Constantine
EL HADJ AHMED BEY
Dernier gouverneur turc de Constantine

EL HADJ AHMED BEY
Dernier gouverneur turc de Constantine

Stérilité de l'occupation turque
Un notable musulman de Laghouat, avec lequel, naguère, je parlais de l'occupation ottomane, m'a déclaré tout de go : " Ceux-là n'ont construit que des prisons et des casernes ! ". Cette réplique cravachante traduit bien l'inimitié persistante des populations locales pour leurs anciens maîtres turcs qui, bien qu'ils eussent occupé l'Algérie 300 ans, et qu'ils furent des croyants, ne furent jamais acceptés. Mois l'opinion brutale du Laghouati doit être corrigée : même à travers la haine, il faut être équitable.
Outre des prisons et des casernes, les Osmanlis d'Algérie ont construit des mosquées. Ce qu'il faut reconnaître, c'est que Constantine (pour ne parler que d'elle) n'en possède aucune qui mérite l'admiration. J'espère ne contrister personne en l'écrivant, pas même le docteur Lefgoun, mon ami de trente ans. Descendant des muftis de l'époque ottomane, Et dans tous les domaines, c'est la même stérilité. En 300 ans, les Turcs n'ont rien produit qui honore leur passage. Comment leur pardonner cette carence triséculaire ?
Dans l'" Itinéraire de l'Algérie " de Louis Piesse, qui date de 1874, je lisais récemment : " Au XVI° siècle, Constantine était un centre de lumières, comme l'avait été Bougie sous les Beni-Hammad, et comme le fut Tlemcen sous les Mérinides ; mais Constantine, tombée au pouvoir des Turcs, devint, comme d'ailleurs les autres villes de l'Algérie, un foyer d'intrigues, de violences et d'ambition. Toute vie intellectuelle cessa ; l'étude des belles-lettres disparut ; plus d'histoire, plus de poésie. "
Et plus d'architecture. Le génie mograbin s'est éteint, étouffé, asphyxié: une éclipse de trois siècles
enténèbre l'Algérie.


(suite dans l'article.)

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la koubba de Sidi Abd-er-Rahmane d'Alger


Echo d'Alger du 11-11-1952 - Transmis par Francis Rambert

février 2024

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BACAX, dieu troglodyte

EL HADJ AHMED BEY

EL HADJ AHMED BEY
Dernier gouverneur turc de Constantine

Ahmed Bey (1797-1850). - Dernier gouverneur turc de Constantine et l'un des plus détestés des populations locales. Nommé bey vers 1826 et devenu indépendant après la chute du dey d'Alger, an 1830, il prit le titre de pacha que lui confirma la Sublime Porte.

 

Sous son règne, la tyrannie, l'effusion du sang, l'extorsion des biens, atteignirent leur comble. Sa
félonie, son mépris de la parole donnée sont des faits connus de tous et personne n'avait confiance en lui, même lorsqu'il s'engageait par un serment solennel.

SALAH EL ANTRI, poète constantinois, 1852.

Stérilité de l'occupation turque
Un notable musulman de Laghouat, avec lequel, naguère, je parlais de l'occupation ottomane, m'a déclaré tout de go : " Ceux-là n'ont construit que des prisons et des casernes ! ". Cette réplique cravachante traduit bien l'inimitié persistante des populations locales pour leurs anciens maîtres turcs qui, bien qu'ils eussent occupé l'Algérie 300 ans, et qu'ils furent des croyants, ne furent jamais acceptés. Mois l'opinion brutale du Laghouati doit être corrigée : même à travers la haine, il faut être équitable.
Outre des prisons et des casernes, les Osmanlis d'Algérie ont construit des mosquées. Ce qu'il faut reconnaître, c'est que Constantine (pour ne parler que d'elle) n'en possède aucune qui mérite l'admiration. J'espère ne contrister personne en l'écrivant, pas même le docteur Lefgoun, mon ami de trente ans. Descendant des muftis de l'époque ottomane, Et dans tous les domaines, c'est la même stérilité. En 300 ans, les Turcs n'ont rien produit qui honore leur passage. Comment leur pardonner cette carence triséculaire ?
Dans l'" Itinéraire de l'Algérie " de Louis Piesse, qui date de 1874, je lisais récemment : " Au XVI° siècle, Constantine était un centre de lumières, comme l'avait été Bougie sous les Beni-Hammad, et comme le fut Tlemcen sous les Mérinides ; mais Constantine, tombée au pouvoir des Turcs, devint, comme d'ailleurs les autres villes de l'Algérie, un foyer d'intrigues, de violences et d'ambition. Toute vie intellectuelle cessa ; l'étude des belles-lettres disparut ; plus d'histoire, plus de poésie. "
Et plus d'architecture. Le génie mograbin s'est éteint, étouffé, asphyxié: une éclipse de trois siècles enténèbre l'Algérie.

