Alger, Algérie : documents algériens
Série économique : agriculture
Le programme de développement agricole en 1960

12 pages - n°128 - 5 janvier 1960

 

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-------------Le programme de développement agricole en 1960 constitue l'un des éléments essentiels du plan de développement économique et social appelé Plan de Constantine. Il intéresse, en effet, 70% de la popu­lation et il faut préciser, pour bien situer le problème, que lorsque sera acquise la création des 400.000 em­plois nouveaux prévus dans le secteur industriel, il restera encore, environ, 6 à 7 millions d'individus qui devront vivre des ressources de l'agriculture. Autrement dit, parallèlement à l'effort d'industrialisation entrepris, l'effort agric 'e doit être poursuivi et amplifié si l'on veut élever le niveau de vie de cette frac­tion de la population.

-------------Mais le plan agricole en ?????????????éristiques propres qui tiennent à la nature même de la production agricole étroitement !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!  aphique et humain où l'action est diffuse, continue, et où les résultats n'apparaissent que §§§§§§§§§§§§  étapes d'un long et patient cheminement. 'alement d'ace . pre' ' ire r

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!UES DU PLAN

CONTINUITE DE L'EFFORT.

-------------On ne transforme pas une friche en une riche orangeraie productrice, dans le même délai où se construit un immeuble de 15 étages ou un grand ouvrage de travaux publics. L'oeuvre éducative, qui est essen­tielle, transforme progressivement les conditions de la production mais d'une manière quasi invisible, et l'investissement intellectuel, qui est ici indispensable, est celui dont la rentabilité (au sens où les finan­ciers l'entendent) se calcule le plus difficilement.

-------------Cette action se poursuit en Algérie depuis de nombreuses années. Elle a déjà permis de très grands progrès qui se mesurent aussi bien aux magnifiques réussites techniques de l'agriculture évoluée qu'aux perfectionnements continus peut-être moins spectaculaires, des méthodes de l'agriculture traditionnelle.

-------------Ce courant est si puissant que l'acharnement destructeur de la rebellion n'a pu le renverser, et que l'on peut dire après ces cinq ans d'épreuve, que le potentiel agricole de l'Algérie a été maintenu intact ; dans certains secteurs, il a même progressé.

-------------Mais, ce qui marque l'engagement pris par le Gouvernement avec le Plan de Constantine, c'est que les moyens à mettre en oeuvre en faveur du progrès de l'agriculture seront dès 1960, très sensiblement aug­mentés. En ce qui concerne notamment le secteur traditionnel, son augmentation se traduit par un triple-ment des crédits par rapport à 1959.

-------------Telle est la première constatation qui s'impose.

L'UNITE FONDAMENTALE DE L'AGRICULTURE.

-------------La seconde constatation, c'est que l'agriculture algérienne, bien que schématiquement divisée en deux secteurs, présente en réalité une unité fondamentale née de la servitude au même sol et au même climat.

-------------On a coutume de délimiter un secteur évolué de 50.000 exploitants (pour moitié d'origine européenne et pour moitié d'origine musulmane) et un secteur traditionnel de 600.000 fellahs. En réalité, il n'y a pas de frontière nette entre ces deux secteurs, mais une gamme continue qui s'inscrit sur la géographie depuis la côte jusqu'au désert. Mais, dans tous les cas, que ce soit dans un secteur ou dans l'autre, tous les agri­culteurs doivent résoudre le même problème : celui de la recherche du meilleur équilibre avec le milieu. Ici, la moindre erreur peut être fatale, ses conséquences néfastes apparaissant à terme. La destruction des forêts et de la steppe qui s'est poursuivie durant des siècles et l'extension inconsidérée des cultures céréa­lières dans les zones sud des Hauts-Plateaux en sont deux exemples typiques. Leurs effets insidieux, invisibles dans le court délai d'une année, apparaissent à l'échelle du demi-siècle ou du siècle comme catas­trophiques. Les conséquences s'en mesurent actuellement et l'élaboration d'un Plan de développement tel que le Plan de Constantine offre l'occasion d'opérer les redressements nécessaires et d'imprimer à l'agriculture algérienne des orientations nouvelles.

-------------Les actions de 1960 donneront ainsi la priorité au maintien de la fertilité des sols, à la lutte contre l'érosion et à la restauration des surfaces dégradées. Ceci commande : la plantation massive d'arbres frui­tiers, forestiers et fourragers, la réglementation des parcours et pacages et aussi, pour l'agriculture évoluée, une certaine reconversion qui lui imposera de réserver une plus large place aux productions fourragères et à l'élevage.

REFUS DE L'AUTARCIE.

-------------La troisième constatation, c'est que l'agriculture algérienne doit se développer dans le cadre d'une éco­nomie d'échange, rejetant résolument toute conception autarcique, non seulement au niveau de l'exploitation elle-même mais aussi au niveau de l'Algérie. Ce qui a été le moteur du développement de certaines productions, en général de toutes celles du secteur évolué, c'est justement leur présence dans un grand marché de consommation qui englobe l'ensemble Mé tropole-Algérie. Ceci est vrai notamment pour les vignobles qui constituent, l'un des éléments essentiels du revenu de l'agriculture évoluée. Ce sont, au contraire, les secteurs de production consacrés aux seuls besoins !!!!!!!!!!!!!! dans le cadre d'une économie familiale, autarcique, qui ont stagné. Leur éloignement de la côte ???????? entres de consommation ou des grands courants commerciaux en a été une des causes détermi///////////////////.

-------------L'Algérie entreprend, aujourd'hui, une nouvelle phare d' !!!!!!!!!!!!!!!  ment au même moment où elle entre dans un espace économique élargi, celui des échanges européens.

