Courbet et Courbet-Marine, sur la route d'Alger à Bougie.

Mes souvenirs


Danièle Veyrier
mise sur site le 22- 8 - 2007

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Je vais tenter de rédiger un message plein de précisions et de petits détails qui sont loin d'être enfouis dans ma mémoire mais bien réels quand j'y pense et je m'en régale ne serait ce qu'en les écrivant. Ne
pas omettre le nom des lieux et des gens me parait essentiel pour eux, pour leur mémoire, la mémoire de nos Pères et de nos Mères.

On essaie ? Je suis dans l'industrie pharmaceutique donc loin de la littérature mais proche de l'écriture vraie.

Ces souvenirs reviennent bien sûr au fur et à mesure que je les écris mais avec bonheur car j' ai l' impression que ces années ont été les meilleures de ma vie malgré les événements dont mon père n' a jamais voulu nous transmettre peur et angoisse.

C'est grâce à ce dernier que je peux à ce jour vous raconter Alger et Courbet Marine car il m a fait connaître de ce pays qu' il adorait tout ce qu' il aimait: les odeurs, les couleurs, la mer, les rochers, les poissons, la différence entre les oursins violets et les noirs, les cacahuètes dans les cornets en papier journal sans parler des tramousses, des dattes et tous les gâteaux arabes dont je me suis gavée parce que le croissant et le petit pain au chocolat n'étaient pas notre petit déjeuner quotidien !

On avait faim ? du pain, de la vache qui rit ou du pain avec des tranches de tomates arrosées d'huile d' olives et du sel . À chacun sa madeleine, M. Proust !!

Nous habitions 9 rue Toussenel dans un immeuble au dessus des Cartonnages TREILLOUX ou TRILLOUX,quartier Nelson près du lycée Lazerges proche des cinémas Majestic, Variétés, Marignan où nous allions chaque jeudi entre filles avec ma grand-mère maternelle, maman et ma sœur.

Nous aurions dû regarder sous les sièges au cas où on y aurait déposé un paquet explosif mais bon je n' ai pas souvenir de ce genre de méfiance.

L' inconscience devait faire partie de notre quotidien sinon notre vie n' aurait pas été ce qu' elle était malgré les norias d' hélicoptères que nous entendions à longueur de journée car nous étions proches de la piscine d El Kettani et de l'héliport où arrivaient les militaires blessés dans le djebel qu'on conduisait certainement vers l'hôpital Maillot.

Autre grand moment : l'achat de nos chaussures chez Bata, je crois rue Bab-Azoun sous les arcades et le ballon en cadeau qui éclatait systématiquement dès la sortie du magasin sous le mégot d'un passant qui trouvait ça drôle !! l'imbécile !!!

Et le marché de la Lyre ? et la Place des 3 horloges ? et Notre Dame d' Afrique ? et le square Bresson ? et l' Hôtel Aletti où ma mère jeune fille a joué du piano ? et la rampe Magenta où Pomona entreposait des régimes de bananes dont mon père s'occupait de la revente entre autre et où j' ai fait des heures et des heures de patins à roulettes.

POMONA à Guyoville avec Mr et Mme SENES que j' ai revus avec leur famille, dans le Var il y a des années.

Bien sûr que c'était la guerre bien sûr qu' on était en plein événements bien sûr que je me souviens des bombes bien sûr que j' ai en mémoire le 26 mars puisque je suis pratiquement de Bab-el-Oued mais je me souviens des excellentes glaces de chez GROSOLI, de cette fantastique "bombe atomique "( nom prémonitoire) et des hérissons recouverts d'amandes effilées.

Les établissements SPIGOL dont l'odeur des épices embaumait les rues.

Je ne me pardonnerai jamais d' avoir mis des années avant d' aller voir mais hélas trop tard ! Martine ESPIG alors qu' elle étaità Gemenos toute proche du Castellet où j' habite.

Au moment où j écris ces lignes je pleure devant mon écran car ce fut la seule personne à la quelle j' ai pense depuis 1962 Pourquoi ? je me suis souvent pose la question pourquoi elle ? peut être que ce fut la seule dont j' ai garde un souvenir visuel .. Je m' en veux de cette négligence car moi je savais où la retrouver de par leur réussite extraordinaire.

Si la vie fait que ses enfants lisent un jour ces lignes qu' ils sachent que je pensais souvent à elle tout simplement elle était ma jeunesse.

merci encore pour la création de ce site sur lequel j 'ai pu trouver ce que je cherchais ce dont j' avais besoin de lire sur Courbet Marine afin de me conforter dans mes souvenirs NON je ne les ai pas rêvés non je n' ai pas rêvé mon enfance ni mon adolescence.

Merci à mes arrière grands parents maternels D ACUNTO de Cetara (pauvres pêcheurs certainement car il n' y a que la faim ou la guerre qui fait qu' on abandonne sa terre natale eux l' Italie nous l' Algérie) merci d' avoir avec les AMABILE, les FERRIGNO, les SALSANO, les APICELLA, les FALCONE, merci d' avoir jeté l' ancre sur cette rive plus ou moins abritée des vents ( du vent d' EST comme je l' ai entendu pendant des années le vent d' EST se lève attention !!)

Merci de m' avoir régalée de couladoura ce nuoc mam de grand père italien dont j' arrosais les spaghettis avec huile d' olive ail et jus de citron comme ça parce que j' aimais à m' en gaver !

