Belcourt - Alger,
au sujet de l'ouverture éventuelle d'un débit de boissons au n° 1 du boulevard Laurent Pichat.
extrait du bulletin municipal, décembre 1953, n°12
mise sur site le 27-9-2008

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COMMUNICATION DE M. ADDAB, Conseiller municipal, au sujet de l'ouverture éventuelle d'un débit de boissons au n° 1 du boulevard Laurent Pichat.

M. ADDAB.

Mes chers Collègues,

Les membres du Conseil municipal ont été saisis par diverses lettres-circulaires émanant du Comité de quartier Belcourt-Cervantès et concernant l'ouverture éventuelle d'un débit de boissons au n" 1 du boulevard Laurent Pichat.

Ce débit de boissons s'ouvrirait au 4ème étage d'un immeuble à usage d'habitations et, de ce fait, surplomberait les terrasses de tout le quartier Belcourt-Cervantès et aurait comme spectacle l'élément féminin vaquant à ses occupations quotidiennes.

Ce sera là, mes chers Collègues, une atteinte grave aux moeurs et coutumes de la population musulmane dont l'inquiétude et l'émotion légitimes se sont déjà manifestées à l'annonce de l'ouverture d'un tel établissement.

Conscients de cet émoi, nous vous demandons de vous associer à la résolution émanant de la population de Belcourt-Cervantès et dont je vous donne lecture :

La population de Belcourt-Cervantés, réunie ce jour, 28 novembre 1953, à 18 h. 30, au cinéma " Scheherazade ", rue Chopin, Belcourt, à l'appel du Comité de quartier " Belcourt-Cervantès ", adopte la résolution suivante :

Considérant la réouverture éventuelle d'un débit de boissons au 1, boulevard Laurent Pichat, Alger ;
Considérant que cette ouverture n'apporterait que perturbation clans ce grand quartier si elle venait à être autorisée ;

Considérant que ce local était fermé depuis 20 ans et utilisé à usage d'habitation depuis plusieurs années ;
Considérant qu'un débit de boissons dans ce lieu avait déjà soulevé l'indignation générale il y a 20 ans ;

Considérant qu'une demande d'ouverture formulée en 1948 avait fait l'objet d'un rejet définitif de la part des autorités ;

Considérant que l'intérêt d'une collectivité ne doit aucunement être sacrifié au profit d'un exploitant o

Considérant que l'ouverture d'un tel lieu serait une provocation aux moeurs et coutumes de la population ;
Considérant que pour sauvegarder son honorabilité et faire respecter ses moeurs et coutumes, la population de Belcourt est absolument en droit de s'opposer énergiquement à la réouverture d'un débit de boissons au-dessus des terrasses musulmanes ;

Considérant, par ailleurs, que le quartier populeux de Belcourt est infesté de lieux de proxénétisme et de stupéfiants ;

Considérant que, malgré les protestations et les milliers de pétitions ,la population musulmane de Belcourt ne semble pas avoir jusqu'à présent mérité l'attention et la sollicitude de l'Administration ;

La population de Belcourt-Cervantés :
- s'oppose énergiquement à l'ouverture d'un débit de boissons au 1, boulevard Laurent Pichat;
- demande que ses moeurs et coutumes soient respectées.

M. Jacques Chevallier, Député- Maire. - Mon cher Collègue, l'affaire dont vous entretenez le Conseil municipal a déjà fait l'objet de plusieurs démarches de ma part auprès du Préfet, à la demande de vos collègues, et notamment de M. Abdelhamid.

Une réponse a été faite par la Préfecture - que je vous ai transmise -, laquelle nous faisait connaître qu'il ne s'agissait pas de la réouverture d'un café, mais de l'ouverture, avec attribution d'une licence nouvelle.

Si vous voulez que le Conseil municipal émette un voeu et entre dans vos vues - je ne pense pas que nos collègues soulèvent des objections -, il serait nécessaire que votre texte fut soumis à la Commission d'administration générale pour en revoir la rédaction.

Je pense que nos collègues seront d'accord sur le principe, eu égard aux arguments extrêmement valables que vous avez fait valoir, relatifs aux coutumes musulmanes.

Lorsque le texte aura été revu, nous le soumettrons à l'approbation du Conseil municipal qui se réunira la semaine prochaine pour liquider les questions budgétaires.

Etes-vous d'accord ?
Adopté.