Alger, Algérie : documents algériens
Série sociale :
jeunesse - les centres éducatifs en Algérie
n°20 - 30 mars 1948

-------Créés par une circulaire ministérielle du 22 novembre 1944, les Centres Educatifs succèdent aux Ecoles de Cadres instituées en France en 1940 et en Algérie en 1941.
--------Alors que les Ecoles de Cadres étaient rattachées au Secrétariat d'Etat à la jeunesse (en Algérie, à la Direction de l'Intérieur), les Centres Educatifs dépendent en France du Ministère de l'Education Nationale et, en Algérie, de la Direction Générale de 'l'Éducation Nationale.

mise sur site le 7-01-20056
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HISTOIRE

-------Créés par une circulaire ministérielle du 22 novembre 1944, les Centres Éducatifs succèdent aux Écoles de Cadres instituées en France en 1940 et en Algérie en 1941.
--------Alors que les Écoles de Cadres étaient rattachées au Secrétariat d'Étatà la jeunesse (en Algérie, à la Direction de l'Intérieur), les Centres Éducatifs dépendent en France du Ministère de l'Éducation Nationale et, en Algérie, de la Direction Générale de 'l'Éducation Nationale.

PRINCIPES ET BUTS

-------Les Centres Éducatifs ont pour objet de favoriser le développement de la culture populaire en assurant la formation d'animateurs. Ils sont à la disposition des Mouvements de jeunesse et des Associations Culturelles agréés par le Ministère de l'Éducation Nationale.
-------Ces Associations y organisent des stages, mais les Centres , ne possèdent pas de maîtrise permanente diffusant une doctrine. Les groupes utilisateurs font appel soit à des Instructeurs privés, soit à des Instructeurs du Service des Mouvements de Jeunesse et d'Éducation Populaire qui apportent leur concours technique dans un respect total de,la laïcité. Le Service des Mouvements de jeunesse et d'Éducation Populaire se réserve le droit d'organiser lui-même dans ces Centres des sessions éducatives.

ORGANISATION ADMINISTRATIVE

-------Le Centre Éducatif dépend du Service des Mouvements de Jeunesse et d'Éducation Populaire. Un chapitre particulier lui est attribué dans le budget de ce service.
-------La gestion du Centre est assurée par un Directeur ayant sous ses ordres un personnel administratif et auxiliaire.
-------L'utilisation des Centres par les Associations et Mouvements est réglée par l'Inspecteur Principal des Mouvements de Jeunesse et d'Éducation Populaire. Huit jours au moins avant le début. d'un stage, le programme établi par l'Association ou le Mouvement responsable et l'effectif des Instructeurs ,et des Stagiaires doivent être communiqués au Directeur du Centre.
-------Les frais d'hébergement et de nourriture sont pris en charge par le Centre. Les soins d'urgence sont donnés gratuitement.

PRÉSENTATION DES CENTRES

-------Le Service des Mouvements de jeunesse et d'Éducation Populaire dispose d'un Centre Éducatif situé à SIDI-MADANI, d'un Centre annexe de Haute Montagne et de Ski à TIKJDA et d'un troisième Centre en voie d'aménagement à EL-RIATH.
-------Le Centre de SIDI-MADANI jouit d'une situation exceptionnelle. Installé depuis 1945 dans un ancien hôtel transatlantique, à l'entrée des gorges de la CHIFFA, à 15 kilomètres de BLIDA, il réunit toutes les conditions de confort et d'esthétique indispensables au bon fonctionnement des stages.
-------L'annexe de TIKJDA, dépendant administrativement du Centre de SIDI-MADANI, a été créée en plein massif du DJURDJURA en 1946. Son but est de permettre aux jeunes Algériens de suivre en haute montagne, dans une ambiance éducative, des stages de ski et d'escalade et de leur donner des compléments de formation générale en même temps que sont développés en eux le goût du risque, l'esprit d'équipe et les qualités d'endurance physique et morale que seule la montagne peut procurer. A défaut de locaux lui appartenant, l'École de Montagne est installée, durant la période d'hiver, dans les bâtiments de Œuvre du Petit Cheminot à la Montagne, mis à la disposition du Service des Mouvements de jeunesse et d'Éducation Populaire par la Direction des Chemins des Fer Algériens de 1'Etat. En été, l'École se transporte à proximité des points ;particulièrement, favorables à l'escalade et j'installe, pour cette période, sous la tente.
-------En voie d'aménagement, le Centre d'EL-RIATH est situé à 12 kilomètres d'ALGER, dans une propriété appartenant au Service des Mouvements de Jeunesse et d'Éducation Populaire. Pour que cette ancienne École. des Cadres puisse jouer avec efficacité son rôle de Centre Éducatif modèle, d'importants travaux sont entrepris. Conçu dans un style élégant, bénéficiant de l'expérience des tentatives antérieures, le Centre d'EL-RIATH pourra répondre efficacement aux exigences des stages de formation les plus divers.

