BLIDA - Un village de l'Algérois
1.-Hôpital psychiatrique de Blida-Joinville
Afrique du nord illustrée du 31-3-1933- Transmis par Francis Rambert

TEXTE COMPLET SOUS L'IMAGE.
mai 2021
2.-
Hôpital psychiatrique de Blida-Joinville
Echo d'Alger du 2-12-1933 - Transmis par Francis Rambert


3.- visite à l'Hôpital Psychiatrique de Blida-Joinville
Afrique du nord illustrée du 14-12-1935 - Transmis par Francis Rambert
déc.2021

Premières impressions.
Je n'avais jamais vu l'Hôpital Psychiatrique de Joiriville. Je me figurais de vastes bâtiments, d'aspect sévère et rébarbatif, tenant de la caserne et de la prison : grands murs épais, fenêtres étroites pourvues de gros barreaux de fer. A l'intérieur, des salles communes, plus ou moins bien ordonnées car, chacun sait que la propreté n'est pas le souci dominant des pensionnaires. Toujours d'après l'idée que je m'en faisais, les aliénés étaient perpétuellement agités, se fuyant l'un l'autre, et leurs infirmiers étaient beaucoup plus geôliers que gardes-malades.

Sombre tableau que la réalité n'a pas confirmé.

Lorsqu'il approche de ce que fut le communal de Joinville, le promeneur non averti s'étonne à la vue du grand village qui se présente à lui. Son étonnement se changera en admiration, lorsqu'on lui dira que c'est là un asile d'aliénés.

L'Hôpital Psychiatrique de Joinville a exactement l'aspect d'un village : un village qui serait sorti de terre tout d'une pièce, dont toutes les maisons seraient neuves et riantes, d'une architecture moderne et d'un confort certain ; un village de luxe ou de plaisance...
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4. Avec le Congrès des neurologistes M. Georges Le Beau inaugure
l'hôpital psychiatrique de Blida-Joinville
ainsi que le dispensaire de Souma et la clinique polyvalente de Blida

N'est-ce pas M. le docteur Charles Dubois, délégué de la Suisse à ce Congrès des médecins neurologistes et aliénistes, qui rappelait l'autre jour que les sultans mermides avaient déjà, au quatorzième siècle, créé un asile d'aliénés à Fès ? Nous sommes quelques journalistes d'Afrique du Nord à connaître ces quelques cages à barreaux de fer de "Sidi Feroudj" où croupissent encore aujourd'hui quelques sujets enchainés — pas toujours fous 1 — de l'empire chérifien. Ce souvenir est un terme de comparaison précieux pour quiconque vient de visiter l'admirable hôpital psychiatrique de Blida. Non pas pour condamner l'initiative d'un sultan , médiéval, mais pour se réjouir d'un événement social d'une immense portée : l'assistance mentale est entrée désormais dans le large cadre de l'assistance médicale en Afrique du Nord.

Une création longtemps attendue

De grands pays nous avaient devancé dans cette voie : le nombre des lits consacrés aux malades mentaux aux États-Unis représente 61 % du total des lits d'assistance. En Belgique : 51 % 1 En France, la population des asiles augmente chaque année de 2.000 malades. Rançon du progrès mécanique peut-être et des trépidations qu'il impose à notre existence.

Après avoir vaincu d'épiques résistances, l'Algérie possède enfin, après des années de batailles politiques et budgétaires, un hôpital psychiatrique. Ne regrettons pas trop de l'avoir tant attendu : il est un modèle du genre, dans sa perfection moderne. Séparation des hommes et des femmes ; des Européens et des indigènes ; des calmes, des gâteux et grabataires, des simples « surveilles continus s et des agites, ont imposé la création de multiples pavillons : une trentaine en tout, plus les immeubles de direction et de dépendances, la mosquée, l'église, les admirables cuisines et buanderies munies de tous appareils mécaniques.

Une ville de 89 hectares .