-------------Ce fait constitue une des origine'ités les plus remarquables du Plan de Constantine, car il est peu d'exemples au monde où le problè'. du sous-dévelo ipement se trouve abordé dans le cadre d'un ensemble économique de pays développés. Pa: plus que l'industrialisation, le développement de l'agriculture algé­rienne ne doit ignorer cette donnée essentielle du problème.

-------------Une première étude fait apparaître les perspectives les plus favorables pour le marché de la viande aussi bien en Algérie qu'en Métropole et en Europe. Ainsi se trouvent confirmés les orientations en faveur de l'élevage que les considérations techniques recommandaient.

------------- Le problème de l'organisation des marchés apparaît donc comme le troisième élément fondamental du programme d'avenir, et la création du Marché d'Intérêt National d'Alger s'inscrit, dès 1960, parmi les réalisations prévues au Plan de Constantine.

------------- Tel est le cadre général dans lequel se situe l'action de la Direction de l'Agriculture et des Forêts en Algérie dont une description rapide permet de situer le problème et de montrer que, dans le domaine de l'agriculture, un programme annuel ou même quinquennal ne peut être isolé dans l'espace géographique, économique et humain qui le contient et ne peut ignorer le travail des générations précédentes ni celui de celles qui suivront.

-------------La Direction de l'Agriculture et des Forêts n'est pas pour l essentiel un service de travaux. C'est autant son budget de fonctionnement que son budget d'équipement qui constitue ses moyens d'action et l'examen des réalisations prévues en 1960 offre l'occasion de définir une politique agricole qui s'applique à la fois au secteur évolué et au secteur traditionnel, la priorité étant donnée aux efforts à poursuivre en faveur des zones sous-développées et notamment à ceux qui tendent à accélérer le perfectionnement professionnel et technique des masses rurales.

-------------Il convient donc de mettre, en premier lieu, l'accent sur l'effort fait en faveur de la formation pro­fessionnelle agricole, de l'encadrement et du paysanat, avant de définir quels seront les grands program­mes de travaux et d'actions techniques pour 1960.

ACTIONS EDUCATIVES ET PAYSANAT

-------------L'oeuvre éducative est à la base de tout progrès agricole. C'est elle qui permet de rendre la masse réceptive à la vulgarisation des meilleures techniques et de rompre son isolement social et économique. Aussi l'effort entrepris dans ce domaine va-t-il recevoir une impulsion considérable.

ENSEIGNEMENT El FORMATION PROFESSIONNELLE AGRICOLE.

-------------L'enseignement et la formation professionnelle agricole intéressent tout d'abord les jeunes et constituent la suite logique et indispensable du programme de scolarisation. Ils s'inscrivent dans le cadre de la promotion sociale en Algérie telle qu'elle est définie dans un projet de loi en instance devant le Parlement et qui, tout naturellement, fait suite à la loi-programme de scolarisation qui a été promulguée en 1958.

-------------Dans ce domaine, les crédits d'équipement passeront de 580 millions en 1959 à 1.150 millions en 1960, c'est-à-dire qu'ils doubleront.

-------------Ils permettront de terminer les agrandissements en cours dans les établissements d'enseignement agricole de tous les degrés :
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à l'Ecole Nationale d'Agriculture d'Alger afin d'y accueillir les jeunes « élèves-ingénieurs des tra­vaux » destinés aux Services des Eaux et Forêts (pour les cadres secondaires), de l'Hydraulique agricole et de l'Equipement rural et d'y former également les futurs cadres des organismes de coopération, de mutualité et surtout des S.A.P. dans les cycles spéciaux d'études créés à cet effet ;
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dans les Ecoles d'Agriculture de Sidi-Bel-Abbès (premier et second degré) d'Aïn-Témouchent, de Philippeville et de Guelma, en vue d'augmenter les effectifs qui sont déjà passés de 200 en 1956 à 500 en 1959 et dont plus de la moitié sont d'origine musulmane, phénomène récent mais particulièrement encourageant.

-------------Ces crédits permettront également d'achever la construction de l' Ecole d'Agriculture de Tizi-Ouzou qui a ouvert ses portes à une première promotion d'élèves en octobre dernier, et d'entreprendre la cons­truction de deux écoles d'agriculture nouvelles à Constantine et Orléansville, sur des terrains acquis en 1959. Normalement, ces écoles devraient accueillir une première promotion d'élèves à la fin de l'année 1960.

-------------A Constantine, est prévue, d'autre part, la création d'une Ecole forestière destinée à former les agents techniques du Service des forêts et de la D.R.S. alors qu'il n'existe actuellement aucun établis­sement de ce genre en Algérie et un seul en Métropole.

-------------Les crédits d'équipement alloués pour 1960 permettent encore d'envisager la création de nouveaux centres de Formation Professionnelle, c'est-à-dire d'établissements destinés à la formation des ouvriers spécialisés des cadres de maîtrise de la profession dans les catégories suivantes : mécanique agricole, arboriculture, irrigation, élevage, taille de vigne et d'olivier, etc...

-------------Ainsi donc, en plus des cinq centres qui existent actuellement, l'année 1960 verra la création de nou­veaux établissements dans les départements de Tlemcen, Oran, Mostaganem, Médéa, Alger, Constantine, Batna et Bône.

-------------Enfin, est prévue la construction de deux écoles ménagères agricoles à Mostaganem et Constantine — il s'agit là, bien entendu, d'établissements qui intéressent la formation féminine — et l'ouverture dans chacune des trois régions d'Alger, Oran et Constantine, de trois cours itinérants. A cet effet, est prévu le recrutement de trois professeurs nouveaux et de douze monitrices d'enseignement ménager agricole.

