sur site le 20-4-2003
-Alger, Dély-Ibrahim
Le Curé CORNUD André et la Bataille de Dély-Ibrahim
extrait de la revue du gamt, n°57, 1997/1...adhérez !
url de la page : http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis/Alger/dely_ibrahim/textes/cure_cornud_gamt57.htm

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------Notre Confrère algérois "les Nouvelles" vient de faire preuve d'un éclectisme des plus noble, que nous souhaitons voir pratiquer par tous les journaux.
------Cet organe anticlérical qui appartient au député socialiste Henri FIORI publie les lignes suivantes sur la mort du PROTONOTAIRE APOSTOLIQUE CORNUD, ancien curé de Dély-Ibrahim et propagandiste de la culture de la vigne dans le Sahel algérien. Elles font honneur au prêtre qui les a méritées autant qu'au journaliste qui les a publiées.

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"Avec Monseigneur CORNUD, mort subitement vers 9 heures du matin le jour de Noël (1920) disparaît un des membres les plus connus et les plus estimés du Clergé algérien. Il compte près de soixante ans de fonctions ecclésiastiques les plus variées.
D'abord Vicaire de Notre Dame des Victoires à partir de 1860, il est nommé après l'arrivée du Cardinal Lavigerie, curé de Dély-Ibrahim, paroisse excessivement pauvre à cette époque. Ses paroissiens ne trouvant de ressources qu'avec leurs fourrages naturels, complétaient leur moyenne existence par la cueillette du palmier nain et en arrachant les souches de lentisques dans la plaine de la Bridja.
------Vers 1876, il préconisait LA CULTURE DE LA VIGNE et lui-même donnait l'exemple en complotant le lot du jardin du presbytère. A cette même époque, il était nommé Aumônier au petit lycée de BEN AKNOUN ; puis 1886, nommé au grand lycée en remplacement de l'abbé Piquepet.
------Pendant de longues années, il inculqua aux générations de son époque un esprit franc, libéral et élevé ce qui lui valut d'être nommé CHEVALIER DE LA LEGION D'HONNEUR par le Ministère Combe. Il occupa les fonctions de Vicaire Général près de Monseigneur Dussert, puis protonotaire.
------Il ne fut pas étranger à la plantation du "Bois des Cars".
Il y a beaucoup d'Algériens qui se demanderont à ce que peut bien être ce "Bois des Cars" et quel mérite ce prêtre planteur de vigne a eu à planter des arbres. C'est que le bois de Cars n'est pas seulement une plantation utilitaire niais qu'il est aussi, et surtout, une oeuvre de piété patriotique, à la mémoire des héros français tombés les 25, 26, 27 et 28 Juin 1830 à la bataille de Dély-Ibrahim sous la conduite du Duc de Cars.
------LE RECIT DE CETTE BATAILLE qui permit à la France d'entreprendre le siège d'Alger nous a été fait sur les lieux mêmes où se déroulèrent les sanglants combats de SIDI-ABD-RHOMAN-BOU-NEGA, par ce brave abbé CORNUD, vigneron et patriote.
------Voici ce que nous avons pu retenir :
------Quand l'armée française eut vaincu la 1è formation des forces musulmanes qui étaient venues l'attendre à son débarquement à Sidi-Ferruch, elle se mit en marche sur Alger par le Sahel et dans la journée du 25, son avant-garde composée des 20è et 28è d'infanterie de ligne, venait camper à 5 km de Staouéli, dans la direction de Dély-Ibrahim.
------Dès la veille, le génie, sous la direction du Général d'Artillerie de VALAZÉ avait commencé à préparer les voies praticables aux canons qui n'étaient pas encore débarqués à Sidi-Ferruch, et avait établi progressivement des redoutes de mille en mille mètres qu'on avait garnies de vieilles pièces prises aux Turcs les jours précédents.
Simultanément, avec le débarquement des pièces de canons, avait commencé le débarquement de 1 400 chevaux chargés sur les bricks.
------Sans attendre plus longtemps, la 3è division commandée par le Duc de Cars, ayant sous ses ordres les Généraux BERTHIER DE SAUVIGNY et HUREL, s'était portée en avant, vers Dély-Ibrahim.
------Il était dix heures, quand la brigade des 17è et 30è de ligne, partie à 5 heures du soir de Staouéli, arriva à hauteur de nos avant-gardes. La nuit était brumeuse et obscure. Par une fatale maîtrise, les nouveaux arrivants seront accueillis par les 20è et 28è à coups de fusils - 4 hommes du 30è furent tués et 11 blessés, plus la cantinière, qui mourut 2 jours après.
------Le lendemain 26 juin, le Duc de Cars établit son quartier général dans une maison isolée, portée sur la carte qu'avait dressée BOUTIN en un point indiqué sous le nom de FONTAINE et CHAPELLE, nom étrange qui reste acquis à l'histoire. Cette chapelle ou plutôt ce marabout était le tombeau de SIDI-ABD-RHAMAN-BOU-NEGA.
------Là les troupes françaises se trouvèrent en présence non seulement des forces considérables de Turcs, d'Arabes, de Kabyles, mais encore aux prises avec une artillerie supérieure à celle que les Français avaient enlevée aux Musulmans.
------Avec des pièces de 24 et d'excellents artilleurs de la marine algérienne, les défenseurs d'Alger arrêtèrent facilement la marche en avant du Duc de Cars qui put supporter dans des conditions extrêmement difficiles et pendant 4 jours tout l'effort de la lutte désespérée que lui imposèrent les troupes musulmanes. Les boulets tombaient dans nos cantonnements.

