Alger, Algérie : documents algériens
Série culturelle : villes d'Algérie
Bougie
4 pages - n°46 - 15-avril 1950

Qui en 1833 aurait pu reconnaître dans ce grand village assez misérable, surveillé par cent cinquante janissaires, la capitale élégante et cultivée des Beni Hammàd, l'objet de la convoitise des rois de Tlemcen, le port vivant et cosmopolite des gouverneurs Hafcides, ou même le camp retranché de Ferdinand le Catholique et de Charles Quint ?

mise sur site le 21-02-2005
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-SALDAE : BOUGIE ANTIQUE.

-------On ne peut imaginer que le site de Bougie n'ait pas attiré l'attention des marins de Carthage, que le meilleur refuge de la côte nord-africaine n'ait pas vu les caboteurs phéniciens venir mouiller dans ses eaux calmes à l'abri du cap Carbon. A l'aurore de l'ère chrétienne, le nom de Saldae, Bougie antique, apparaît dans Strabon et dans Pline l'Ancien. Elle fait alors partie du domaine de Juba, le roi de Cherchel. L'empereur Auguste y fonde une colonie en y installant des vétérans. Une inscription du second siècle la qualifiera de " civitas splendidissima ", où s'exprime sans doute l'enthousiasme un peu complaisant d'un Salditanien fier de sa ville natale. En fait, Saldae semble avoir vécu des jours sans gloire jusqu'au moyen âge musulman.

BOUGIE MUSULMANE.

-------Au XIè siècle, le géographe El-Bekri la mentionne comme une ville fort ancienne offrant une bonne station maritime d'hivernage et en partie peuplée d'Andalous, ainsi que maints autres ports algériens. On retiendra ces relations avec l'Espagne, dont plus d'une page de son histoire seront marquées.
-------Cependant, dès le temps d'El-Bekri, de graves événements étaient intervenus, qui allaient ouvrir pour l'antique Saldae une ère nouvelle. Le milieu du XIè siècle avait vu l'invasion hilâlienne, l'entrée en scène des Arabes nomades arrivés d'Égypte et la ruine du royaume des Zirides de Kairouan. Ce fut un sauve-qui-peut de la vieille cité tunisienne, dont profita tout d'abord la capitale rivale, la Qal'a des Hammâd. Retranchée dans les montagnes au Sud de Sétif, la Qal'a reçut les réfugiés, marchands, artisans, avec leurs richesses et leur industrie. Héritage éphémère : le XIè siècle n'était pas achevé que la vague arabe, poussant vers l'Ouest, déferlait sur le royaume des Beni Hammâd. La venue des nomades pillards rendait la vie impossible aux agriculteurs isolés, ainsi que la circulation sur les routes et le ravitaillement des centres urbains. De même que les Emirs de Kairouan avaient quitté leur ville et avaient fixé leur résidence à Mahdiya, sur a côte tunisienne, de même les Beni Hammâd émigrèrent vers la côte algérienne et vinrent habiter Bougie, où ils se sentaient plus à l'abri de la menace périodique des nomades arabes.
-------En fait, durant la plus grande partie du XIIè siècle, le royaume des Beni Hammâd eut deux capitales, la Qal'a et Bougie, qu'unissait une voie jalonnée de relais fortifiés. Tandis que la Qal'a, la citadelle héréditaire, continuait de vivre et voyait même ses ateliers et ses bazars jouir d'un reste d'activité, prolongement de ses beaux jours, l'installation des Emirs à Bougie orientait les espoirs de ses maîtres vers la mer, vers le commerce maritime et la piraterie.

EN-NACIRIYA - BOUGIE, CAPITALE HAMMADITE.

