Alger, les cinémas
A LA VE1LLE DE TOURNER MARIA PILAR
( le film est sorti sous le titre " Au coeur de la casbah")
" Je suis Algérois et vous pouvez être certain que je saurai exalter dans mon film
les séduisants aspects de notre grande cité " nous dit Pierre Cardinal


A LA VE1LLE DE TOURNER MARIA PILAR
" Je suis Algérois et vous pouvez être certain que je saurai exalter dans mon film les séduisants aspects de notre grande cité " nous dit Pierre Cardinal

Il y a deux semaines la réalisation - maintenant imminente - de " Maria-Pilar " nous avait suggéré quelques réflexions assez pessimistes. Ce film, nous demandions-nous notamment, allait-il, comme la " Manon ", de Clouzot, s'inspirer d'une formule dont l'audace excessive atteint toutes les limites de_l'arbitraire et, à l'exemple de " Pépé le Moko ", présenter notre Casbah sous un jour aussi singulier que révoltant ?

Dès son arrivée à. Alger, Pierre Cardinal s'est empressé de nous rassurer. ll l'a fait en toute franchise, mais sans affectation, avec une simplicité qui nous a très heureusement surpris, tant il est rare, aujourd'hui, de rencontrer un jeune cinéaste qui soit autre chose qu'un fat, une manière de petit marquis directement échappé de l'hôtel Rambouillet. Car Pierre Cardinal, bien que déjà père de famille, est un " jeune " absolument authentique.

Jeune, bien sûr, par son âge, puisque né il n'y a environ qu'un quart de siècle. Jeune par son enthousiasme, tempéré d'ailleurs d'une sagesse qui dénote, chez lui, une maturité précoce. Jeune, enfin, dans ce métier d'auteur de films, dont il connaît les aléas, mais qu'il aborde avec toute la foi d'un adepte passionné et convaincu.

NOTA:TEXTE COMPLET SOUS L'IMAGE.

https://www.unifrance.org/film/4682/au-coeur-de-la-casbah
ou
https://www.notrecinema.com/communaute/v1_detail_film.php3?lefilm=18540

Echo des 18 et 23-5-1951- Transmis par Francis Rambert
sur site : mars 2022

2.-jeudi prochain au " Paris "
la première mondiale du film de Pierre Cardinal " Au cœur de la Casbah
"

C'est sous le patronage de " l'Union algérienne de la critique de fims " et au bénéfice du sanatorium de Rivet qu'aura lieu jeudi prochain au " Paris "
la première mondiale du film de Pierre Cardinal " Au cœur de la Casbah
"

Comme nous l'avons déjà annoncé, c'est jeudi 22 courant en soirée, au cinéma " Le Paris ", qu'aura lieu la " première mondiale " du film récemment réalisé à Alger par Pierre Cardinal : " Au cœur de la Casbah " (ex " Maria-Pilar ").

Pour encourager notre jeune concitoyen, dont les débuts dans la mise en scène sont si prometteurs, l'Union algérienne de la critique de films a décidé de patronner ce gala qui sera organisé grâce â la générosité des sociétés " Paral " et " Sirius ", au profit du sanatorium de Rivet.

Pierre Cardinal lui-même et l'un de ses interprètes, Claude Laydu (l'inoubliable créateur du " Journal d'un curé de campagne "), assisteront à cette manifestation qui sera précédée d un spectacle de qualité, et dont le succès s'annonce, d'ores et déjà, particulièrement brillant.

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Phèdre chez Pépé le Moko. Maria-Pilar est la nouvelle femme d'un gangster algérien que la police vient d'arrêter. Le fils d'un premier mariage débarque à Alger dont il est resté longtemps éloigné. Sa belle-mère, charmée par l'adolescent, éprouve peu à peu une passion dévorante, contre laquelle Michel essaie en vain de lutter : il aime une jeune fille, Sylvie. Folle de jalousie, sa belle-mère le désigne à la vindicte du père en travestissant la vérité. Michel n'échappe pas à la fureur paternelle, mais lorsque l'imposture de la femme est connue, Maria-Pilar meurt étranglée.
Au coeur de la casbah
Au coeur de la casbah
Pierre Cardinal, le metteur en scène de " Maria-Pilar "
Son père, très connu et estimé dans les milieux industriels algérois, fut, il y a dix-huit ans, le
principal auteur d'un projet qui prévoyait la construction au Cap Matifou d'un important studio de prise de vues
.

