Alger, Algérie : documents algériens
Série économique : agriculture
le maïs et sa culture en Algérie
6 pages - n°75 - 15 novembre 1950

On ne connaît rien de précis sur l'origine de la culture du Maïs en Algérie. Il semble que cette culture y aurait été introduite d'Espagne (par les Arabes et les Maures) et non d'Asie (avant la période colombienne) comme pourraient le laisser supposer certaines hypothèses relatives à une culture antérieure de cette céréale en Turquie, car la dispersion du Maïs en Afrique du Nord aurait dû suivre bien longtemps avant sa connaissance historique européenne les invasions arabes.
mise sur site le 31 - 03- 2005
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----------SSi le Mais était connu des indigènes avant 1830, il ne semble pas cependant que sa culture ait été très développée en Algérie avant l'implantation de la colonisation. Rozet ( H. ROZET. - Voyage dans la Régence d'Alger. - Paris. 1833.) Indique que dans les territoires du Nord on en trouvait " quelques pieds dans les champs de pommes de terre, dans les vignes, etc..., le long des allées des jardins potagers, les Maures et les Arabes plantant le Maïs de l'Inde dont ils cueillent la penouille verte pour mettre dans les ragoûts qu'ils font ". J. Duval ( J. DUVAL. - Production et commerce des céréales en Algérie. Annales de la Colonisation algérienne. Alger, 1856. ) confirme cette antériorité de la culture du Maïs en signalant qu'en 1854, cette céréale était cultivée en dehors de la Kabylie et du Tell, dans les oasis sahariennes (et même jusqu'au Soudan) où la pénétration française n'avait pas encore eu lieu. D'après A. Chevalier ( A. CHEVALIER. - Les productions végétales du Sahara. - R.B.A.A.T. - Paris, 1932.), la culture du Maïs serait assez ancienne en Afrique du Nord, au Sahara et au Soudan et remonterait au 16è siècle.
----------SOn ne connaît rien de précis sur l'origine de la culture du Maïs en Algérie. Il semble que cette culture y aurait été introduite d'Espagne (par les Arabes et les Maures) et non d'Asie (avant la période colombienne) comme pourraient le laisser supposer certaines hypothèses relatives à une culture antérieure de cette céréale en Turquie, car la dispersion du Maïs en Afrique du Nord aurait dû suivre bien longtemps avant sa connaissance historique européenne les invasions arabes.
----------SLa culture du Maïs peut être envisagée en Algérie à quatre points de vue : pour la production de grains secs utilisés pour la consommation humaine et animale, pour la production de grains vert consommés comme légume d'été, pour l'obtention de fourrage utilisable directement en vert ou après ensilage et enfin pour la production d'alcool.

LA CULTURE DU MAÏS-GRAIN.

Importance passée et présente, avenir de la culture du Maïs en Algérie.

----------SEn 1854 ( Statistique Générale et Annuaire de la Statistique de l'Algérie.), on notait en Algérie 5.076 ha de Maïs (Alger 3.561 - Oran 1.014 - Constantine 500) correspondant à une production de 81.617 hl. Au cours des années suivantes, les plantations s'étendirent assez rapidement pour atteindre en 1878 : 33.075 ha correspondant à une récolte de 70.265 q. Par la suite. on enregistre une régression assez rapide de la culture qui tombe à 13.109 ha (124.807 q) en 1886. Depuis cette date on assiste à un abandon progressif du maïs par l'agriculture algérienne ( Statistique Générale et Annuaire de la Statistique de l'Algérie).
----------SAu cours de la période 1894-1916, la culture du Mais se maintient entre 11.000 ha (1907) et 16.000 ha (1895) correspondant à une production variant de 76.000 q (1897) à 242.000 q (1913).
----------SDe 1916 à 1933, la culture du Maïs oscille autour de 10.000 ha (8.000 ha en 1922 - 11.000 ha en 1926) pour tomber au cours des années suivantes de 7.685 ha en 1934 à parfois moins de 4.000 ha en 1946). (Voir tableau 1.)

