Alger, Algérie : documents algériens
Série économique : finances
La situation monétaire et financière de l'Algérie en 1955

10 pages et tableaux - n°118 - 20 avril 1956

 

mise sur site en août 2005
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1) LA CIRCULATION MONETAIRE

--------Sa répartition se trouve retracée au tableau 1. On constate que. dans l'ensemble, la circulation monétaire algérienne a augmenté de 21 % par rapport a l'année précédente.
--------Cette augmentalion est différente suivant les secteurs. Lacirculatien proprement dite des billets a augmenté de 20% ; le montant des dépôts bancaires a augmenté de 19 %. Mais ce qui frappe, c'est que les dépôts dans les caisse d'épargne et les chèques postaux ont augmenté bien davantage : ils sont de 23 et 26 % supérieurs à ceux de l'an dernier.
--------Si l'on considère maintenant les variations mensuelles de la circulation dans le tableau 2, présenté sous forme de graphique, on peut faire deux constatations : tout d'abord les variations sont tout a fait parallèles à celles de l'année précédente ; ensuite en examinant également le tableau 3 qui retrace les indices des prix, on observe que ceux-ci ont peu varié d'une année sur l'autre et que, par ailleurs, l'indice de la production industrielle. représenté au tableau 2 par une ligne pointillée - d'ailleurs d'allure descendante -- a très légèrement diminué d'une année sur l'autre, tout en restant. pour 1955, très .supérieur à le moyenne de 1954..
--------Cela signifie que l'accroissement de la masse monétaire a eu pour origine non un accroissement de la production ou une hausse des prix, mais l'augmentation sensible des paiements extérieurs de la Métropole. Ceci entraîne une certaine tendance a l'inflation.
--------L'emploi des moyens de paiement ainsi créés. est retracé au tableau 4, qui d'une part fuit le total de l'augmentation de la masse monétaire, et de l'autre indique la répartition de cet accroissement de monnaie entre les différents secteurs qui peuvent en bénéficier.
--------Il apparaît d'abord que l'emploi dans l'économie proprement dite par crédits directs est assez faible, puisque c'est une somme de 9 milliards seulement qui a été employée en crédits bancaires.
--------La décomposition de ces 9 milliards figure dans le tableau 5. où le papier de crédit, c'est-à-dire les crédits directs est le poste qui a le plus augmenté alors que d'autres sont restées stables ou même ont diminué. Ceci n'est pes étonnant, étant donné que le recours au réescompte de l'institut d'émission par exemple n'a pas augmenté et a même diminué.
--------Les concours aux trésoreries de l'Algérie et de la métropole ont été plus faibles encore, puisque 7 milliards seulement de plus ont été investis dans des bons du trésor détenus par les banques ou dans les fonds des chèques postaux ou des particuliers. II apparait ainsi que les disponibilités des paiements de l'Algérie sur la Métropole ont absorbé la plus grande partie de l'augmentation de la circulation monétaire. Autrement dit, l'on peut penser devant ce faible emploi en crédits directs et en concours aux trésoreries, que l'économie algérienne est dans une sorte de situation d'épargne d'attente, incomplètement employée en placements de production et utilisée en placements provisoires (bons du trésor, chèque postaux ou caisse d'épargne).
--------C'est d'ailleurs ce que retrace le tableau 6 de la répartition de la souscription des bons du trésor publie au cours de l'année 1955.

2) LA BALANCE DES COMPTES.