Au total, une superficie de 89 hectares, joliment boisés depuis 1925 par le Service des forêts. dont 32 hectares entourés de murs. Une vraie ville, d'une architecture variée, créée sur les plans de MM. Garnier et Vasselon avec le concours technique du grand savant et du grand animateur qui lait honneur à la science psychiatrique française M. le professeur Porot. Cet ensemble de constructions qui fit hier l'admiration des congressistes trançais et étrangers n'a pas coûté plus de 33.000 francs par lit : prix de revient très modique quand il s'agit de création d'établissemcnts aussi complexes et aussi spécialement exigeants dans les moindres détails en raison du caractère même de ceux à qui ils sont destinés...........................
( suite dans l'article.
)

Echo d'Alger du 9-4-1938 - transmis par Francis Rambert
juin 2020

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Hôpital psychiatrique de Blida-Joinville

L'Hôpital Central Psychiatrique de Blida-Joinville

Deux pavillons de cet hôpital modèle, - le premier créé dans l'Afrique du Nord - vont, dans quelques jours, recevoir leurs premiers pensionnaires.

Cet événement intéresse l'Algérie entière ainsi qu'en témoignent les chiffres suivants que nous trouvons dans un document officiel : " Aucun établissement pour le traitement des aliénés n'existant en Algérie, les malades de cette catégorie sont internés dans les asiles de France où ils sont actuellement au nombre de 1.307 : 760 européens et 547 indigènes. "

La répartition n'est pas égale pour les trois départements :

 
Européens
Indigènes
Total
Département d'Oran
217
106
323
Départem. de Constantine.
147
182
329
Département d'Alger
396
259
655

Le rythme moyen annuel des malades à hospitaliser est de 380 sur lequel un tiers a disparu par guérison ou décès au bout d'un an et un autre tiers au bout de cinq ans.

Jusqu'à ces dernières années, les admissions dans les asiles de la Métropole ont pu être obtenues sans grand retard ; mais depuis deux ans les places sont devenues de plus en plus difficiles à obtenir et par lettre du 3 octobre 1931, le Ministre de la Santé publique a fait connaître qu'il est prudent pour l'Algérie de ne plus y compter et de se pourvoir de ses propres moyens.

Le rapport du professeur Lépine en 1921, a été le véritable point de départ de l'organisation psychiatrique de l'Algérie. Dès 1925, on traçait une esquisse du futur hôpital en l'adaptant au terrain offert en 1912, à Joinville, par M. Bererd, maire, délégué financier, au nom de la Ville de Blida (terrain communal en plaine de 89 hectares).

En 1927, le Gouverneur Général Violette donnait l'ordre de bâtir immédiatement les locaux nécessaires pour 100 lits et il y consacrait un million : ce sont les deux bâtiments dont nous donnons les photographies et qui seront inaugurés dans quelques jours. L'architecte, pour ne point gêner le développement du plan d'ensemble, les plaça à une extrémité où doit se trouver le futur quartier des enfants dont ils feront partie.

En 1929, à la session du 4 mars des Délégations financières, il fut présenté un avant-projet de 1.270 lits, avec devis de 40 millions. L'assemblée, grâce à la pressante intervention de M. Duclos, délégué financier de Blida et de M. Coutaud, sous-directeur de l'Assistance Publique, accepta le principe du projet, mais elle ramena la capacité à 700 lits et la dépense à 25 millions ; elle vota 550.000 francs pour continuer les études et faire des plantations sur le terrain choisi. Celles-ci, confiées au service des Forêts, sont aujourd'hui en plein développement et, sur dix hectares, ce ne sont que bosquets et vergers de belle venue.

En 1931, une première tranche de cinq millions est inscrite au budget de l'Algérie ; en 1932, une deuxième, mais les plans ne sont pas tout à fait terminés et rien n'est construit. L'architecte manifeste l'intention de pousser tous les travaux à la fois et de ne livrer l'Établissement qu'une fois complètement terminé, c'est-à-dire 3 ou 4 ans après. Cependant la lettre du 3 octobre 1931 du Ministre de la Santé publique, - lettre reproduite plus haut - ne permet pas d'attendre et déjà les difficultés d'évacuation sur la France se font nettement sentir.

Par lettre du 20 juin dernier, notre éminent Gouverneur Général M. Carde donne donc l'ordre à l'architecte :
1° D'aménager d'urgence, pour aliénés agités les deux pavillons déjà construits ;
2° De hâter l'achèvement des plans définitifs et de mener les travaux par échelonnement en sorte que :
200 lits puissent être occupés après un an.
400 lits puissent être occupés après deux ans.

