Alger, Algérie : documents algériens
Série sociale :
assistance médicale - l'organisation française de l'assistance médicale au Fezzan
n°9 - 1er mars 1948

Dirigée par un Médecin Capitaine du Service de Santé des Troupes Coloniales, l'assistance médicale fut rapidement organisée : ouverture de consultations aux indigènes, remise en place des infirmiers ayant servi sous les Italiens, tournées de dépistage dans le bled, etc... C'est à l'inlassable dévouement de ce médecin que la France doit d'avoir immédiatement montré au FEZZAN son vrai visage de nation protectrice et l'intérêt qu'elle a toujours marqué aux populations indigènes.

mise sur site le 16-01-2005
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--------" Hic sunt leones", telle était, la devise que la " Saharienne " italienne de Ghat arborait sur ses insignes et sur ses étendards... Et l'aspect que les conquérants avaient donné aux forteresses édifiées par eux, en pays Targui, correspondait à cette orgueilleuse affirmation. ,
--------Ce n'était qu'une illusion, qu'a dissipée en peu de jours la légendaire " furia francese ". Le 21 janvier 1943, Ghat était investi. Le 24, l'Italie rendait la place aux Méharistes du Hoggar après une tentative de résistance dans la vieille citadelle turque le Koukoumène, devenue depuis le Fort Mercier, du nom du jeune lieutenant de Méharistes qui lui donna l'assaut.
--------Presque simultanément, " les Français Libres " du capitaine d'Abzac, venus du Fezzan libéré, enlevaient presque sans coup férir cette autre citadelle réputée inexpugnable Ghadamès. Et le 29 janvier, dans cette dernière ville, où flottait le drapeau français, les Méharistes de Delay et les hommes de Leclerc opéraient cette liaison symbolique de l'Empire qui n'avait jamaisabandonné la lutte avec l'Afriquue du Nord, qui venait d'y rentrer.
--------Conformément aux voies que la France entend suivre vis-à-vis des pays qu'elle s'est associé, l'un des premiers soucis du Commandant des Forces Françaises Libres fut d'organiser au FEZZAN l'assistance aux populations, et particulièrement l'assistance médicale.

CE QUI EXISTAIT...

--------Au temps de l'occupation italienne,, cette assistance existait déjà, mais le fonctionnement en était plus théorique que réel Les médecins militaires s'occupaient surtout des garnisons et leurs tournées dans le bled étaient exceptionnelles. Le service était confié à des infirmiers indigènes, qui étaient affectes aux formations sanitaires après un stage professionnel de trois mois à l'école d'infirmiers de HON. Il existait quatre infitméries, a SEBHA-DJEDID, BRAAK,' MOURZOUK et GHADAMES, ainsi qu'une douzaine de modestes formations secondaires, reduites en general a une simple case, dans les agglomérations les plus importantes. -
--------La pénétration médicale des Italiens fut nulle ou à peu près et le pillage qui suivit le départ, de leurs-troupes ne respecta aucune infirmerie. Les Troupes françaises, à leur arrivée, trouvèrent des formations sanitaires complètement vides dont elles durent assurer intégralement l'équipement en matériel sanitaire et médicaments.

-L'ORGANISATION FRANÇAISE

--------Dirigée, par un Médecin Capitaine du Service de. Santé des Troupes Coloniales, l'assistance médicale fut rapidement organisée : ouverture de _consultations aux indigènes, remise en place des i.nfirmiers ayant servi sous les- Italiens, tournées de dépistage dans le bled, etc... C'est à l'inlassable dévouement de ce médecin que la France doit d'avoir immédiatement montré au FEZZAN son vrai visage de nation protectrice et l'intérêt qu'elle a toujours marqué aux populations indigènes.
--------D'abord méfiants, les Fezzanais accueillirent, dès le mois d'avril 1943, avec satisfaction l'aide médicale qui leur fut apportée lorsque la grande épidémie de fièvre récurente venue d'EGYPTE commença ses ravages au FEZZAN. Il n'est pas douteux que l'effet' psychologique produit à cette occasion ait été ,considérable et que es médecins militaires français aient 'bénéficié d'un climat' favorable auprès des populations fortement impressionnées par la guérison rapide, parfois avec une seule piqûre, d'une affection dont ils souffraient et à-- laquelle ils succombaient fréquemment, en raison de leur état de misère physiologique.