Tous les monuments turcs sont de construction italienne
Conduit par de jeunes amis musulmans, j'ai visité toutes les mosquées de Constantine : celle de Sidi Lakdar, dont seul est beau le minaret à huit pans ; celle de Salah Bey, avec sa fontaine susurrante ombragée d'orangers ; Djema-el-Kébir enfin, que l'on dit édifiée sur l'emplacement d'un sanctuaire romain et dont les colonnes, multicolores et multiformes, empruntées à des éditrices antérieurs et mal réemployées, sont trop hétérogènes pour ne pas décevoir le touriste amateur d'art.
Une autre déception : tous ces monuments (comme beaucoup d'Alger d'ailleurs) ont été édifiés par artisans italiens. Rien, ici. n'est autochtone, A l'exception, parfois de l'ébénisterie des vantaux et contrevents incisés. et des ornements de stuc, tout fut exécuté par l'étranger chrétien. L'occupant corsaire a stérilisé l'inspiration créatrice des bâtisseurs de Grenade et de Cordoue, de Marrakech et de Fès, de Tlemen et de Bougie, héritiers de architectes d'Iran et d'Egvpte.
Avec le recul des siècles le Turc algérien apparait incapable de se hisser au dessus des contingences matérielles et quotidiennes . la Course et la Mercante. tel est son objectif et son triste idéal. Pas d'ailes dans cet esprit asservi à la terre ; pas d'élan, pas d'essor : il rampe et il stagne dans la trivialité.
L'unique monument ottoman de Constantine qui mérite qu'on le voie, c'est le palais de Hadj Ahmed qui fut le dernier bey osmani du territoire. C'est lui que nous allons visiter ce matin.

Un satrape en action
Dans son livre " Alger, terre d'Artet d'Histoire ", Augustin Berque a écrit " Le palais d'Ahmed Bey fut construit de 1826 à 1835. L'emplacement convoité était couvert d'habitations, il en fit raser 25. Il réquisitionna - gratuitement bien sûr - tous les marbres, faïences, portes, fenêtres, auvents, colonnes des principales demeures constantinoises ; il rendit muets les protestataires en leur coupant la langue. Hadj Ahmed imposa aux israélites la fourniture de la peinture et des carreaux. Les ornements les plus délicats sont commandés en Italie (toujours ''importation !), débarqués à Bône et portés à Constantine à dos de mulet (en 300 ans, les Turcs n'ont pas construit une route !) au moyen de corvées, dans une tempête de cris et de coups de fouet, sous la surveillance de cavaliers pour qui un homme compte beaucoup moins qu'une prise de tabac ".

