|  
       -------------Le 
        Gouverneur Général Th. Steeg a condensé, en 1926, 
        en une brève formule, le programme assigné à l'activité 
        de l'Institut Pasteur : " Asile de réflexion 
        et d'expérience où la science se crée, où 
        la science s'enseigne, où la science s'applique ". 
      -------------L'exposé 
        de l'oeuvre de l'Institut Pasteur en Algérie traitera donc : des 
        travaux ayant pour objet l'avancement de la Science, - de l'enseignement 
        supérieur de la microbiologie donné à des stagiaires 
        ou s'adressant au public -, des Services pratiques d'analyses, d'enquêtes 
        épidémiologiques, de sérothérapie et de vaccinothérapie. 
      TRAVAUX DE RECHERCHE 
      -------------La 
        participation de l'école de Pasteur à l'oeuvre médicale 
        française en Algérie débute par une découverte 
        éclatante. Le 6 novembre 1880, à Constantine, A. Laveran 
        découvre le parasite du paludisme. Ainsi, la cause d'un mal si 
        redouté et si répandu, de la grande plaie des pays chauds, 
        n'était pas une émanation invisible des marais, un " 
        miasme " subtil, mais bien un microbe figuré. Cette découverte 
        a inauguré l'ère scientifique de la pathologie exotique 
        ; elle a ouvert la voie aux recherches sur les maladies mystérieuses 
        convoyées par des insectes, qui, bien plus que le climat, interdisaient 
        l'accès des riches contrées tropicales à la race 
        blanche. En moins de quarante ans, grâce à Laveran, la médecine 
        des pays chauds a été transformée, rénovée, 
        la mise en valeur des colonies rendue possible, des milliers d'existences 
        gardées saines et sauves. 
        -------------Calmette 
        a pu dire : " L'oeuvre de Laveran apparaît 
        aujourd'hui comme la plus importante en médecine et en hygiène 
        après celle de Pasteur ". C'est pour l'Algérie 
        un motif de fierté légitime qu'une découverte de 
        si heureuse conséquence ait eu lieu sur son sol, et c'est pour 
        la science française un titre éminent à la reconnaissance 
        des populations indigènes. Laveran poursuivit lui-même à 
        l'Institut t'asteur, pendant 25 ans, des travaux sur d'autres maladies 
        des pays chauds causées par des protozoaires : les trypanosomiases 
        et les leishmanioses. 
      -------------Dans 
        le sillon ouvert par Laveran, sous l'inspiration du Dr E. Roux et conseillé 
        par Félix Mesnil, Edmond Sergent et Etienne Sergent instaurent, 
        en 1900, des recherches sur les maladies infectieuses les plus répandues 
        en Algérie. 
      -------------Ce 
        sont surtout les affections transmises par des insectes qui sont, depuis 
        50 ans, l'objet de leurs études et de celles des membres de l'Institut 
        Pasteur d'Algérie, au laboratoire ou dans le bled. 
         
