Les peintres de l'Algérie du Sud
Marion Vidal-Bué

extraits du numéro 107, septembre 2004, de "l'Algérianiste", bulletin d'idées et d'information, avec l'autorisation de la direction actuelle de la revue "l'Algérianiste"
mise sur site le 14-9-2010

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Les peintres de l'Algérie du Sud
Marion Vidal-Bué

Le Sahara, pourtant pays de l'aridité a toujours exercé un véritable envoûtement sur les esprits; ses étendues désertiques ont fait germer une production exceptionnelle de tableaux, en même temps qu'une abondante littérature.

Tous les amateurs d'orientalisme le savent, c'est le désert égyptien qui fut offert tout d'abord à la curiosité générale, grâce à Napoléon Bonaparte, Premier Consul, qui suscita en 1799 la première grande exploration saharienne " L'expédition d'Egypte et son cortège de savants touchèrent au Sahara, par le Nil, 50 ans avant que les troupes de Bugeaud n'y abordassent . par l'Algérie ". Les Romantiques s'emparèrent du thème tellement accordé à leurs penchants et le public se mit à rêver de caravanes et de sables brûlants avec Prosper Marilhat, Théodore Frère, puis Jean- Léon Gérôme et Léon Belly.

Initiée dans les années 1840, principalement dans le Sud Constantinois et à partir d'El-Kantara, la découverte du sud algérien prit rapidement la forme d'un véritable engouement qui conduisit des centaines d'artistes de toutes nationalités à suivre l'exemple de ces maîtres de l'orientalisme dans un pays où les points d'intérêt se multipliaient.

Après la prise de possession de l'oasis de Biskra par les Français en 1844, la région des Ziban devint le but privilégié des voyageurs avides de palmeraies et le demeura pour longtemps.


Jules Magy, " La Caravane " (Musée des Beaux-Arts de Strasbourg).

Jules Magy, " La Caravane " (Musée des Beaux-Arts de Strasbourg).

Dans le Sud-Algérois, la région de Bou-Saâda quoique proche de la capitale et offrant tous les aperçus de la vie saharienne, pâtissait des conditions de voyage et de sécurité difficile dans le Hodna autour de 1850 et ce fut Laghouat, bien plus au sud, qui suscita les rêves d'Eugène Fromentin, premier peintre visiteur de la ville au printemps 1853, peu de temps après l'assaut donné par le général Pélissier.

Fromentin fut en tous points le " découvreur " artistique de ces régions. Son deuxième voyage en Algérie l'amena de Constantine à Biskra, en mars 1848, avec son ami le peintre Auguste Salzmann. À El-Kantara, qui " garde le défilé et pour ainsi dire l'unique porte par où l'on puisse, du Tell, pénétrer dans le Sahara ", il ressentit les premières émotions fortes et, de Biskra, dans l'enthousiasme, il écrivit: " Si je pouvais enlever de France et transporter ici ma famille et toi et tous ceux
qui me sont le plus chers, je me coucherais sur le sable chaud du désert et ne demanderais plus rien à la Providence pour combler ma vie
". A la fin mai 1853, pendant son troisième et dernier séjour dans le pays, brûlant de revoir " le ciel sans nuages, au-dessus du désert sans ombre " et ayant laissé pour cela sa femme à Alger, Fromentin partit pour un périple mémorable à Laghouat, qu'il prolongea jusqu'à Tadjemout et Aïn-Madhy.

Le récit réunissant les impressions de ces deux séjours, Un été dans le Sahara, parut en 1856. Grâce à lui, " le grand désert, à peine entrouvert à la France entrait dans la littérature par un ouvrage magistral, qui, un siècle après, n'a rien perdu de sa force et de sa beauté [... 1. Il suscita bien des vocations sahariennes ". C'est ainsi qu'en 1859, après le Salon de Paris où l'on put admirer une flambée de sujets inspirés par le désert, Théophile Gautier constatait " [...1 le Sahara voit maintenant se déployer autant de parasols de paysagistes qu'autrefois la forêt de Fontainebleau ".

