Constantine
UNE GRANDIOSE CÉRÉMONIE A MARQUÉ L'INAUGURATION OFFICIELLE
DU MONUMENT AUX MORTS DE CONSTANTINE
Voir, par ailleurs,
la liste des noms

Constantine, 2 novembre (de notre correspondant particulier). — Dès 11 h. 30, une foule immense, en cortège comme pour un pieux pèlerinage, s'échelonnait tout au long des diverses rues qui conduisent au monument aux morts et ne fit que s'accroître jusqu'à l'heure de la cérémonie pour former une masse à la fois vibrante d'émotion et recueillie.

Majestueux, l'arc de triomphe dresse sa voûte gigantesque sur le roc sauvage et la victoire de bronze qui le surmonte déploie ses ailes resplendissantes sous les rayons d'un chaud soleil d'automne. Une brise légère fait frissonner la soie des drapeaux dont les guirlandes s'entrecroisent tout le long de la grande avenue triomphale qui mène au monument.

Celui-ci. pour sa part, n'avait pas besoin de recevoir de décoration particulière. La sobriété de ses lignes était seule agrémentée d'une large bande bleue, blanche et rouge, cravatée de crêpe, dont les plis harmonieux, tombant du sommet du monument. était retenue à, hauteur de la voûte.

Sur l'avenue, un triple cordon de troupes forme la haie d'honneur. Les délégations des différents groupement: de la ville et des sociétés avec leurs présidents ont rejoint les emplacement: or sont réservés tandis que devant le monument, les parents des glorieux disparus sont assemblés.
Les enfants des écoles occupent les premiers rangs.
(suite dans l'article.)


Echo d'Alger du 3-11-1934 - Transmis par Francis Rambert

mars 2019

Afrique illustrée du 26-10-1929 - Transmis par Francis Rambert

mise sur site le 3-3-2011...+ sept.2021

Le Monument aux Morts de Constantine

La piété, le souvenir d'amour et de reconnaissance que le pays porte à ses enfants morts pour lui, à ces quinze cent mille de ses fils les plus jeunes si tragiquement morts durant la grande tourmente de la guerre, s'est partout manifestée. Aucune commune de France n'a voulu se soustraire à ce devoir de célébrer ses disparus, de perpétuer leur souvenir et de retracer dans le marbre et le métal, pour les léguer à l'avenir, l'héroïsme et le sacrifice de nos soldats.
Tout le pays s'est ainsi couvert de monuments aux morts, selon l'importance et la richesse des villes, allant des plus fastueux aux plus simples et des grands ensembles monumentaux à la simple stèle gravée de noms. Dans l'espace de quinze ans, c'est ainsi plusieurs milliers de constructions commémoratives et symboliques qui sont sorties du sol. Et comme il n'est pas tant que cela de vrais sculpteurs et de véritables artistes, à part quelques-uns de grand talent, on est bien obligé de convenir que la plupart sont très médiocres et s'inspirent d'un goût douteux. Très souvent, c'est un artisan du village qui en fut l'auteur ; quelquefois des entreprises de travaux funéraires, marbre et métal, qui les construisirent en série. Combien d'allégories rococo, de poilus, baïonnette au canon, combien de coqs gaulois ou de républiques en bonnet phrygien s'inclinant sur le soldat mourant ou lui montrant de la pointe du glaive l'ennemi à qui barrer la route ?

Si aucun de ces monuments ne peut être grotesque à cause de la pensée qui l'inspira et de la grandeur des faits dont il témoigne, on doit avouer que beaucoup sont très laids, communs, inexpressifs et d'une banalité qui a trahi, qui n'a pas su rendre le sentiment vrai des survivants, vieux ou jeunes, pour les morts de la guerre.
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le monument aux Morts
Le monument aux Morts

Le Monument aux Morts de Constantine

La piété, le souvenir d'amour et de reconnaissance que le pays porte à ses enfants morts pour lui, à ces quinze cent mille de ses fils les plus jeunes si tragiquement morts durant la grande tourmente de la guerre, s'est partout manifestée. Aucune commune de France n'a voulu se soustraire à ce devoir de célébrer ses disparus, de perpétuer leur souvenir et de retracer dans le marbre et le métal, pour les léguer à l'avenir, l'héroïsme et le sacrifice de nos soldats.
Tout le pays s'est ainsi couvert de monuments aux morts, selon l'importance et la richesse des villes, allant des plus fastueux aux plus simples et des grands ensembles monumentaux à la simple stèle gravée de noms. Dans l'espace de quinze ans, c'est ainsi plusieurs milliers de constructions commémoratives et symboliques qui sont sorties du sol. Et comme il n'est pas tant que cela de vrais sculpteurs et de véritables artistes, à part quelques-uns de grand talent, on est bien obligé de convenir que la plupart sont très médiocres et s'inspirent d'un goût douteux. Très souvent, c'est un artisan du village qui en fut l'auteur ; quelquefois des entreprises de travaux funéraires, marbre et métal, qui les construisirent en série. Combien d'allégories rococo, de poilus, baïonnette au canon, combien de coqs gaulois ou de républiques en bonnet phrygien s'inclinant sur le soldat mourant ou lui montrant de la pointe du glaive l'ennemi à qui barrer la route ?

Si aucun de ces monuments ne peut être grotesque à cause de la pensée qui l'inspira et de la grandeur des faits dont il témoigne, on doit avouer que beaucoup sont très laids, communs, inexpressifs et d'une banalité qui a trahi, qui n'a pas su rendre le sentiment vrai des survivants, vieux ou jeunes, pour les morts de la guerre.

A côté de tant de réalisations imparfaites, maladroites, il en est qui sont de vrais morceaux d'art et qui unissent à la valeur partout pareille de la signification la beauté du rendu et la maîtrise de l'exécution. On n'y perd rien, puisque l'art n'a jamais rien diminué et qu'une pensée forte ou pieuse gagne au contraire en grandeur et en majesté quand elle est traduite dans la forme qui convient.

Constantine pourra compter parmi les villes privilégiées où le monument aux morts de la grande guerre est à la fois un enrichissement du souvenir et un embellissement du patrimoine artistique de la cité.

C'est le sculpteur algérois Ebstein, artiste de grand talent, qui en est l'auteur. Le monument consiste en une victoire ailée, emportée d'un irrésistible et véhément élan. L'allégorie, comme on le voit, est très simple, ce qui contribue à la force de l'expression ; le rendu sans surcharge, d'une élégance toute classique de lignes parachève en splendeur plastique.

Le sculpteur Ebstein, dans cet admirable morceau qui fait penser à l'antique, aura évité la description facile et des explications superflues. Dans sa belle simplicité, son monument dit ce qu'il veut dire avec puissance et s'affirme symbolique au plus haut chef.

De telle façon que si Alger et Oran peuvent se réclamer de monuments aux morts tout à fait remarquables, impressionnants, valant par la masse et même quelquefois un peu viciés d'impossibilités et de facilités prises avec la réalité, telle que celle qui consiste à faire porter un mort sur le pavois par des cavaliers, Constantine aura matérialisé son souvenir et sa reconnaissance dans une création d'un intérêt au moins aussi considérable et d'une vérité plus acceptable.
Avec le monument aux morts de la Légion, l'œuvre du sculpteur Ebstein demeurera ce que l'on aura fait de mieux en Algérie, dans cet ordre d'idées. Aucun patriotisme local ou particularisme de clocher n'empêchera qu'on en convienne. Le monument sera inauguré par le Président de la République, lors de son passage à Constantine pendant la célébration du Centenaire.


Le monument aux Morts