Alger, Algérie : documents algériens
Série économique : hydraulique
Hydraulique
3 pages - n°78 - 12 mai 1951

A qui peut suivre l'étonnante et rapide transformation de terres sèches en terres irriguées, de marais en vergers opulents, les chantiers d'adduction d'eau entrepris tant pour l'alimentation en eau potable de grandes agglomérations (régions algéroise et oranaise) que pour le douar le plus éloigné, les travaux d'endiguement effectués pour préserver villes et campagnes contre les crues des oueds, il n'est pas besoin de démontrer le puissant intérêt de l'oeuvre hydraulique sur le plan économique et sur le plan social.

mise sur site le 9-04-2005
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L'ALGÉRIE EN 1830.
----------L'oeuvre accomplie en Algérie en matière d'hydraulique ne peut être appréciée dans toute son ampleur qu'en considération de la situation du pays en 1830 au moment où les premiers Français débarquaientà Sidi-Ferruch : un Tell marécageux infesté par la malaria ne permettant que quelques maigres récoltes, des Hauts-Plateaux nus et arides parcourus par des tribus nomades tirant quelques ressources d'un élevage ovin pratiqué dans des conditions pénibles et incertaines,
----------Cette situation résultait, en l'absence de toute oeuvre humaine, des conditions géographiques du pays

GEOGRAPHIE DE L'ALGERIE.

----------Un pays eu relief jeune accusé par l'abondance des plaines suspendues, des bassins fermés, ainsi que par la forme très peu évoluée des thalwegs, le peu de dureté de roches géologiquement récentes. la présence fréquente de sel et l'instabilité de la couverture végétale due aux défrichements et déboisements inconsidérés.
----------Des précipitations atmosphériques mal réparties dans le temps et dans l'espace.
----------Cette irrégularité au cours des saisons et aussi au cours des années est reflétée par l'aspect des oueds parfois soumis à de violentes crues, la plupart du temps à sec.
----------Les hauteurs de pluies sont par ailleurs très différentes. Elles atteignent péniblement 400 m/mm en Oranie, voisinent 800 mm dans l'Algérois et dépassent un mètre dans le Constantinois.

L'OEUVRE HYDRAULIQUE EN ALGERiE.
----------Des considérations qui précèdent on peut dire de l'eau en Algérie qu'elle est la meilleure et la pire des choses.
----------La pire des choses, par l'action néfaste qu'elle mène en montagne (érosion des pentes) et dans les plaines (exhaussement des champs d'épandage sur lesquels les oueds changent leurs cours) en provoquant l'inondation et le marais.
----------La meilleure, lorsque, domestiquée et retenue en grande quantité, elle transforme de vastes étendues de terres incultes en opulents vergers.
----------Ces données sont à la base des diverses activités de l'équipement hydraulique de l'Algérie.

LUTTE CONTRE LES EAUX NUISIBLES.
----------Concurremment avec le Service de la Défense et de la Restauration des Sols, les techniciens du Service Hydraulique s'emploient à la protection des pentes (reboisements, banquettes horizontales, petits barrages).
----------Dans la plaine la tâche consiste à régulariser les oueds, à assainir les marécages, à drainer les zones de cultures. Les réalisations les plus marquantes et les plus récentes sont l'assainissement de la plaine de Bône où 15.000 hectares de bonnes terres ont été rendues à la culture, l'assainissement des marais de Vauban, de ceux de Littré, les travaux de défense dans la région du Chéliff et de ses affluents, la protection des villes de Batna et de Béni-Saf contre les inondations.

GRANDES RÉGULARISATIONS ET PÉRIMÈTRES D'IRRIGATION.

----------Barrages-réservoirs.

----------Etant donné l'irrégularité des débits des rivières, il était normal de songer à régulariser ces dernières au moyen de barrages-réservoirs. De. premières tentatives courageuses avaient été faites dans le passé. Mais les techniques n'étaient pas encore au point et les moyens de travail étaient insuffisants si bien qu'il ne reste que peu de choses de ce premier effort.
----------Le programme dit de 1920 a constitué une ceuvre remarquable, encore qu'il ait été entrepris sans études préalables suffisantes, ce qui a amené des pertes de temps et des pertes d'argent. Les barrages de Béni-Bahdel, de Bou-Hanifia, de Bakhadda, de l'Oued-Fodda, du Ghrib, du Ksob, des Zardézas et de Foutu-el-Gueiss constituent un ensemble remarquable, qui a augmenté considérablement le potentiel économique de l'Algérie grâce à la législation spéciale sur l'exploitation en vue de l'irrigation (décret-loi du 30 octobre 1935).
----------Ces différents ouvrages emmagasinent au total un cube voisin de 750 millions de m3, régularisent un débit annuel de 500 millions de m3 et permettent l'irrigation de 140.000 hectares de bonnes terres.
----------Dès la fin de la dernière guerre, l'Algérie s'est engagée courageusement dans un programme nouveau, qui a malheureusement dû être fortement freiné dès qu'ont apparu les premières difficultés budgétaires. Le barrage de Foum-el-Gherza, près de Biskra, destiné surtout à rénover des palmeraies dépérissantes, est pratiquement achevé, et l'on poursuit la construction de celui du Sarno, affluent de la Mékerra destiné à sauver et à améliorer les irrigations de St-Denis-du-Sig, très mal assurées par le vieil ouvrage des Cheurfas, presque complètement envasé.
----------Périmètres d'irrigation.