--------La balance des comptes, tableau 7, qui est un autre moyen d'analyse, permet de voir fout d'abord que le déficit de lu balance commerciale, c'est-à-dire la différence entre les importations et les exportations, est de 80 milliards, chiffre très proche du déficit de l'année précédente : 74 milliards.
--------L'une des conséquences d'un accroissement sensible des dépenses d'investissements, dans les premières années tout au moins, sera une augmentation sensible également du déficit (tableau 8) de la balance commerciale jusqu'à ce que l'appareil productif puisse fournir une notable partie de la consommation ou des investissements.
--------Ce déficit présenle d'ailleurs exactement le même aspect que l'an dernier. On s'aperçoit, en consultant le tableau 9, que les opérations sur l'Étranger sont équilibrées et même légèrement excédentaires. Par contre la situation est entièrement déficitaire sur la métropole et l'Union française, c'est-à-dire que l'on a importé de la Métropole plus que l'on n'y a exporté, ce qui n'a absolument rien d'anormal.
--------Les autres postes de la balance des comptes sont d'abord les dépenses de voyages en Algérie et en Métropole.
--------Ensuite, le poste des salaires transférés de métropole en Algérie, s'élevant pour l'exercice 1955, à environ 38 milliards de francs. Pour la balance des opérations privées : commerce, voyages. salaires, on aboutit à un déficit net de 58 milliards de francs.
--------A l'inverse, et comme les années précédentes, mais dans une plus forte proportion, les opérations publiques ont été très fortement excédentaires, c'est-à-dire que, pour les capitaux publics, il y a eu un apport très important, aussi bien du budget métropolitain sous forme de dépenses courantes, que de prêts du Fonds d'Expansion Eeonomique (ancien Fonds de Modernisation et d'Equipement) ou de versements au fonds de progrès social.
--------Tableau 10 : opérations de recettes et dépenses effectuées en Algérie
--------C'est en effet un solde de 140 milliards environ qui peut être comme l'excédent des ressources publiques et doit être instantanément comparé avec le déficit des opérations privées, lequel ne se monte qu'à 58 milliards.
--------L'explication de la différence est simple. On retrouve, dans le dernier tableau de la balance des comptes : Conditions de l'équilibre ", d'abord les 34 milliards dont se sont accrues les disponibilités de la banque de l'Algérie en niétropole, c'est-à-dire le potentiel d'achat de l'Algérie sur la métropole et pour le reste, les opérations privées de transfert qui se montent à 49 milliards. C'est là un chiffre qu'il importe de comparer à celui de 1954, lequel était de 43 milliards de francs. Il ne faut pas d'ailleurs se méprendre sur cette constatation car il est normal que, dans les premières années, les capitaux publics précèdent les capitaux privés et que ceux-ci vont s'investir plus volontiers sur le marché métropolitain que sur le marché algérien.
--------Mais il est évident que cette tendance, qui est tout à fait naturelle au début d'un effort d'investissements publics doit naturellement se renverser après un volume suffisant d'investissements publics qui créeront des conditions de rentabilise en Algérie.
-------Autre caractéristique, ou plus exactement autre symptôme de cette caractéristique pour 1955 : Les placements financiers en Algérie se sont marqués par les émissions publiques. Les prêteurs de l'Algérie lui ont fait largement confiance et le tableau 11 illustre le montant des emprunts placé qui est supérieur en 1955 à celui de l'année précédentepuisqu'il s'est élevé à 17 milliards contre 11 milliards en 1954.
-------Le chiffre des emprunts toutes catégories émis en Algérie en 1955 a été nettement supérieur à celui de l'année 1954,

-------Parallèlement aussi. comme on le voit dans le tableau 12, les opérations traitées par la commission de cotation des valeurs mobilières ont été en nette augmentation. II y a eu, en 1955, 324.000 titres échangés, contre 272.000 en 1954. Par ailleurs, les cours des emprunts de l'Algérie se sont, aussi bien à la commission de cotation d'Alger que sur la place de Paris, maintenus, et même dans certains cas améliorés. C'est ce qui résulte de l'examen du tableau 13, où l'on peut constater que les taux de capitalisation des emprunts en 1955 sont pour ln plupart égaux, sinon supérieurs aux taux de 1954.
-------Pour conclure cette très rapide revue, an peut dire qu'en 1955, les conditions financières d'une expansion de l'économie ont été en partie réalisées, que l'économie n'a pas entièrement répondu à ces conditions et que, pour une part, mais pour une part seulement d'ailleurs, elle s'est investie en placements d'attente qui sont les bons du trésor, les dépôts dans les caisses d'épargne et une augmentation des disponibilités sur la métropole.