Tableau 1
 
Importance de la culture du Mais en Algérie -
1939-1948
 
Année,
Hectares
Quintaux
Moyenne
Européenne
indigène
Différence
       
Quintaux,/Hectares
 
1939
5.338
43.387
8.1
12.4
6.8
+5.6
1940
5.151
40.549
7.9
11.1
7.0
+4.1
1941
6.096
46.067
7.5
7.9
7.6
+ 0.3
1942
4.679
28.674
6.1
6.2
6.o
+ 0.2
1943
4.267
24.787
5.8
6.4
5.6
+ 0.8
1944
5.406
25.219
4.6
5.1
4.3
+ o.8
1945
5.237
17.297
3.3
2.7
3.6
- 0,9
1946
3.720
26.491
7.1
5.5
8.o
- 2.5
1947
4.717
31.989
6.7
5.8
7.1
- 1.3
1948
6.124
62.680
10.3
9.4
10.5
- 1.1
Renseignements statistiques agricoles (Direction de l'Agriculture)

Le mais est, depuis longtemps, surtout cultivé dans les départements d'Oran et de Constantine, le département d'Alger venant loin derrière ses voisins et les Territoires du Sud ne lui consacrant que dessuperficies réduites. (Voir tableau 2)

TABLEAU N" 2
 
Répartition territoriale des cultures de Maïs en Algérie (ha)
 
 
1916
1939
'948
Alger
1.340
607
250
Oran
1.342
1.598
2.173
Constantine
5.845
3.026
3535
Territoires du sud
1.127
107
166
 
12.654
5.338
6.124

----------SLes principaux centres de production se situent actuellement pour les départements
----------Sd'Alger, dans les arrondissements de Blida (Mititlja) et d'Orléansville ( Moyen-Chéliff)
----------Sd'Oran, dans les arrondissements d'Oran, de Tlemcen et de Mascara
----------Sde Constantine. dans les arrondissements de Guelma, de Bougie, de Batna et de Bône.
----------SLa culture du Maïs est, depuis le début, une culture surtout indigène, dans une proportion variant suivant les années des 2/3 au 3/4 (voir tableau 3) ce qui explique en partie la faiblesse des rendements enregistrés par la Statistique Agricole. ----------SA ce sujet il est curieux de constater qu'au cours des 20 dernières années (1928-1948) un changement assez sérieux s'est produit dans les rendements : alors que jusqu'en 1940 les rendements en culture européenne dépassaient de 2 à 5 quintaux ceux de la culture indigène, depuis 1941 on assiste à un renversement, les rendements indigènes dépassant de 1 à 2 q ceux des européens. Nous reviendrons plus loin sur ce fait, absolument curieux dans un pays où d'une façon générale la culture européenne est toujours plus productrice que la culture indigène.

TABLEAU N° 3
Culture comparée européenne et indigène (ha)
Culture
1916
1939
1948
Européenne
4,390
1.182
1.787
Indigène
8.264
4.156
4.337
Total
12.654
5.338
6.124

----------SComme pour les autres céréales, les récoltes de Maïs sont influencées par la pluviométrie annuelle (une partie assez importante des cultures étant poursuivie en terrains frais, sans le secours de l'irrigation) ainsi que le montrent les tonnages comparatifs (voir tableau 1) des années humides (1939, 1948) et sèches (1945)

AVENIR DE LA CULTURE DU MAIS EN ALGÉRIE.

----------SQuelles peuvent être les raisons d'une telle désaffection de l'agriculture algérienne vis-à-vis de la culture d'une plante bien adaptée à nombre de régions de ce pays et par ailleurs très cultivée au Maroc (plus de 400.000 ha) ? désaffection qui depuis 5o ans a réduit l'importance des plantations de plus de moitié (M. DELOYE. - Note sur la culture du mate grain. -Constantine, 1941.), par suite, principalement, de l'abandon du maïs par la culture européenne, la régression étant moins marquée en milieu musulman.