-------C'est donc, en l'an 1067, un nouveau chapitre qui s'ouvre dans l'histoire de la ville et, en quelque sorte, une nouvelle fondation. Le sultan Hammâdide En-Nâcir y construit un palais, le château de la Perle, qu'il vient habiter. Cependant il ne suffisait pas d'une demeure princière pour créer une cité viable. Des exemptions d'impôts y attirèrent les Kabyles de la région, les Bejâya, dont le port algérien devait conserver le nom en dépit d'En-Nâcir, qui voulait l'appeler En-Nâciriya. L'Emir espérait pour. sa capitale un avenir glorieux qui perpétuerait sa mémoire. La légende veut qu'il ait reçu d'un ascète une cuisante leçon d'humilité. Monté dans une barque avec le pieux Sidi-Touati, il croisait devant Bougie et, contemplant son œuvre, il se réjouissait dans son cœur. Alors le saint homme tendit devant les yeux du prince son burnous criblé de trous, au travers desquels la ville apparut telle que les vicissitudes de l'histoire devaient la faire, ses murs démantelés et ses palais en ruine.
-------Vingt ans après, l'exode des Beni Hammâd s'affirme avec le fils et successeur d'En-Nâcir, le sultan El-Mancour, qui bâtit deux palais nouveaux, e château de l'Etoile (?) et le château d'Amimoun, il édifie une grande mosquée, plante des jardins et pourvoit sans doute sa capitale de solides remparts. -------Que reste-t-il de tout cela ?
-------On ne peut douter que la ville des Beni Hamnmâd fut notablement plus étendue que la ville moderne. La superficie était plus du double, si le plateau dit " des ruines " qui descend des hauteurs du Gouraya, en faisait partie. Une muraille de moellons, flanquée de bastions rectangulaires, se suit le long des pentes à travers les cultures. Des palais, seuls les noms ont survécu et Féraud les a localisés avec quelque vraisemblance grâce aux traditions qu'il a pu recueillir. Le château d'Amimoun s'élevait non loin du tombeau de Sidi Touati. Le fort Barrai a succédé au palais de l'Etoile. Quant au château de la Perle, il occupait l'emplacement des casernes de, Bridja. La grande mosquée (les Hammâdides a peutêtre précédé la mosquée actuelle, mais rien ne subsiste de l'édifice primitif, dont un texte arabe nous donne une description inutilisable. Un des seuls témoins de la ville du moyen âge est, outre des citernes de l'ancienne Saldae en partie restaurée par les Beni Hammâdd la porte dite Sarrazine qui s'ouvre au fond du port.
-------De même que l'arche maintenant effondrée qui donnait entrée dans le port tunisien de Mahdiya, de même que Bâb el-Mrissa de Salé, la Porte Sarrazine (le Bougie est une porte de la mer. Avant que des alluvions aient enterré sa base, elle livrait passage aux bateaux venant s'abriter dans la darse, aujourd'hui comblée, qui se creuse en arrière. Bateaux (le commerce. bateaux de corsaires entraient tour à tour avec leurs mâts dressés et leurs voiles tendues sous la grande voûte de briques, et l'on débarquait sur le quai les marchandises et le produit des razzias, où les captifs tenaient une place de choix. Le pays en contenait d'assez nombreux, et leur existence est attestée par un des documents les plus, curieux, voire un des plus émouvants qu'ait enregistrés l'histoire du moyen âge berbère.
-------C'est une lettre du pape Grégoire VII, datée de 1076. Le souverain pontife répond au sultan Hammâdide En-Nâcir " roi de la Mauritanie et de la province de Sétif ". qui lui avait demandé de consacrer un évêque capable de veiller aux intérêts des communautés chrétiennes vivant encore dans ses états et qui avait manifesté l'intention de racheter de ses deniers les captifs chrétiens qui s'y trouveraient détenus. Nous n'avons pas conservé la lettre d'En-Nâcir, mais la lettre du pape nous en apporte l'écho et elle est d'un ton cordial et d'une délicatesse d'accent qui dépassent singulièrement les politesses protocolaires. " Jamais, dit Mas-Latrie, qui a publié ce document d'archives, jamais pontife romain n'a aussi affectueusement marqué sa sympathie à un prince musulman ; jamais surtout nous n'avons remarqué qu'un pape ait exprimé avec cette effusion intime et ces ménagements la croyance commune des Musulmans et des Chrétiens au même Dieu unique et éternel. servi et honoré par des cultes respectables quoique divers. "
-------Le dernier quart du XIè siècle et la première moitié du furent, à n'en pas douter, l'âge d'or de Bougie. Pour Edrisi, le géographe du roi normand Roger Il de Sicile, elle apparaît comme la plus, prestigieuse et la plus prospère de l'Afrique du Nord. Ce prestige, sinon cette prospérité, prit fin en XIè quand Bougie tomba au pouvoir de nouveaux maîtres.
-------L'Afrique du Nord, dont toute la partie orientale avait subi l'expansion désastreuse des Arabes pillards, avait vu successivement deux empires s'édifier dans sa partie occidentale : celui des Almoravides, nomades sahariens, parents des actuels Touareg et porteurs comme eux du voile noir, puis celui de, Almohades. montagnards (lu Haut-Atlas marocain. Ce furent ceux-ci qui s'emparèrent de Bougie. Le dernier des sultans Hammâdides " eut à peine le temps -de s'embarquer avec ses trésors dans deux navires qu'il tenait toujours prêts en cas de revers ".