Sur une ancienne photo de Courbet Marine on voit le bâtiment construit par mon arrière grand père avec 2 espèces de meurtrières comme fenêtres sur le port de Courbet Marine où on voit les usines de salaisons de sardines et d' anchois.

Le sol de la maison ? de la terre battue ? des enfants ? oui mais qui naissaient autant que possible en Italie par principe aux dires de ma mère ...Alzheimer à ce jour.

Mon grand père Martin Mathieu D 'ACUNTO fut pompier à la caserne Vauban dans le quartier de Belcourt près de la compagnie du Gaz LEBON près du jardin d Essai.

Un de ses frères François TchiTchil ? un jour ils ne se sont plus parle donc nous enfants et petits enfants on ne leur a plus parle .! c' était comme ça la famille et c' est bien dommage mais bon

Pendant des années j 'ai entendu des l' aube les sirènes qui appelaient au travail les petits arabes comme on les appelait soyons honnêtes avec le recul. Ils arrivaient accrochés sur leur vélo rouillé, par grappes, habillés avec des gandouras plus souvent en toile de jute qu' en tissu, nus pieds, la chechia sur la tête.

Moi je ne me suis pas levée quand les sirènes sonnaient pour aller à l' usine de sardines mais pour aller à la pêche avec mon père sur la pastera avec mon bidon de bromich fait de croûtes de fromage de têtes de sardines et de pain !! oh l' odeur !!

Nous avions deux plages au choix: la grande et la petite selon le vent et au milieu le petit bassin où on s' épuisait à plonger et à faire des moules des oursins et des crabes.

Pas chères les vacances et quel bonheur ! équipement permanent: palmes, masques, maillots, parasol pour les amoureux et cigarettes sinon on répète tout aux parents!!

Quant au boulevard front de mer qui longeait la grande plage et passait près du bar QUADRI, j' y ai fait tellement de patins à roulettes là aussi que j' ai su faire du roller même à 50 ans.

Le soir cinéma en plein air avec nos chaises pliantes ! c' était épique la traversée du village.

DI CRECENZO avait la pompe à essence.

GALL venait avec sa 204 Peugeot ? break nous vendre son boudin, sa saubressade et son pâté couleur grise d' un autre monde tellement c' était bon.

BLANCHETTE, le marchand de poissons qui était noir noir !

Il y avait les familles LLORENS, HOMMAGE, PITAVIN et bien d' autres dont les noms me reviendront..

Ma tante 97 ans, Mme MOULIN Robert ancienne directrice d' école ( qui n' a rien perdu de sa mémoire ) et mon défunt oncle inspecteur de l' académie agricole avait leur maison au dessus du port.

Leurs amis ? les ZURCHER, LANTER, JEANTOT (orthographe à vérifier systématiquement) GUILMINO, CROUZAT ( éventré lors d une partie de chasse avec Mr MAS ou MACE ).

Toutes ces familles de MENERVILLE, des ISSERS, d ISSERVILLE, de ROCHER NOIR, du FIGUIER.

Nicole PATERNOT, la fille de Georges Paternot, maire de Félix-Faure, qui sauf erreur de ma part a fait paraître une photo de Courbet Marine.

Oui j' ai fait les 400 coups avec son frère Philippe et mon cousin Jean Raymond dans les dunes avec les bourricots et l'estrade de l' église ND des Dunes qui était en construction nous servait de barricades quant on se balançait des mottes de terre dures comme des pierres Le trio infernal !!

En parlant de pierres ah ah Pierre BRUN qui a été le premier à m' embrasser un soir de cinéma et son frère Guy dont l'oreille m' intriguait car jamais développée.

La famille ROUGIER dont le père était vétérinaire et François qui faisait le 4eme larron de notre bande de 3 selon les jours.

Oui mon héros du moment était Humberto qui était pauvre comme job mais qui ramait comme un Dieu sur une vieille barcasse.

Oui on passait nos mois de vacances à faire des cabanes en roseaux qui étaient enfin terminées ... au moment de la rentrée scolaire.

Oui, on y fumait en cachette. Oui, les grands y flirtaient. Oui, on leur faisait du chantage contre des cigarettes quand on les voyait s'embrasser en dansant grâce au dans le garage de celui qui est devenu mon beau-frère, Marc FARJON, ingénieur SNCF en retraite ( étudesà DELLYS famille FUND et KNECH d' origine Alsacienne à Camp du Maréchal

Je regarde à nouveau les rares cartes de Courbet Marine que je possède et avec le recul ( ah le regard des années après ) je constate que ce que nous appelions le cabanon de mes parents était en fait une villa comme celle d'ailleurs de mes grands-parents paternels FERRER Raymond d' Espagne, région d ' Alicante et ma grand mère paternelle née SOLIVERES.

Nous partions à Courbet Marine chaque week end sous l' œil dubitatif des voisins de notre rue à Alger dans la 4CV chargée de couffins, de provisions comme si on partait pour toujours !

Quant à la période de vacances, j' oubliais les chaussures pendant 3 mois et la rentrée scolaire était un supplice.

Et puis il y a eu une rentrée plus dure que les autres vraiment définitive celle là qui a fait que j' ai même à ce jour l' impression d 'être toujours plus ou moins mal où je suis, même au soleil, car j' ai la chance d' habiter une région magnifique qui est le Var.

Mon père n' est plus depuis deux ans. Jusqu'à ce qu' il parte, je lui ai parlé sur son lit d' hôpital de Courbet Marine, des figues et des oursins.