Alger, Algérie : documents algériens
Série économique : hydraulique
le problème hydraulique du Chott Ech Chergui
6 pages + 1 plan - n°44 - 8 mars 1948

--------Le groupe de bassins fermés " Chergui-Gharbi-Tigri " forme, certes, un bel ensemble hydraulique. Il est encadré à l'Ouest (BERGUENT) et au Nord-Est (MASSILINE) par deux anciens bassins fermés, dont le fond était occupé par des chotts, bassins aujourd'hui ouverts, celui de l'Ouest ayant été capté par l'Ouedza (GULFAIT), affluent de la Moulouya, celui de l'Est par le Cheliff (BOUGHZOUL).
--------Mais il convient de concevoir le problème hydraulique en l'étendant à tous les chott algériens.
--------Chaque chott ou chaque groupe de chott ne doit pas être considéré comme formant une unité indépendante.

mise sur site le 1-03-2005
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--------Tout le monde est d'accord, en Algérie, sur l'importance de la recherche de l'eau pour la mise en valeur intensive du pays ; PREVOST-PARADOL n'affirmait-il pas déjà que c'était ici " la question la plus importante " ?
--------Sur l'initiative du Gouverneur Général CHATAIGNEAU, qui avait participé aux importantes études concernant l'évaporation dans les bassins fermés d'Asie Centrale, le Service de la Colonisation et de l'Hydraulique, dont l'effort avait porté d'abord sur la construction de barrages-réservoirs dans le Tell et sur l'utilisation rationnelle de l'eau ainsi emmagasinée, puis sur l'exploitation par forages des nappes artésiennes du Sahara, a inauguré, avec l'étude du problème du Chott Ech Chergui, une nouvelle série de recherches tendant à mobiliser des ressources aquifères encore peu connues et inexploitées.
--------Sans préjuger des résultats, on peut élire que cette nouvelle orientation, si elle permet d'escompter des perspectives supplémentaires de mise en valeur par l'eau, aura pour effet immédiat de poser aux chercheurs de la science pure et appliquée des problèmes inédits qui les conduiront à mettre en oeuvre des méthodes nouvelles d'investigation où devront intervenir, sous des aspects originaux, diverses branches des techniques dont la conjoncture a permis d'arriver, sur des sujets plus courants, à d'intéressantes conclusions.

LES HAUTES PLAINES ALGÉRIENNES
Éléments de Géographie physique et humaine
--------Les Hautes Plaines algériennes, comprises entre le Tell, au Nord, et l'Atlas saharien, au Sud, ont une superficie voisine de 100.000 km2, soit sensiblement une surface égale à celle du Tell (s.s.), représentant environ le 1/6è de celle de la Métropole ; cette unité géographique va du Maroc à la Tunisie, formant une large gouttière dirigée Ouest-Sud-Ouest, Est-Nord-Est ; son altitude passe de 1.000 mètres à la frontière marocaine à 40 mètres dans la zone du Hodna, pour se relever ensuite sensiblement, avec une individualité moins nette, vers la frontière tunisienne, prenant alors une direction franchement " parallélique ".
--------C'est, par excellence, le Pays de l'Alfa et du Mouton : en période normale, d'innombrables troupeaux d'ovins y suivent des itinéraires jalonnés par des points d'eau encore trop rares, laissant entre eux d'immenses pâturages, maigres certes, mais auxquels le mouton algérien a su s'adapter.
--------L'ensemble du Pays est très faiblement peuplé par des bergers indigènes nomades auxquels s'ajoutent quelques Européens qui vivent, en la dirigeant, de l'exploitation de l'alfa. Les agglomérations qui s'y trouvent disséminées sont essentiellement des marchés qui s'animent de façon incroyable une fois par semaine, pour le " souk ", puis retombent dans une sorte de désespérante torpeur. Dans la partie basse (Hodna), et plus vers vers l'Est, la culture extensive des céréales a remplacé l'alfa, entraînant les habitantsà un labeur relativement plus régulier, mais finalement aussi hypothétique, quant aux résultats, que " l'activité " des pasteurs et des alfatiers ; le climat et le manque d'eau sont les causes naturelles de cette relative pauvreté. Des tentatives récentes, particulièrement en ce qui concerne la culture de l'olivier, permettent d'espérer que, en doublant les possibilités de récoltes profitables, les Hautes Plaines pourront devenir, non pas une zone de peuplement, mais un peu mieux qu'une steppe en voie de dépeuplement.