 

------Cest ainsi que le 1er aide de camp du Duc de Cars, le Chef de Bataillon Borne tomba mortellement blessé aux côtés de son chef, l'épaule broyée par un projectile.
------Nos soldats étaient accablés par la chaleur, extrêmement excessive, plusieurs moururent de congestion et un chirurgien major du 34é de ligne tomba d'insolation au moment où il se baissait pour soigner un soldat frappé du même accident.
------En outre, nos troupiers étaient absolument médusés par la manière étrange de combattre des indigènes, lesquels sortant tout à coup, par bande de 40 à 50 d'un ravin où l'on ne devinait pas leur présence, arrivaient en courant et en hurlant, les uns à pied, les autres à cheval ou à mulet, approchant jusqu'à quelques toises de nos retranchements, déchargèrent fusils, pistolets ou tromblons dans nos rangs, et s'enfuyant comme ils étaient venus. S'ils perdaient beaucoup de monde, ils faisaient aussi beaucoup de mal et démoralisaient par leurs furieux fantassins, nos petits soldats, peu familiarisés avec de telles démonstrations. Les 2è et 4è légers, fondus dans un même corps, sous les ordres du Colonel FESCHEVILLE, étaient surpris par une attaque de 3 000 cavaliers et de 2 000 fantassins et avaient 21 tués et 8 blessés, ces derniers étaient tous des officiers. Les têtes des 21 morts furent coupées et envoyées à Alger. Cette journée du 26 Juin nous coûta 4... ? morts et 151 blessés. Le temps tourna à l'orage dans la soirée et la tempête qui sévit sur la mer fit mettre à la côte 3 bricks et 45 balancelles de notre flotte auxiliaire amenée à Sidi-Ferruchh. La lutte continua dans les mêmes conditions le 27 et ce jour-là nos pertes furent de 19 tués et 129 blessés après un nouveau duel d'artillerie toujours en notre défaveur.
------Dans la nuit du 27 au 28, l'artillerie et le train arrivaient à Sidi-Ferruch. La nuit fut employée à construire des bastions pour y abriter nos canons à longue portée. Vers 7 heures du matin, une attaque si soudaine des Turcs se produisit, qu'à un moment donné, une compagnie du 30è des Voltigeurs du Capitaine ... ? Se trouvait encerclée par 700 ennemis et aurait succombé si une compagnie du 35è, les grenadiers du Capitaine du Pont du Goult, ne l'avait délivrée en faisant à la baïonnette un horrible carnage des Turcs.
Mais cela nous coûta 100 hommes hors de combat. Le Sergent BRUNET de la Renaudière du 30è reçut 20 projectiles, 3 dans la poitrine, 17 amortis dans ses habits. Il survécut à ses blessures.
------Vers 4 heures du soir, le Général Comte de Bourmont vient lui-même visiter les positions et annoncer la marche sur Alger pour le lendemain. Nous eûmes ce jour-là, 29 tués et 169 blessés, les indigènes avaient d'énormes pertes, surtout en raison de l'intervention de notre artillerie répondant à la leur.
------Le 29 à 3h 30 du matin, toute l'artillerie était là, et la 17è ligne en tête, l'armée quittait la ligne de Dély-Ibrahim refoulant l'ennemi, qui à 5 heures du matin avait complètement disparu.
------Ce jour-là, nos soldats arrivaient au Sémaphore de la Bouzaréah à 8h 30 et pour la 1ère fois, leurs yeux contemplaient Alger étendue à leurs pieds."

Gaston MARGUET

N.B. - Mgr André CORNUD était le grand-oncle de mon mari (branche maternelle). II est né à DENICÉ (Rhône) le 12 avril 1838 et décédé à Alger le 25 décembre 1920. Fils de Joseph CORNUD, instituteur et de Claudine AUGRIS dit MARIN. Ils ont eu 6 enfants à DENICÉ mais je n'ai aucune date sur leur mariage ni sur leur décès, et encore moins sur la naissance de Claudine A UGRIS dit MARIN.

Andrée CAILHOL Adh. N° 220