Un Néron de province
Berque continue : " Le beau palais d'Ahmed Bey fut le témoin de ses folies. Il tue l'une de ses femmes, Khédidja, fille de caïd, d'un coup de pied dans le ventre, cravache sa mère, fait coudre les lèvres d'une fille de son harem, allonge jusqu'aux oreilles la bouche d'une autre, à l'aide d'un petit couteau dont il se sert pour ses ongles. C'est un Néron minuscule, borné, sans dilettantisme ni talent personnel, un butor sadique et féroce. Sa distraction favorite, c'est, une fois par semaine, de passer en revue, dans ses magnifiques jardins, son harem, encore composé en 1837 de 385 femmes de toutes les races, de la négresse à la Circasienne, en passant par la Provençale, l'Italienne et la Grecque. "
Ici, les compilateurs ne sont pas d'accord. Le général Morris,. qui participa, avec le grade de capitaine, au siège ds Constantine, rapporte, dans sa correspondance, que le gynécée du bey, en 1837, se composait de 500 femmes, " et toutes laides ! ", précise-t-il. Avouons que ce jugement a l'air si arbitraire qu'il nous paraît dicté par l'envie ou la haine.
Un autre chroniqueur, Alquier, dit : " Près de 300 femmes ". Bien que moindre de deux cents, ce chiffre, pour le quinquagénaire qu'était alors Ahmed est une moyenne honorable.

Le fruit défendu
Parlant de ces visites du bey à son harem, le commandant Féraud, historien informé de la province de Constantine, a dit, de son coté :
" Les femmes se disposaient sur deux rangs que le bey traversait, s'arrêtant plus ou moins auprès de chacune pour s'assurer de son état de santé et de ses besoins personnels. Cette inspection, qu'accompagnait le caïd " en nsa ", caïd des femmes, sorte de matrone toute puissante dans le harem, était toujours suivie d'une distribution de remèdes, de vêtements, d'objets de toilette et de divers cosmétiques. "
Mais cette sollicitude coexistait en lui avec la férocité. En voici une nouvelle preuve :
" Un jour, écrit Féraud, au cours de la revue hebdomadaire ", l'une des recluses ayant cueilli une orange sans son assentiment, le despote lui fit clouer les mains à l'arbre ! ".
Et tout ce qu'on ignore et peut imaginer. Un harem est un lieu interdit et secret. C'est le sens même du mot. Après ce que l'on sait, les pires supputations ne sont-elles pas permises ? La vérité s'impose : ce myriagame était un misogyne. Disposer de 500 femmes (ou de 300), c'est n'en aimer aucune et les mépriser toutes.

300 femmes à vendre
Lors de la prise de la ville, l'autorité militaire fut bien embarrassée de ce bataillon de femmes dont ne s'accommodaient ni le des règlements du service en campagne ni le service des subsistances. Finalement, on décida de confier le gouvernement de la troupe à vau l'eau à la belle Aicha, favorite du bey en fuite et. chevaleresquement, on lui remettait chaque soir les clefs de leur logis afin qu'elles pussent s'enfermer et dormir en sécurité.
Mais une nuit. lasses de leur condition. les " sultanes " sans sultan firent un trou dans la muraille et disparurent à la faveur de l'ombre. Seules les moins jeunes et les moins belles restèrent. Qu'eussent-elles fait de leur indépendance? Alors, pour en finir, l'autorité militaire prit le parti de les confier " aux bons soins du mufti ". Ce dont, dit la chronique, elles n'eurent pas à se louer, car il ne tarda pas à les vendre à l'encan " après les avoir dépouillées de leurs bijoux ". (Alquier)
Quant à la belle Aïcha, qui se prétendit Italienne, tendre gazelle européenne capturée par les corsaires et venue échouer sur les bords du Rhumel, elle avait réussi, au temps du bey. abusant des sentiments qu'elle avait su lui inspirer, à découvrir en ville un " protecteur " musulman, et c'est chez lui qu'elle demanda aux Français de la conduire.
Puis, d'avatar en avatar, elle abjura l'islamisme et se fit baptiser, et tous les journaux du temps célébrèrent cette conversion de l'ancienne favorite. Enfin, partie à Alger, elle épousa un Français. Mais cette union fut rompue, et Aïcha, pour la seconde fois apostate, retourna à la religion musulmane.
Maintenant que nous avons un aperçu des êtres, examinons les aîtres.