TABLEAU n°4
Marche de la régression de !a culture européenne du Maïs
Année.
Hectares
Années
Hectares
1894
5.036
1929
2.809
1906
6.857
1939
1.182
1916
4.909
1 948
1-787

----------SCes raisons sont de deux sortes : culturales et économiques.
----------SLe Maïs est en Algérie réputé plante très épuisante, dont la culture estivale réclame des soins, du temps et beaucoup de main-d'œuvre. Par ailleurs quelques insuccès culturaux, imputables généralement à l'emploi de semences de mauvaise qualité ont été enregistrés périodiquement. Enfin, en culture sèche les rendements sont faibles et aléatoires, les grosses récoltes n'étant assurées qu'en terres riches, bien fumées et irrigables, ou d'autres spéculations sont souvent plus rentables.
----------SLes cours peu intéressants du Mais au cours de la période d'entre deux guerres 1918-1939, ont été de plus, à la base de la désaffection de la culture européenne qui s'est de plus en plus désintéressée d'une culture non ou mal payante et n'a réservé à cette céréale que des superficies sans cesse restreintes, correspondant aux besoins les plus réduits du cheptel pour le rationnement duquel le Maïs est principalement utilisé, c'est-à-dire les porcs. Il est à noter également que les variations de grandes amplitudes qui caractérisent en Algérie l'économie de la production porcine, n'ont pas été sans influer également sur l'importance annuelle ou périodique de la culture dit Maïs. Bien souvent, il s'est avéré avantageux pour les éleveurs européens d'acheter du Maïs exotique plutôt que de produire les rations de façon autarcique. La protection accordée aux céréales par l'O.N.I.C. et sa filiale la S.A.O.N.LC. n'a pu enrayer la régression amorcée. En milieu musulman, le Maïs sert principalementà l'alimentation humaine, les Arabes ne se livrant pas à l'élevage porcin ; les besoins restent restreints d'autant qu'en certains endroits : Grande Kabylie par exemple, le sorgho-grain - bechna - est également utilisé et que d'une façon générale on note une tendance très nette chez les Musulmans à substituer dans leur alimentation le blé (dur ou tendre) à ces deux céréales.
----------SOn ne peut par ailleurs qu'être surpris de voir le peu de place occupée par le Maïs dans les périmètres irrigables algériens où sa culture aurait dû, logiquement s'implanter et se développer. (Voir tableau 5.)

TABLEAU N' 5
Importance de la culture du Maïs dans les grands périmètres irrigables
Arrondissements
1948
1949
Régions
 
ha
q/ha
ha
q/ha
 
Miliana
23
4.6
26
7.0
Haut-Chéliff.
Orléansville
33
1o.6
166
6.5
Moyen-Chéliff.
Mostaganem
75
10.4
161
 
Relizane - 1nkerman.
Oran
915
11.0
452
12.0
Perrégaux - Sig.
----------SLe Maïs pourrait, en effet, trouver dans les zones des grands barrages une place importante qu'il est permis d'évaluer annuellement (en jonction de l'assolement quadriennal type des terres irrigables et des superficie réservées aux cultures pérennes ou arbustives) à 5-10.000 ha, ce qui sur l'ensemble du pays, ajouté aux 10.000 ha d'ancienne possibilité, permettrait la couverture facile des besoins de l'Algérie évalués, en moyenne, à 70-80.000 q , et laisserait mérite un léger excédent exportable qui trouverait un débouché facile sur la France, régulièrement importatrice, avant-guerre. de 7000.000 à 7.500.000 q de mais étranger.
TABLEAU N° 6
Importation, exportation et besoins de l'Algérie en maïs (q)
années
importations
exportations
I.-E
Q récoltés
Besoins apparents
1929
13.200
4.500
+ 8.700
68.600
77.300
1930
34.900
1.700
33.200
74.200
107.400
1931
28.200
5.800
22.400
60.300
82.700
1932
68.400
3.200
65.200
55.200
120.400
1933
28.700
10.500
18.200
57.800
76.000
1934
53.500
24.800
28.700
71.600
100.300
1935
42.600
26.500
16.100
40.100
56.200
1936
60.900
48.300
12.600
34.700
47.300
1937
23.100
3.800
19.300
35.500
54.800
1938
46.800
3.800
43.000
42.800
85.800