BOUGIE ALMOHADE.

-------On conçoit la déchéance morale que représentait pour l'ancienne capitale la mainmise almohade, qui en faisait un chef-lieu de province excentrique dépendant de Marrakech. Elle explique en partie le rôle que Bougie allait jouer à la fin du XIIè siècle. Par un beau jour du printemps de l'année 1185, une flottille apparut au large. Elle franchit la passe. Des hommes voilés en débarquèrent. Or le gouverneur Almohade se trouvait justement en tournée avec les troupes de la garnison et la ville était privée (le défenseurs. On a quelque raison de croire que ce débarquement n'était pas une surprise pour tout le monde et que les hommes voilés, authentiques Almoravides venus des îles Baléares pour relever en Afrique du Nord la fortune de ceux que les Almohades avaient naguère supplantés, comptaient des amis dans la place et étaient renseignés par clés gens tout disposés à venger leur cause perdue. Cette opération, si bien conduite par les deux fières Beni Ghaniva. nc devait pas aboutir à une restauration almoravide ; niais la plus grande partie de l'Afrique du Nord en ressentit les effets. Du Sud tunisien, où les Beni Ghaniva s'étaient transportés. ils organisèrent. avec l'aide des Arabes nomades, toujours prêts à profiter du désordre, (les campagnes de razzias, qui durèrent près de cinquante ans et semèrent de ruines, la Tunisie et l' Algèrie actuelles, pour tout (lire un épisode à retardement de la désastreuse invasion hilâlienne.
-------Bougie, qui, au premier acte du drame, avait en son heure historique, était redevenue chef-lieu almohade et n'avait en somme pas trop à s'en plaindre. Vers l'an 1200 , un des gouverneur envoyés par Marrakech y restaurait le Badi et le Rafi.

 

-------C'étaient deux beaux jardins, jadis plantés par les Beni Hammad sur les deux rives de la Soummâm, à la fois propriétés de rapport et parcs d'agrément comme les aguedals marocains. Le Rafi touchait au rempart occidental de la cité cri contrebas du château (le l'Étoile et (le la Casbah. Une estampe du début du XVIè siècle nous le montrera encore entouré de murs, avec ses bosquets et ses allées.

BOUGIE, VILLE HAFCITE.