-------------Un effort tout particulier est, en effet, entrepris dans le domaine de la formation professionnelle des jeunes filles musulmanes, action qui n'en est encore qu'à ses débuts puisque, un seul établissement s'en préoccupe : l'Institut Ménager Agricole d'El-Biar, qui est plutôt, du reste, une école de cadres. Cette action doit se concrétiser par la création, dans deux départements d'abord puis dans tous les départe­ments d'Algérie, d'un établissement d'enseignement ménager agricole s'adressant à l'ensemble des jeunes filles désireuses d'acquérir une formation professionnelle. Le recrutement ne présentera aucune diffi­culté, étant donné le grand nombre de demandes émanant de toutes les régions d'Algérie.

ENCADREMENT TECHNIQUE - VULGARISATION.

-------------Les moniteurs du Paysanat.

-------------La vulgarisation des méthodes modernes auprès des exploitants, notamment en milieu sous-déve­loppé, requiert l'existence d'un véritable réseau d'encadrement. L'élément essentiel, l'élément de base de cette entreprise est le Moniteur, c'est-à-dire le vulgarisateur qui se trouve au contact de l'agriculteur.

-------------Le nombre de moniteurs en Algérie est actuellement de 450 (il était de 260 à la fin de l'année 1958). En 1960, grâce au recrutement de 450 moniteurs nouveaux, l'effectif total pourra être porté à 900.

-------------Pour les former, le Centre de Rovigo, véritable « Séminaire du Paysanat », voit sa capacité tripler grâce aux travaux d'agrandissement en cours dont l'achèvement est prévu dans le courant du premier trimestre de 1960. Il pourra dorénavant accueillir, pour des stages d'une durée de trois semaines à deux mois, suivant la qualification des stagiaires, 110 stagiaires au lieu de 35 actuellement.

-------------Pour permettre à ces moniteurs de vivre dans le bled, il faut leur assurer des logements — ce qui est la condition première de leur acceptation à s'installer dans l'intérieur du pays. Pour eux, seront donc construits en 1960, 220 nouveaux logements qui faciliteront leur affectation dans des localités de l'in­térieur.

-------------Le rythme ainsi obtenu de recrutement et de formation des moniteurs permettra d'atteindre, au ter-me des quatre années restant maintenant à courir, un effectif de 2.000 moniteurs, soit un moniteur pour 300 fellahs. Ce chiffre correspond aux normes qui ont été admises dans la plupart des pays où l'on s'est préoccupé de la vulgarisation de façon extrêmement sérieuse. Dans l'étape suivante, c'est-à-dire dans le plan quinquennal qui succédera à ce premier Plan de Cinq ans, il faudra vraisemblablement obtenir une densité plus forte. A ce moment, il sera possible sans doute d'obtenir des intéressés eux-mêmes une participation à la rémunération des moniteurs dont, dans une autre phase, sera doublé le nombre.

-------------Les agents techniques des Travaux Agricoles.

-------------Au-dessus des moniteurs (car l'action du moniteur n'est valable que dans la mesure où il est lui-même encadré, étant donné, encore une fois, sa qualification assez élémentaire), se placent ce que l'on peut appeler des « moniteurs-chefs » : ce sont les agents techniques des travaux agricoles, dont l'ef­fectif passera en 1960 de 43 à 90.

-------------Les ingénieurs des Travaux Agricoles et adjoints-techniques du Paysanat.

-------------L'échelon de l'arrondissement, celui du technicien placé auprès du sous-préfet dont il est le véri­table conseiller technique, est le premier échelon d'exécution des actions de vulgarisation agricole. Le rôle de ces techniciens est fondamental. Leur nombre passera, en 1960, de 56 à 80. A la fin de cette période, chaque arrondissement sera pourvu d'un ingénieur des travaux — un ingénieur subdivisionnaire, pour reprendre l'analogie avec le Service des Travaux publics où cet échelon est généralement plus connu.

-------------Les ingénieurs des Services Agricoles.

-------------Enfin, à l'échelon du département, se trouve un « Etat-major » constitué autour de l'Ingénieur en chef des Services agricoles placé auprès du Préfet et chargé, lui, à un degré supérieur, de l'étude, de la conception et de l'exécution des programmes. Aujourd'hui, les Services agricoles départementaux ont été mis en place dans tous les départements ; ils le seront très prochainement aussi dans le département nouvellement créé de .Saïda, où deux ingénieurs sont sur le point d'être affectés.

-------------L'arrivée, prévue en mars prochain, de 14 jeunes ingénieurs venant de Métropole, viendra complé­ter l'effectif présent en le portant à 67.

-------------Ainsi sera achevée, à la fin de 1960, la mise en place, dans tous les départements, des services agri­coles ,et du Paysanat, chargés de tous les problèmes d'orientation de la production agricole et de la vulgarisation des techniques, c'est-à-dire des responsables principaux de l'élaboration et de l'application du plan de développement.

MISSION EDUCATIVE DES S.A.P. - LES S.C.A.P.C.O. -------------Rôle des S.A.P.

-------------Mais l'action des Ingénieurs auprès des populations ne trouve sa pleine efficacité que dans la me-sure où les agriculteurs constituent des groupes sociaux au sein desquels peuvent être réglés les pro­blèmes qui leur sont communs, comme les achats d'engrais, l'utilisation des machines, la vente des produits, les crédits de campagne et d'équipement, etc..., en un mot, tout ce que les ingénieurs d'enca­drement leur conseillent de faire.

-------------L'agriculture évoluée, elle, est fortement organisée professionnellement : elle a son réseau de Caisses de Crédit, de Mutuelles et de Coopératives pour la commercialisation des produits, de même type d'ail-leurs que les organismes métropolitains.

-------------En ce qui concerne l'agriculture sous-développée, ce rôle incombe à des organismes particuliers qui existent en Algérie comme dans presque tous les pays d'Afrique, et que l'on appelle les Sociétés Agri­coles de Prévoyance. Ce sont de véritables « Offices locaux de développement » dont l'activité est essen­tiellement polyvalente : ils dispensent à la fois les prêts, les subventions, ils jouent le rôle d'organismes d'achat des produits nécessaires à l'agriculteur, et d'organismes de commercialisation des récoltes ainsi que de coopératives de culture mécanique.