Pour respecter les réalités géographiques, il faut préciser que le véritable Sahara ne commence, pour sa partie algérienne, qu'après les hauts reliefs de l'Atlas saharien et que certaines des oasis parmi les plus admirées n'en sont que les prémices. Cependant, avec tous les artistes qui appelaient ainsi le Sud, continuons de baptiser Sahara " le pays du perpétuel été " célébré par Fromentin.

Deux autres grands peintres, après Fromentin, ont marqué par l'importance et le pouvoir suggestif de leurs créations la riche production picturale consacrée aux paysages et aux habitants du Sud algérien pendant les dernières années du XIXè siècle : Gustave Guillaumet, qui aborda l'Algérie par un séjour à Biskra en 1862 et Étienne Dinet qui, dès son premier contact avec Bou-Saâda en 1884, s'éprit du désert et en particulier de la petite oasis qui allait devenir sa terre d'élection pour plus de quarante ans. L'un et l'autre ne se contentèrent pas non plus de peindre leurs enchantements sahariens, ils en témoignèrent également par des ouvrages littéraires. Nous suivons une partie du parcours de Guillaumet dans son recueil de textes intitulé Tableaux algériens. En collaboration avec Sliman Ben Ibrahim qui fut son point d'ancrage à Bou-Saâda et son mentor dans la religion islamique, Dinet illustra ou écrivit entre autres Le Printemps des coeurs, légendes sahariennes, ainsi que Mirages, scènes de la vie arabe, puis Khadra, danseuse Ouled Naïl et Le Désert. Il reste sans conteste le peintre le plus internationalement connu, celui dont le nom vient aux lèvres de tous lorsque l'on parle de l'Algérie.

À l'orée du Sahara, en plein centre du pays, les villes blanches du M'Zab ibadite, Ghardaïa en tête, constituèrent un fort pôle d'attraction à partir des années 1880, sans doute le plus important à la période moderne, tandis que dans la première moitié du xxe siècle, Ouargla puis, en remontant vers l'est, Touggourt dans le bassin de l'Oued Rhir et El Oued dans celui du Souf, recevaient les artistes les plus déterminés à sortir des sentiers battus.

De même pour le Sahara occidental et les oasis du sud oranais, dont les plus fréquentées furent Aïn-Sefra, Béni-Ounif de Figuig, Colomb-Béchar et Beni-Abbès, mais tardivement et par un nombre moindre de peintres, qui poursuivaient parfois leur visite jusqu'au Maroc.

Le Hoggar, cette étrange et magnifique contrée à l'extrême sud du Sahara oriental, fermée aux étrangers jusqu'aux alentours de 1910, ne s'ouvrit vraiment qu'à partir de la mission scientifique Henri Lhote en 1928, occasion pour le peintre Paul-Élie Dubois d'explorer le territoire qui le rendrait célèbre.




François Lauret, " Les Nomades ", (coll. particulière)

D'innombrables tableaux de qualité inégale, mais souvent remarquables, sont nés des séjours d'artistes de toutes origines, combinant pour leur plus grand bonheur enrichissement de leur peinture et agrément personnel sous un soleil quasi permanent. Ils décrivent des lieux qui ont beaucoup changé: le El Aghouat de Fromentin " alors ville à moitié morte et de mort violente, un poste avancé du désert ", est devenu une ville moderne, tout comme le Biskra de Paul Leroy, le Bou-Saâda de Noiré ou le Ghardaïa de Bouviolle. Les nomades Chaamba et les Touaregs ont remplacé dromadaires et méharis par des véhicules ultramodernes, les puits de pétrole ont surgi et le désert s'est mécanisé.

Isabelle Eberhardt, l'amoureuse du désert, morte dans une crue de l'oued à Aïn-Sefra, le pressentait: " Pourtant, elle va finir cette grande vision de la vie primitive dont on ne reverra bientôt plus l'inoubliable splendeur, avec la sécurité et les chemins de fer ", écrivait-elle dans ses Notes de route.

