaine Dorange chef du Cabinet du Général juin, qui rejoint ses pénates assez tard, se rend compte qu'il se passe des choses anormales dans la ville.
-----S'approchant de la résidence de Juin, il constate qu'elle est cernée par les "conjurés".
Non sans difficultés il se rend à la caserne de la garde mobile aux Tagarins. Peu après les gardes partent pour procéder à la libération de l'amiral Darlan et du général juin. Puis aidés par d'autres unités ils libéreront sans grande résistance les services et les postes occupés au contrôle par les "conjurés" évitant tous contacts violents et inutiles conformément aux ordres reçus. Malgré de nombreuses péripéties désagréables et d'autres carnavalesques, un cessez-le-feu intervint en fin d'après-midi. Ce qui ne fut pas le cas à Oran où l'absence d'informations précises en provenance d'Alger laissaient planer une incertitude quant à la position très nette à prendre pour ou contre cette opération, ce qui provoqua des échanges qui firent de nombreuses victimes de part et d'autre avant le cessez-le-feu le 10 au matin.

LE MAROC

-----Au Maroc l'opération montée par le général Bethouard du groupe des "cinq" pour isoler le résident Général Noguès tourne court. A l'origine de cet échec de nombreuses erreurs dont la plus importante fut une bévue inqualifiable : En juin 1940 le résident général au Maroc Noguès avait été le dernier des généraux à accepter l'armistice. Il avait manifesté sa ferme intention de l'ignorer et de continuer la guerre en Afrique du Nord. Ce n'est qu'en faisant l'inventaire des moyens, des difficultés de ravitaillement et des aides extérieures éventuelles qu'il avait dû se rendre à l'évidence. Il avait alors dès le premier jour, organisé ses moyens et camouflé dans les forêts de l'Atlas des unités armées et équipées qui interviendraient dès que la situation le permettrait. Or cette situation se présentait et alors que résistant de la première heure il aurait dû être l'un des premiers à être informé qu'il aurait à apporter une aide précieuse non seulement au Maroc mais aussi en Afrique du Nord, non seulement il avait été tenu dans l'ignorance la plus totale de cette opération mais on avait tenté d'en faire un prisonnier.
-----Ce fut une erreur monumentale que l'on peut mettre incontestablement au crédit de Murphy mais aussi sur celui du groupe des "cinq" vraisemblablement pour des raisons politiques.
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-----Cette information laisse supposer un coup de force prémédité. Noguès adresse un télégramme au général juin à Alger "vous demande quelle attitude adopter dans l'hypothèse d'un débarquement U.S. annoncé ?" Comment ? Pourquoi ? Ce télégramme destiné au Maréchal juin arrive à Laval qui répond "s'opposer au débarquement".
-----Noguès prend alors des mesures pour s'opposer au débarquement américain, fait arrêter Bethouard et ses collaborateurs. Il en résultera des affrontements regrettables qui feront quelques centaines de morts autant de blessés et des pertes matérielles considérables.
-----Finalement, l'amiral Darlan investi de tous les pouvoirs par le maréchal Pétain ordonne le cessez-le-feu le 11 novembre, le général Patton rencontre le général Noguès et le "cessez les combats" est ordonné. Le général Patton demande alors à Noguès de surseoir aux mesures prises contre le général Bethouard qui risque la peine de mort pour désobéissance armée.
-----Il demande en outre aide et assistance pour la capture des agents nazis du Maroc.
-----La réponse de Noguès est nette et précise "nous en avons supprimé beaucoup et nous vous aiderons à supprimer les autres". Cette réponse confirme l'état d'esprit du général Noguès et l'erreur de ne pas l'avoir mis "dans le coup" dès le début. Saurons-nous pourquoi ? Les raisons sortiront-elles un jour ? Il est certain que les opérations de débarquement ne pouvaient se faire sans casse sans causer de graves répercussions de la part des allemands. Ce qu'il fallait retarder aussi bien dans l'ensemble de la France métropolitaine qu'en Afrique du Nord où dès le lendemain Alger était bombardé, où des contre-offensives allemandes pouvaient intervenir.

LA TUNISIE

-----Nous savons que la décision d'un débarquement avait été prise à la demande de Churchill et de Staline tous deux en sérieuses difficultés.
-----Cette dernière incitait Montgomery à passer à une vitesse supérieure en procédant à une attaque qui fit reculer l'Afrika-Korps de Rommel.
Il est donc incontestable qu'un débarquement en Tunisie eut été sur le plan stratégique une opération désastreuse pour les forces de l'axe, prises en tenaille et sérieusement coupées de leurs bases de ravitaillement.
-----Prévenu, l'amiral Derrien commandant la marine en Tunisie l'attendait prêt à l'appuyer conformément à ses idées et à ses engagements. Sans nouvelles, sans ordres, complètement dans le cirage, du débarquement il ne vit que les forces allemandes.
-----Pour quelles raisons la Tunisie n'a t-elle pas été comprise dans le débarquement en Afrique du Nord ? Par manque de moyens ? Pourquoi pas puisque sur les 500 000 hommes prévus en octobre 1942 à Cherchell, ils ne furent que 100 000 à débarquer au Maroc et en Algérie. N'eut-il pas été préférable d'en prélever une certaine partie pour débarquer et s'assurer une position beaucoup plus importante sur le plan stratégique ? Nous ne le savons pas. Ce que nous pouvons dire, c'est que pour reconquérir ce territoire il fallut six mois de guerre avec ses pertes en hommes et en matériels de guerre et le retard qui en est résulté pour la préparation et les débarquements qui devaient suivre. Il est vrai aussi que les forces Italoallemandes eurent des pertes extrêmement importantes que nous ne retrouverions pas dans les batailles successives. La Tunisie conformément aux conventions d'armistice ne disposait que de 13 000 hommes mal armés et mal équipés que pouvait-elle faire contre les forces italo-allemandes ? Sans l'appui attendu et sans aucune nouvelle permettant d'espérer une intervention alliée à bref délai. Les forces de l'Axe débarquent par air et par mer sans rencontrer de résistance et peuvent ainsi occuper et s'implanter tout au long de la côte de Bizerte jusqu'à la frontière de la Tripolitaine.
-----L'amiral Esteva résident général qui n'avait rien fait pour s'y opposer-l'aurait-il pu ? donnera tout de même l'ordre de libérer les prisonniers politiques protégeant leur évasion ainsi que celle du personnel officiel américain et d'évacuer vers l'Algérie par des moyens de fortune tout le matériel militaire de guerre possible. Les amiraux Esteva et Derrien furent jugés et finirent leurs jours en prison. Seul le général Barré, surpris dans un premier temps, réussit à regrouper ses troupes sur les points stratégiques des Dorsales afin d'enrayer l'avance des troupes allemandes, en attendant des renforts, ce sera l'entrée en guerre de l'Armée d'Afrique que nous verrons dans notre prochain numéro.

Roger d'Hostie