-------------Les Sociétés Agricoles de Prévoyance ont connu en Algérie des vicissitudes diverses. Elles ont été autrefois confondues avec les communes mixtes, non seulement du point de vue de leur circonscription territoriale, mais aussi de leur action. En fait, elles traînent derrière elles un lourd passif qui tient au fond à une certaine politique de facilité dans la délivrance du crédit, mais aussi au fait qu'on leur a demandé, chaque fois que l'Algérie a souffert d'une calamité telle que sécheresse ou gelée, ce qui est fréquent, de servir d'organismes d'assistance.

-------------Depuis la dissolution des communes mixtes, les Sociétés Agricoles de Prévoyance subissent une véritable métamorphose, et, comme dans toute métamorphose, traversent une crise. Une récente réforme les a placées dans le cadre de l'arrondissement où elles doivent trouver leur forme définitive et leur équilibre.

-------------Mais pour faire bénéficier de leurs services le plus grand nombre possible de fellahs, doit être substitué au régime de la relation individuelle avec la S.A.P., celui des groupements d'agriculteurs se trouvant collectivement en rapport avec l'organisme. C'est ainsi que, par une réforme de leur statut, les S.A.P. ont été autorisées à susciter la création ou à recevoir l'adhésion de groupements coopératifs d'un type nouveau : les Sections Coopératives Agricoles du Plan de Constantine, connues sous le nom de S.C.A.P.C.O.

-------------Les Sections coopératives agricoles du Plan de Constantine.

-------------Ces organismes, institués au niveau du hameau, ou de ces villages nouveaux qui se créent au sein des groupements de population, rassemblent les agriculteurs pour leur apporter collectivement les moyens de la S.A.P. : semences, engrais, prêts et moyens mécaniques.

-------------En fait, une très large initiative est laissée aux intéressés et aux échelons administratifs locaux.

-------------On les voit se créer, ces coopératives, dans le cadre statutaire qui leur a été fixé, suivant des formes diverses : ainsi, dans la région de Sidi-Bel-Abbès, suscitées par l'initiative fort intelligente d'officiers S.A.S., très attachés à leur travail et qui ont réussi à soulever l'enthousiasme des agriculteurs qu'ils 'administrent, elles ont pris le nom de « Coopératives Polyvalentes de Production ». Dans les régions de hauts-plateaux de Médéa, se forment des groupements spécialisés pour l'organisation de la réglementa­tion des parcours et pacages, alors que dans cette région quasi-pastorale, où l'élevage du mouton est une ressource essentielle, les efforts de l'administration avaient toujours rencontré de la part des popu­lations une parfaite hostilité à toute réglementation. Or, il apparaît qu'aujourd'hui, au travers de ces groupements et souvent, dans le cadre des communes nouvellement créées, grâce à l'autorité des nou­velles municipalités, s'organise parmi les agriculteurs une sorte de discipline spontanée pour assurer la réglementation des parcours, c'est-à-dire la rotation des pacages, destinée à éviter l'épuisement de certaines zones et à permettre la reconstitution de la végétation.

-------------Dans la région d'Orléansville enfin, on assiste à la création d'un type d'exploitation coopérative dont le principe est poussé plus loin, puisqu'il va jusqu'à la possession collective de la propriété. Il s'est consti­tué tout récemment à Lavigerie, près d'Affreville, un organisme appelé « Coopérative Paysanne de Pro­duction » où les intéressés ont accepté cette possession collective d'une propriété achetée à cette fin. Mais, près d'Orléansville, les intéressés ont mis en commun la propriété qu'ils possédaient en propre.

-------------Par ce système extrmement souple qu'on laisse se développer selon les initiatives locales, on voit, au-tour de la notion de coopération — institution éminement française — se créer des formes très diverses où le principe même de la coopération peut être extrêmement étendu ; c'est là, sans conteste, un phéno­mène du plus haut intérêt.

-------------Il existe en France des réalisations absolument analogues et ces organismes collectifs sont semblables à ceux des Alpes françaises ou du Jura, ou même de Suisse, où se pratique l'exploitation collective des alpages et même celle des produits des troupeaux par les coopératives fromagères que l'on appelle des « fruitières ».

-------------Actuellement, une trentaine de ces organismes sont en cours de création ou fonctionnent en Algérie, et 1960 verra la réalisation d'une centaine d'unités nouvelles qui permettront d'acquérir l'expérience néces­saire à un large développement ultérieur dans le cadre du Plan de Constantine,

-------------Si l'Administration recommande aux autorités locales de s'entourer de très grandes précautions dans la constitution de tels organismes, c'est afin de leur éviter d'aboutir rapidement à un échec. En effet, les aléas sont nombreux et il y a lieu de se montrer prudent. Il faut d'abord que les initiatives se manifestent spontanément, volontairement, il faut aussi tenir compte du climat, de l'état des récoltes, car ces coopéra­tives doivent être suffisamment solides pour résister en cas de mauvaise récolte, perspective qui, dans ce pays, n'est jamais exclue.

-------------Ces expériences qui vont se développer en 1960, sont aidées financièrement et guidées par l'Administra tion, qui admet fort bien qu'elles prennent des formes variées suivant le génie propre de leurs créateurs, le but qu'elles poursuivent, ou les impératifs géographiques ou humains du milieu.

-------------Sans aucun doute, l'expérience amènera-t-elle l'Administration à codifier les règles de fonctionnement de ces coopératives, après une période d'adaptation inévitable. A l'heure actuelle, on assiste à un vaste mouvement d'initiative venant du bled.

LES MOYENS FINANCIERS DU PAYSANAT.

