Aménagements hydroélectriques d'Algérie

Entre Médéa et Affreville , barrage du Ghrib

Guides bleus 1955, Hachette : «33 k. Dollfusville, colonie de la Sté Algérienne établie dans un, domaine de 1.200 hect. ; à g. s'embranche la route conduisant au barrage
A 7 k. S., le barrage du Ghrib, construit sur le Chélif, est constitué par une digue de 400 m. de longueur à la crête et de 65 m. de hauteur. Il contient 300 millions de m3 d'eau et irrigue une superficie de 30.000 hect. Sa surface est de 13 km2. Mis en eau en 1936 pour les parties basses, en 1939 pour le sommet.
34 k. On coupe droit par la colline, tandis que le Chélif va développer une longue courbe. - 37 k. Clos Saint-Laurent.

mise sur site le 30-12-2011
2.- Les grands travaux algériens barrage de l'oued Fodda et barrage du Ghrib
Afrique du nord illustrée du 15-3-1930 - Transmis parb Francis Rambert
juin 2021

L'urgente nécessité de remédier autant que faire se peut à l'irrégularité du climat africain devait entraîner la Colonie à entreprendre de grands travaux. On les décida aux points où ils paraissaient les plus utiles, susceptibles de revivifier la plus grande étendue de terres désormais productives et par suite susceptibles de rétribuer au moins partiellement l'effort et les frais consentis. C'est dans le Tell et en particulier dans la plaine du Chéliff, aux terres admirables, extraordinairement riches, mais vouées à l'improductivité par la sécheresse qui les désole que s'est manifestée cette intervention de l'industrie et de l'ingéniosité humaines.

Là, pas de fleuves, des pluies, peut-être suffisantes, mais mal réparties, des torrents grossis par les pluies diluviennes de l'hiver et qui emportent à la mer, dans leurs crues subites et dangereuses, toute la terre végétale encore accrochée aux flancs des pentes dénudées et sans arbres, puis, le reste du temps et dès que sévit l'été, l'impitoyable sécheresse, la mort des plantes calcinées, le ratage, six fois sur sept, des récoltes tant attendues.

Cette vallée du Chéliff, position capitale de l'ancienne Maurétanie, terre à blé par excellence, ancien grenier de Rome d'où l'on envoyait au César des gerbes qui avaient rendu quatre cents grains pour un, fut jadis d'une fertilité inouïe et demeure apte à la retrouver. L'aménagement hydraulique tout à fait sommaire que l'Administration romaine y suscita fut par la suite complètement détruite par les envahisseurs arabes et cette suppression fut surtout aggravée par le déboisement. Au XIIIème siècle encore, toutes les pentes étaient couvertes de forêts. Après, il n'y eut plus rien que des marécages dans le bas-fond des plaines, le désert tout autour et le paludisme un peu partout.

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barrage du Ghrib
barrage du Ghrib

Miliana, barrage du Ghribs



Les grands travaux algériens


L'urgente nécessité de remédier autant que faire se peut à l'irrégularité du climat africain devait entraîner la Colonie à entreprendre de grands travaux. On les décida aux points où ils paraissaient les plus utiles, susceptibles de revivifier la plus grande étendue de terres désormais productives et par suite susceptibles de rétribuer au moins partiellement l'effort et les frais consentis. C'est dans le Tell et en particulier dans la plaine du Chéliff, aux terres admirables, extraordinairement riches, mais vouées à l'improductivité par la sécheresse qui les désole que s'est manifestée cette intervention de l'industrie et de l'ingéniosité humaines.

Là, pas de fleuves, des pluies, peut-être suffisantes, mais mal réparties, des torrents grossis par les pluies diluviennes de l'hiver et qui emportent à la mer, dans leurs crues subites et dangereuses, toute la terre végétale encore accrochée aux flancs des pentes dénudées et sans arbres, puis, le reste du temps et dès que sévit l'été, l'impitoyable sécheresse, la mort des plantes calcinées, le ratage, six fois sur sept, des récoltes tant attendues.