UTILISATION DES CENTRES EDUCATIFS

-------En 1945, trois stages de moniteurs de colonies de vacances ont groupé, dans le département d'Alger, 98 stagiaires.
-------En 1946, neuf stages ont groupé 360 stagiaires.
-------En 1947, vingt-quatre stages ont groupé 76o stagiaires dans les trois départements.

TABLEAU DES STAGES
Centres d'entraînement aux méthodes d'éducation active
(Formation de moniteurs et de directeurs de colonies de vacances)
1945
3 stages
98 stagiaires
1946
5 stages
169 stagiaires
1947
9 stages
304 stagiaires
Union Française des Colonies de Vacances
(Formation de moniteurs de colonies de vacances)
1947
2 stages
54 stagiaires
Francs et Franches Camarades (Formation de guides de camaraderies)
1946
1 stage
12 stagiaires
Cinéma :(Initiation à la culture cinématographique)
1.946
1 stage
46 stagiaires
1947
I stage
44 stagiaires
Peuple et Culture
1046
I stage
57 stagiaires
Art dramatique
1946
I stage
12 stagiaires
194.7
I stage
17 stagiaires
Chant choral
1947
1 stage
15 -stagiaires
Ecole de montagne
1946
I stage
76 stagiaires
1947
9 stages
326 stagiaires

--------Plusieurs de ces stages ont été dirigés par des Instructeurs venus de la Métropole, secondés par des Instructeurs locaux.
--------Le Centre Éducatif de SIDI-MADANI ne pouvant héberger qu'un seul stage à la fois, il a été nécessaire d'utiliser des Centres occasionnels au cours de l'année : CHERCHELL, AIN-EL-TURCK (Oran), BUGEAUD (Constantine), PHILIPPEVILLE, BISKRA, EL-AFFROUN, FORT-DE-L'EAU.
--------LL'École de Montagne a fonctionné aux Centres de TIKJDA et de TALA-GUILEFF.
--------Le Centre éducatif de SIDI-MADANI sert aussi de maison d'accueil. Il est ouvert à divers mouvements éducatifs agréés qui désirent l'utiliser pour des rencontres de courte durée.
--------En 1946 : du ler au 3 novembre, rencontre du Scoutisme, Féminin d'Algérie ;

 

--------En 1947: 18 mai, journée d'étude du Centre régional d'Art dramatique ;
--------26-27 octobre, journées régionales des E.D.F.
--------31 octobre-2 novembre, journées régionales du Scoutisme Français d'Algérie. 13 avril, journée du Service Social des P.T.T.
--------Le Centre Éducatif a reçu en outre des artistes ou des troupes théâtrales de passage en Algérie.

--------
En 1947 : 13-15 mars, Compagnie du Grenier, de TOULOUSE.
--------13 avril, César GEOFFRAY et ses Instructeurs de Chant choral.
--------6 mai, jeunesses Musicales de France : Bernard GAVOTY, Pierre SANGAN.
--------5 décembre, jeunesses Musicales de France, Théâtre d'Arlequin.

--------A partir de décembre 1947, le Centre Éducatif a été mis à la disposition d'hommes de lettres et d'artistes métropolitains dans le double but d'assurer en Algérie le rayonnement de la pensée française et faire connaître l'Algérie aux écrivains métropolitains. Des rencontres y ont été organisées qui ont permis de nombreux échanges : les artistes algérois et les, élèves des Beaux-arts se sont réunis autour du peintre de KERMADEC et du sculpteur DAMBOISÉ ; des écrivains, des représentants de toutes les tendances intellectuelles, les étudiants des Facultés et des Lycées ont rencontré : Henri CALET, Albert CAMUS, jean CAYROL, Louis GUILLOUX, Michel LEIRIS, Pierre MINET, Brice PARAIN, Louis PARROT, Francis PONGE, jean TORTEL.