Restent les peintures, qui nous permettent de revivre le voyage dépaysant de leurs auteurs. Elles adoptèrent dans les premiers temps des thèmes très généraux, multipliant les scènes alors jugées comme fortement exotiques et aptes à évoquer un monde plus coloré.

Puis, avec les nouvelles générations d'artistes installés dans le pays ou devenus familiers de ces contrées, les représentations des moeurs se firent plus proches des individus, dans la mesure où les artistes arrivaient à faire poser ou à " croquer " des personnages, en même temps que les paysages donnaient matière à des recherches picturales toujours plus hardies.

Nous suivrons, pour les découvrir, plutôt qu'un strict itinéraire géographique, leur progression dans le temps et dans les différents centres d'intérêt.

Palanquins et caravanes

La caravane resta pendant les premières décennies de la vogue orientaliste, en Algérie comme au Moyen-Orient, le thème majeur des peintres voulant symboliser la vie au désert. Se partagèrent leurs faveurs celles des marchands menant leurs bêtes de somme, chargées de dattes lorsqu'elles remontent vers le nord et de grains, d'épices et d'étoffes lorsqu'ils en reviennent, ou bien celles des Bédouins se déplaçant en petit groupe ou par tribus entières pour changer de campement au gré de " cette transhumance au rythme large et régulier, battement du coeur de l'Afrique, qui, d'hiver en été, des pierrailles ou des dunes sahariennes jusqu'aux pacages du Tell, ramène chaque année les nomades, sur plus de mille kilomètres de pistes, dans leur poursuite à l'herbe, l'achaba traditionnelle et millénaire ".

Sans avoir nécessairement à se déplacer très loin, certains artistes purent rencontrer des caravanes venues du sud dans les proches environs des grandes villes, dans ceux d'Alger par exemple, où elles parvenaient en Pïoassant par le gros bourg de Maison-Carrée et le Gué de Constantine, sur l'ancienne route arabe coupant l'Oued-e›el-Harrach.

L'on remarque a.ainsi de William Wyld, l'un des pionniers avec son voyage en 1833, un passage du gué par des dromadaires chargés de marchandises, qui pourrait aussi bien se situer dans la Mitidja que dans la campagne de Tlemcen et, de Curtius Ghlig comme de Pierre Thuillier, autres précurseurs, plusieurs tableaux de caravaniers au repos près d'une fonttaine ou traversant un oued dans des lieux imprécis mais presque toujours ombragés de palmiers, qu'ils pourraienr-st avoir observés dans n'importe quel endroit da Tell. Ce fut également l'un des leitmotivs de Théodore Frère, aussi à l'aise sur ce sujet en Algérie qu'en n Égypte.

En même temps que Les Tentes de la smala de Si Ahmed Bel À Hadj, Fromentin présenta au Salon de 1849 Le Passage à gué de l'Oued-Biraz dansle Sahara, tableau que Gautier décrivait ainsi: «La troupe passe ayant l'eau à mi- jambe, et déjà sur le revers opposé, grimpent les chevaux encapuchonnés dans les Iongs burnous blancs de leurs cavaliers[...]. Tout cela marche, à pied, à cheval, à chameau, dans l'eau ou sur la terre, avec une vie, unes activité à faire illusion. On a peur, en retournant voir le tableau, de n'y plus retrouver personne, tant la caravane marche d'un bon pas et s'es va bien ".

" L'autre moitié de sa vie se passe en voyages", écrivait de son côté Fromentin en parlant du nomade algérien. " Un autres jour, je le parlerai de la tribu en marche, nedja: admirable spectacle qui renouvelle, ici sous nos yeux, en plein âge moderne, à deux pas de l'Europe, les migrations d'Israël ". " Il le fit, en effet, dans la suite de son récit, avec un grand luxe de détails sur l'ordre de marche et la composition du rahil, le déplacement de tribu qu'il croisa dans les environs du Djebel Amour, celle des Arba en l'occurrence, l'une des plus opulentes, " la mieux montée peut-être des tribus sahariennes ", d'après ses observations.