        -------------Paludisme. 
        -------------D'abord, 
        les recherches sur le paludisme et sur la prophylaxie palustre. Elles 
        sont, plus tard, étendues grâce au concours d'une équipe 
        de collaborateurs : H. Foley, L. Parrot, A. Catanei. Dès 1900, 
        Edmond et Etienne Sergent vérifient la découverte par Ronald 
        Ross du mode de propagation du paludisme des oiseaux à Plasmodium 
        relictum, en transmettant l'infection au canari par l'intermédiaire 
        de mous-tiques communs. Ils confirment ensuite l'exactitude de la loi 
        de Grassi : " Pas de paludisme sans anophélisme 
        ", c'est-à-dire sans la présence de certains 
        moustiques. En même temps, ils démontrent l'existence, dans 
        la France métropolitaine, d'un état " 
        d'anophélisme sans paludisme ", observent pour 
        la première fois des différences morphologiques et biologiques 
        entre les Anopheles maculipennis des régions paludéennes 
        (Algérie, Vendée) et des régions qui ne sont plus 
        paludéennes (environs de Paris). Dans des " champs de démonstration 
        ", établis dans les contrées les plus malsaines de 
        l'Algérie, ils élaborent les méthodes de l'étude 
        épidémiologique du paludisme, établissent la notion 
        du " seuil de danger " des deux facteurs épidémiques 
        actifs du paludisme : le plasmodique et l'anophélien, et la notion 
        de l'importance de " l'apport de virus étranger ". Ils 
        expérimentent dans ces " champs de démonstration " 
        les procédés de la prophylaxie palustre, définissent 
        les " grandes mesures antilarvaires ", ouvrages de premier établisse-ment, 
        et les " petites mesures antilarvaires ", travaux d'entretien, 
        sans lesquels les grandes mesures restent inefficaces. Ils inventent des 
        techniques nouvelles, comme " l'alternance des écoulements 
        d'eau " et le remblai des thalwegs jusqu'au niveau de la nappe phréatique. 
        Ils réalisent, pour la première fois en Algérie, 
        un colmatage vrai, au sens de Léonard de Vinci. Ils introduisent, 
        en 1926, en Afrique du Nord, des gambouses du Texas (Gambusia holbrooki 
        Grd.), précieux petits poissons larvivores, qui prospèrent 
        admirablement dans ce pays, depuis le bord de la mer jusque dans les oasis 
        sahariennes, et sont devenus innombrables. H. Foley a montré, en 
        1926, à Beni Ounif-de-Figuig, comment on peut assainir complète-ment 
        et définitivement une oasis saharienne. 
        -------------Au 
        cours de la première guerre mondiale, les paludologues algériens 
        sont envoyés par le Ministre de la Guerre à l'armée 
        d'Orient, après le désastre sanitaire causé par le 
        paludisme dans cette armée, en 1916. Les mesures prophylactiques 
        rigoureuses et sévères proposées par Edmond et Etienne 
        Sergent ont pour résultat de délivrer, en 1917 et en 1918, 
        l'armée d'Orient du péril paludéen. 
        -------------Au 
        laboratoire, l'expérimentation avec le paludisme des oiseaux à 
        pl. relictum permet aux pastoriens d'Algérie d'établir la 
        notion de " l'infection latente d'emblée ", d'aborder 
        le problème de la prémunition contre le paludisme et de 
        divers modes possibles de vaccination par des sporozoïtes atténués 
        par le vieillissement ou très peu nombreux, par du virus prélevé 
        pendant l'incubation, - d'inventer une méthode d'épreuve 
        des médicaments antipaludiques, - et la méthode de l'isodiagnostic, 
        indispensable dans les expériences de cet ordre. D'autre part ils 
        découvrent l'agent de transmission du paludisme des pigeons (à 
        Haemoproteus columbae), un hippoboscide : Lynchia maura, fait inattendu, 
        les autres paludismes connus étant propagés par des moustiques. 
        Le cycle sporogonique d'Haemoproteus columbae chez Lynchia maure, découvert 
        par Mrs H. Adie, a été établi par elle à l'Institut 
        Pasteur d'Algérie. Edmond et Etienne Sergent étudient la 
        morphologie des plasmodies humaines et animales, découvrent plusieurs 
        espèces nouvelles d'hématozoaires chez les oiseaux, les 
        batraciens et les reptiles. Edm. Sergent et Alice Poncet étudient, 
        à partir de 1950, la plasmodie qui cause le paludisme de rongeurs 
        africains, Plasmodium berghei. Elle est très peu virulente pour 
        un rongeur nord-africain, le mérion, qui peut présenter 
        cependant une très longue infection latente métacritique 
        persistant pendant le tiers environ de la durée moyen-ne de la 
        vie d'un mérion. Le cobaye présente une résistance 
        innée totale à P. berghei. 
        -------------Edm. 
        et Et. Sergent décrivent dans le sang des malades anémiques 
        les " corps en pessaire " et les " corps semi-lunaires 
        ". Enfin, ils complètent cette série de travaux par 
        l'étude morphologique et systématique des moustiques, et, 
        en particulier, des anophèles. 
        -------------A 
        la demande du Comité d'Hygiène de la Société 
        des Nations, l'Institut Pasteur d'Algérie a collabore à 
        l'étude, poursuivie pendant plusieurs années, des médicaments 
        antipaludiques de synthèse appliqués à la prophylaxie 
        collective du paludisme (L. Parrot et A. Catanei). 
      -------------Fièvre 
        récurrente mondiale. 
      -------------En 
        1907, des circonstances particulièrement favorables à l'observation 
        et à l'expérimentation ont con-duit Edmond Sergent et H. 
        Foley à la découverte du rôle du pou dans la transmission 
        de la fièvre récurrente. La démonstration de ce rôle 
        résulte d'une observation épidémiologique rigoureuse, 
        faite dans un milieu étroitement surveillé, - de l'infection 
        donnée au singe par l'inoculation de poux broyés, - et enfin, 
        preuve décisive, de la transmission expérimentale de la 
        maladie à l'homme, obtenue chez deux volontaires, isolés 
        dans un local parfaitement clos, désinfecté et désinsectisé, 
        au moyen de poux infectés placés sous leurs couvertures. 
        Pour la première fois, le pou prenait ainsi place parmi les agents 
        vecteurs d'une maladie humaine (1907-1908). Sergent et Foley signalent 
        d'autre part l'absence d'éléments figurés 
        dans le broyat des poux infectieux, et le fait que ce n'est point par 
        piqûres visibles que la transmission s'effectue. Ils signalent ainsi 
        les premiers que les spirochètes passent par un stade d'invisibilité 
        dans l'intestin des poux, d'une part, et, d'autre part, dans le sang des 
        malades entre deux rechutes. Pendant ce stade invisible, la virulence 
        persiste. 
      -------------En 
        1911, les auteurs démontrent l'efficacité du 606 dans le 
        traitement de la fièvre récurrente, chez les singes inoculés, 
        et chez l'homme. 
         