VARIETES CULTIVÉES

----------SLes mais rencontrés en culture en Algérie peuvent être classés en trois grandes catégories, suivant l'origine de semences .
----------SLes Maïs indigènes ;
----------SLes Mais européens
----------SLes Maïs exotiques.
----------SComme au Maroc, 0n retrouve encore en Algérie, mais toutefois avec Moins de diversité que dans le Protectorat voisin (les fellahs s'étant mis, en de nombreux endroits, à la culture des variétés européennes), les vieilles variétés locales (désignées sous les appellations génériques de Mastoura, Ktania, Oum Khfara, Adaoua, Tourguia et quelquefois Drâ, etc...) caratérisées par leur taille assez basse et leurs épis courts à nombre réduit de rangées de graines et se différenciant les unes des autres par la coloration de leurs grains (jaunes, blancs et plus rarement rouge-bruns).
----------SLES MAIS D'INTRODUCTION EUROPÉENNEsont surtout représentés par des variétés françaises et espagnoles introduites au fur et à mesure du développement et de la nature de la colonisation. Parmi celles qui sont la plus fréquemment rencontrées, il faut signaler ( L. DUCELLIER. - Espèces et variétés de céréales cultivées en Algérie. - Céréales d'Algérie. - Alger 1930.).
----------SMais quarantain, mais précoce, atteignant 1m 50 de hauteur, portant 2-3 épis à grains jaune, un blancs, serrés et lourds, très estimé en Oranie où il est surtout rencontré.
----------SMaïs jaune gros, plus tardif que le précédent, pouvant atteindre 1 m5o à 2 mètres de haut, à épis peu nombreux ( 1-2 seulement), à grain surmoyen, jaune brillant, moins répandu que le quarantain..
----------SMaïs rouge ,gros. qui ne se différencie du jaune gros que par la couleur de son grain et sa taille un peu plus élevée (2 m à 2 m 50), rencontré presque toujours en mélange plus ou moins dans les cultures.
----------SMais blanc des Landes, à tige assez haute (1m50 à 2 m ) mincemais forte, portant deux épis coniques assez courts, à grains blancs ou légèrement jaunâtres, peu répandu. A ce type de Maïs peut être rapportée une variété à grains globuleux corné,à épi court, demi-précoce. qui est cultivé dans la région de Souk-Ahras où elle est très estimée pour sa productivité en culture sèche.
----------SMais Caragua ou dent de cheval, blanc, à tiges très développées (2 m et plus), assez fructifère et à grains blancs, spécialement rencontré dans les zones irriguées où il est souvent cultivé à deux fins (grains-fourrage).
----------SMais à poulet, observé ça et là dans les plantations algériennes mais plus rarement que les variétés précédentes.
----------SMaïs perle, etc...
----------SDans quelques plantations d'Oranie (Relizane, Perrégaux), on rencontre également deux autres variétés à grains jaunes ou blancs ( Cinquantino, etc...) introduites d'Espagne et qui sont localement appréciées pour leur précocité, leur productivité et la qualité de leurs grains.
----------SEn culture, toutes ces variété, sont plus ou moins mélangées ou métissées, la pratique locale réservant gcttëralenlenI les variétés précoces à la culture sèche, les variétés plus tardives (généralement plus productives,) était cultivées à l'irrigation.
----------SLes Mais exotiques ne font pas l'objet jusqu'ici de plantations suivies dans la colonie, sauf au cours des années de guerre ou de grosses importations.