" Les cavaliers venaient en tête en peloton serré, escortant un étendard aux trois couleurs Au-delà et sur le dos de dromadaires blancs ou d'un fauve très clair, on voyait se balancer quatre ou cinq atatiches de couleur éclatante; puis, arrivait un bataillon tout brun de chameaux de charge, stimulés par la caravane à pied; enfin, tout à fait derrière, accourait, pour suivre le pas allongé des dromadaires, un énorme troupeau de moutons et de chèvres noires divisé par petites bandes, dont chacune était conduite par des femmes ou par des nègres, surveillée par un homme à cheval et flanquée de chiens ...À l'exception du harem, qui voyageait en litière fermée, toutes les femmes venaient à pied sur les deux flancs de la caravane, sans voiles, leur quenouille à la ceinture et filant ". Suivaient les petites filles portant les plus jeunes, les vieilles femmes appuyées sur de longs bâtons, les vieillards portés " par de tout petits ânes, leurs jambes traînant à terre ", les serviteurs tenant les nourrissons coiffés de la chéchia rouge ou menant par la longe " des juments couvertes, depuis le poitrail jusqu'à la queue, de djellale à grands ramages, et suivies de leurs poulains ", ou encore, conduisant " par les cornes des béliers farouches, comme s'ils les traînaient aux sacrifices ". " C'était aussi beau qu'un bas-relief antique ", concluait le peintre écrivain.


Charles Dufresne, " La Caravane (Le fils du caïd des Ouled Sidi Brahim) ",

Charles Dufresne, " La Caravane (Le fils du caïd des Ouled Sidi Brahim) ",
(coll. part.).

Un bas-relief antique, c'est très exactement ce que composèrent à tour de rôle François Lauret et Jean-Joseph Bellel dans deux de leurs tableaux. Le premier, avec une caravane modeste dont seul le chef, portant en croupe une fillette, montait un cheval, lui-même et les autres bédouins allant pieds nus, mais tous paraissant ennoblis par les longs plis de leurs vêtements et par la disposition en frise de leur procession. Le second déployait un convoi beaucoup plus impressionnant, dans le tableau qu'il présenta au Salon de 1859 et qui se trouve à présent au musée Fabre de Montpellier : Nezla d'Ouargla à la recherche d'un campement. Les deux scènes se déroulaient le long d'un lit d'oued, dans un paysage très proche de la description de Gautier commentant Fromentin " une déchirure de terrain, décharnée, ravinée, pulvérulente de soleil, effritée de chaleur et couronnée ça et là de quelques glaives d'aloès ".

Bien plus tard, dans le même esprit esthétique, Numa Marzocchi de Bellucci dressait la silhouette d'un dromadaire de profil sous un croissant de lune, pour représenter l'arrivée au campement d'une famille de nomades chez laquelle l'animal transportait la femme, son enfant et l'équipement traditionnel destiné à l'installation de la tente.

Le passage du gué, ou la halte de la caravane au bord d'un oued offrant son mince filet d'eau, fut l'un des thèmes les plus fréquemment traités et pratiquement tous les artistes s'y attelèrent, appréciant l'occasion de déployer leur technique pour décrire le miroitement de l'eau et les nuances du paysage. Parmi les premiers, Victor-Pierre Huguet en donna de nombreux exemples, ses oeuvres étant presque toujours situées dans les régions prédésertiques où poussent encore l'alfa et les agaves. On remarque souvent des bassour drapés de haouli écarlates sur la bosse de ses dromadaires, alors que, chez la plupart des peintres, on contemple un aperçu de la fantaisie de couleurs décrite par Fromentin pour ces " sortes de corbeilles enveloppées d'étoffes ", " ces somptueux berceaux " qui faisaient office de litière de voyage pour les femmes " de grande tente ".

La halte des chameliers dans la palmeraie ou devant l'oasis s'enrichissait du charme des arbres prenant des teintes vert sombre ou argentées selon les heures du jour. Georges Washington traita ce motif à plusieurs reprises dans une atmosphère de naturel particulièrement séduisante, profitant du cadre pour introduire de petites saynètes faisant intervenir des personnages très vivants, sans que jamais n'y manquât l'un de ses chers cavaliers. On constate la plupart du temps dans les caravanes de Jules Magy ou de Paul Pascal, outre leur talent de coloristes délicats, leur goût commun pour la description des troupeaux et des pasteurs accompagnant les chameaux.

