Birtouta - Un village d'Algérie :
l'institut Pasteur
Auteur : ?????
aea n°81, juin 2002
sur site le 06-08-2003

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----La plaine de la MITIDJA avait la redoutable célébrité des marais et des fièvres. En effet, le sol et le sous-sol de cette région contiennent une grande proportion d'argile. Or, l'accumulation des eaux est considérable puisque, en dehors des eaux de pluie, les eaux de ruissellements venues du Sahel, au nord, et de l'Atlas, au sud, convergent dans ce marais.

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Une minime partie de ces eaux peut s'infiltrer, le reste s'écoule difficilement vers l'est par l'oued Terre, qui rejoint l'Han rach et vers l'ouest par l'oued Tleta qui se jette dans le Mazafran, car la pente est insuffisante: 1 mm par m. L'assèchement se fait donc sous l'action du soleil et des vents, mais dans les creux l'eau croupit longtemps. C'est le domaine des moustiques, de l'anophèle qui propage les fièvres. Ces fièvres marquèrent si profondément les habitants qu'Européens et indigènes pensaient que le paludisme était inévitable.

----En 1926, à BIRTOUTA, fut créée une station expérimentale de lutte contre le paludisme dans le marais des Ouled Mendil situé à 2 km au sud du village. Ce territoire de 360 ha fut concédé par l'Etat à l'Institut PASTEUR (décret présidentiel du 15 septembre 1927). La station fut placée sous la direction du docteur Etienne SERGENT dont le souvenir fut longtemps évoqué à BIRTOUTA et que ma mère Madeleine BAGUR a bien connu quand il allait à MONTEBELLO.

----Aussitôt, le Docteur SERGENT et son frère prirent trois sortes de mesures prophylactiques
- protection mécanique du personnel de la station contre les moustiques (toiles métalliques aux ouvertures des habitations moustiquaires, etc.) ;
- distribution de quinine aux habitants car la quinine détruit l'hématozoaire du paludisme, transporté par l'anophèle qui va le chercher chez le malade;
- lutte contre l'anophèle qui trouve son domaine d'élection dans les marais où vivent ses larves. Il faut donc supprimer les eaux stagnantes, donc drainer les marais.

----Il a fallu creuser 35 km de fossés pour l'écoulement des eaux, colmater les bas-fonds avec des alluvions dirigées, dessécher les creux grâce à la plantation de 57 000 arbres, en particulier des " gambusias " du Texas, grands buveurs d'eau.

----Enfin l'Institut PASTEUR construisit 2 fermes modèles en orientant une partie de l'activité de ces fermes vers l'élevage de races laitières. Il construisit aussi 16 km de routes et 5 puits. En quelques années, l'Institut PASTEUR avait exterminé le paludisme sur le territoire de la commune et drainé tout le marais qu'il avait mis en cultures. Quelle transformation !

----Aussi, lorsque l'Institut PASTEUR voulut tracer un chemin qui menait plus directement à BOUFARIK que ceux existant déjà, un fellah de fort modeste condition offrit un passage de 7 m sur son terrain au docteur SERGENT (qui n'en demandait que 4). M. KACHOUANE Brahim n'accepta point de prix et fit une donation par acte notarié sur lequel il demanda que figurent ces mots : " en reconnaissance des bienfaits apportés par l'Institut PASTEUR dans la région ".

----Une pierre érigée en monument rappelait cette histoire. Existe-t-elle encore ?
M. KACHOUANE est mort en 1934.