Au cœur du sérail
Entouré d'un labyrinthe de ruelles aujourd'hui disparues, le palais d'Ahrned Bey était dépourvu d'ornements extérieurs. Et, comme les appartements prenaient jour sur les cours et les jardins intérieurs, ll n''avait pas besoin de fenêtres. Lorsqu'on y pénétrait par l'unique porte étroite qu'il garde encore aujourd'hui, on rencontrait, à gauche, une série de logettes exiguës comme des cachots, aux fenestrons grillagés, mais dont les portes étaient sculptées et les murs lambrissés de faïences italiennes. Ces logements dépassés venait la cour des orangers avec, au centre, un pavillon de bois orné de roses et de jasmins où le bey se reposait en contemplant les merveilles de son parterre féminin. Dans ce même " riad " qui rappelle ceux de Fès, un couloir souterrain, qui était une prison pour les récalcitrants avertissait, les malheureuses de la précarité de leur joie et de leur vie.
Quant au pavillon lui-même, kiosque à la grâce persane, il est percé de quinze fenêtres disposées tout autour, ce qui permettait au seigneur dc surveiller son domaine sans avoir à bouger. Les volets de bois plein et agréablement ciselés d'une guipure au canif, sont en outre incrustés de menus miroirs carrés qui les font chatoyer. en même temps qu'ils révèlent tous les mouvements des visiteurs, Au fond de l'édifice, une alcôve en maçonnerie, enjolivée de graciles colonnettes spiriformes : c'était le Saint des Saints, le " Naos ", la " Celia " de ces temple d'Éros. Disons de la Luxure, pour ne pas profaner le plus beau des vocables.

Une demeure digne de Sardanapale
Quittant ce pavillon témoin de tant de stupre, car l'amour sans amour ne mérite que ce nom, et longeant le portique de la cour des orangers, on rencontre une grande salle qui servait de logement commun aux concubines, puis une porte conduit vers une cour de service où se tenaient, les esclaves noires, Au fond de la galerie, un escalier dc marbre blanc mène à l'étage unique, où le touriste n'a pas accès_
Mais les poètes bénéficient de grâces particulières. Lorsque je me présente la demeure est déserte : le général de division, dont elle est résidence, a quitté Constantine et son successeur n'est pas encore installé. C'est ainsi que, guidé par un officier, j'ai le privilège de gravir l'escalier interdit. Discret comme il convient, je n'en dis que ceci : j'envie l'hôte de ce sérail digne de Sardanapale, qui doit malaisément l'oublier lorsqu'il le quitte.

Le nez de l'impératrice
Contre l'escalier blanc qui conduit à l'étage unique, on est un peu surpris de découvrir une statue de femme dont les beaux plis marmoréens, et la dignité sereine, font penser à une Vestale, bien dépaysée ici. Il s'agit là, croit-on, de l'impératrice Faustine, première femme du premier et du plus grand des Antonins, rapportée de Djemila, au début de l'occupation, par un officier de la place.
Cette effigie a une histolre que P. Alquier rapporte ainsi : vers 1880, des enfants en jouant, lui cassèrent le nez; le morceau tombé, soigneusement recueilli et nettoyé, fut remis en place à grand renfort de colle, mais comme le visage avait gardé sa patine, il paraissait blanc sur un fond noir. Plus tard, l'humidité et la chaleur ayant détrempé la colle, le nez se détacha. Cette fois, on pensa à nettoyer le visage, mais on oublia de nettoyer le nez, qui s'était " repatiné ", et qui fit une tâche sombre sur un fond clair
Enfin, un sculpteur venu d'Alger pour prendre un moulage de la statue eut l'intelligence de poncer le nez et la figure qui, depuis, ne jurent plus au contact l'un de l'autre.

