la cité de Diar-el-Mahçoul, de "la promesse tenue", Alger,
Dés cette année et pour la première fois en Afrique du Nord un service
régulier de transports urbains sera assuré par téléphérique

Texte + croquis du profil
"Alger-Revue", mai 1955
mise sur site le 9-12-2006

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La station supérieure du téléphérique en voie d'achévement.
La station supérieure du téléphérique en voie d'achévement.

L'INNOVATION de l'année, en matière de transport, sera sans conteste la mise en service du téléphérique de Diar-El-Mahçoul.

Le téléphérique projeté reliera en ligne droite le quartier de Belcourt au plateau de Sésini, à proximité duquel sont construites les cités de Diar-El-Mahçoul et Diar-Es-Saâda ; il survolera successivement les rues Chopin, Amiral-Guépratte, Cervantès et le boulevard Bru prolongé.

La station de départ sera établie en bordure de la rue de Lyon au voisinage immédiat du cimetière du Marabout, alors que la station supérieure sera établie sur la crête de la falaise régnant à proximité de la Villa Sésini.

La différence de niveau entre ces deux points est d'environ 106 mètres et la distance horizontale entre les deux stations est d'environ 200 mètres.

CABLES PORTEURS-CABINES
La ligne est constituée par deux câbles porteurs en acier de haute résistance ancrés solidement â la partie supérieure à un massif en ciment armé prévu à cet effet ; chacun d'eux est prolongé à la partie inférieure par un câble souple qui passe sur un secteur articulé obéissant aux sollicitations d'un contre-poids qui lui assure une tension constante.
Ces câbles sont constitués par une âme centrale en fils ronds enrobés par 2 couches de fils profilés à section trapézoïdale qui offrent aux cabines un chemin de roulement parfaitement lisse. Les câbles ont un diamètre de 44 mm et leur charge de rupture est approximativement de 170 tonnes pour chacun d'eux.

DUREE DU PARCOURS - CAPACITE
Sur ce chemin de roulement circulent, en va-et-vient, deux cabines pouvant contenir chacune trente personnes plus le conducteur. Ces cabines effectuent le trajet entre les deux stations extrêmes en 76 secondes, durée de trajet qui correspond à une vitesse de 23 km/h. 400 (6 m. 50 par seconde), compte tenu des ralentissements effectués avant les entrées en station dans le but de per-mettre d'accoster ainsi avec la plus grande douceur.

L'une de ces cabines monte pendant que l'autre descend et la cadence admise permet de réaliser dans une heure 47 voyages, qui correspondent à un trafic de 1.400 voyageurs dans chaque sens, soit 2.800 passages à l'heure.

AMENAGEMENT DES STATIONS ET CABINES
Ce débit important est rendu possible par l'aménagement des quais des stations conçus de telle façon que les voyageurs qui partent empruntent un trajet différent de celui des voyageurs qui sortent ; les premiers ne pouvant accéder au quai d'embarquement que par le quai central, tandis que les seconds sont évacués rapidement par les quais latéraux uniquement réservés à la sortie.

Des soins particuliers seront apportés dans la construction des cabines, leur silhouette sera moderne et l'emploi judicieux d'alliages légers et d'acier à haute résistance permettra d'allier robustesse et légèreté qui sont les qualités essentielles recherchées pour ce genre de matériel.

De larges baies en verre " sécurit " sont prévues sur tout le pourtour et permettront ainsi d'apprécier le beau panorama que l'on découvre sur la baie d'Alger durant la presque totalité du trajet.

SECURITE - CONFORT
Enfin, le côté technique n'a pas cté négligé, le chariot qui est l'élément, essentiel dont dépend la sécurité de l'exploitation a été l'objet de soins particuliers.

Son bâti est en métal léger et ses huit roues, montées sur roulement à billes et sur boggies articulés, sont munies de jantes à garniture de caoutchouc assurant une marche douce et silencieuse. La disposition particulière du téléphérique d'Alger qui ne comporte aucun pylône intermédiaire sur le parcours permet d'augmenter les conditions de sécurité en emprisonnant littéralement le câble entre des fourches " antidérailleuses " très enveloppantes ; par surcroît de précaution, il est prévu que les suspensions supportant les cabines chevaucheront les câbles porteurs, rendant ainsi en toutes circonstances, impossibilité absolue aux cabines de s'échapper du câble porteur.

Comme toutes les éventualités ont été examinées, celle d'une avarie du chariot ayant comme conséquence l'arrêt temporaire de l'installation n'a pas été perdue de vue. A cet effet, il a été prévu, en cas d'avarie grave, d'immobiliser le chariot sur le câble porteur au moyen de deux pinces actionnées par de puissants ressorts déclenchés à la volonté du conducteur de cabine par une tirette manoeuvrée par ses soins et disposée à la portée de sa main.

Dans cette éventualité extrême qui n'a encore jamais été constatée dans les installations en service depuis de longues années, il reste encore la ressource d'évacuer les occupants de la cabine accidentée par l'intermédiaire d'un treuil spécial disposé dans un coffre prévu sous le plan-cher de la cabine. Ce treuil est du type adopté par le corps des sapeurs-pompiers des grandes villes et permet l'évacuation des voyageurs en tous les points du parcours de la ligne et sans le moindre risque.

Enfin, le conducteur de cabine dont le rôle essentiel est d'assurer, en toutes circonstances, la sécurité des voyageurs, dispose de la faculté, en cas d'incident quel-conque, soit d'entrer en communication téléphonique avec son collègue de la cabine opposée, soit de communiquer par téléphone avec le mécanicien pour lui signaler toute anomalie constatée ; enfin il peut provoquer lui-même l'arrêt du moteur par l'action d'un bouton disposé dans la cabine.

Un dernier perfectionnement apporté aux cabines est l'adjonction de deux amortisseurs hydrauliques du type Houdaille disposés de part et d'autre de l'axe de suspension et destinés à amortir les oscillations longitudinales de la cabine en cas d'arrêt brusque ou pour toute autre cause pouvant provoquer une oscillation longitudinale d'une trop grande amplitude.

L'éclairage des cabines est assuré par un phare intérieur et deux phares extérieurs alimentés par une batte-rie d'accumulateurs disposée sous le plancher des cabines et doublée par une batterie supplémentaire toujours en charge â la station motrice.

Les liaisons téléphoniques empruntent un circuit formé par les câbles tracteurs isolés entre eux et isolés du mécanisme de traction. Une ligne particulière empruntant un circuit différent permet une liaison téléphonique de l'une à l'autre des stations.

Telles sont les précautions prises pour assurer la sécurité absolue de l'exploitation ; les sécurités prévues pour le mécanisme d'entraînement du téléphérique ne sont pas moins complètes et permettent de pallier toutes éventualités.

Par une dénivellation de 106 m franchissant à vol d'oiseau une distance de 200 m., le téléphérique reliera la cité nouvelle de Diar-el-Mahçoul à la rue de Lyon.

Croquis du bas : profil illustrant le trajet des cabines.
Croquis du bas : profil illustrantle trajet des cabines.