RENDEMENTS.

----------SLes rendements algériens en Mais sont très variables suivant les années, la culture et les lieux. La Statistique Agricole (voir tableau 1) indique des rendements très faibles, aussi bien en culture européenne qu'en culture indigène, en culture à sec ou irriguée. Cette faiblesse des rendement, traduit le peu de soins accordés à la culture du Maïs en Algérie.
----------SCependant, en grande culture européenne soignée on enregistre des rendements courants plus importants variant en culture irriguée de 12 à 15 et 20 q/ha et pouvant même s'élever jusqu'à 20-25 q/ha. En culture sèche, le rendement est toujours très faible, et tombe souvent à 3-5 q/ha
----------SEn petite culture et dans les zones de maraîchage, après légumes ou en culture intercalaire,, sur terrain; " gras ", bien fumés et bien travaillés, on signale des rendements de 30-4o q/ha.

LE MAIS-LEGUME.

----------SAux États -unis, on cultive sous le nom de " garden-corn" ou de " sugar-corn" des variétés de Mais utilisées assez couramment pour la consommation humaine sous forme soit d'épis ou de grains grillés, soit de grains verts.
----------SCette production pourrait présenter quelque intérêt pour l'Algérie, surtout en ce qui concerne l'utilisation en vert, car elle permettrait, si toutefois le goût du consommateur musulman ou européen y était préparé, la mise sur le marché en été et à un moment où il n'y a plus de légumes verts de consommation courante (en dehors des courgettes, des aubergines et des poivrons qui n'ont qu'une valeur alimentaire réduite et qui ne sont pas par ailleurs des aliments de goût raffiné) de succédanés acceptables des pois et haricots.
----------SL'expérimentation poursuivie à la Station Centrale sur le Mais-légume. depuis1945 a porté sur une dizaine de variétés de sugar-corn et de pop-.corn introduites des U.S.A.
----------SLes plus intéressantes sont signalées dans le tableau ci-dessous

page et tableaux
----------SCet état de choses est absolument paradoxal dans un pays où on enregistre des famines périodiques et où la pénurie des fourrages d'été se fait cruellement sentir. Les causes d'une situation aussi regrettable doivent être recherchées dans le préjugé défavorable, déjà signalé en ce qui concerne le Mais grain, de plante épuisante attribué à cette céréale, dans l'ignorance des colons au sujet de la valeur du Maïs-fourrage et de la pratique de l'ensilage ainsi dans l'état encore trop arriéré de l'élevage local.
----------SPourtant dans de nombreuses régions : périmètres irrigables des plaines littorales et sub-littorales, périmètres de petite hydraulique des hautes plaines, etc... le Maïs-fourrage pourrait être cultivé avec profit et rendrait les plus grands services aux éleveurs .

LE MAIS INDUSTRIEL.

----------SIl ne peut tout au moins pour l'instant en raison d'une part de la faiblesse de la production locale et d'autre part de l'absence en Algérie d'industries spécialisées, être question d'envisager la culture du mais en vue à partir :
----------Sde son grain. de la fabrication de farine. d'amidon, de glucose on d'alcool de bouche
----------Sdes tige: sèches, de la production de pâte à papier.
----------SÀ diverses reprises et tout dernièrement, au cours de la guerre 1939-1845, on a repris l'idée, souvent avancée (le la production et de l'utilisation du Maïs sucré pour la fabrication de l'alcool-industriel, principalement d'alcool-carburant. Là encore, il ne parait pas y avoir un grand avenir pour la maïsiculture, l'agriculture et l'industrie algériennes ayant dans le sorgho sucrier une plante particulièrement bien adaptée à leurs conditions et pouvant donner, en plus (les cannes, une récolte non négligeable de grains, dont le tonnage peut à lui seul compenser (parfois même, largement) les frais culturaux (alors que dans le cas du mais, les tiges récoltées avant la formation du grain, constituent, seules l'élément de rentabilité de la culture.

