Les Zouaves à travers les cartes postales

Texte issu , avec autorisation, de la revue n° 68", juillet 2011,A.F.N. Collections"
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mise sur site le 7-10-2011

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LES ZOUAVES À TRAVERS LES CARTES POSTALES

Cette aventure commence le 14 juin 1830, lorsque la France débarque à Sidi-Ferruch...

Les zouaves étaient des unités d'infanterie appartenant à l'Armée d'Afrique qui dépendait de l'armée de terre française. Ces unités, à recrutement principalement métropolitain, ont existé de 1830 à 1962, puis de 1982 à 2006, par la garde de ses traditions au CEC 9e ZOUAVES de Givet (Ardennes). Les régiments de Zouaves sont, avec les régiments de Tirailleurs algériens et tunisiens, parmi les plus décorés de l'armée française et viennent juste après le Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc (RICM), appartenant aux troupes coloniales, et le régiment de marche de la Légion étrangère, appartenant à l'Armée d'Afrique.

D'autre pays ont également créé des corps de Zouaves sur le modèle des troupes pontificales, Etats-Unis lors de la guerre de Sécession.
Notons qu'en marge de l'histoire officielle de l'armée française, le 11 Avril 1866 une circulaire du Maréchal Randon autorise la création de la "légion d'Antibes" qui donne naissance à un bataillon de zouaves pontificaux, pour la plupart des Français (au service des Etats du Saint-Siège en Italie), cette création était déjà l'idée de Juchault de La Moricière (figure légendaire, ancien officier charismatique au 2e Zouaves, il devient ministre de la guerre en juin 1848, puis il choisit l'exil sous le second Empire), qui ainsi dirige un corps d'élite qui ajoute aux traditions d'héroïsme des zouaves d'Afrique l'idée chrétienne de l'abnégation et du sacrifice. Il est à noter aussi qu'aux Amériques, pendant la guerre de sécession entre Confédération et Union, le prestige de l'armée française est tel que dans les camps du Nord et du Sud sont constitués des régiments de zouaves, dans lesquels s'enrôlent de nombreux volontaires souvent d'origine française.

Le terme Zouave vient du berbère ZWAVA, ou ZOUAOUA, qui est le nom d'une tribu kabyle. Ceux-ci fournissaient des soldats aux Turcs sous le régence d'Alger et, après la prise d'Alger (1830), ils entrent au service de la France.

Document Marc Meurisse
Document Marc Meurisse
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caserne d'Orléans


CONQUÊTE DE L'ALGERIE

Le 15 août 1830, le recrutement des 500 premiers zouaves est fait par le général en chef de l'expédition d'Alger, le comte de Bourmont, sur les conseils et un mémoire du colonel Alfred d'Aubignosc.

Le ler octobre 1830 le général Clauzel crée le corps des zouaves, formé de deux bataillons. Deux escadrons de zouaves à cheval sont également formés, mais intégrés dès 1831 aux chasseurs d'Afrique. Il y eut une tentative de leur incorporer les " Volontaires parisiens ", ce fut un échec et ces volontaires formèrent le 67e régiment d'infanterie.

D'octobre 1830 à janvier 1831, ils combattent le bey de Titteri, et occupent Blida et Médéa. Leur premier succès remarqué a lieu le 3 juillet 1831 au col de Mouzaïa, lorsqu'ils couvrent la retraite de la garnison de Médéa.

Après l'euphorie des débuts, deux erreurs majeures empêchent le développement normal du " Corps des Zouaves ". En effet, les capacités de recrutement en indigènes de la région d'Alger ont été largement surestimées, et plus grave encore, aucun des cadres français n'a pensé à l'adaptation à l'activité militaire d'indigènes ayant d'autres habitudes de vie et une autre religion. Ceci provoque l'ordonnance du 7 mars 1833 qui dissout les deux bataillons pour en créer un seul, mais mixte. Ainsi on peut recruter aussi parmi les Français qui vivent à Alger. Les résultats ne se font pas attendre et dès 1835 un deuxième bataillon mixte est levé, puis un troisième en 1837.

Le premier régiment est placé sous le commandement de Lamoricière. Ils s'illustrent encore à la bataille de l'Ouarsenis, à l' Isly (1844), et prennent Zaatcha en 1849.

Paradoxalement, l'accroissement de volontaires français empêche le recrutement normal des arabes, ceux ci en effet préférant se retrouver entre eux dans des unités homogènes.

Ainsi l'ordonnance du 8 septembre 1841, qui réorganise la composition de l'Armée française indique la formation d'un régiment de zouaves formé de trois bataillons. Mais la nouvelle particularité essentielle et fondamentale dans la politique de recrutement, est que les troupes indigènes ne font plus partie de ce corps.

Les zouaves sont dorénavant exclusivement d'origine métropolitaine. Les autochtones forment alors les Tirailleurs algériens, les Turcos, (7 décembre 1841).

Le 13 février 1852, Louis-Napoléon signe un décret portant à trois le nombre de régiments de zouaves, chacun des trois bataillons existants formant le noyau des nouveaux régiments ainsi créés.