-------------Ainsi, l'oeuvre du Paysanat intéresse-t-elle à la fois l'aide technique, l'organisation économique et so­ciale et les encouragements financiers.

-------------L'ensemble de ces activités, y compris le renouvellement et le développement du parc mécanique des S.A.P. (une des aides essentielles qui leur est apportée) disposera en 1960 de plus de 3 milliards, aux-quels viendront s'ajouter 920 millions qui figurent à la rubrique des crédits d'équipement local. Autrement dit, un total de près de 4 milliards sera consacré en 1960 à l'aide à l'agriculture traditionnelle,

-------------Sur ces 4 milliards, 1 milliard sera distribué sous forme de subventions, c'est ce que l'on appelle «l'ai-de directe aux fellahs », qui est attribuée aux intéressés dans le cas d'achat d'engrais ou de matériel d'é­quipement, dont est réduit ainsi le prix.

-------------D'autre part, le parc mécanique des S.A.P. — sujet qui, dans le bled, suscite le plus de récriminations — se verra doté de plus de 200 tracteurs supplémentaires qui soulageront le matériel actuellement en ser­vice, lequel est soumis à un rythme de travail incessant.

-------------A titre de comparaison, il faut rappeler que le budget du Paysanat s'élevait au total, en 1959, à 1.125 millions, alors qu'il disposera de 4 milliards pour l'année 1960. Ainsi, les moyens financiers mis à la dis-position du secteur sous-développé seront, en 1960, presque multipliés par 4.

 

PROGRAMMES DE TRAVAUX ET D'ACTIONS TECHNIQUES

-------------S'il est difficile, en ce qui concerne l'action du Paysanat, celle des S.A.P. et de leurs sections coopéra­tives, de distinguer l'action éducative proprement dite des aides techniques et des programmes de travail, il reste des domaines intéressant tous les secteurs de l'agriculture, toutes les catégories d'agriculteurs, aussi bien ceux du secteur évolué que ceux du secteur sous-développé, où sont poursuivis des program­mes d'actions techniques ou de grands travaux.

LA RECHERCHE AGRONOMIQUE

-------------Il faut signaler d'abord, non pas pour mémoire parce que cette institution a son importance mais r~r au'elle intéresse moins directement les exploitants eux-mêmes, la recherche agronomique. Il s'agit là d'une institution officielle de caractère administratif qui bénéficiera en 1960 d'un montant de 310 mil-lions de crédits d'équipement contre 188 millions en 1959 et qui seront essentiellement consacrés :

--à l'achèvement de la Station Centrale de la protection des végétaux ;
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à la création d'une Station de sélection de semences ;
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et à la création d'une Station Centrale d'étude des sols.

------------Ses moyens de fonctionnement devront, dans les années à venir, lui permettre de donner à l'Agricultu­re algérienne de nouvelles perspectives d'espoir. Les p ossibilités que l'on peut tirer d'une meilleure organi­sation et d'un meilleur rendement de la recherche agronomique sont certainement très importantes. C'est ainsi que, dès 1960, la fusion des services algériens dans l'Institut National de la Recherche Agronomique, qui permettra de mettre en commun les moyens scientifiques existant de part et d'autre de la Méditerranée, augmentera très sensiblement leurs possibilités de rendement dans ce domaine.

LE DEVELOPPEMENT ET L'ORIENTATION DES PRODUCTIONS.

-------------Les encouragements financiers accordés dans ce domaine traduiront les directives d'orientation de l'a­griculture.

Les productions végétales.

-------------Elles bénéficieront d'un crédit global de 145 millions contre 60 millions en 1959, en vue d'encourager .notamment :

--la production de semences sélectionnées,
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le développement de certaines cultures vivrières pouvant intéresser les zones de l'intérieur, produc­tion de plants de pommes de terre, par exemple, afin de développer cette production chez les agriculteurs musulmans.
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Les plantations d'arbres fruitiers et plus particulièrement les plantations d'oliviers justifiées par le fait que l'Algérie importe chaque année pour sa consommation 50.000 tonnes d'huiles alimentaires alors qu'elle devrait en être exportatrice eu égard à sa vocation à la production des olives.
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l'extension des cultures fourragères,
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enfin, le développement de certaines cultures industrielles (betterave sucrière, par exemple).

-------------Par ailleurs, la participation de l'Algérie au Fonds de Garantie Mutuelle et au Fonds Textile National, qui sont des organismes régulateurs des grands marchés, permet, en contrepartie, de recevoir, par exem­ple pour le coton, une subvention annuelle de 50 à 70 millions pour soutenir cette culture et, pour les pri­meurs, des moyens d'encouragement et de régularisation des cours, lorsque les exportations sur le marché métropolitain se révèlent difficiles.

 

Les productions animales.

-------------Dans ce domaine, un effort encore plus considérable reste à faire.

-------------Sera annoncée, en 1960, l'organisation de la lutte contre la tuberculose bovine, redoutable fléau pour la production animale et aussi source de contamination des humains.

-------------Jusqu'à maintenant, aucune action d'envergure n'avait été entreprise dans ce domaine où l'action par­tielle ne peut aboutir à aucun résultat. Il faut donc envisager un programme qui permette d'étendre l'ac­tion sur l'ensemble du territoire de façon progressive, mais continue, afin de faire reculer définitivement l'offensive de la maladie.

-------------Une première étape intéressera la région algéroise dès 1960 et la procédure actuelle fait espérer la création prochaine d'un Fonds spécial de façon à disposer de ressources permanentes dans ce domaine. Ce-ci est absolument indispensable car, toute interruption de l'action est l'annulation des efforts antérieure-ment accomplis. Ce Fonds spécial serait alimenté par un taxe additionnelle à la taxe d'abattage au kilo de viande (faible par kilo mais importante au total) qui permettrait de disposer annuellement de 200 mil-lions environ à consacrer à la lutte contre la tuberculose bovine et à sa généralisation sur tout le territoire algérien.
L'ensemble des encouragements à l'élevage sera également repris sous forme de primes diverses, de distributions à prix réduit d'aliments du bétail, et atteindra un total de 300 millions en 1960.