En juillet dernier, une Commission se réunit avec le Médecin Inspecteur général I.asnet, M. Balensi, directeur des Travaux publics, le professeur Porot, le docteur Dumolard. MM. Meunier et Coutaud, pour examiner les propositions de l'architecte et entendre, sur le terrain, ses explications sur la marche des travaux.

La Commission prend acte des déclarations de M. Garnier, qui se déclare en mesure de donner satisfaction aux instructions du Gouvernement Général, c'est-à-dire livrer 100 lits au début de 1933, 200 en fin 1933, puis 200 en fin 1934 et le reste en fin 1935.

Ces travaux comprenant plus de douze millions de francs ont été adjugés en décembre dernier à une Maison de France qui n'attend plus que les ordres de service pour les commencer. Ils dureront trente mois environ.

Le futur établissement doit comprendre :
Une division hommes européens 180 lits
Une division hommes indigènes 150 lits
Une division femmes européennes 200 lits
Une division femmes indigènes 70 lits
Un quartier d'enfants 112 lits
Total 712 lits

Chaque division comportera des pavillons distincts pour malades à surveiller, malades calmes, malades agités, malades grabataires et gâteux.

Les services généraux ont été prévus en tenant compte qu'ultérieurement l'hôpital pourra être agrandi et passer de 712 lits à 1.400 lits.

Ils comprennent :
Services techniques : Laboratoires, pharmacie, infirmerie.
Services d'exploitation : Buanderie, lingerie, cuisine, dépense, etc.
Services administratifs : Bureaux, magasins.
Logements : Médecin en chef, internes en médecine et en pharmacie, directeur et économe, surveillants et infirmiers.
Ateliers et exploitation agricole :

Déjà, les plantations faites en 1930-31 et qui se poursuivent chaque année, ont changé l'aspect du terrain ; plus de 8.000 arbres et arbustes ont été plantés et les essences représentent plus de 100 variétés.
Les divers pavillons seront partout entourés de jardins et auront dans ce cadre de verdure l'aspect le plus reposant ; l'éloignement de la ville et du bruit assurera par ailleurs le calme le plus complet au milieu d'un panorama grandiose.

A mesure que les bâtiments de l'Asile de Blida entreront en service, les évacuations sur la France seront progressivement réduites. Toutefois, elles ne sauraient être totalement arrêtées et l'Administration se réserve d'autoriser exceptionnellement celles qui seraient justifiées par des motifs particulièrement impérieux de santé ou de famille.


Conçu sur les données de M. le professeur Porot, par MM. Garnier et Vasselon, architectes, cet établissement, à l'édification duquel ont puissamment contribué M. Duclos, délégué financier, et M. le médecin inspecteur général Lasnet, l'éminent directeur de la Santé publique, sera un modèle du genre.
Plus de cent cinquante malades sont déjà traités à l'hôpital psychiatrique dans les deux bâtiments placés à droite de notre photographie.
Hôpital psychiatrique de Blida-Joinville





visite à l'Hôpital Psychiatrique de Blida-Joinville
visite à l'Hôpital Psychiatrique de Blida-Joinville
Une visite à l'Hôpital Psychiatrique de Blida-Joinville

Premières impressions.
Je n'avais jamais vu l'Hôpital Psychiatrique de Joiriville. Je me figurais de vastes bâtiments, d'aspect sévère et rébarbatif, tenant de la caserne et de la prison : grands murs épais, fenêtres étroites pourvues de gros barreaux de fer. A l'intérieur, des salles communes, plus ou moins bien ordonnées car, chacun sait que la propreté n'est pas le souci dominant des pensionnaires. Toujours d'après l'idée que je m'en faisais, les aliénés étaient perpétuellement agités, se fuyant l'un l'autre, et leurs infirmiers étaient beaucoup plus geôliers que gardes-malades.

Sombre tableau que la réalité n'a pas confirmé.

Lorsqu'il approche de ce que fut le communal de Joinville, le promeneur non averti s'étonne à la vue du grand village qui se présente à lui. Son étonnement se changera en admiration, lorsqu'on lui dira que c'est là un asile d'aliénés.

L'Hôpital Psychiatrique de Joinville a exactement l'aspect d'un village : un village qui serait sorti de terre tout d'une pièce, dont toutes les maisons seraient neuves et riantes, d'une architecture moderne et d'un confort certain ; un village de luxe ou de plaisance...

