Alger, Algérie : documents algériens
Série militaire : unités algériennes
les spahis algériens

--«...Le Spahi a combattu sous tous les cieux mais, suivant une tradition immuable ; essentiellement cavalier, il en a l'esprit, même quand les nouvelles règles du jeu l'obligent à échanger sa monture contre un engin motorisé. ---------Face aux plus vastes horizons, son intelligence est toujours en éveil ; son coup d'œil, ses réflexes, son mépris de la mort font de lui le meilleur cavalier d'avant-garde. ---------Amoureux de sa belle tenue pour lui-même, pour son cheval, pour sa machine, il a cette élégance et cette noblesse qui donnent à son action un cachet particulier. ---------Orgueilleux des missions délicates qui lui sont généralement dévolues, il est toujours à la pointe du combat et, chaque fois que la situation tactique 1e demande, il va jusqu'au sacrifice total... »

7 pages - n°12 - 27 juillet 1953
mise sur site le 14-02-2004

---------Lorsque Alger fut pris, et les troupes turques licenciées, le Corps expéditionnaire réduit à une division de faible effectif, ne put faire face à toutes les missions qui lui incombaient dans un pays hostile.

---------Inspiré par Yusuf, le général Clauzel prit l'initiative de combler les vides de son armée en faisant appel aux Spahis turcs qui avaient servi sous le Dey Hussein. Il annonça sa décision par une lettre datée du 8 octobre 1830.
---------Cette nouvelle troupe se distingua au combat du col de Mouzaïa le 21 novembre 1830; le Ministre lui envoya 1.500 sabres, et une loi du 9 mars 1831 " autorisant hors du territoire continental de la France, la formation de Corps militaires composés d'indigènes fut suivie d'une ordonnance royale du 21 mars 1831 dont l'article 11 précisait : " Les dispositions prises par le général Clauzel pour l'organisation de ces Corps sont confirmées. " On les désigna sous le nom de Corps indigènes, Cavalerie arabe, Escadrons turcs, Chasseurs-spahis, Chasseurs algériens.
---------Le terme de cavalerie indigène convenait à merveille car, pendant un siècle, ces cavaliers auront dans l'Armée une physionomie spéciale, du fait de leur recrutement et de leur équipement à l'orientale, burnous et harnachement. Un 2è combat de Mouzaïa eut lieu le 3 juillet 1831 où les nouveaux Corps se couvrirent de gloire et, avec les cavaliers arabes déjà enrôlés et des volontaires, une constitution spéciale leur est donnée. Deux Corps sont formés : l'un est confié au chef d'escadrons Marey-Monge, l'autre au capitaine Yusuf.

---------Marey-Monge,. petit-fils du célèbre savant, ancien élève de polytechnique, avait participé à l'assaut de Blidah. Chargé d'organiser la cavalerie indigène, il constitua un escadron tandis qu'un 2è était formé par Yusuf qui, né en Italie et enlevé par les barbaresques, avait été Bey du Camp du Bey de Tunis et avait rejoint Alger en 1830 pour entrer au service de la France. Marey-Monge fut ainsi le premier officier de Spahis Algériens à titre français et Yusuf le premier officier de Spahis à titre indigène.
---------Ces deux Corps de Spahis tantôt en totalité, tantôt par fractions, furent adjoints à tous les détachements et à toutes les colonnes. Ils y rendirent d'immenses services.
---------Les effectifs et l'encadrement variaient suivant les besoins du moment et la volonté de leur chef. On leur adjoignait fréquemment des Spahis auxiliaires levés pour un but et une période déterminés, ou des Goums fournis par les tribus soumises et commandés par des officiers des bureaux arabes.

---------Un 3è Corps de Spahis fut formé à Oran en 1836 sous le commandement du lieutenant Thorigny.
---------Le 4 octobre 1841, les Spahis furent organisés en un Corps régulier dont le commandement fut confié au plus grand cavalier d'Afrique, le lieutenant-colonel Yusuf. Il comprenait 20 escadrons et avait un effectif total de 4.000 hommes. Pour commander cette troupe importante Yusuf avait sous ses ordres 7 chefs d'escadron réputés : les commandants Boyer, d'Allonville, Walzin-Este, Rhazy, Favas, Gauthier de Rougemont, Cassaignoues et Rivet.
---------Sous les ordres d'officiers aimant l'Afrique et connaissant l'indigène, le Corps des Spahis devait rendre des services exceptionnels et obtenir des résultats si remarquables, que son chef fut nommé colonel et qu'une
ordonnance royale décide die 9 mai 1842 qu'il aurait pour le seconder deux lieutenants-colonels : Bouscarin et Cousin de Montauban.

