Constantine
Accueilli avec enthousiasme par les populations de Constantine
La France sait combien, longuement et durement
il lui faut encore lutter, souffrir, travailler
d'abord pour jouer son rôle dans la victoire
ensuite pour réédifier sa puissance...»
déclare le général DE GAULLE

Le gouvernement, annonce le président du Comité de la libération, vient de prendre à l'égard de l'Algérie d'importantes résolutions:

Le Comité de la libération a décidé d'abord d'attribuer immédiatement à plusieurs dizaines de milliers de musulmans français d'Algérie leurs droits entiers de citoyens

Mais c'est aussi à l'amélioration absolue et relative des conditions de vie des masses algériennes que le gouvernement a résolu de s'attacher par un ensemble de mesures qu'il fera très prochainement connaître.
(suite dans l'article.)

Deux articles . Et, plus bas, l'OCR ( certainement avec quelques coquilles...mea culpa) du discours.
Echo d'Alger du13-12-1943 - Transmis par Francis Rambert

nov.2020

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LE DISCOURS DU GÉNÉRAL DE GAULLE

C'est le propre de la guerre que ses épreuves ne cessent de grandir jusqu'au moment où l'équilibre étant rompu par la défaillance de l'un des deux camps, tous les malheurs du monde refluent sur le seul vaincu. Or, nous n' en sommes pas encore là. Si l'Allemagne a dû essuyer, pendant l'année qui se termine, les coups les plus durs,si, en ce moment même , elle subit de très graves pertes morales et matérielles, si d'immenses préparatifs sont actuellement en
cours pour lui livrer à ?????? .'Est, de l'Ouest et du Sud, l'assaut concentré qui doit détruiee sa puissance, a l'heure qu'il est l'Allemagne. nous oppose toujours une résistance acharnée. C est dire que le camp de la Liberte n' est pas aux termes de ses peines.

Il n'y a donc point à compter que les efforts et les sacrifices de la Nation française ci, des saillantes populations dont le sort est lié à son sort, aillent en diminuant avant le jour de la victoire. Je n'hésite pas à le dire avec netteté et fermeté. Notre pays mesure, d'ailleurs, très clairement, la distance qui sépare le
point ou il en est du point où il veut aller. La France qui, depuis deux mille ans, vit une existence de risque, la France qui est accoutumée aux abîmes et
aux catastrophes comme elle a l'habitude de la gloire et de la grandeur, la France sait combien longuement et durement il lui faut encore lutter, souffrir, travailler. d'abord pour jouer son rôle dans la victoire, ensuite pour réédifier sa puissance.

Oui, certes, le combat et le redressement de la France s'accomplissent dans des conditions, dans une ambiance particulièrement cruelles. Les millions et les millions d'hommes, de femmes, d'enfants, qui chez nous, subissent depuis trois ans et demi le martyre moral et matériel de l'invasion et de l'oppression; les deux millions et demi de Français qui sont détenus par l'ennemi, les combattants de la résistance qui. presque sans armes,traqués,torturés, décimés, redoublent en ce moment d'efforts et de courage pour ébranler la machine de guerre de l'ennemi et mettre les traîtres hors d'état de nuire, tous ceux-là ne connaissent que trop ce que coûtent la lutte et l'effort dans les circonstances terribles où la patrie se trouve placée. L'Empire français et la Corse, coupés de la métropole, dépourvus de beaucoup des objets et matières les plus nécessaires et, pour certains de leurs territoires, soumis encore à l'heure qu'il est à un régime limitatif de la souveraineté française, mais qui, néanmoins, prodiguent pour la guerre leurs ressources, leurs hommes, leurs sacrifices, mesurent à quel point une pareille situation alourdit et complique leur tâche.

Nos armées de terre, de mer et de l'air, qui ne disposent actuellement, en fait d'armes modernes, que de celles qui proviennent de nos alliés, mais qui cependant aspirent aux champs de bataille de toute leur ardeur et de toute leur valeur, éprouvent le surcroît de peine que leur impose cet état de choses.
Mais quels que soient aujourd'hui, et quels que doivent être demain les obstacles accumulés sous les pas de la France, je puis dire en son nom, très simplement et très tranquillement, qu'elle est résolue à les surmonter, qu'elle est sûre d'en avoir la force et qu'elle entend cette fois en tirer toutes les leçons.

Je dis dis bien en tirer les leçons. Car, si la nation française n'entrevoyait sa libération que comme le moyen de redevenir, sans y changer rien, ce qu'elle était avant le drame, s'il ne s'agissait pour ses fils et ses filles que de retrouver intacts leurs biens et leurs habitudes, s'il n'était question pour le pays que de reprendre telles quelles les données du jeu d'avant-guerre : pratiques politiques, conjonctures extérieures, régime social, bref, si dans un monde que tout pousse à se transformer, la France devait pour la première fois depuis qu'elle est la France prétendre demeurer figée dans son passé, alors il serait inutile de parler de redressement; notre pays, une fois éteints les lampions et enroulés les drapeaux de la victoire, n'aurait plus qu'à parcourir les étapes de la décadence.