Bâtiments anciens et nouveaux.
Les plans primitifs, dressés par MM. Garnier et Vaselou, architectes à Alger, ont prévu tous les développements auxquels nous assistons aujourd'hui. C'est dire que ceux-ci procèdent non pas de volontés différentes qui ajoutent, élargissent arbitrairement, suivant les nécessités du moment, mais bien d'une idée directrice unique qui a conçu un ensemble où chaque bâtiment se trouve être à sa place et possède une destination propre. S'il a fallu procéder par étapes, dans l'exécution d'un tel plan, rien cependant n'a pu nuire à l'harmonie de l'ensemble.

On peut parler déjà d'ancien et de nouvel hôpital. Il y a les bâtiments aménagés depuis le 13 juillet 1933 et les nouveaux pavillons, les plus vastes, actuellement en voie d'achèvement.

Ce sont les premiers qui m'ont accueilli. Ils sont composés d'un corps principal flanqué de deux ailes. Au milieu se trouvent les services administratifs, à gauche, la partie réservée aux hommes, à droite celle des femmes.

Dans l'une et dans l'autre aile, dortoirs et réfectoires se partagent le plus grand nombre de pièces. J'ai pu me rendre compte de l'extrême propreté régnant dans ces lieux, comme d'ailleurs dans toutes les parties de l'hôpital.

Les dortoirs font plaisir à voir, avec leurs lits de fer uniformément blancs et soigneusement faits: pas de plis disgracieux, le matelas ne s'affaisse pas et la couverture, strictement tirée, lui donne cette forme à angles droits qui procure à l'ensemble d'un dortoir cette impression d'ordre et de bonne tenue recherchée par tous les chefs d'internats.s

Même impression de netteté dans les réfectoires. L'air et la lumière y entrent à flots, par de grandes verrières mobiles. Les tables ont reçu un revêtement de zinc décapé qui, astiqué chaque matin, brille comme un miroir.

Les autres dépendances sont à l'avenant : la dépense et la cuisine dégageant une appétissante odeur de soupe, les salles de bains, etc., les chambres d'isolement elles-mêmes, où sont enfermés individuellement les malades sujets à des crises dangereuses pour leur entourage. Les cours sont propres, vastes et bien exposées.

Les constructions nouvelles élargissent singulièrement les données présentées par les premiers bâtiments. Outre ceux réservés à l'Administration et au Service de Santé, on distingue deux groupes de pavillons : l'un réservé aux hommes et l'autre aux femmes.

Dans chaque groupe intervient encore la distinction entre indigènes et européens. Voulant placer les malades dans un cadre familier, les constructeurs ont prévu, pour les premiers, des pavillons en style arabe. De même, chaque pavillon ne sera pas désigné par une appellation dérivant du genre de folie qu'il doit abriter, mais il y aura le pavillon bleu, le pavillon blanc... N'est-ce pas là une délicate attention ?

Chacun a été conçu dans un style moderne et gai. De larges ouvertures permettront à la lumière et à l'air de pénétrer partout' librement.

Parmi les plus remarquables nommons : celui de l'administration, où tous les services administratifs seront centralisés ; celui de là santé, avec salle de visite, infirmerie, etc.. ; celui de la dépense, renfermant des cuisines très vastes, à l'agencement des plus modernes ; celui de la buanderie, qui fonctionne déjà, avec étuves, lessiveuses, essoreuses..., le tout du modèle le plus perfectionné, etc..

L'hôpital possédera également une station d'épuration, vers laquelle des canalisations appropriées conduiront toutes les eaux après utilisation. Purifiées, elles serviront à l'irrigation.

J'indiquerai encore deux monuments qui donnent à ces lieux un cachet tout particulier : la chapelle, gracieuse, tout à fait dans le style des petites églises, de village, et une blanche mosquée.

Le puits.
On s'étonnera, peut-être, que j'ouvre un paragraphe spécial pour cet ouvrage, de nécessité primordiale : le puits. Il mérite d'être ainsi mis en relief, parce qu'il apporte une heureuse solution à la question de l'eau dans la région de Joinville.