 

Viviane Romance
Viviane Romance

Claude Laydu
Claude Laydu

Producteur délégué :
Alain Michaud

Dialoguiste :
Pierre Cardinal

Directeur de la photo :
Henri Decaë

Cadre :
André Villard

Scripte :
Jacqueline Parey

Auteur de la musique :
Mohamed Yguerbuchen

Assistants à la réalisation :
Bernard Maurice, Jean Leduc

Scénariste :
Pierre Cardinal

Ingénieur du son :
André Louis

Montage :
Marguerite Houllé-Renoir

Décorateurs :
Antoine Mayo, Roland Berthon

Photographe de plateau :
André Dino

Peter Van Eyck
Peter Van Eyck
Peter Van Eyck
Celui qui sera, dans " Maria Pilar " l'ange noir de Claude Laydu nous arrive tout droit d'Amérique où il vient d'interpréter brillamment l'un des principaux rôles des " Cinq secrets du désert ".
Sylvie Pelayo
Sylvie Pelayo
Sylvie Pelayo
Elle vient du théâtre où elle a créé, cette saison, " Un soir â Samarcande ›.
Au cinéma, quelques films burlesque: de court métrage ont déjà mis en
valeur ses dons réels de comédienne





A LA VE1LLE DE TOURNER MARIA PILAR
" Je suis Algérois et vous pouvez être certain que je saurai exalter dans mon film
les séduisants aspects de notre grande cité " nous dit Pierre Cardinal

Il y a deux semaines la réalisation - maintenant imminente - de " Maria-Pilar " nous avait suggéré quelques réflexions assez pessimistes. Ce ?lm, nous demandions-nous notamment, allait-il, comme la " Manon ", de Clouzot, s'inspirer d'une formule dont l'audace excessive atteint toutes les limites de_l'arbitraire et, à l'exemple de " Pépé le Moko ", présenter notre Casbah sous un jour aussi singulier que révoltant ?

Dès son arrivée à. Alger, Pierre Cardinal s'est empressé de nous rassurer. ll l'a fait en toute franchise, mais sans affectation, avec une simplicité qui nous a très heureusement surpris, tant il est rare, aujourd'hui, de rencontrer un jeune cinéaste qui soit autre chose qu'un fat, une manière de petit marquis directement échappé de l'hôtel Rambouillet. Car Pierre Cardinal, bien que déjà père de famille, est un " jeune " absolument authentique.

Jeune, bien sûr, par son âge, puisque né il n'y a environ qu'un quart de siècle. Jeune par son enthousiasme, tempéré d'ailleurs d'une sagesse qui dénote, chez lui, une maturité précoce. Jeune, enfin, dans ce métier d'auteur de films, dont il connaît les aléas, mais qu'il aborde avec toute la foi d'un adepte passionné et convaincu.

Ce grand garçon sympathique est venu vers nous discrètement, en s'excusant presque de nous importuner. alors qu'il n'avait qu'un seul désir combien louable : celui d'apaiser nos craintes.

- Je suis Algérois. nous déclarera-t-il d'emblée, et vous pouvez être certain que lorsque je révélerai au public. ne fut-ce que par quelques plans rapides, les principaux aspects de la haute ville ou ceux de l'Alger moderne, j'insisterai toujours sur le séduisant pittoresque et la rayonnante beauté de notre grande cité qui n'a tout de même rien de commun avec le Chicago du cinéma américain.

Comme nous l'en félicitons, Pierre Cardinal ajoute :
- Ceci dit, bien que " Maria-Pilar " ne soit pas précisément un film sur Alger, j'ai voulu tenter ici, vous le savez. une transposition de " Phèdre ", et si j'ai choisi pour cadre la Casbah, alors que l'action de mon film pouvait aussi bien se dérouler ailleurs, c'est parce que je connais parfaitement ce quartier, que je le connais depuis toujours et qu'il me sera, ainsi, plus facile d'en exploiter les précieuses ressources " sa lumière, ses ombres et l'incomparable panorama qu'il permet de découvrir.
- Comment l'idée d'adapter " Phèdre " à l'écran vous est-elle venue ?
- D'instinct. Parce que j'aime ce sujet magnifique et exaltant. Dès que je me suis senti capable de tourner mon premier film (après avoir passé plusieurs années à l'Institut des hautes études cinématographiques et assisté deux ou trois metteurs en scène notoires,. j'ai décidé de prendre tous mes risques.
J'aurais pu, pour mes débuts, m'attaquer à une œuvre inoffensive, quelque petite comédie conventionnelle, que l'on " place " aisément et qui n'est jamais compromettante.
Mais j'ai préféré m'imposer tout de suite une épreuve autrement délicate, autrement sérieuse. Oh ! Non pas par snobisme ou par excès de prétention, mais pour pouvoir mesurer, dès le départ, la valeur réelle de mes " possibilités professionnelles. "