RÉSULTAIS

--------Les différents stages qui se sont déroulés à l'intérieur des Centres Éducatifs ont permis le développement de l'éducation populaire en Algérie dans ses multiples aspects

Colonies de Vacances

--------L'essor des colonies de vacances était tel depuis 1944 que le problème de leur encadrement se posait d'une manière urgente.
--------Le Service des -Mouvements de Jeunesse, et d'Éducation Populaire organisa en 1945 les premiers stages de formation de moniteurs. En 1946, il faisait appel aux Centres d'Entraînement aux Méthodes d'Éducation Active de PARIS qui, avec son appui financier et ses instructeurs spécialisés, créaient une Délégation Régionale à ALGER.
--------Il en résulte une amélioration certaine de l'encadrement par la formation de moniteurs sans cesse plus nombreux.
Soucieux de donner aux colonies des cadres compétents, le Service des Mouvements de jeunesse . et d'Éducation Populaire a rendu applicables à l'Algérie les dispositions en usage dans la Métropole, relatives' à la délivrance des diplômes officiels.
--------Au cours de journées d'information, les oeuvres organisatrices ont pris conscience de leur mission éducative dans les colonies. de vacances.
--------L'initiation aux Méthodes Actives, donnée dans les stages ordinaires et les stages de spécialités; travaux manuels -dits d'art 'populaire, pipeaux,, études du milieu, chant choral, fait que, celles-ci débordent le cadre de la colonie pour se diffuser largement dans la période post-école (patronage, Francs et Franches Camarades, etc...).
groupes d'amateurs.

Art Dramatique
--------Par les stages d'initiation aux techniques d'art dramatique, le Service des Mouvements de jeunesse et d'Éducation Populaire faisait naître en Algérie le Centre Régional d'Art Dramatique et quelques
--------Un concours est ouvert cette année aux jeunes Compagnies théâtrales afin de faire connaître leurs travaux et leurs expériences et de susciter un courant d'intérêt en faveur de l'art dramatique.

Cinéma
---------Les stages de culture cinématographique ont amené la création des ciné-clubs en Algérie.

Culture populaire
Un stage de culture populaire a donné naissance à un mouvement d'éducation : " Peuple et Culture"

X X X

--------La progression du nombre des stages, leur diversité et leur influence d'année en année plus grandes ont été mis en évidence par l'étude de l'utilisation des Centres Éducatifs.
--------Il y a lieu, en outre, de souligner que les Centres éducatifs, qui se réunissent en vue d'une recherche commune des stagiaires de toutes origines, favorisent les rapprochements, facilitent les échanges et créent un climat de compréhension.
--------Cette seule raison suffirait à justifier des stages plus nombreux encore mais s'y ajoutent les demandes grandissantes d'institutions soucieuses de former leurs animateurs ou de personnes conscientes de l'intérêt des moyens éducatifs enseignés dans les centres
--------Colonies de vacances : l'obligation de confier les enfants à des moniteurs diplômés a pour conséquence la nécessité de former chaque année de nouveaux cadres (nombre d'enfants en colonies de vacances en 1947 : 23.111. -. Nombre de moniteurs diplômés nécessaires : 2.000. - Nombre de moniteurs actuellement diplômés : 20, par application des, mesures transitoires.
--------Le premier examen aura lieu en avril 1948.
--------La formation ou le perfectionnement des directeurs et moniteurs de colonies exigent aussi un effort continu.

--------Foyers ruraux : la création récente de nombreux foyers ruraux semble réclamer la formation d'animateurs spécialisés.
--------Ciné-Clubs : nécessité de former des commentateurs.
--------Caravanes et camps d'adolescents qui relèvent d'une technique particulière.
--------Les projets d'activité pour l'année 1948 répondent partiellement à ces besoins ; il est envisagé, entre autres, des stages de spécialités : travaux manuels d'art populaire, méthodes actives appliquées à l'étude du Milieu, stage des foyers ruraux, etc... L'effort du Service des Mouvements de jeunesse et d'Éducation Populaire est limité par le nombre insuffisant des Centres Éducatifs (les deux centres d'Alger satisferaient à peine aux demandes de ce département alors qu'il faut répondre à celles des départements d'Oran et de Constantine). 'Les crédits de fonctionnement des Centres. sont trop faibles pour permettre d'équiper les Centres existants et d'organiser des stages dans des. Centres occasionnels d'une utilisation plus onéreuse. Ainsi, les moyens mis à la disposition des Centres Éducatifs ne répondent pas à l'intérêt croissant que les résultats déjà obtenus ont fait naître en faveur de l'éducation populaire.