Cette vallée du Chéliff, position capitale de l'ancienne Maurétanie, terre à blé par excellence, ancien grenier de Rome d'où l'on envoyait au César des gerbes qui avaient rendu quatre cents grains pour un, fut jadis d'une fertilité inouïe et demeure apte à la retrouver. L'aménagement hydraulique tout à fait sommaire que l'Administration romaine y suscita fut par la suite complètement détruite par les envahisseurs arabes et cette suppression fut surtout aggravée par le déboisement. Au XIIIème siècle encore, toutes les pentes étaient couvertes de forêts. Après, il n'y eut plus rien que des marécages dans le bas-fond des plaines, le désert tout autour et le paludisme un peu partout.

Il appartenait à la France de changer tout cela, de faire renaître la prospérité ancienne et de rendre à la vie ces terres frappées de mort et de stérilité.
On s'y efforça. Deux grands barrages sont en cours d'exécution dans le département d'Alger : celui de l'Oued-Fodda et celui du Ghrib sur lesquels il convient de donner quelques détails.

Toutefois, avant d'aborder l'examen successif de ces deux ouvrages, nous tenons à reproduire ici, le préambule d'un article particulièrement intéressant établi par M. René Martin, l'éminent ingénieur des Ponts et Chaussées, et inséré dans la revue mensuelle " Les Chantiers Nord-Africains ", de mai 1929, sous le titre technique de la construction des grands barrages.

" Les conditions d'établissement des grands barrages dépendent, en premier lieu, du but qui est poursuivi.

Dans les pays où les pluies sont abondantes et où l'irrigation est inutile, les barrages ont pour but la production d'énergie électrique et servent à créer, d'une part, une chute, d'autre part, un réservoir permettant de modifier le débit prélevé au gré des besoins de la consommation d'énergie.

Pour ces ouvrages, la réserve n'a pas, en général, besoin d'être très considérable. En effet, on dispose, le plus souvent, d'un débit annuel important qu'on n'a pas économiquement intérêt à utiliser en totalité ; d'autre part, les besoins de la consommation sont répartis sur toute la durée de l'année.

C'est donc la création d'une chute qui est le but principal du barrage, et l'on cherche un emplacement permettant de construire aux moindres frais le barrage le plus élevé possible.

En Algérie, le problème se pose tout différemment :

Comme la rareté et la mauvaise répartition des pluies donnent, dans certaines régions, une valeur considérable à l'eau d'irrigation, les barrages servent avant tout à créer de vastes réservoirs permettant d'accumuler les eaux pendant les périodes humides où le débit des oueds est surabondant, pour les restituer à la culture pendant les saisons sèches.

Il faut pour cela disposer non seulement d'un emplacement favorable pour y édifier un barrage, mais encore d'une grande cuvette étanche à l'amont, où les terres à noyer ne soient pas de grande valeur.

Quelle est la capacité à donner au réservoir ?

A cet égard les conceptions ont évolué :

Autrefois, on cherchait seulement à accumuler les crues d'hiver pour restituer les eaux en été ; c'est ce qu'on appelle la régularisation annuelle que réalisent les anciens barrages d'Algérie, tels que le barrage du Hamiz. La capacité du réservoir est inférieure au débit annuel moyen de l'oued barré.
Ainsi limitée, la réserve ne remplit son but que d'une façon incomplète. En effet, le débit annuel des oueds est, en Algérie, extrêmement variable ; pour prendre un exemple, le débit cumulé de l'Oued-Fodda entre le 1er octobre 1919 et le 1er octobre 1920, a été de 26 millions de mètres cubes seulement, alors que du 1er octobre 1918 au 1er octobre 1919, le débit total s'était élevé à 226 millions de mètres cubes.

Aussi, avec l'ancienne conception, le débit distribué aux irrigations reste-t-il très variable. La culture continue à subir les inconvénients des années sèches, sans pouvoir tirer tout le parti possible des années très humides.

Or, les eaux sont rares, et pour mettre intégralement en culture les terres disponibles, le vaste problème qui se pose pourrait être énoncé comme suit : empêcher la totalité des eaux de ruissellement d'aller à la mer avant d'avoir servi à l'irrigation.