----------Les principaux périmètres d'irrigation desservis par les barrages-réservoirs précités sont celui du Hamiz, de l'Oued-Fodda, du Haut-Chéliff (département d'Alger), de la Mina, de l'Habra et du Sig; (département d'Oran). Leur superficie équipée pour l'irrigation atteint 70.000 hectares.
Les principes qui ont présidé à ces aménagements de périmètres sont basés sur la rareté de l'eau et le coût élevé de sa régularisation, par suite sur l'interdiction de tout gaspillage.

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----------C'est ce qui donne aux réseaux modernes algériens le caractère de perfection qui sert souvent d'exemple aux étrangers.

LA PETITE ET LA MOYENNE HYDRAULIQUE.

----------Les travaux désignés sous cette appellation pour être moins spectaculaires que ceux de la, grande hydraulique sont d'une importance vitale pour le fellah ou le colon algérien dont les terres, qui n'ont pas le privilège d'être dominées par une importante réserve d'eau représentent 96 pour cent de la superficie classée productive, soit environ 24 millions d'hectares. Ce chiffre fait apparaître l'énorme tâche à accomplir dans ce domaine.
----------Ils consistent en l'aménagement de captages de sources, de petits barrages d'épandage de crues, de barrage d'inféroflux, en la mobilisation par de petits ouvrages localisés de ressources en eau souterraine : puits à la nappe phréatique, mise en production de nappes captives, soit par pompage, soit par, Jaillissement.
----------Sur le plan économique ces travaux présentent un intérêt tout particulier pour la culture des céréales en pays aride. pour l'aménagement du pâturage ovin dans les Hauts-Plateaux et pour la production dattière dans les zones sahariennes.
----------Les réalisations les plus spectaculaires dans ce domaine sont : le barrage d'inféro-flux de Tadjemout (400 1/s), le. grand barrage d'épandage d'El-Fatah près de Laghouat. les grands forages artésiens de Zelfana et de Guerrara, les puits de pompage du Mzab, les centaines de milliers d'hectares accessibles à la pâture grâce à un bon réseau de points d'eau sûrs et sains.

----------L'alimentation en eau potable - Réseaux d'égouts.

----------L'importance toute particulière de cette question apparaît au regard des besoins à satisfaire.(Note du site: on ne peut mieux dire quand il s'agit d'égouts )
----------L'Algérie a un très gros retard en cette matière, qu'elle oeuvre à rattraper rapidement. S'il s'agit de travaux importants intéressant notamment les grandes cités (Alger, Oran. Constantine) ou un ensemble de petites collectivités dépourvues de moyens techniques et financiers, l'Algérie les prend à sa charge quitte à passer des conventions de livraisons d'eau en tète des distributions, de telle sorte que l'effort financier demandé au contribuable reste normal. Dans la plupart des cas ces travaux demeurent sur le plan communal ; ils bénéficient néanmoins d'une aide financière substantielle de l'Algérie.
----------Des mesures analogues sont appliquées pour la construction de réseaux d'égouts.

L'AVENIR LES ÉTUDES ET LES RECHERCHES.


----------L'impératif constitué par la question démographique en Algérie incite à rechercher des solutions nouvelles. De vastes problèmes sont posés dont la solution conditionnera l'avenir.
----------On peut citer tout particulièrement :
----------celui des ressources souterraines des hautes plaines oranaises (Chott ech Chergui),
----------celui de la nappe albienne, fondamental pour une vaste partie du Sahara :
----------celui des nappes du mio-pliocène de l'oued R'Hir que l'on soupçonne être en relation avec le précédent ;
----------celui des ressources des massifs calcaires (aptien) du Constantinois
----------celui du Hodna (nappes artésiennes)
----------et aussi les problème de régularisation de cours d'eau importants tels que la Bou-Namoussa, l'oued Kébir, l'oued Sly, l'oued Riou, l'oued Isser.
----------L'une de ces questions, celle de la ressource du Chott ech Chergui va vraisemblablement entrer très prochainement dans la voie féconde d'une première réalisation technique d'envergure, susceptible de combiner de la manière la plus heureuse un objectif économique important (irrigation de 20.000 hectares, fourniture de 120 millions de kWh par an aux Chemins de Fer Algériens, création d'industries) avec une expérimentation décisive pour la réussite de travaux d'équipement beaucoup plus importants.

CONCLUSIONS.

----------A qui peut suivre l'étonnante et rapide transformation de terres sèches en terres irriguées, de marais en vergers opulents, les chantiers d'adduction d'eau entrepris tant pour l'alimentation en eau potable de grandes agglomérations (régions algéroise et oranaise) que pour le douar le plus éloigné, les travaux d'endiguement effectués pour préserver villes et campagnes contre les crues des oueds, il n'est pas besoin de démontrer le puissant intérêt de l'oeuvre hydraulique sur le plan économique et sur le plan social.
----------La politique d'investissement est dans ce domaine l'une des plus fécondes qui soient pour l'avenir du pays.

SERVICE DE LA COLONISATION
ET DE L'HYDRAULIQUE'.