Conditions hydrauliques actuelles
--------A une ou deux exceptions près, l'hydrographie des Hautes Plaines est tout à la-fois . spéciale et homogène, voire même monotone. Les Hautes Plaines algériennes sont formées par une série de bassins fermés, de relief peu accusé et dont les limites, dans le sens Ouest-Est, sont fort imprécises.
--------Cette unité géographique montre une remarquable homogénéité climatique. C'est un pays à faible hauteur de pluies moyennes (200 à 300 millimètres), à pluviosité très variable, résultant du caractère orageux des précipitations, fortement venté, où l'amplitude des variations diurnes de température est considérable et dont le trait dominant est probablement la sécheresse tout à fait remarquable de l'atmosphère.
--------Cependant, l'évaporation instantanée ne parvient pas à résorber l'eau si parcimonieusement répandue. Malgré la violence des pluies, le ruissellement est faible à cause, surtout, des faibles pentes du pays : mais ce ruissellement n'est pas négligeable, et il existe, dans la zone des points bas de chaque bassin, un " Chott ", vaste étendue plane et salée, où viennent se réunir, au moment des pluies intenses, pour s'y évaporer à loisir, les eaux sauvages d'un nombre incalculable de petits oueds très spéciaux n'ayant des torrents que l'importante irrégularité des débits et non le caractère essentiel d'une force érosive intense. Leurs eaux sont généralement presque claires et les débits solides sont faibles et fins.
--------Par ailleurs, si le ruissellement est faible, mais réel, l'infiltration n'est pas négligeable, puisque les exutoires naturels (sources) ou artificiels (puits) sont connus et que leur mode d'alimentation ne saurait être différent de celui des ressources aquifères des autres régions.

LE PROBLEME HYDRAULIQUE DU CHOTT ECH CHERGUI

--------Dans la famille fort homogène et vraisemblablement très " unie " des chott algériens, le chott ech Chergui occupe cependant une position singulière ; il est tout à la fois le plus grand et le plus élevé des chott des Hautes Plaines. Cette double particularité en décuple l'intérêt pratique. Le chott ech Chergui a déjà été plusieurs fois, avant les travaux récemment entrepris, l'objet de l'attention des géologues et des hydrauliciens (C.B.M. Flamand. " Recherches géologiques et géographiques sur le Haut Pays de l'Oranie et sur le. Sahara ". Thèse de Doctorat 1911. Rapport sur l'Utilisation des Eaux de l'AIN SK ROUNA du 9 janvier 1934 (Archives du Service de la. Carte géologique de l'Algérie).). A vrai dire, il semble que ce soient les sources qui le bordent au Nord, et particulièrement l'importante Aïn-Skrouna, qui les aient intéressés et le problème d'ensemble, tel qu'il se pose maintenant, n'avait jamais été évoqué, ni même pressenti.

Structure géologique
--------Il semble que, depuis très longtemps déjà (Miocène), la région du chott Chergui constitue un. bassin pratiquement fermé.
--------Les terrains rocheux plissés qui encerclent le chott existent aussi sous lui avec une topographie qui leur est propre et dont les différences de niveau ont été comblées par des apports continentaux argilosableux de faible perméabilité.
--------Les efforts tectoniques et le poids des sédiments accumulés ont accentué, au cours des dernières, périodes géologiques, la forme initiale de cuvette de la région.

Hydrologie
--------La superficie du bassin versant est d'environ 40.000 kilomètres carrés ; la hauteur d'eau moyenne sur la région est de 250 millimètres environ.
--------Une partie de cette eau s'infiltre dans le sol et, par des circulations souterraines, tend à gagner la. partie basse de la cuvette.
--------Les terrains argilo-sableux qui surmontent les calcaires créent d'autre part un obstacle à la sortiefacile des eaux du calcaire, de sorte qu'il existe sous le chott une nappe artésienne très importante.
--------On avait constaté depuis longtemps déjà l'existence d'un plan d'eau généralisé dans la région du chott et voisin de la cote 1.000
--------On a donc été amené à penser qu'il existait un exutoire à cette cote faisant office de déversoir et, permettant d'éliminer toutes les eaux s'infiltrant dans le terrain.
--------Un inventaire des eaux visibles restituées à cette cote, surtout par sources, donne pour le bassin, un total voisin de 3o millions de mètres cubes d'eau par an, soit un mètre cube par seconde.
--------Or, les précipitations sont de 10 milliards de mètres cubes et il ne semble pas illogique d'admettre que la quantité d'eau qui s'infiltre dans le sol représente au moins un milliard de mètres cubes, soit 10 % des précipitations.
--------Le bassin étant fermé, les eaux ruisselées et les eaux infiltrées ne peuvent disparaître que par évaporation ou résurgences lointaines.
--------Un ensemble d'observations a abouti à l'établissement d'une théorie qui considère que les eaux qui s'infiltrent dans les roches perméables du bassin gagnent, en circulant dans les fissures (le ces roches, la partie basse de la cuvette et remontent ensuite à travers le remplissage argilo-sableux qui la surmonte, soit par des crevasses locales donnant naissance à des sources abondantes (AIN-SKROUNA, 500 litres-seconde), soit par des circulations très lentes à travers les pores de cette couverture très peu perméable.
--------La' vitesse de cette dernière circulation pouvant être de quelques dizaines de centimètres par an amènerait à la surface du chott des quantités d'eau très importantes, de l'ordre du milliard de mètres cubes, et permettrait ainsi son évaporation.