Musiciens aveugles
A auteur de la statue impériale, en tournant à angle droit, se trouvaient, au temps du bey Ahmed, trois logements pour les femmes, puis un divan en maçonnerie creuse dans l'épaisseur du mur. Enfin, à l'extrémité de cette galerie et à trois mètres au-dessus du sol, la tribune des musiciens du palais.
Détail digne d'être su, car il est significatif : l'orchestre du potentat était compose d'aveugles, et cela pour que les exécutants ne voient pas les aimées... Ce qui gêne dans cette anecdote, c'est que leur cécité n'était pas toujours le fait d'un accident involontaire...
N'est-ce pas le lieu et le temps de rappeler qu'Ahmed Bey est accusé par la " vox populi " (comme ses prédécesseurs) d'avoir précipité dans l'abîme du Rhumel ses épouses disgraciées, " cousues vives dans un sac ", ajoute la tradition ?
L'exemple vient de haut, et de loin. Ainsi faisait le calife égyptien Hakem Slamir Allah " Celui qui commande au nom de Dieu ", qui jetait ses victimes dans le Nil, pareillement ensachées. Et les Romains faisaient ainsi avec les parricides qu'ils noyaient vifs dans le Tibre cousus dans le " cullus " ! Mais c'étaient des assassins. Ils avaient tué leur père, Ce n'étaient pas des concubines insurgées et sans défense. On admettra, je pense, que ce n'est pas la même chose.

Le bain des sultanes
A droite du kiosque que j'ai dit, on franchissait une porte en bois de céder ouvré et l'on se trouvait dans une cour dont le centre était, un bassin de dix mètres de coté, auquel on accédait par des marches de marbre. C'était le bain des sultanes. L'eau fusait en geysers, puis ruisselait en cascades dans des vasques superposées, Et des cyprins croisaient, traqués par les naïades captives, dont le soleil satinait les chairs d'ambre, de nacre et quelquefois d'ébène… Et, sur ces naumachies, dont le bey seul était témoin, le beau ciel de saphir déployait son vélum.
Pour l'hiver et les jours gris, il y avait des étuves souterraines. Enfin, dans un verger plein de fleurs et de fruits, et lui aussi orné de vasques et de bassins, circulaient des gazelles, des paons et des pintades, tandis qu'une volière abritait une multitude d'oiseaux. dont le ramage et le plumage éblouissait les yeux et charmait les oreilles...

L'heure des tribulations
Sophocle a raison lorsqu'à propos d'Oedipe il conseille aux mortels de ne nommcr heureux que l'homme dont l'existence s'achève sans catastrophe
Ce ne fut pas le cas du dernier bey de Constantine. Vaincu par nos troupes en 1837, abandonné des . tribus. réfugié dans le Hodna, puis à Biskra, puis dans l'Aurès, il fit sa. soumission en 1848. Pendant plus de dix ans, traqué et chassé de toutes parts, sa vie avait été celle d'un fauve aux abois.
Transféré à Constantine, il revit son palais occupé par son vainqueur, puis il fut embarqué à Philippeville pour Alger, où le gouverne ment lui servit une pension annuelle de 12.000 francs : Dieu est miséricordieux et la France est clémente !
C'est ici qu'il mourut, dans l'ex-capitale de son ami Hussein, dernier dey d'El-Djezair, en 1850. Il avait 63 ans.

Une grâce finale imméritée
Dans ses courses hagardes le satrape détrôné avait perdu sa mère laquelle fut inhumée au village de N'Gaous, dans le Hodna oriental dans la mosquée des Sept Dormant, où je l'ai découverte en 1922.
Enfin. deux de ses fils, l'un de cinq ans, l'autre de treize, étaient morts dans l'Aurès, et ils furent ensevelis dans la " djebana " privée des marabouts Bel-Abbés, à Menaâa.
Quant à lui, Ahmed Bey. l'autocrate tortionnaire aux mains rougies de sang humain, le Matamore sadique, amoureux de verdure et d'eaux vives, de chants d'oiseaux et de musique, il a bénéficié d'une grâce finale imméritée : après une existence de crapuleries et de rapines. Il repose dévotement à l'ombre de la koubba de Sidi Abd-er-Rahmane d'Alger, entre deux stèles ogivales que couronne un croissant, exactement semblables aux ex-voto à Tanit, la déesse poliade et sanguinaire de Carthage. dont je parlais mardi.
Et cette tombe est si claire, le cimetière si passible, le paysage si beau qu'ils font désirer la mort...