---------Le 21 juillet 1845, les Spahis furent organisés en 3 régiments. Le 1er affecté à la province d'Alger eut comme chef le colonel Daumas, le 2è affecté à la province d'Oran fut commandé par le colonel Cousin de Montauban. Le 3è cantonné dans la province de Constantine, fut aux ordres du colonel Bouscarin.
---------Ces Régiments possédaient des Smalahs qui permettaient à leurs escadrons détachés de vivre sur le pays. C'étaient de curieux organismes mi-guerriers, mi-agricoles, et le dernier ne fut supprimé qu'en novembre 1919.
---------Rapidement, les combats d'Algérie et des confins marocains allaient donner aux Spahis l'occasion de passer au premier plan des cavaliers d'Afrique.
---------Ils s'illustrèrent lors de la prise de la Smalah près de Taguin en 1843, au combat d'Isly le 16 avril 1844 lors de la défaite infligée à Abdelkader à Temda, le 23 décembre 1845, ainsi qu'au combat de Zaatcha le 26 novembre 1846.
---------Mais déjà les Spahis apparaissaient sur tous les théâtres d'opération et ce sera une des caractéristiques principales de ces Régiments de Spahis des provinces d'Alger, d'Oran et de Constantine : ils fourniront des escadrons à toutes les expéditions, sous toutes les latitudes et mettront en évidence l'infinie faculté d'adaptation du Spahi qui sera partout un soldat magnifique, servant d'exemple aux auxiliaires recrutés sur pince.

La première expérience fut faite en A.O.F.

AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE.
---------Le 20 février 1843, des Spahis Algériens s'embarquent à Alger pour Saint-Louis du Sénégal, Ils prennent part au combat de Cascas le 4 août 1843 et le 21 juillet 1845, une ordonnance royale crée l'escadron de Spahis du Sénégal formé par un noyau important venu du 1er Spahis et par un recrutement local. L'escadron fut mis définitivement sur pied le Il février 1847. Il servira de modèle aux créations suivantes : 1er escadron de Spahis soudanais le 26 décembre 1891, devenu plus tard 2è escadron de Spahis sénégalais (15 août 1902) et aux formations de cavalerie auxiliaire composée pour un but et une période déterminés et dissoutes ensuite : Spahis auxiliaires de Segou (1892) ; Spahis bleus de Sansanding (1892) ; Spahis auxiliaires de Nioro (1892) ; Spahis auxiliaires de Bougoni, de Waghadogou (1893 et 1897).

CRIMEE : 1853.

---------Un détachement du 1er Spahis envoyé en Crimée couvrira les opérations du Corps expéditionnaire. Il prend part à l'opération sur l'isthme de Perekop et est rapatrié en 1854.

FRANCE : 1870.

---------Lorsque la guerre de 1870 éclate, les 3 Régiments de Spahis sont maintenus en Algérie, mais le décret du 19 octobre 1870 organise par prélèvement sur ces Corps, un Régiment de marche de Spahis qui portera le nom d'Éclaireurs Algériens inaugurant une formule qui sera reprise en 1914 et 1939 , commandé par le lieutenant-colonel Goursaud. Il prit part à plusieurs combats avec l'Armée de la Loire : Patay, Vendôme, Savigny, Le Mans, Sillie, Le Guillaume. Il fut licencié à la paix.

TUNISIE : 1881-1882.

---------Les Spahis vont fournir à la première expédition un escadron formé de pelotons du 5è et 6è escadron et du 3è Spahis.
---------Affecté à la brigade de Vincendou de la colonne Delehecque, il prend part à la marche de Sidi-Abda1.lah et Aïn Draham en mai 1881. En juin il est employé û assurer la sécurité des communications entre le fort de La Calle et les colonnes de Kroumirie.
---------Lors de la 2è expédition, des Spahis envoient deux escadrons à la brigade de Bonie, qui participent aux combats de Haydra (17 octobre 1891), de Coudiat El Alfa (26 octobre 1881) et à la prise de Kairouan (28 octobre).

TONKIN : 1885.
---------Les Spahis vont participer à la conquête du Tonkin et envoient 3 escadrons de Spahis, le 1er du 2me Spahis et le 2è du 5è Spahis. Le 3è escadron du 1er Spahis débarque le 24 février 1885 et après avoir assuré jusqu'au mois d'octobre la sécurité des communications entre Hanoï et Bac Ninh, il coopère en novembre à la soumission du chef chinois Tuong-Dinh-Bang. Il constitue ensuite un détachement pour une opération sur Bac-Loc, couronnée de succès.

---------Après s'être encore brillamment distingué dans la colonne Duquenne sur Tin-Dao le 16 février 1886, il rentre en Algérie.
---------Le ler escadron du 3è Spahis sera dès son débarquement décimé par une épidémie de choléra. Une épidémie de morve tue les 3/4 de ses chevaux. Il est rapatrié le 14 mars 1886.

---------Le 5è escadron du 2è Spahis arrive à Haïphong le 31 mai 1885 et prend part à l'expédition du général Jamont contre Than Moi et rend des services immenses dans un pays extrêmement difficile en assurant la liaison entre les 3 colonnes du corps expéditionnaire. Il participe ensuite aux opérations de poursuite des pirates et au combat de Yen-Minh. Il est rapatrié en juin 1886.