C'est pour tendre vers ce but qu'on est amené maintenant à créer de très vastes réservoirs permettant d'accumuler les eaux en excédent des années très pluvieuses pour les restituer pendant les années sèches. C'est le principe de la régularisation interannuelle, qui constitue évidemment un très gros progrès par rapport à la régularisation annuelle. Malgré l'évaporation qui est aggravée, les pertes d'eaux sont très diminuées; en outre, l'agriculture bénéficie d'un facteur de sécurité fondamental, elle peut, en effet, compter chaque année sur une quantité d'eau constante quelles que soient les conditions climatériques générales. "

L'Oued-Fodda est un affluent du Chéliff, torrent de régime irrégulier le plus souvent à sec, mais charriant pendant la saison des pluies un volume d'eau énorme et circulant dans un lit encaissé par de hautes montagnes. Y retenir par un barrage les eaux d'hiver pour les répandre pendant la saison sèche sur des milliers d'hectares ainsi rendus à la fertilité et à la vie, tel fut le problème.

Le barrage aura cent mètres de haut et par sa contenance se rangera parmi les plus importants du monde, bien qu'inexistant à côté de celui qui, à la limite du Soudan et de la Haute-Égypte, retient les eaux du Nil. Il créera dans le méandre des gorges et les sinuosités des vallées, un lac artificiel tenant en réserve trois cents millions de mètres cubes d'eau. La largeur du mur de retient sera de 80 mètres à la base, sa hauteur de 96 mètres; il sera fait de béton de ciment et représentera un volume de maçonnerie de 300.000 mètres cubes.

Les travaux ont débuté en 1926, ils ont nécessité des installations préalables nombreuses, des voies ferrées d'accès, des magasins, des coopératives, des habitations pour les ouvriers et des aménagements de terres-pleins pour entreposer les outils et les matériaux. Il a fallu installer une usine de fabrication d'oxygène, d'énormes appareils de concassage et de broyage et une circulation de bennes sur câbles aériens pour le déversement du béton. Pour l'exécution des travaux, il a fallu dériver les eaux de l'oued.

Le barrage du Ghrib se situe sur le Chéliff supérieur à six kilomètres en amont du village de Dolfusville. Il est appelé à fertiliser toute la plaine du Djendel, aura une capacité théorique de 250 millions de mètres cubes d'eau et 64 mètres de hauteur.

A la base, le massif d'enrochement aura 150 mètres d'épaisseur et un cube d'environ 600.000 mètres cubes. Mille mètres cubes de calcaire dur y sont précipités quotidiennement, rangés en parement et avec grand soin pour assurer la meilleure étanchéité possible. En avant de ce blocage, un masque en béton armé offrira une dernière résistance au passage et à la pression des eaux retenues. Des difficultés assez nombreuses se sont produites, tenant à la mauvaise qualité du sol de fondation, grès tendre qui s'effrite et s'écrase. La couche de béton du fond aura vingt mètres d'épaisseur et tout autour sont pratiqués des injections destinées à consolider le sol et à interdire les fuites et la fissuration consécutive. Tous ces travaux n'allant pas sans frais, mais compensés ou susceptibles de l'être par la valorisation nouvelle qu'il donnera à tout ce pays.

Signalons en passant que l'étanchéité des terrains sur lesquels sont assis les deux barrages de Oued-Fodda et du Ghrib est obtenue à l'aide d'injections de ciment qui imperméabilisent les roches en-dessous et sur les côtés des ouvrages. Ces injections de ciment sont faites par la Société " Procédés de Cimentation François " qui est spécialisée depuis de nombreuses années dans ce genre de travaux et en exécute de semblables en France et à l'étranger.

On estime à environ 20.000 hectares les terres qu'il permettra de mettre en culture régulière. Les heureux propriétaires qui les détiennent auront naturellement à payer à l'État pour l'eau fournie, des prix qui représenteront l'intérêt du capital de 230 millions de frais jusqu'ici prévus et qui pourraient être dépassés.