Ce que Pierre Cardinal ne nous dit pas c'est que cette " épreuve ", il l'a minutieusement préparée, qu'il ne s'engage pas à la légère et que ses collaborateurs immédiats, vivement impressionnés par l'exceptionnelle qualité de son découpage technique, n'ont pas hésité à lui faire pleinement confiance. Il se contente en effet, de nous préciser :
- La Phèdre que j'ai choisie n'est pas proprement celle de Racine (elle pourrait être celle d'Euripide ou bien encore celle de Pradon) mais elle s'en rapproche par le côté janséniste de son caractère. C'est le problème de la religion et des sens qui m'a intéressé. Maria-Pilar est d'origine espagnole. Elle est entière, passionnée, jalouse, mais elle a la foi et, tout au fond d'elle-même, elle conserve un je ne sais quoi de très noble qui la fera finalement se repentir. En un mot, elle rappellera à la fois une personnage de Llorca et la Phèdre classique, celle dont Chateaubriand disait qu'elle " était une chrétienne à qui la grâce avait manqué ".

Je n'ai pas oublié, non plus, que mon héroïne avait pour ancêtre Hélios, qu'elle était, par conséquent (comme sa mère Pasiphaé) la fille du soleil. Aussi, la grande scène au cours de laquelle Maria-Pilar s'offrira à Michel (l'Hippolyte de mon film) se situera-t-elle en plein midi, sur une terrasse inondée de lumière. Grâce à un angle de prise de vues original, j'espère tirer de cette séquence un symbole d'une inspiration toute poétique.

A propos de Michel, si j'en ai fait un tuberculeux qui a vécu durant huit longues années (celles de son adolescence) la vie monacale d'un sanatorium, c'est pour mieux justifier la pureté de cet être encore vierge qui accomplira son premier acte d'amour " comme on va au suicide " avec, au cœur, une profonde et douloureuse appréhension.

L'époux de Maria-Pilar n'évoquera que de très loin le personnage de Thésée. Quant à Oenone, je l'ai en quelque sorte divisée en trois personnages différents : Yamina, une " bonne femme " dans toute son acception ; la vierge et le mauvais garçon, qui seront respectivement la confidente et l'ange noir de Michel.

Pour me résumer, j'ai surtout voulu créer une tragédie moderne sans concessions, une tragédie où
l'âpreté, l'extrême violence des passions humaines déchaînées se teinteront, par moments, d'une poésie douce et chantante. Le dialogue en sera bref. Seuls les petits rôles parleront. Les autres ne feront entendre leur voix que lorsqu'ils rêveront ou qu'ils prieront.

- Pierre Cardinal nous confirme que Viviane Romance sera Maria-Pilar (une création dont il attend beaucoup). Il nous apprend, d'autre part, que c'est finalement Claude Laydu (l'inoubliable interprète du " Journal d'un curé de campagne ") qui incarnera Michel, tandis que les rôles de la vierge et de l'ange noir seront confiés à Sylvie Pelayo, l'une des créatrices à la scène de " Ce soir à Samarcande " et Peter Van Eyck, l'excellent acteur américain, qui vient de se signaler tout particulièrement, aux côtés d'Eric von Stroheim, dans le film consacré au maréchal Rommel " Les cinq secrets du désert ". Philippe Richard et Roger Gaillard de la Comédie Française, compléteront la distribution du film dont la photographie sera assurée par le chef opérateur Henri Decae.

Dès demain samedi. il enregistrera les premières images de " Maria-Pilar " avec la collaboration de Claude Laydu, qui arrivera le matin même à Alger. Mais les scènes capitales de son film ne seront entreprises qu'à partir du 29 courant - date à laquelle toute la troupe sera là - pour se poursuivre sans interruption jusqu'au 10 juin prochain.

Pierre Cardinal est soucieux cependant : il redoute les nuages et les " fausses teintes ". Mais nous sommes convaincu que le ciel d'Alger se montrera très clément à son endroit et qu'il lui permettra de réaliser en toute quiétude cette œuvre maîtresse que nous promet sa jeune et brillante personnalité.

la première mondiale du film de Pierre Cardinal " Au cœur de la Casbah "

la première mondiale du film de Pierre Cardinal " Au cœur de la Casbah "