Et pour les distinguer entre eux, une couleur est appliquée au tombeau (Francis Rambert :" Il s'agit en réalité du tombô (et non du tombeau) qui se réfère à l'ornement des côtés de la veste orientale que portent zouaves, tirailleurs et spahis, et dont le fond différencie les régiments par sa nuance.
Les passementeries de la veste d'origine turque représentent une sorte de serpent enroulé ou de queue dont le centre a été orné d'un fond de drap, de soie ou de velours dont la couleur tranche le plus souvent avec la couleur de la veste. C'est ce morceau de tissu de couleur qui aurait désigné ces passementeries par le mot d'origine arabe dumbé qui signifie " queue ". Du mot turc transcrit dumbé par les dictionnaires, la représentation en caractères arabes pouvait se lire dombou, bientôt prononcé " tombô " par les soldats de la conquête de l'Algérie.
) de la veste:
- le ler cantonne à Blida en Algérois, tombeau garance ;
- le 2e à Oran (caserne du Château Neuf) en oranais, tombeau blanc ;
- le 3e à Philippeville (caserne de France) en Constantinois, tombeau jaune.

UNIFORME


Document Bernard Venis
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Kolea

L'uniforme des zouaves est très élaboré. Les zouaves portaient une chéchia avec un gland coloré (généralement jaune, rouge, bleu ou vert) et un turban, une veste courte et ajustée sans boutons, une large ceinture de toile longue de trois mètres enroulée autour de la taille, des culottes bouffantes, des guêtres blanches et des jambières. La ceinture était l'élément le plus difficile à mettre, le zouave devant souvent appeler à l'aide un de ses compagnons. Le style de cet uniforme, variant totalement de celui des autres types d'infanterie français, a pour origine le style vestimentaire des populations kabyles de l'époque.

L'uniforme que portent les zouaves, a une implication des plus importantes dans l'esprit de corps de ces hommes hors du commun à forte proportion d'engagés volontaires et de rengagés, ce qui explique la ténacité, la force et la cohésion au sein des divers régiments. De ce fait la tenue à " l'orientale " si remarquable ne subira pratiquement aucune modification, du moins pour la troupe, pendant toute sa période de dotation.

Cet uniforme, si étrange, tient plus d'une mode et d'une fascination pour les choses exotiques lors de la dernière moitié du XIXe siècle, que d'une réelle exigence bien fondée et raisonnable en terme d'habillement militaire. Ainsi l'on tente de concilier l'inconciliable, car le zouave a besoin d'une tenue chaude pour les nuits fraîches et d'une tenue fraîche pour les journées chaudes. Et ces effets comportent énormément de défaillances : son pantalon large s'accroche dans les broussailles, veste et gilet découvrent le cou, le collet à capuchon ne protège pas les jambes ni les cuisses du froid et de la pluie, et la chéchia ne protège contre rien... et pourtant, le prestige eut le dessus.

CAMPAGNES

Les zouaves se distinguent à plusieurs occasions lors des campagnes du Second Empire. La guerre de Crimée est la première campagne des zouaves en dehors de l'Algérie. En Crimée, à la bataille de l'Alma, le 3e régiment de zouaves prend par surprise les Russes en gravissant des escarpements rocheux, en s'emparant de leur artillerie puis en la retournant contre eux. C'est en hommage à cette victoire qu'est réalisé le zouave du pont de l'Alma, sur la Seine, à Paris.

Entre plusieurs escarmouches contre des tribus sans cesse en révolte en Kabylie, la campagne d'Italie contre les autrichiens est engagée. Puis c'est la mésaventure au Mexique, où le 2e puis le 3e Zouaves se distinguent. Juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse, et malgré les infortunes des combats, les régiments se couvrent de gloire, surtout à la bataille de Froeschwiller-Woerth.

Pendant la 3e république, les quatre régiments de zouaves sont reconstitués en 1872. Ils participent à des opérations de maintien de l'ordre d'ampleurs diverses en Algérie et Tunisie, puis à la pacification du Maroc. Les événements à Hanoï au Tonkin de 1883 à 1900, contraignent la France à envoyer nos troupes en Indochine. Les régiments de zouaves participent bien entendu également à la Première et à la Seconde guerre mondiale. Il serait trop long de rappeler les glorieux faits d'armes des régiments mais il faut savoir que pour les décorations et les citations, les zouaves, avec les tirailleurs nord-Africains, sont parmi les troupes les plus honorées.

" Magnifique régiment animé de toutes les vertus guerrières qui a généreusement versé son sang sur les principaux champs de bataille et a connu le succès chaque fois qu'il a fait revivre en l'ennoblissant encore par la constance et la ténacité de ses efforts la tradition des Zouaves. "

Avec l'indépendance de l'Algérie et le rapatriement des Européens en Juillet 1962, le corps des zouaves est dissous. La devise des zouaves est : "Etre zouave est un honneur. Le rester est un devoir".

Jean Marc LABOULBENE

Bibliographie :
Bruno Carpentier, La légende des zouaves ED. SOPAIC
Jean -François Catteau, Militaria n° 129 & 197, Histoire & Collection.