        -------------Fièvre 
        récurrente hispano-nord-africaine. 
        -------------André 
        Sergent signale, en 1933, l'existence en Algérie, chez l'homme 
        et chez le rat d'égout, de la fièvre récurrente hispano-nord-africaine 
        à Spirochaeta hispanica. Il trouve aussi des Sp. hispanica chez 
        des tiques, Rhipicephalus sanguineus, prélevées sur des 
        chiens sains en apparence. Rh. sanguineus n'avait pas encore été 
        signalé comme second hôte de ce spirochète. Dans un 
        cas humain et dans une série de cas expérimentaux chez le 
        cobaye, l'infection a été transmise par piqûre de 
        cette tique. 
      -------------Typhus 
        exanthématique. 
        -------------La 
        découverte du mode de transmission de la fièvre récurrente 
        devait nécessairement orienter vers le pou les recherches visant 
        à élucider le mode de transmission du typhus exanthématique. 
        Charles Ni-colle, Blaizot et Conseil, rappelant l'étroite parenté 
        épidémiologique, reconnue depuis longtemps, des deux maladies, 
        écrivaient en 1912: " Les médecins 
        qui se sont attachés à l'étude de la fièvre 
        récurrente dans l'Afrique du Nord ont été tous frappés 
        de l'analogie que présentent ces épidémies avec celles 
        du typhus exanthématique [...]. Comme agent possible de transmission 
        un seul facteur constant dans les deux cas, le pou. Cette opinion est 
        celle d'Edmond Sergent et H. Foley ". " L'opinion 
        d'Edmond Sergent et H. Foley [...] nous avait frappés ". " 
        Nous ne pouvions manquer d'être frappés de tant de similitude 
        entre les épidémies de typhus exanthématique et de 
        fièvre récurrente ". - Récurrente 
        et typhus étant des ma-ladies " de génie épidémique 
        identique ", ayant un " facteur étiologique commun ", 
        la découverte du mode de transmission de l'une d'elle devait éclairer 
        l'étiologie de l'autre. - Or le rôle propagateur du pou dans 
        la propagation de la fièvre récurrente a été 
        mis en évidence par Edmond Sergent et H. Foley dans leurs expériences 
        de 1907-1908, rapportées dans une première note en mars 
        1908. Et c'est le 1e` juillet 1909 que Charles Nicolle et ses collaborateurs 
        commencèrent leurs recherches sur la transmission du typhus par 
        le pou ; ils les publièrent en septembre 1909. 
      -------------En 
        juin 1914, Edmond Sergent, H. Foley et Ch. Vialatte découvrent, 
        en Algérie, le microbe du typhus chez des poux nourris sur des 
        malades et décrivent son évolution dans l'intestin de ces 
        insectes. 
      -------------En 
        janvier 1943, l'Institut Pasteur d'Algérie a institué avec 
        un succès complet les premières expériences qui aient 
        été faites dans le bassin méditerranéen sur 
        l'action de la poudre D.D.T. sur les poux. 
      -------------Debab 
        des dromadaires. 
        -------------La 
        principale maladie du dromadaire, l'animal indispensable au Sahara, est, 
        disent les nomades, le debab. Edm. et Et. Sergent découvrent, en 
        1902, que cette maladie est due à un trypanosome. Leurs recherches 
        expérimentales prouvent qu'il est transmis par la piqûre 
        de taons dans le bled, et par celle des stomoxes dans les fondouks. L'étude 
        complète est faite des symptômes, de la distribution géographique 
        et de l'épizootiologie de la maladie. Le dixième du troupeau 
        camelin de l'Afrique du Nord est trouvé infecté. -------------Des 
        thérapeutiques chimiques efficaces sont établies. Si l'on 
        applique les techniques de pré-munition et de traitement conseillées 
        par l'Institut Pasteur, on ne verra plus les hécatombes de drornadaires 
        qui ont marqué jadis l'expédition du S€irsou, dirigée 
        par le Général Marey-Monge, et, plus tard, l'occupation 
        des oasis du Touat. 
         