Mais rien n'est plus éloigné de ce que rêve et de ce que veut la France qui se refond au creuset des douleurs. Qu'il s'agisse de ses institutions, de son activité économique, des conditions de vie de ses enfants, de ses rapports avec les autres peuples, du développement de son Empire, les voies qu'elle entend suivre ne sont pas celles d'une routine paresseuse, mais bien celles du renouveau.

Or, si après cette guerre, dont l'enjeu est la condition humaine, chaque nation aura l'obligation d'instaurer au dedans d'elle-même un plus juste équilibre entre tous ses enfants, des devoirs plus vastes encore s'imposent aux pays qui, comme le nôtre, se sont depuis l'âge des grandes découvertes, associés d'autres peuples et d'autres races. Il appartient a la France de faire honneur au contrat. En prouvant, dans les conditions effroyables de ces quatre dernières années, leur unité profonde, tous les territoires de la communauté impériale française ont fait crédit à la France. A la France, c'est-à-dire à l'évangile de la fraternité des peuples, de l'égalité des chances, du maintien vigilant de l'ordre pour assurer à tous la liberté.

Cette volonté de renouveau qui anime la nation tutélaire à mesure qu'elle voit approcher la fin du drame et s'entrouvrir la porte de l'avenir, l'Afrique du Nord lui offre l'occasion, lui impose le devoir de se donner sereinement carrière. Les événements font en sorte que l'Afrique du Nord est le terrain où commence à s'épanouir la force renaissante et l'espérance immortelle de la France. Ici reparaissent ses propres libertés. Ici siège son gouvernement de guerre. Ici s'est formée l'Assemblée oui donne à l'opinion une expression qualifiée. Ici s'assemblent les premiers éléments de ses armées de demain. Ici se trouvent les représentants que de nombreuses puissances étrangères ont délégués auprès d'elle, marquant ainsi qu'elles savent bien, par delà certaines formules de circonstance, avec qui bat le coeur de la patrie. Ici auront été prodiguées à la France par l'ensemble des populations les preuves d'une fidélité à quoi l'étendue de ses propres malheurs donne un caractère décisif qui, non seulement l'émeut jusque dans ses profondeurs, mais, dès à présent, l'oblige.
Oui, l'oblige, à l'égard notamment des musulmans de l'Afrique du Nord. La France, en accord et par traités conclus avec leurs souverains, a donné au Maroc et à la Tunisie un développement qu'il s'agit de poursuivre en y associant chaque jour plus largement les élites de la société locale. Dans les trois départements de l'Algérie française, la tache comporte des exigences différentes.

Quelle occasion meilleure pourrais-je trouver d'annoncer que le Gouvernement, après un examen approfondi de ce qui est souhaitable et de ce qui est actuellement possible, vient de prendre à l'égard de l'Algérie d'importantes résolutions. Le Comité de la libération a décidé d'abord d'attribuer immédiatement à plusieurs dizaines de milliers de musulmans français d'Algérie leurs droits entiers de citoyens sans admettre que l'exercice de ces droits puisse être empêché ni limité par des objections fondées sur le statut personnel. En même temps va être augmentée la proportion des musulmans français d'Algerie dans les diverses assemblées qui traitent des intérêts locaux. Corrélativement, un grand nombre de postes administratifs seront rendus accessibles à ceux qui en auront la capacité. Mais c'est aussi à l'amélioration absolue et relative des conditions de vie des masses algériennes que le Gouvernement a résolu de s'attacher par un ensemble de mesures qu'il fera très prochainement connaitre. Personne ne peut contester que ce soit là une oeuvre de longue haleine, que l'état de guerre et la situation présente de la métropole ne laissent pas de compliquer à l'extrême. Personne ne peut, d'autre part, mettre en doute que certaines dispositions utiles aient déjà été prises à cet égard. Personne ne peut, enfin, nier que rien ne serait concevabl sans le labeur acharné de nos colons qui fit jaillir du pays les richesses de la nature.

Mais le plan d'ensemble concernant l'Algérie et dont l'exécution sera commencée aussitôt avec ses moyens disponibles montrera à tous que la France nouvelle a mesuré ici tous ses devoirs.

Dans cette phase, la plus rude de notre rude existence de peuple, à chaque jour suffit sa tâche, mais une tache doit remplir chaque jour. Entre Français de bonne volonté, ce n'est point l'heure des doutes ni des querelles. Pour atteindre le but, c'est sur nous-mêmes Français, qu'il nous faut d'abord et essentiellement compter. Qu'est-ce à dire, sinon que nous avons besoin de compter les uns sur les autres ?