Jusqu'au forage de ce puits, toutes les tentatives faites pour trouver dans le sous-sol ce précieux liquide avaient échoué.
Le puits de l'hôpital est le seul existant actuellement dans la région.
Il a été foré sur une profondeur de 105 à 110 mètres. L'eau monte à 45 mètres environ du sol. Elle est abondante, limpide et parfaitement potable. Le pompage ne pouvant se faire encore électriquement, le débit journalier est cependant de 120 m3 environ sans que, l'opération qui dure une dizaines d'heures, le niveau de l'eau, dans la colonne, baiss sensiblement.
Ce puits constitue donc une première expérience qui, au dire des experts, permet de conclure que le courant d'eau l'alimentant est pratiquement intarissable. On envisage le forage d'un second puits près du premier, ce qui permettrait de subvenir très largement aux besoins divers en eau de l'Hôpital Psychiatrique.

Quelques chiffres.
Voici, du surplus, quelques chiffrés qui pourront donner une idée plus; exacte de l'importance de cet hôpital.
Le communal de Joinville, sur lequel il est édifié, comporte 90 hectares.
Les bâtiments et leurs dépendances couvrent une superficie de 25 hectares. Le surplus du terrain est réparti en jardins potagers, en vergers, en prairies, en plantations d'arbres d'essences diverses. 12.000 arbres, dont 1.000 fruitiers, ont déjà été plantés et l'établissement tire de ses jardins tous les légumes dont il a besoin.
A l'ouverture de l'hôpital, le 13 juillet 1933, 112 malades y ont été internés. Le registre des entrées accuse aujourd'hui un nombre de 780 aliénés, sur lesquels 470 sont encore en traitement.
Les nouveaux bâtiments seront, en majeure partie, achevés en mai-juin 1936. Ils permettront d'accepter 1.000 pensionnaires de plus, ce qui portera le nombre des places à 1.500, et les statistiques permettent de prévoir que l'asile sera au complet au bout de 2 ans de fonctionnement.
Malgré cette importance acquise, l'Hôpital Psychiatrique de Joinville sera encore insuffisant pour les besoins seuls de l'Algérie. Un simple rapprochement de nombres le prouve. En dehors des 470 malades traités à Joinville, il y a encore, dans les asiles de France, environ 1,500 aliénés algériens, ce qui porte le nombre des malades à près de 2.000, pour 1.500 places disponibles. Si l'on veut que tous les malades algériens soient traités dans leur pays, il faudra nécessairement, dans un temps plus ou moins éloigné, envisager la possibilité de nouveaux agrandissements - et le terrain ne manque pas.
Le budget actuel de l'hôpital est de 2.800.000 frs.

Administration.
L'Hôpital Psychiatrique de Joinville a, à sa tête, un directeur responsable, M. Zerbini, qui appartient aux cadres des Services de l'Assistance Publique du Gouvernement Général.de l'Algérie.

Il est assisté d'un économe, M. Villèle, d'un receveur et d'une commission consultative présidée par M. G. Ricci, maire de Blida. Cette commission est composée de MM. Duclos, délégué financier, rapporteur général du budget de l'Algérie, Dachot, conseiller général, et Lafaille, retraité.

Les malades.
Et maintenant, parlons des pensionnaires de l'Hôpital Psychiatrique.

Je ne dirai rien de leur triste maladie, dont tout le monde connaît plus ou moins les effets, sans pouvoir en discerner les causés.
M. Lasnet, médecin-inspecteur général, directeur de la Santé Publique, le Professeur Porot, conseiller technique pour la 'psychiatrie et, plus près d'eux, M. le médecin-chef Vallet mettent à leur service toute leur science qui est grande et leur dévouement qui est absolu.

Ils ont trouvé, en là personne de M. Zerbini, le directeur administratif le plus compréhensif et le plus actif.

Sous la direction du Médecin-Chef un personnel infirmier d'élite donne les soins nécessaires et administre les traitements particuliers réclamés par chaque cas.
L'état physique des aliénés est l'objet d'une attention spéciale, car l'influence du physique sur le moral est réel et souvent on guérit le déséquilibre de celui-ci par la guérison de celui-là.