        -------------Piroplasmoses. 
        -------------Tous 
        les colons savent que le développement de leur cheptel bovin et, 
        en particulier, son amélioration par l'introduction de géniteurs 
        de races fines européennes, sont empêchés par une 
        maladie qu'ils appellent : la jaunisse. La mortalité atteint 100% 
        chez les animaux de souches françaises. Les travaux de l'Institut 
        Pasteur (Edm. Sergent, A. Donatien, L. Parrot et F. Lestoquard) ont montré 
        que sous ce nom de " jaunisse " il faut distinguer cinq piroplasmoses 
        bovines, dont les agents ont été déterminés, 
        le mode de propagation par les tiques démontré, des médications 
        efficaces trouvées. Il a été établi que la 
        plus grave de ces piroplasmoses bovines est due à un microbe nouveau 
        : Theileria dispar, que ce microbe est inoculé par des tiques du 
        genre Hyalomma (tandis que la theilériose de l'Afrique noire est 
        transmise par des tiques du genre Rhipicephalus), que Theileria dispar 
        est transmissible par inoculation du sang pré-levé pendant 
        l'accès aigu, - et enfin qu'au cours de ces passages en série 
        par inoculation de sang de bovin malade à bovin sain, cette theilérie 
        perd sa sexualité. Enfin, une méthode de vaccination prémunitive 
        a été instaurée qui permet de protéger les 
        bovins contre ces multiples piroplasmes. Des pacages luxuriants, désertés 
        autrefois par crainte des piroplasmoses, peuvent, à présent, 
        être utilisés. 
        -------------Des 
        études du même ordre ont fait connaître les piroplasmoses 
        ovines et équines sévissant en Afrique du Nord (Donatien 
        et Lestoquard). 
         
        -------------Leishmanioses. 
        - Bouton d'Orient. - Leishmaniose viscérale. 
        -------------Le 
        bouton d'Orient, curieuse lésion cutanée qui dure des mois, 
        sévit dans des régions steppiques ou désertiques 
        : Biskra, Gafsa, Alep, Bagdad, Delhi. (Un foyer d'endémicité 
        est découvert par Etienne Sergent, à Mila, dépt de 
        Constantine). Le bouton d'Orient est dû à un protozoaire 
        : Leishmania tropica. On ignorait son mode de propagation, quand Edm. 
        et Et. Sergent concluent, en 1904, d'une étude épidémiologique 
        faite à Biskra, qu'il faut soupçonner un petit moucheron 
        piqueur, le phlébotome (Phlebotomus papatasi). Edm. et Et. Sergent, 
        L. Parrot, A. Dona tien et M. Béguet démontrent, en 1921, 
        l'exactitude de cette hypothèse en transmettant le bouton d'Orient, 
        à Alger, pays indemne, à un sujet sain venant de France, 
        avec des phlébotomes capturés à Biskra, pays infecté. 
        Ils font l'étude de la répartition géographique du 
        bouton d'Orient en Algérie et au Sahara ; - l'étude morphologique 
        et biologique des phlébotomes et de leur taxinomie (L. Parrot) 
        ; - l'étude de l'évolution du parasite chez le phlébotome 
        transmetteur (L. Parrot et A. Donatien). 
      -------------La 
        découverte du rôle joué par un phlébotome (P. 
        papatasi) dans la propagation du bouton d'Orient, ou leishmaniose cutanée, 
        conduit à incriminer d'autres phlébotomes dans la transmission, 
        du chien à l'enfant, d'une autre leishmaniose, bien plus grave 
        (leishmaniose générale ou viscérale dont Edm. et 
        Et. Sergent démontrent, en 1910, l'existence chez les chiens d'Alger), 
        et à constater l'évolution du parasite de la maladie dans 
        l'organisme de ces phlébotomes (P. perniciosus et P. longicuspis) 
        (L. Parrot, A. Donatien, F. Lestoquard et Edm. Plantureux). 
         