L'EQUIPEMENT DE L'AGRICULTURE.

-------------Relevant à la fois de la politique du crédit et des subventions, les principales actions se partageront entre l'équipement collectif et l'équipement individuel.

-------------L'équipement collectif se poursuivra dans deux domaines essentiels qui intéressent les conditions de commercialisation des. produits agricoles.
-------------Tout d'abord, le programme de construction des abattoirs prévoit la mise en chantier de 22 nouvelles unités dont 3 grandes à Sidi-Bel-Abbès, Arzew et Bougie, et 19 de moindre importance : 5 dans l'Algérois, 9 dans l'Oranais, et 5 dans le Constantinois.
-------------Ce programme représente un investissement global de 500 millions qui est couvert pour partie par des avances à taux réduit aux collectivités locales et pour partie, par un crédit de subvention de 203 millions.
-------------D'autre part, la construction des docks silos et magasins représentera un investissement sur fonds publics de 1.099 millions comprenant 713 millions de subventions et 386 millions d'avances, ce qui per-mettra de réaliser une capacité de logement de 750.000 quintaux. Les principaux projets intéressent le Kroubs, Alger, Sidi-Bel-Abbès et Saïda mais on envisage également la création d'une dizaine d'unités moyennes de stockage intéressant principalement la région de Constantine.
-------------Ce programme est rendu indispensable par l'accroissement continu et considérable de la consommation du pain en Algérie. Cette consommation a atteint un degré tel qu'à l'heure actuelle, malgré une récolte qui peut être considérée comme satisfaisante dans l'ensemble (on enregistre même une légère augmentation en ce qui concerne les céréales panifiables) , l'Algérie est - et définitivement semble-t-il - tributaire des importations 'de Métropole.
-------------L'industrialisation de ce pays, la création d'emplois nouveaux, l'augmentation des salaires feront que cette augmentation de la consommation du pain se poursuivra au même rythme (10 % d'augmentation par an), et il en résultera des problèmes. de stockage extrêmement difficiles à résoudre.
Le programme de dégorgement du port d'Alger, actuellement envisagé, implique non seulement pour 1960 mais pour les années suivantes, un très important programme de construction de docks.
-------------Enfin, le Marché d'intérêt national d'Alger peut être compté parmi les grandes réalisations intéressant l'ensemble de l'Agriculture algérienne, puisqu'en fait, il symbolisera l'union du marché algérien avec l'ensemble économique européen. Les conditions de son financement ne sont pas encore définitivement arrêtées mais l'Agriculture doit y prendre une part qui lui permette d'y jouer un rôle prépondérant. Il s'agit surtout de l'effort financier qui devra être fourni dans ce domaine par la Caisse Algérienne de Crédit Agricole Mutuel.
Le Marché d'intérêt national d'Alger, comme ceux qui se constituent en France, a pour rôle de veiller à l'établissement et à la régularisation des cours à la production, et aussi, par le canal des organisations annexes, de permettre une meilleure organisation du conditionnement des produits, de leur standardisation et de leur expédition vers les lieux de consommation. Ceci a une importance beau-coup plus grande que par le passé car, pour certaines productions spécialisées telles que les agrumes et les primeurs, l'Algérie doit rechercher sans cesse de nouveaux débouchés vers les pays étrangers où les consommateurs sont nettement plus difficiles que les consommateurs français, en ce qui concerne la qualité des produits et leur présentation.

-------------L'équipement individuel fait l'objet d'une politique générale de crédit à moyen et long terme et à faible taux d'intérêt dans le cadre de ce que l'on a appelé les programmes spéciaux et généraux de productivité. -------------Le taux d'intérêt de ces prêts est de 3 % et leur durée s'échelonne sur une période allant de 5 à 30 ans, suivant la nature de l'opération.

-------------Ils intéressent tous les agriculteurs et concernent notamment l'acquisition et l'équipement des petites propriétés (selon une procédure spéciale qui permet d'aider les jeunes agriculteurs à acquérir des do­maines), l'irrigation, la mise en valeur des terres incultes, la construction, l'aménagement des bâtiments, l'équipement des exploitations, les plantations fruitières et l'amélioration de l'élevage, en bref, toutes les actions qui nécessitent un effort à long terme.

-------------Ces prêts sont dispensés par les ie crédits intéressant les deux grands secteurs de Crédit Agricole Mutuel pour l'agriculture évo] iée, per les adhérents des Caisses Régionales et la Caisse Centrale des S.A.P. pour l'agriculture traditioelielle.

-------------Ces deux établissements auront à leur disposition, compte tenu du reliquat encore disponible, un
crédit s'élevant à plus de 5 milliards.

-------------Ces organismes devront intensifier leur effort de propege auprès des agriculteurs, afin d'aider puissamment par le moyen des prêts, au développement des productions animales dans les exploitations où elles n'ont pas encore une place suffisante, ce qui, bien entendu, nécessitera de la part des agriculteurs intéressés, un effort de reconversion appelant des investissements.

-------------La réforme agraire peut être considérée comme participant à l'équipel]er)i individuel puisqu'elle tend à la création de nouvelles unités d'exploitation et à la promotion de nouveaux agriculteurs.

-------------Cette entreprise ne va pas sans difficultés.

-------------Elles ont été d'abord d'ordre législatif et réglementaire — d'ordre juridique car il s'agissait, pour la première fois en France, d'inventer une législation nouvelle tout en respectant le code de propriété, ce qui représentait un certain nombre de contradictions que l'on a réussi à résoudre.