---------Il est à noter que le vice-amiral Charner, dans un décret du 1er avril 1859, prenant modèle sur les Spahis Algériens, avait tenté de créer un corps de Spahis tonkinois. Cette idée sera reprise en mai 1886 qui voit la naissance du 1er peloton, mais il est dissous fin 1889.

MADAGASCAR : 1895.

---------Des volontaires des Régiments de Spahis sont acceptés pour l'expédition et répartis dans diverses formations de Chasseurs d'Afrique. Ils feront des escortes de convoi et des missions de reconnaissance, participant notamment à la marche de la colonne expéditionnaire de Majunga et Tananarive par Suberbieville et Andriba.
---------Dès la 1è phase, ils seront employés aux escortes, puis dans la 2è phase ils parachèveront les succès de l'infanterie par des poursuites actives. Enfin, ils seront seuls à assurer des transmissions rapides qui donnent satisfaction au chef de l'expédition.

MAROC : 1907-1925.

---------Des volumes seraient nécessaires pour écrire l'Histoire des Spahis au Maroc. Leur lutte n'est pas faite de batailles rangées, mais d'actions isolées des petites unités qui assurent le service de sûreté auprès des colonnes. Elles s'offriront en holocauste pour permettre aux autres troupes d'accomplir leur mission.
---------La pénétration française au Maroc et la pacification auront vu la présence continuelle de Spahis Algériens. Les régiments des provinces d'Alger, d'Oran et de Constantine, joueront le rôle de . Mères gigognes " enfantant sans cesse des escadrons qui partiront en France et, revenant ensuite en Afrique du Nord, seront détachés au Maroc puis au Levant.

FRANCE : 1914-1918.

---------Reprenait la formule appliquée en 1870, les régiments de Spahis vont envoyer en France des escadrons qui seront incorporés dans des régiments de marche. Le Régiment de Marche du 1er Spahis formé en Septembre 1914 comprendra ainsi deux escadrons du 1er Spahis, un du 3e et un du 5e Spahis.
---------Il formera une brigade avec le 4' Spahis sous les ordres du Colonel Martin de Bouillon, et sera rattaché à la 6`' Armée.
--------- Sur l'Aisne, il couvrira la gauche de la 62e Division d'infanterie puis, tenant Goyencourt, réussira à boucher le trou entre le 4° et 2 Corps d'Armée. La Brigade fournit ensuite des groupes francs dans la région de Authies, et sera mis au début Septembre à la disposition du 21 Corps à Nœux-Les-Mines. Le 20 décembre 1914, le Régiment devient le 1er Régiment de marche de Spahis.

---------Les Spahis vont s'adapter à la rude condition de la guerre européenne et rendront les services immenses que
l'on peut demander à leur mépris du danger. Les attaques de l'" ouvrage blanc " mettront en lumière la valeur de la troupe et de ses Chefs.

---------Le 8 Mai et le 23 Mai 1915, les groupes d'éclaireurs du 1" Spahis de marche, renforcé par le 4' Tunisiens, vont combattre à pieds et s'empareront après une lutte acharnée en deux attaques, des positions allemandes retranchées. Les trois-quarts des unités engagées seront fauchées, donnant un magnifique exemple de ce mépris de la mort qui caractérisera partout les escadrons de Spahis.

---------La brigade décimée devient 6° régiment de marche des Spahis et sera rattachée successivement au 9" puis au 36e Corps.

---------Par suite des pertes subies les escadrons seront en janvier 1917 ramenés à trois pelotons.

---------Le Régiment sera ensuite affecté au 12° Corps. Il participera au service des tranchées puis sera embarqué pour Sétif le 12 Septembre. Le 11 Octobre le 6° Régiment de marche des Spahis est dissous.

---------Le 2° Régiment de Marche des Spahis fut formé le 30 Septembre 1914 avec deux escadrons du 3° Spahis, un du 1°° Spahis et un du 5 Spahis.
---------Il sera attaché à la 6è Armée, Général Maunoury. Il assure le service des tranchées dans la région Saint-Léger-Allencourt, et effectue de nombreux coups de main.
---------Le 3 Août 1915 il devient le 7è Régiment de Marche de Spahis et fait partie de la 3 brigade de marche des Chasseurs d'Afrique. Il sera détaché auprès du 13e Corps dans le secteur de Bailly et participe à des attaques
locales. En Novembre, il passe au 35° Corps et subit de telles pertes que ses escadrons sont réorganisés en trois pelotons.
---------Le 1" Janvier 1917 l'Etat-Major du 7 Spahis de marche est dissous et deux groupes sont constitués qui effectueront au moment du repli d'Hindembourg, en Mars, la réoccupation du terrain conquis et la prise de contact avec l'ennemi. Ils entreront les premiers dans Noyon le 18 Mars 1917.