-------Bien que l'Empire almohade eut surmonté la crise provoquée par les Beni Ghaniya. cette crise avait hâté sa chute ou mieux son démembrement. Dans la première moitié du XIIè siècle, Tunis, Tlemcen et Fès devenaient les capitales de trois royaumes. Bougie était rattachée au royaume des Hafcides de Tunis. Comme précédemment, elle faisait figure de chef-lieu de province excentrique : cependant le changement du centre imposait une nouvelle orientation à son histoire. Située sur les confins du royaume tunisien, elle constituait le plus souvent l'apanage du dauphin Hafcide. qui, suivant ]'usage. se montrait impatient de régner. Fréquemment les armées de ce prince sortirent de Bougie pour lui conquérir un trône. Elle était d'autre part convoitée par les rois de Tlemcen. L'annexion de Bougie fut leur rêve maintes fois entrevu et jamais réalisé.
--------Mais ce qui constituait le caractère permanent de la cité, c'était, comme par le passé, la vie maritime. Bougie avait ses ateliers de construction navale, où les bois des montagnes kabyles étaient mis en œuvre. Les armateurs bougiotes étaient connus dans toute la Méditerranée.. Certaines matières premières étaient presque des spécialités (le leur exportation le plomb, l'écorce, l'alun, les raisins secs et la cire qui, transformée en chandelles, (levait sans doute valoir leur nom à nos bougies européennes. Quant aux objets fabriqués en nombre très réduit, on a tout lieu de croire que la céramique y tenait une place honorable. Un texte de 1312 - l'inventaire d'une pharmacie de Gênes - mentionne des pots de faïence dorée de Bougie. Des fouilles pratiquées dans le vieux Marseille ont exhumé (les fragments (le vaisselle apparemment créée dans notre ville.
-------Elle était d'autre part une des principales voies d'accès des importations (lu monde occidental en Afrique du Nord. Vénitiens, Pisans, Génois, Marseillais, Catalans, y avaient leurs fondoucs - hôtelleries et entrepôts - ; on y vendait de tout. même du vin, apporté par ceux de Marseille et qui trouvait des acheteurs non seulement parmi les Chrétiens, mais aussi, dans quelques tavernes tolérées par l'autorité du pays, parmi les Musulmans peu scrupuleux.
-------Ce dernier trait, dont il ne convient pas d'exagérer l'importance. nous aide à évoquer le climat (le cette grande ville maritime, où la vie était facile et les mœurs sans rigueur. Dès le temps des Hamunâdides, I'bn Toûmert, le fondateur ascétique rie la secte Ahnahade, avait été scandalisé par le spectacle (le la rue où se promenaient des hommes vêtus de tuniques et coiffés (le turbans d'une élégance condamnable, chaussés de sandales aux lanières dorées. Sa vertu intransigeante s'était déchaînée contre les luths et les bouteilles de vin. A ce tableau, que nous devons au disciple du maître, le mémorialiste El Beidak, répond celui que nous présente, quatre siècles plus tard, le voyageur Léon l'Africain. " Les citoyens, dit-il, sont assez joyeux qui ne tâchent à autre chose qu'à se donner du bon temps et à vivre joyeusement, tellement qu'il n'y a celui qui ne sache sonner d'instruments musicaux et baller ".
-------On aurait d'ailleurs tort (le croire que les Bougiotes du moyen-âge se complaisaient uniquement aux divertissements frivoles. Pour s'en convaincre, i n'est que de feuilleter l'ouvrage d'El-Ghobrini, qui, vivant à Bougie au XIIIè siècle, énumère cent quatre de ses concitoyens s'étant distingués dans l'histoire, le droit, la médecine et la poésie ou y ayant enseigné les sciences religieuses, tel le plus illustre, le mystique Sidi Bou Medien.