-------------Ont été ensuite rencontrées des difficultés dans l'exécution. Difficultés techniques d'abord, parce que l'on se trouvait en présence de propriétés non cadastrées, dont les plans n'existaient pas : relevés tapagraphiques et dessins ont donc dû être faits de toutes pièces ; après quoi il fallut en assurer l'équipement et le lotissement.

-------------Enfin, cette réforme, entrée en application en 1957, rencontre tout naturellement l'hostilité de ceux dont elle contrarie la propagande et qui n''hésitent pas à recourir à l'assassinat pour la mettre en échec.

-------------Cinq milliards seront mis, en 1960, à la disposition de la Caisse d'Accession à la Propriété et à l'Ex­poitation Rurales — la C.A.P.E.R. — établissement public chargé des opérations de la réforme agraire. Cette somme permettra à la Caisse d'acquérir 40.000 hectares supplémentaires, dont 10.000 dans les perimètres irrigués et 20.000 en faveur des nouveaux villages de regroupement de population. Le rythme actuel des travaux permet de prévoir que 2.300 lots nouveaux seront effectivement attribués en 1960, et l'équipement de plus de 4.000 lots supplémentaires sera entrepris en vue d'une distribution en 1961.

TRAVAUX DE RESTAURATION DES SOLS ET DE BOISEMENT.

-------------Il est un secteur où l'intervention des fonds publics est encore plus importante : celui de la Restau­r,.tion des Sols et du boisement, dont est chargé le Service des Eaux et Forêts et de la Défense et Restauration des Sols.

-------------Il s'agit là d'une oeuvre fondamentale qui vise à la reconstitution et à la conservation du patrimoine, c'est-à-dire du bien le plus précieux qui soit pour un pays et pour ses agriculteurs surtout. Un pays où le problème de la dégradation des sols est vraiment le problème primordial.

-------------Il a été procédé, en 1959, à une nouvelle organisation des services intéressés, par une fusion plus étroite entre les cadres des Eaux et Forêts et les cadres de la Restauration des Sols qui, dans la pé­riode qui a suivi la création du service de la D.R.S. (aussitôt après la guerre) se trouvaient séparés : tous entrent maintenant dans le cadre général du Service des Eaux et Forêts.

-------------L'avantage de cette réforme est de permettre une meilleure utilisation de certains cadres forestiers. Les gardes des Eaux et Forêts, après une certaine formation complémentaire, sont maintenant affectés aux chantiers de la Restauration des Sols.

-------------La mise en place de cette nouvelle organisation sera terminée dès le début de 1960, puisqu'il ne reste plus aujourd'hui qu'un seul département où les deux services ne soient pas confondus. Il n'y aura plus désormais, par département, qu'un Conservateur des Eaux et Forêts chargé de la responsabilité des deux services.

-------------Les très importants investissements publics réalisés dans ce domaine se partageront entre les tra­vaux de défense et de restauration des sols proprement dits, les travaux de repeuplement et de reboi­sement.

-------------Défense et restauration des sols.

-------------36.500 hectares seront traités en 1960, contre 20.000 en 1959. La dépense sera de 2.260 millions au total. Il s'agit là d'une étape nouvelle en vue d'étendre le traitement des sols, par une progression an­nuelle de 20 %, à 63.000 hectares par an, objectif final du Plan de Constantine.

-------------Ce rythme de 63.000 hectares par an permettra de « remonter la pente dans ce domaine : on évalue, en effet, à 100 hectares par jour -- soit environ 30.000 hectares par an — les terres que l'érosion fait perdre, par ailleurs, chaque année.

-------------Travaux de repeuplement.

-------------7.500 hectares d'étendues consacrées à la forêt, seront traités, contre 4.600 en 1959. A l'échéance du plan, on pense atteindre un rythme annuel de 15.000 hectares.

-------------Pépinières des Eaux et Forêts.

-------------Leur production s'accroîtra en 1960 de 15 %O, c e qui permettra de mettre à la disposition de la plan­tation plus de 11 millions de plants forestiers, fruitiers ou fourragers.

-------------Exploitations en régie.

-------------Le programme de 1960 réalisera une augmentation de 15 % pour l'exploitation du bois, de 120 % pour celle du charbon de bois et, suivant les progrès de la pacification qui gagne maintenant sur les massifs forestiers, de 100 à 200 % pour celle du liège.

-------------Pour réaliser ces travaux, un crédit de 1.600 millions est mis à la disposition du Service des Forêts et de la D.R.S. pendant la période 1960-1963 en vue de l'équipement de son parc mécanique.

ZONES-PILOTES

-------------Un effort exceptionnel va être entrepris dans certaines zones    les « zones-pilotes » — où une con-centration spéciale de moyens techniques et humains a pour but d'accélérer la mise en valeur et, par cette expérience, réalisée sur le terrain, de chiffrer exactement les possibiltés de progrès et d'augmen­tation des revenus. Volontairement, ces zones ont été choisies dans des régions caractérisistiques de la complexité des problèmes à résoudre aussi bien du point de vue du sol et du climat que sur le plan économique et humain, — ce sont des zones de hauts plateaux et des zones montagneuses. On fait appel afin de compléter les moyens de l'Administration, au concours de sociétés spécialisées dans les études et les travaux de mise en valeur.

-------------C'est ainsi qu'une expérience d'irrigation locale se poursuit en ce moment en Kabylie, dans la région de Bordj-Menaïel, à partir de petits ouvrages de retenue appelés « lacs collinaires », selon une mé­thode dont s'effectue la mise au point tant en ce qui concerne la technique de construction de ces ouvrages qu'en ce qui concerne leur utilisation pour l'irrigation. Cette formule pourrait être généralisée et permettre la création d'une multitude de petites unités de cultures irriguées à l'échelon même des petite agriculteurs. Cette technique n'est pas sans précédent : l'Italie du Sud notamment, qui n'est pas sans analogie, du point de vue de sa vocation, avec :les zones montagneuses d'Algérie, la pratique d'ores et déjà de façon généralisée puisque l'on y compte plusieurs milliers de ces petits-lacs unités d'irrigation.