Etudes par sondages
--------Il s'agissait avant tout de préciser que les eaux du chott se trouvaient bien dans un bassin hydrologiquement fermé ; autrement dit, il fallait éliminer l'hypothèse des résurgences lointaines.
--------Une première série de sondages réalisés dans les calcaires de la bordure Nord du chott a permis de préciser qu'au droit d'une ligne N.S. pasant par l'AIN-SKROUNA (t) il existe un seuil imperméable dont la situation a été précisée par différents sondages forés dans le flanc sud et dans le flanc nord des montagnes séparant le chott du Tell.
--------Il semble donc que de ce côté un obstacle à l'écoulement des eaux du chott existe réellement. L'étude par sondages a été poursuivie et a eu comme buts
--------1° de préciser l'épaisseur des terrains de remplissage miopliocènes ;
--------2° la nature des terrains rocheux sous-jacents, calcaires au Nord, grès au Sud ; et surtout
--------3° de vérifier l'existence d'une nappe artésienne généralisée sous le chott.
--------L'épaisseur minimum rencontrée a été de 4o mètres et un sondage en cours de forage en a traversé plus de 300 mètres déjà.
--------En ce qui concerne la nature des terrains rocheux, ils sont constitués par du calcaire extrêmement fissuré identique à celui qui affleure dans la zone Nord du chott.
--------Quant à l'étendue de la nappe et à sa généralité, la vérification en a été faite à chaque sondage, le niveau statique s'établissant toujours aux environs de la cote 1.000, soit, en gros 7 mètres au-dessous du chott.

Piezomètres
--------Il fallait enfin prouver l'existence d'une circulation d'eau à travers les argiles sableuses recouvrant les calcaires ; pour cela, on a foré à des profondeurs croissantes des piézomètres et on a constaté qu'effectivement la pression des eaux dans le terrain augmentait avec la profondeur.
--------Cette augmentation est voisine de 2,5 cm d'eau par mètre de terrain traversé.
--------On a de plus constaté que les piézomètres placés entre 0 et 10 mètres étaient influencés par les pluies ou par des inondations artificielles du chott, les sondages atteignant des profondeurs plus grandes ne l'étant pas.
--------Les différences enregistrées par les piézomètres prouvent l'existence d'une circulation de bas en haut à travers les terrains de recouvrement des calcaires.

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Débits des Calcaires
--------Des quantités d'eau importantes ont été retirées des sondages artésiens qui ont recoupé les calcaires.
--------C'est ainsi que l'on a enregistré les débits suivants au cours du forage de sondages parfois distants de plusieurs kilomètres, et ce sans influence sur le débit des sources comme l'AIN-SKROUNA
--------S. 6 ....................20 litres/seconde
--------S. 7 ....................60 litres/seconde
--------S.12....................70 litres/seconde
--------S.65....................40 litres/seconde
--------S 65 bis ............. 22 litres/seconde
--------Le programme de travaux arrêté pour 1948 comporte 10 nouveaux sondages de vérification. C'est là une vérification de la puissance de la nappe artésienne.