-------Ce dernier était un Andalous. Bougie en comptait beaucoup et c'était là, nous le savons, l'héritage d'une longue tradition. Sous les Hafcides en particulier, elle semble avoir été la principale porte d'entrée des Musulmans d'Espagne chassés de leur pays par la " Reconquête " chrétienne. Ceux d'entre eux qui faisaient partie de l'élite transplantaient dans cette cité de Berbérie la belle culture hispano-mauresque et la gentillesse de manières des vieilles sociétés citadines.
-------Ils y apportaient aussi leur rancune de déracinés contre les infidèles auteurs de leur exil. Les marins andalous furent, à n'en pas douter, les plus ardents à faire fleurir la guerre sainte sous la forme déjà traditionnelle de la piraterie. Ibn-Khaldoun place vers 1360 une recrudescence de l'activité des corsaires et il nous en décrit les curieuses modalités. L'entreprise est en quelque sorte montée par actions. Une société arme le navire et choisit les hommes d'équipage. Ceux-ci, d'une bravoure éprouvée, font des débarquements sur les côtes d'Europe et raflent tout ce qui leur tombe sous la main. Ils attaquent aussi les bateaux chrétiens et rentrent à Bougie, leur cale pleine de butin et de prisonniers. La ville est remplie de captifs. " Les rues retentissent du bruit de leurs chaînes, surtout quand ces malheureux chargés de fers et de carcans se rendent à leur tâche journalière ".

BOUGIE, VILLE ESPAGNOLE.
-------La descente des Espagnols, en 1510, eut tout le caractère d'une représaille. La prise de la ville par Pierre de Navarre changea naturellement le cours de ses destinées. Moins libéral que ses anciens maîtres, qui y avaient toléré d'assez nombreuses colonies chrétiennes. Ferdinand le Catholique voulut faire de Bougie une cité exclusivement chrétienne. Elle le fut, et se maintint, comme un défi héroïque mais sans profit, aux portes de la Berbèrie musulmane. Les essais que l'on tenta pour encourager le commerce avec la mère-patrie n'eurent pas de suite, faute de rapports avec l'arrière pays. Etroitement surveillés par les Berbères, qui tenaient les vieilles forteresses de la vallée de la Soummam, tenus d'autre part en haleine par les corsaires turcs, que l'on croyait toujours près d'apparaître dans le golfe, les Espagnols demeurèrent pendant presque un demi-siècle campés sur la terre infidèle, sans s'aventurer au-delà de l'enceinte réduite dans laquelle ils s'étaient murés. Lorsqu'en 1555, après une défense glorieuse, Don Luis de Peralta fut contraint de rendre son dernier bastion au pacha d'Alger. Salah Raïs. la ville était dépouillée de tout ce qui avait fait jadis sa vie et sa splendeur.

BOUGIE, VILLE TURQUE.

-------Bougie ne pouvait espérer de retrouver sous ses maîtres turcs la prospérité de jadis ; et les janissaires qui occupaient ses trois forts vécurent un peu comme y avaient vécu les Espagnols. Le pays kabyle d'alentour leur échappait. Au reste. si les Kabyles venaient commercer avec les Bougiotes. ils ne s'aventuraient guère dans la ville. Passé l'heure du marché, on se séparait en hâte, " afin, dit d'Arvieux, d'éviter les querelles ".
-------La marine de Bougie végétait. L'autorité jalouse et soupçonneuse des Algérois redoutait la concurrence de ceux qui les avaient précédés dans l'exercice lucratif de la course, et les petits bateaux qui sortaient du port devaient se contenter du cabotage sur les côtes de Berbérie. Cependant Bougie continuait à jouer son rôle de chantier de construction navale que lui valaient les belles forêts de la région. Les Turcs d'Alger, pour qui l'on travaillait, avaient commis à la surveillance de la Karasta, - exploitation des bois - un personnage religieux de la famille des Amokran, et ils s'efforçaient de l'attacher à leur service en lui prodiguant des marques de respect et en lui attribuant d'abondants revenus.
-------Quant à la ville elle-même, elle portait tous les signes d'une décadence irrémédiable. " A Bougie, écrira au XVIIIè siècle le voyageur Peyssonnel. tout tombe en ruine, car les Turcs ne réparent rien ". Qui en 1833 aurait pu reconnaître dans ce grand village assez misérable, surveillé par cent cinquante janissaires, la capitale élégante et cultivée des Beni Hammàd, l'objet de la convoitise des rois de Tlemcen, le port vivant et cosmopolite des gouverneurs Hafcides, ou même le camp retranché de Ferdinand le Catholique et de Charles Quint ?

G. MARÇAIS
Membre de l'institut