-------------D'autres travaux intéresseront de plus larges zones parmi lesquelles celle de Reibel-Tagnine au ,Sud de Médéa — zone de hauts-plateaux, — et celle de M'Sila dans le bassin du Hodna, où l'on expérimente les techniques d'utilisation des eaux superficielles et d'épandage de crues, auxquelles est, d'autre part, liée l'augmentation de la production fourragère en vue de l'augmentation de l'élevage.

-------------Enfin, une étude va être incessamment entreprise pour la mise en valeur de la vallée de la Soum­mam, oued capricieux, comme tous les oueds, mais qui coule de manière permanente entre des rives abso­lument désolées, dans une zone de très fort surpeuplement rural.

-------------Ces actions seront, à partir de 1960, coordonnées par la Direction de l'Agriculture, en étroit accord avec les services de l'Hydraulique. Un ingénieur en chef du Génie Rural en sera spécialement chargé auprès du Directeur de l'Agriculture.

-------------La progession de l'activité des Services techniques de l'Agriculture, grâce aux moyens supplémen­taires mis à leur disposition en 1960, va intervenir au moment même où apparaissent partout les signes d'un nouveau départ, d'une véritable reprise de l'activité agricole algérienne. Ce nouveau dé-part sera rendu possible grâce à la ténacité et au courage des agriculteurs qui, pendant plus de cinq ans, ont fait face à l'adversité, se sont accrochés au sol et ont « maintenu ».

-------------En cette fin de l'année 1959, on enregistre une augmentation très générale des surfaces ensernen­cées en vue de la campagne prochaine notamment en Haute Kabylie et, dans le Sud-Constantinois, dans la région de Batna. Il semble, dès maintenant, que l'on puisse évaluer à 15 % le supplément d'ense­mencement par rapport à l'année précédente.

-------------Par ailleurs, les investissements et acquisition de matériel de culture sont en constant accroisse-ment, en particulier dans le Constantinois, et l'on note une progression extraordinaire des demandes de matériel mécanique de la part notamment des petits agriculteurs musulmans. Dans le Sud-Contan­tinois, la progression est de plus de 30 % par rapport à l'année précédente.

-------------On peut voir dans ces données, en même temps qu'un signe de reprise due à l'amélioration de la situation, l'indice visible de l'accélération du progrès grâce aux actions techniques.

-------------En réalité, l'enjeu est considérable, parce que le Plan de développement économique ne doit pas aboutir à accentuer l'écart existant entre les zones prospères et les zones déshéritées, malgré une ten­dance économique générale bien connue selon laquelle la richesse appelle le développement et la pauvreté appelle la misère. Le programme de développement agricole doit jouer le rôle de correctif en apportant aux populations de l'intérieur l'espoir d'une élévation de leur niveau de vie, et en évi­tant autant que faire se peut qu'elles ne viennent peupler des bidonvilles, qu'aucun programme d'urbanisme ne pourrait alors parvenir à résorber.

-------------Des possibilités de développement non encore exploitées existent, pourvu que les hommes veuillent « faire du sol algérien le plus grand chantier du Plan de Constantine ».

ANNEXE

PRINCIPALES PRODUCTIONS DE L'AGRICULTURE ALGERIENNE

Surfaces cultivées : le tiers de la superficie totale (7 millions d'hectares environ sur une superficie totale de 21 millions d'hectares).

PRODUCTION VEGETALE :

Céréales :

-----Céréales d'hiver : (blé dur, blé tendre, orge, avoine)

Production moyenne annuelle aux environs de 20 millions de quintaux.

Surfaces utilisées pour les céréales d'hiver, compte tenu des jachères : 6 millions d'hectares environ.

Surfaces emblavées annuellements 3 millions d'hectares environ.

-----Céréales d'été : (riz,maïs, sorgho).

Production annuelle moyenne : 200.000 quintaux.

Riz      

70.000 quintaux environ

Maïs..  

80.000 quintaux environ

Sorgho..          

60.000 quintaux environ .

Extension des surfaces ensemencées

Légumes secs :

Production annuelle moyenne : 1.020.000 quintaux

Lentilles             70.000 quintaux (la production est fonction du marché)

Fèves             230.000 quintaux

Pois chiches .. ..          90.000 quintaux

Agrumes :
Production annuelle moyenne : 300.000 tonnes

Figues: Production annuelle : 32.000 tonnes de fruits frais. 23.000 tonnes de fruits secs.

Olives Production annuelle : 25.000 tonnes d'huile. 18.000 tonnes d'olives de conserve.

Cultures maraîchères

— Exportations : 146.000 tonnes
Pommes de terre     76.000 tonnes.
Tomates             50.000 tonnes.
Artichauts            20.000 tonnes.

Vins :

Superficie du vignoble : 400.000 hectares environ. Production moyenne annuelle : 15 millions d'hectolitres.
Revenu du vignoble : la moitié environ de l'ensemble des productions végetales.
Salaires distribués annuellement : 35 miliards de francs.
— La viticulture fournit le quart des journées de travail de l'agriculture.

Tabacs
Production annuelle : 15.000 tonnes environ.

PRODUCTION ANIMALE :

Ovins : l'essentiel de la production. 7 millions de têtes environ, dont les 9/10 à des éleveurs musulmans. — 2.000 tonnes de viande à l'exportation. — 7 à 8.000 tonnes de laine. Caprins : 4 millions de têtes de bétail appartenant quesque entièrement à des Musulmans. Bovins : 1 million de têtes de bétail (les 3/4 entre les mains des Musulmans).
Porcins : 57.000 têtes.
Equins (Chevaux, ânes, mulets) : 903.000 têtes.