--------Après 'le rattachement du FEZZAN à l'ALGERIE, le 1er septembre 1943, l'assistance médicale fut organisée sur le modèle des Territoires du Sud-Algérien, et le Territoire fut divisé en cinq circonscriptions médicales, ayant chacune un médecin à leur tête et possédant une infirmerie avec deux ou trois postes de secours satellites, Les chefs-lieux de ces circonscriptions étaient à SEBHA, BRAAK, MOURZOUK, OUBARI et. GHADAMES. Le médecin de SEBHA avait autorité sur les autres médecins et prenait le titre et les fonctions de médecin chefdti Territoire.
--------Cette organisation -fut maintenue jusqu'au milieu de l'année 1945. A cette époque;; par suite de la démobilisation du personnel_ de réserve et en raison de l'impossibilité de remplacer nuniiggement celuici par, des médecins de l'active, le nombre 'des circonscriptions médicales dut être réduit.
--------A l'heure actuelle, il existe trois circonscriptions : celles de SEBHA, BRAAK et GHADAMES ( La circonscription de GHADAMES sera rattachée à la TUnisie au début de 1948).. Chacune a son médecin; son infirmerie et un certain nombre de formations sanitaires secondaires dont le nombre global a été porté de 12 à 20...

 

LES RESULTATS

--------L'Activité du service médical depuis le ler janvier 1944 est donnée par les tableaux ci-après
--------1° Consultations et soins gratuits

Année 1944 30.276
1945 57.523
1946 72.047
1947 75.223

--------2° Hospitalisations dans les Infirmeries

  Nombred'Admisssions Nombre de journéesde traitement
1944 128 1.560
1945 136 1.709
1946 168 3.109
1947. 321 6.6o5

--------3° Vaccinations antivarioliques

1945 15.210
1946 13.192
1947 9:891

--------Ophtalmologie. - Nombre d'interventions chirurgicales

1944 145
1945 163
1946 134
1947 140


ACTION PSYCHOLOGIQUE

--------Les populations du Territoire du FEZZAN-GHADAMES offrent un excellent " terrain de travail " pour le médecin. Ces populations sont sensibles à l'action de celui-ci et se laissent facilement gagner par quelques cures heureùses, notamment dans le domaine de la chirurgie oculaire que les médecins militaires pratiquent toujours largement dans le Sud. Les femmes elles-mêmes, dans leur ensemble, viennent sans répugnance consulter et les chiffres ci-dessus prouvent la faveur dont jouit l assistance médicale auprès de ces populations.

PATHOLOGIE

--------La pathologie est à peu pres la meme qu'au Sahara français. Les affections oculaires et le trachome constituent les affections prédominantes et motivent près de la moitié des consultations et des soins. Le paludisme est répandu dans toutes les oasis, mais l'endémo-épidémie est faible ou moyenne et les cas graves sont assez rares. Parmi les maladies vénériennes, les gonoccocies sont très répandues. Enfin, la bilharziose vésicale, que l'on ne rencontre qu'au Sahara français ainsi que dans les oasis sud-orientales de DJANET et de GHAT, existe dans _tout le territoire, suri out dans la subdivision de SEBHA-OUBARI
--------La morbidité est, en outre, assez fortement influencée par la nourriture, irrégulièrement équilibrée et variable suivant les saisons (phénomènes de carence, sous-alimentation), par le manque de vètements, qui est à l'origine, en hiver, de nombreuses affections des voies respiratoires, par le parasitisme intestinal qui touche la majeure partie des individus, comme partout au SAHARA.
--------Il est indéniable que placés devant la nécessité de faire de l'assistance médico-sociale dans une immense région privée de tous: moyens, à leur arrivée, les Français ont rapidement organisé un service cohérent ana:ogueeà celui des autres postes des Territoires du Sud Algérien. --------Malheureusement, l'insuffisance des effectifs en médecins au cours de ces deux dernières années a entravé le développement d'un service qui ne demandait qu'à aller de l'avant. Au seuil de l'année 1948, une' amélioration dans ce domaine a déjà été réalisée avec l'affectation d'un médecin supplémentaire. Dans un proche avenir, il est permis d'espérer l'affectation d'un médecin à la tête de la circonscription MOURZOUK-OUBARI. Avec trois praticiens pour le FEZZAN et celui de la zone de GHADAMES, le territoire aura dorénavant son équipement normal et l'on pourra, au surplus, envisager l'envoi intermittent de l'équipe mobile d'ophtalmologie des Territoires du Sud, pour le plus grand bien des populations. --------Du point de vue médical, la FRANCE aura alors rempli sa mission.