Recherches par Puits
--------L'ensemble des renseignements donnés par les observations, en particulier par les sondages, a conduit à reconnaître d'une manière plus directe la nature et l'importance des circulations dans le calcaire par le fonçage d'un premier puits d'étude à grande profondeur. F
--------Le puits a été implanté à 6 kilomètres environ au Nord de l'AIN-SKROUNA, sur la ligne générale N.S. des sondages précédemment exécutés.'
--------Il a été précédé d'un forage implanté à 8 mètres de l'axe de puits. Ce forage a donné les renseignements sur la nature exacte des terrains rencontrés ainsi que sur la profondeur du contact calcaire à l' emplacement du puits. Le calcaire a été atteint à 117 mètres de la surface, lés venues d'eau importantes à 142 mètres.
--------L'installation est complétée par une série de piézomètres forés à des distances et à des profondeurs variables autour du puits.
--------Aux profondeurs de 25, 50,, 75 et 10o mètres, la paroi du puits sera creusée de niches où seront installés les groupes de pompage.
--------Ces niches, prolongées en galerie, iront recouper le sondage N°12 sur lequel seront faits les piquages nécessaires à la mesure des débits.
--------L'ensemble de l'installation de recherche du puits permettra d'effectuer des pompages dans le forage au fur et à mesure du foncement du puits, puis dans les calcaires à la base du puits après achèvement de l'ouvrage.
--------On obtiendra ainsi les premières données sur les débits qu'il est possible de recueillir à partir d'un forage ou d'un puits, ainsi que sur les rabattements de la nappe consécutifs à ces débits et, partant, sur les circulations dans le terrain sous-jacent.
--------Le fonçage du puits constitue la transition entre les recherches scientifiques pures, dont le but était de préciser la nature et l'importance du phénomène du Chott, et les recherches plus pratiques dans le but de préciser la nature des travaux à effectuer pour le captage et l'utilisation des eaux souterraines du Chott.
--------Les crédits de 1947 ont permis de foncer le puits jusqu'à une trentaine de mètres. Le programme de 1948 comporte l'achèvement de ce travail de reconnaissance de première importance.

Mesures de l'Evaporation et Divers
--------Pour étudier le phénomène d'évaporation de la surface de Chott, on a établi des. tours d'observation de 15 mètres de hauteur dans la bordure Nord du Chott.
--------On y effectue régulièrement les mesures du degré hygrométrique de l'air à diverses hauteurs, la mesure de la température de l'air correspondante, 'a mesure des directions et vitesse du vent, etc...
--------On peut ainsi calculer l'enrichissement en vapeur d'eau des courants d'air circulant au-dessus du Chott et en déduire par suite les quantités évaporées.
--------En outre, des mesures directes et indirectes d'évaporation sont en cours et se poursuivront pendant toute l'année 1948.
--------Le programme de 1948 comporte, en plus de ces essais, la mise au point définitive, par construction de 4 nouvelles tours, du procédé de mesure du degré hygrométrique de l'air.

Analyses chimiques
--------De nombreuses analyses des eaux de toutes origines ont été réalisées.
--------On peut en déduire que les eaux des calcaires sont de bonne qualité, les résidus secs étant de 1,6 gramme par litre, dont : o g. 8/1 de chlorure de sodium, le degré hygrométrique de l'ordre de 70.

Installations de Skrouna et du Chott
--------L'ensemble des recherches du Chott exige la présence à SKROUNA d'ingénieurs, de personnel de cadre, d'ouvriers, ainsi que l'amenée et l'entretien d'un matériel important et l'acheminement de ravitaillement en des points extrêmement dispersés, la surface à étudier étant grande comme 7 départements français.
--------Il a fallu permettre aux gens de vivre et de travailler dans une région sévère et déshéritée, située à 8o kilomètres des villages les plus voisins, y faire fonctionner et y entretenir un matériel important.
--------Les installations du camp de SKROUNA ont été conçues dans ce but ; elles comprennent pour l'instant
--------- des bâtiments construits en dur (briques et béton) ou en baraquements améliorés (Nicssen ou Rodney recouverts de tourbe).
--------Ces bâtiments comprennent un hôtel, des logements pour personnel marié avec leur famille, des chambres ou des dortoirs pour célibataires, des réfectoires.
--------- des bâtiments sanitaires, des bureaux, des ateliers mécaniques, ateliers bois, magasins, garages, dépôts.
--------L'eau, pompée dans un sondage voisin de la source, est distribuée sous pression ; l'énergie et la lumière sont fournies par des groupes électrogènes groupés en une centrale de lao KWA ; un réseau d'égouts évacue les eaux usées.
--------Les installations, suffisantes pour un effectif de 8o personnes existant au début de 1947, deviennent très exiguës pour l'effectif actuel, qui dépasse largement 200 personnes.
--------La présence des familles nécessite la construction d'une école, ainsi que de nouveaux services communs : en particulier poste, téléphone et médecin, ces derniers d'un intérêt incontestable, le Chott pouvant pendant plusieurs jours rester isolé (neige ou pluie coupant la piste) ; mais ces nouvelles constructions, malgré leur intérêt, ne pourront pas être entreprises en 1948 par suite du manque de crédits.
--------Enfin, les liaisons avec les centres habités les plus proches, SAIDA, MARTIMPREY, AINKERMESS, KRALFALLAH, ainsi que les liaisons entre les sondages ou les centres de travaux dispersés sur l'étendue désolée des Hauts Plateaux, ont nécessité la construction, l'amélioration et l'entretien de plusieurs centaines de kilomètres de pistes praticables aux véhicules automobiles.

