Blida-les-Roses - À 60 km d'Alger,
DU COLLÈGE SAINT CHARLES AU COLLÈGE CLASSIQUE ET MODERNE DE JEUNES FILLES DE BLIDA
par Michèle Manivit Sallves

---------Ce texte est extrait de "AFN - collections ", bulletin d'idées et d'information. - n°61, octobre 2009 avec l'autorisation de la direction actuelle de la revue http://afn.collections.free.fr/pages/bulletin.html
en ligne le 2-11-2009
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L'approche des grandes vacances couvrait de grappes bleutées les jacarandas qui bordaient le large chemin sablé de l'EPS. On lui donnait encore souvent ce nom d'Ecole Primaire Supérieure alors qu'il était déjà le Collège Classique et Moderne de Jeunes Filles que j'ai fréquenté jusqu'à la classe de Première. Une haute grille ouvragée cachait à peine la façade austère de ce long batiment à un étage, solidement édifié avec des pierres de taille à tous les angles. Nous lui trouvions bien un air de " bâtiment religieux " mais nous ne nous posions pas trop de questions. Seule une croix en fer forgé et une statue sur un petit autel entouré d'une grille, à l'écart de la cour de récréation, confirmait la construction initiale mais surtout alimentait les interprétations farfelues des élèves autour d'une tombe, d'un mystère !!

En fait ce vaste bâtiment avait été construit en 1887 pour remplacer le premier Collège Saint Charles, situé sur la route d'Alger près de la porte du même nom. Dès 1868, en effet, l'enseignement secondaire libre avait été confié à une congrégation enseignante : les Prêtres de Saint Basile, pour les garçons, alors que les Religieuses de la Doctrine Chrétienne enseignaient aux filles. Très vite les locaux furent insuffisants et le Supérieur, le père Martin, décida de construire un établissement "moderne" et confortable. Le terrain fut choisi en dehors des remparts, entre l'avenue de la Chiffa, le Bois Sacré et la porte El-Sebt et ce sur 33 000 m2

Inauguré en 1888, le Collège fut rapidement clôturé de murs, entouré de jardins. Cours et terrains de sport et même un "bassin de natation" complêtaient les équipements. Le renom de Saint Charles avait attiré les élèves de toute l'Algérie, principalement des départements d'Alger et Oran, il comptait 200 pensionnaires et une soixantaine d'externes.

L'Institution Saint Charles dut fermer ses portes en 1903, la congrégation dans la tourmente, les biens saisis, le Directeur, le Père Martin, expulsé de sa maison. Seule la rue qui longeait la façade de l'établissement gardait le nom du Père Martin dans les années 50 mais bien peu savaient de qui il s'agissait.

En 1906, l'Ecole Primaire Supérieure, établissement laïque qui préparait les jeunes filles au Brevet Elémentaire ouvrit ses portes dans ces locaux.

Au début des années 50, il devint Le Collège Classique et Moderne de Jeunes Filles, de la 6e à la Terminale Philo. Les filières scientifiques, peu prisées par les filles, se continuaient au Lycée Duveyrier avec Mathématiques-Elémentaires (Math-Elem) et Sciences Expérimentales (Sci. Ex).

Une parenthèse, transformé en " Centre de Fractures ", l'établissement accueillit de 1942 à 43 les blessés et convalescents du front de Tunisie. Les cours continuèrent, professeurs et élèves dispersés au Collège Colonial et dans d'autres écoles de la ville.

L'entrée principale ouvrait sur un large couloir qui parcourait toute la longueur du corps de bâtiment central, desservant les classes du rez-de-chaussée et l'administration. Des ailes latérales à chaque bout du couloir sont bien visibles sur la carte de la Cour (ailes encadrant l'entrée) avec à droite une vaste salle de musique pour cours et répétitions et à gauche concierge et labo de Sciences Naturelles.

La carte Jardins et Etudes montre les ailes situées à l'opposé, en bout de couloir, abritant le réfectoire et au premier étage les dortoirs et sanitaires.

Encadrées par ces bâtiments, nous disposions de beaucoup d'espace avec plusieurs cours et terrains de sport. Le "Bureau de Madame la Directrice" avait peu changé et la carte conserve mystère et inquiétude...

Le Cabinet du Docteur et la Grande Salle de l'Infirmerie occupaient avec la lingerie et le logement de l'Infirmière un pavillon annexe adossé au mur d'enceinte, non loin du réfectoire (annexe construite aussi par les Basiliens, avec la même destination.)

Que dire du " groupe de domestiques " sinon retourner la carte : une belle et élégante écriture, une encre violette laisse imaginer le porte plume de celle qui signe Edmonde "notre personnel sympathique. Chacune d'elle a sorti ses plus beaux atours pour poser"

Michèle MANIVIT SALLES

Bibliographie:
Monographie de la Paroisse Saint Charles de Blida Chanoine A. Vial
Bulletin des Anciens Elèves des Ecoles de Blida
Archives personnelles de l'auteur.