CONCLUSIONS GENERALES. DIRECTIVES D'AMELJORATION CULTURALE.

----------SBien que la culture du Mais-grain ne paraisse pas devoir prendre en Algérie. dans la conjoncture actuelle, une place prépondérante parmi les spéculations agricoles existantes malgré les ressources qu'offre à ce sujet la mise en valeur des périmètres de grande et (le petite hydraulique, créés ou en voie (le création, il semble cependant que cette céréale pourrait être plus cultivée qu'elle ne l'est, dans la limite minimum correspondant à la couverture des besoins locaux; en grains (estimés en moyenne à 85.000 q et couverts pour 3o.ooo q environ par l'excédent des importations sur les exportations) et peut-être à une légère exportation.
----------SToutefois, étant donné le bas pris du Mais-grain, sa culture ne retiendra l'attention des agriculteurs algériens (en dehors de la production autarcique de la ration du cheptel, des porcs en particulier. qu'il a même été parfois dans le passé préférable d'acheter au dehors des exploitations), surtout ceux des périmètres irrigables (où le loyer du sol est élevé et où existe la concurrence de cultures plus rémunératrices) que si on arrive à augmenter de la façon sensible le rendement des plantations et à diminuerles frais culturaux et les prix de revient.

TABLEAU N°10
Prix, en F, comparés du Blé, de l'Orge et du Mais en Algérie (q)
 
1913
1930
1938
1949
Blé tendre
28,60
167
202
2.500
Orge
17,80
62
125
1522,50
Mais
20
91
250/367
1900 (cours libre)

----------SOn peut estimer à 25-30 q/ha le rendement minimum actuellement acceptable pour que la culture glu Maïs-grain non seulement s'implante ou se maintienne, mais se développe sur les superficies souhaitables.
----------SL'état présent de la culture algérienne est loin de permettre ces résultats.
----------SPour y arriver, les directives suivantes d'améliorations culturales (P. LAUMONT et H. LABY. - Le maïs et sa culture en Algérie. - Doc. et Rens. agricoles, Bulletin n" 155. Alger, 1950.) doivent être envisagées et
appliquées :
----------S1) Concentration de la culture dans les zones irrigables.
----------S2) Meilleure préparation initiale du sol.
----------S3) Emploi de fortes fumures équilibrées.
----------S4) Culture de variétés améliorées ou d'hybrides F1
----------S5)Exécution mécanique des façons d'entretien et des récoltes (avec réduction d'emploi de la main-d'œuvre).
----------S6) Conservation soignée des grains.

----------SMais, et peut-être plusque pour le Mais-grain, c'est vers la production du Mais-fourrage que l'agriculture algérienne devra se tourner dans l'avenir, principalement dans les périmètres de grande et petite hydraulique, par suite de la parfaite adaptation de cette plante aux conditions locales et de ses possibilités de hauts rendements.
----------SLa culture du Maïs-fourrage, combinée avec celle de la luzerne, du trèfle d'Alexandrie, de la betterave, des sorghos, doit être recommandée et vulgarisée dans les fermes et les régions d'élevage partout où l'irrigation est possible.
----------SAucune difficulté spéciale n'est à redouter et aux directives générales d'amélioration culturale indiquées pour le Maïs-grain, il suffit d'ajouter celles relatives à la vulgarisation des bonnes techniques l'ensilage.

Par P. LAUMONT,
Professeur d'Agriculture à l'Ecole Nationale d'Agriculture d'Alger
avec la collaboration de
H. LABY,
Chef de section à la Station Centrale d'Essais de Semences et d'Amélioration des Plantes de Maison-Carrée (Alger).