Bilan des travaux
--------Partant d'une idée toute théorique résultant de l'examen d'un bilan hydrologique de la région du Chott Chergui et d'un ensemble de constatations géologiques et physiques, on a entrepris des travaux importants de sondages, de fonçages de puits, de pompages, de mesures d'évaporation, d'établissement d'accès et de construction de centres d'études.
--------Les résultats obtenus jusqu'à ce jour confirment l'idée générale de l'existence d'une richesse aquifère importante exploitable à la cadence de l'ordre du milliard de mètres cubes d'eau par an.

--------Cette réserve aquifère de 1 milliard de mètres cubes présente ce double intérêt
---------être d'une excellente qualité pour l'irrigation de 200.000 hectares, c'est-à-dire permettre de quadrupler les zones irrigables du département d'Oran.
--------- être située à la cote 1.000 et pouvoir être " chutée " jusqu'à la cote 150 environ et, par suite, être capable de produire plus d'un milliard de kilowatts-heure, c'est-à-dire fournir une production analogue à celle du barrage de GENISSIAT.
--------Ajoutons même que jusqu'à présent rien n'a infirmé les dires des Techniciens qui sont à l'origine de cette étude.
--------Au contraire, les possibilités aquifères de la région se confirment de jour en jour et on peut espérer que les travaux en cours, s'ils sont poursuivis à bonne cadence, permettront de présenter prochainement un avant-projet (le captage et d'exploitation d'eau (irrigation et production d'énergie électrique) susceptible de transformer, en une génération, de vastes régions et d'améliorer considérablement les conditions de vie des populations locales.

GENERALISATION DU PROBLÈME DES CHOTTS
--------Le groupe de bassins fermés " Chergui-Gharbi-Tigri " forme, certes, un bel ensemble hydraulique. Il est encadré à l'Ouest (BERGUENT) et au Nord-Est (MASSILINE) par deux anciens bassins fermés, dont le fond était occupé par des chotts, bassins aujourd'hui ouverts, celui de l'Ouest ayant été capté par l'Ouedza (GULFAIT), affluent de la Moulouya, celui de l'Est par le Cheliff (BOUGHZOUL).
--------Mais il convient de concevoir le problème hydraulique en l'étendant à tous les chott algériens.
--------Chaque chott ou chaque groupe de chott ne doit pas être considéré comme formant une unité indépendante. Au point où en sont rendues les investigations actuelles, on peut dire qu'à une exception près, peut-être (cas des Zahrez Gharbi et Chergui qui sont engagéq dans un synclinal paraissant se fermer complétement vers l'est, vers Hodna. Présomption, mais non certitude, pour admettre que la communication dans ce sens ne peut se faire. En tout cas, elle reste possible par le haut bassin souterrain du Cheliff au nord.), il semble bien qu'une liaison hydraulique souterraine existe à partir du chott le plus haut (ech Chergui) jusqu'au chott le plus bas (Melrhir), l'écoulement pouvant d'ailleurs continuer au delà, vers l'Est (Sud tunisien et Tripolitaine) et vers le Sud (Oued Rhir, Souf, Touggourt, Ouargla). L'extraordinaire richesse des nappes de ces pays, sans rapport semble-t-il avec les hauteurs de pluies dont ils jouissent, s'expliquerait-elle de la sorte ? Serait-il possible qu'une fraction (le l'eau tombée et infiltrée sur les confins algéro-niarocains puisse, de proche en proche, de bassin en bassin, de pays en pays, atteindre les confins opposés de l'Afrique mineure française ?
--------Et, dans ce cas, sera-t-il possible, ainsi que les travaux entrepris au chott ech Chergui semblent le laisser espérer, (le trouver dans cette série des chott algériens un élément de solution au problème démographique de ce pays ?