Le souci dominant de la Direction, aussi bien d'ailleurs que de ceux qui ont présidé à l'élaboration des plans de l'hôpital, est d'écarter du malade toute impression d'internement. On pourrait se croire dans une maison de repos d'un genre spécial, beaucoup plus que dans un asile d'aliénés. Parmi ceux-ci, tous ceux dont l'état ne réclame pas une surveillance particulière, circulent librement. Beaucoup travaillent : l'un est portier. Un autre cuisinier, un autre aide à l'entretien des locaux, d'autres encore trouvent à exercer leur métier de peintre, de jardinier, etc.. Pour ceux-ci, la surveillance est très discrète et ils touchent, pour leur travail, une rétribution quotidienne de 1 fr. 50 qui, déposée à l'Économat, forme un petit pécule dont ils se servent pour s'octroyer eux-mêmes quelques douceurs ou qu'ils toucheront à leur sortie de l'hôpital.

Tous les aliénés, en dehors des dangereux, prennent leurs repas en commun et dorment en dortoir.

Cette vie commune n'est nullement préjudiciable, comme on pourrait le supposer, à l'efficacité du traitement qui leur est appliqué.
On m'a dit que les hommes montraient plus de calme que les femmes pendant les séances hebdomadaires de cinéma. La T.S.F. elle-même, trouve, à l'asile, de nombreux amateurs.

Nécessité d'un tel établissement en Algérie.

Ces quelques lignes ne prétendent pas brosser un tableau complet et détaillé de l'Hôpital Psychiatrique et de la vie menée par ceux qui l'habitent. Leur prétention est moindre et leur auteur sera heureux s'il a pu donner une idée, même imparfaite, de l'importance acquise par cet établissement.
Celle-ci n'est pas niable, mais d'aucuns ont discuté son opportunité, sa nécessité. Les asiles, dit-on, ne manquent pas en France et le montant de leur pension est inférieur de quelques francs par jour à celui pratiqué à Joinville (sauf cependant dans le département de la Seine, où il lui est supérieur) .
Je n'ai aucune qualité ni compétence pour discuter le pour ou le contre de la question, mais il existe quatre points que je tiens à souligner et qui expliquent, ce me semble, la nécessité d'un tel hôpital en Algérie et militent en faveur de son développement:

1° En France, la pension totale se trouve, pour les Algériens, singulièrement aggravée par les frais de voyage. Un malade envoyé dans un asile métropolitain ne s'y rend pas seul : deux infirmiers viennent le chercher et l'accompagnent. C'est donc cinq passages que le département doit rembourser : la seule traversée Alger-Marseille coûtera environ 1.800 francs, somme à laquelle s'ajoutera le prix du voyage de Marseille à l'asile...

Le sujet guéri, sa sortie de l'hôpital sera souvent différée, parfois pendant plusieurs mois, car on hésitera, avec justes raisons; surtout s'il s'agit d'un Arabe, à le renvoyer seul dans son pays.

2° Dans le même ordre d'idées, nos malades algériens internés en France, ne parlant ni ne comprenant le français, seront de ce fait isolés des autres malades et leur internement pèsera sur eux à la façon d'une captivité.

D'autre part, les Arabes répugnent à l'internement de leurs femmes loin de leur pays.

3° Les aliénés algériens, internés en France, laissent en Algérie leurs biens à l'abandon. Qui s'en occupe ? Personne. Ou si quelqu'un s'y intéresse, ce ne sera pas toujours pour sauvegarder les intérêts du légitime propriétaire.
En Algérie, au contraire, tous les biens des pensionnaires de Jonville sont surveillés par un service créé et organisé spécialement pour cela, M. Lafaille, membre de la commission consultative, la dirige avec un zèle et une compétence dignes d'éloges.

Ceci a son importance, considéré surtout du point de vue des malades et de leur famille.

4° Un dernier point qui n'est pas négligeable. Le budget de l'hôpital étant très élevé, puisqu'il se chiffre actuellement par 2.800.000 francs, l'économie algérienne ne peut que gagner à ce qu'une somme aussi importante et d'essence exclusivement coloniale, demeure et circule en Algérie.

Je m'en voudrais de terminer sans remercier M. Zerbini, directeur de l'hôpital, et M. le médecin-chef Vàllet, de leur excellent accueil, de leur courtoise affabilité et des utiles renseignements qu'ils ont bien voulu me donner. Je les prie de trouver ici l'expression de toute ma gratitude.