Vers 1860, Félix Ziem créa une somptueuse version de caravane dans le désert, bien éloignée des conventions, et prétexte comme toujours avec lui, à une étude sur la lumière. L'impressionniste Jean Seignemartin, qu'un voyage en 1875 avait mené de Constantine vers Biskra, peignit sobrement sous une lumière mélancolique, un rare Paysage d'hiver décrivant un maigre convoi de mulets et de chameaux dans le creux d'un oued.

Honoré Boze, Étienne Billet, Gustavo Simoni, Joseph Sintès, même, pourtant peintre attitré des sites d'Alger, puis Lewis Shonborn, Gaspard de Toursky, Antoine Gadan ou José Ortega, parmi tant d'autres, illustrèrent successivement le thème incontournable. Émile Boivin affectionna le cadre des contreforts de l'Aurès dont il saisit avec finesse les nuances à différents moments du jour. Albert Rigolot traitait volontiers les cortèges étirés en longueur dans le même décor ou dans celui des alentours de Bou-Saâda. Émile Bertrand apporta son graphisme élégant et son coloris délicat. Marie-Aimée Lucas-Robiquet et Frederick Arthur Bridgman déployèrent
toutes les séductions d'un néo-impressionnisme chatoyant.

Avec Eugène Girardet, toutes les situations se trouvèrent déclinées; il fut certainement le plus fécond et le plus fidèle illustrateur de la vie des nomades, et encore davantage, celui des ksouriens conduisant leurs troupeaux à travers le village ou par les montagnes désertiques.

On lui doit l'une des scènes les plus spectaculaires de convoi parvenant à l'entrée du ksar d'El-Kantara, avec tout l'équipage de personnages et d'animaux représentés dans une telle exactitude de détails et de coloris que l'on croirait entendre, en même temps qu'on en admire le spectacle, les bruits qui l'accompagnent. Comparable dans son ampleur et son rythme à celle de Girardet, mais bien différente par son étonnante stylisation, une toile de Jules Van Biesbroeck dans le même défilé constituait l'un des modèles du genre. Alexis Delahogue figure lui aussi en tête des peintres de caravanes traversant les ksours ou les étendues désertiques, pour le nombre et la qualité de ses tableaux.

Avec Alphonse Birck, Alphonse Rey ou Édouard Herzig, les descriptions de dromadaires et de leurs harnachements revêtirent les couleurs fraîches de la gouache et de l'aquarelle. Le musée des Beaux-Arts de Nantes détient l'une des multiples Caravane en marche de Paul Lazerges, dont on connaît le goût de traiter de mille manières le sujet des hommes, Kabyles ou nomades, se déplaçant pour assurer leur subsistance. Il fut également l'un de ceux qui réussissaient le mieux dans la représentation des chameaux, cet exercice obligé de tout bon orientaliste.

Le motif graphique des bassour aux tissus chatoyants tendus sur leur armature n berceau fournit quelques beaux sujets d'études à Eugène Deshayes, lui permettant de personnaliser avec son chic habituel le thème de la caravane, lorsqu'il ne se dédiait pas à figurer les flamboiements d'une nature exceptionnelle entourant le convoi.

Dans un tout autre esprit, Charles Dufresne se sentit transporté à l'époque de la Renaissance italienne à la vision d'une procession de caravaniers, et interpréta la théorie de personnages, de chevaux et de chameaux à la manière de Benozzo Gozzoli à Florence pour son Cortège des rois mages. Monté sur un cheval blanc, un jeune fils de chef arabe dont il avait pris une photographie pendant son voyage à Bou-Saâda, y paradait tel Laurent de Médicis dans la célèbre fresque.
(À suivre)
Avec l'aimable autorisation de Paris- Méditerranée.