        -------------Levures 
        et Drosophiles. 
        -------------Pasteur, 
        dans ses immortelles expériences, avait démontré 
        que la fermentation du jus de raisin est due à des levures qui, 
        en automne, se trouvent sur la pellicule des grains de raisin mûrs. 
        On croyait qu'elles y étaient portées par les poussières. 
      -------------Edmond 
        Sergent et H. Rougebief montrent, en 1924, en Algérie et à 
        Sauternes, que ce sont de petits moucherons, les drosophiles, qui vont 
        déposer, sur les raisins mûrs des vignobles, en même 
        temps que leur ponte, des levures dans leurs déjections. Dans le 
        jus des raisins écrasés, les levures pullulent, et elles 
        le font fermenter. En même temps les oeufs de drosophiles éclosent. 
        Les larves de drosophiles se nourrissent de levures, qui passent dans 
        l'intestin des drosophiles adultes ailés. Il s'établit ainsi, 
        entre les levures et les drosophiles, une sorte de mutualisme qui assure, 
        à la fois pour le microbe et l'insecte, la perpétuation 
        de l'espèce. La fermentation vinique est le résultat indirect 
        de cette association entre un in-secte et un microbe. Pasteur avait dit 
        que la fermentation vinique est une maladie du jus de raisin. 
         
        -------------Thimni, 
        nouvelle myiase humaine. 
        -------------Edm. 
        et Et. Sergent signalent, en 1907, que l'oes tre du mouton (en kabyle 
        thimni, dans le dialecte des Touareg tamné), qui n'était 
        connu jusqu'alors que comme parasite du mouton, peut pondre ses larves 
        sur la muqueuse oculaire ou nasale d'êtres humains, causant ainsi 
        des conjonctivites et des rhinites. Edm. Sergent publie, en 1952, une 
        enquête sur la répartition géographique, dans le monde 
        entier, de cette myiase oculo-nasale de l'homme due à l'oestre 
        du mouton. 
         
        -------------Entomologie 
        médicale. 
        -------------Nombreuses 
        études de sciences naturelles (zoologie et botanique médicales), 
        en particulier recherches sur les insectes et autres invertébrés 
        intéressant le pathologiste : moustiques, phlébotomes, poux, 
        tabanides, tiques, hippoboscides, oestres., hypodermes, cératopogoninés, 
        sauterelles, bullins, scorpions, etc. 
         
        -------------Après l'énumération 
        des maladies humaines ou animales dont la transmission par des insectes 
        a été mise en lumière par les travaux effectués 
        à l'Institut Pasteur d'Algérie, nous signalerons les parasites 
        nouveaux qu'ils ont fait connaître. 
         
        -------------Baïoudh 
        du dattier. 
        -------------Dans 
        le Sahara occidental. les Indigènes dénoncent, comme la 
        maladie la plus grave du dattier, le baïoudh, dont l'extension menace 
        l'existence même des palmeraies. Edm. Sergent et M. Béguet 
        montrent, en 1921, la présence constante, et à l'état 
        de pureté. d'un champignon nouveau, dans les lésions ainsi 
        que dans les parties saines en apparence des dattiers malades. Ils obtiennent 
        régulièrement en culture pure ce champignon, en ensemençant 
        dans les milieux appropriés le tissu de palmes atteintes de baioudh. 
        L'ensemencement de tissus de dattiers sains ou atteints de lésions 
        autres que le baïoudh n'a jamais don-né de culture de ce champignon. 
        Il y a donc lieu de le considérer comme l'agent de la maladie. 
        Edrn. Sergent et M. Béquet rapportent, d'après leurs enquêtes 
        faites à Figuig, que certaines variétés de dattiers 
        (par exemple l'àsian et, à un degré moindre, l'aziza) 
        résistent davantage au baïoudh que d'autres, comme la ghars 
        et l'afrokh ntigent. 
         
        -------------Sergentella 
        hominis. Brumpt. 
        -------------Edm. 
        et Et. Sergent découvrent, en 1903, un protozoaire d'une espèce 
        nouvelle dans le sang d'un Algérien d'origine européenne 
        atteint d'une affection fébrile inconnue, à symptômes 
        frustes. 
         
        -------------Agalaxie 
        contagieuse. 
        -------------J. 
        Bridré et A. Donatien parviennent, en 1923, à cultiver le 
        virus de l'agalaxie contagieuse in vitro dans des milieux renfermant une 
        proportion convenable de sérum. A la faveur de ces cultures, ils 
        peu-vent voir le microbe spécifique, microbe qui, par sa morphologie 
        et certains caractères biologiques, se rapproche du microbe de 
        la péripneumonie. C'est le deuxième exemple d'un microbe 
        filtrable, cultivable et visible. 
         
        -------------Mycoses, 
        Teignes. 
        -------------A. 
        Catanei effectue de vastes enquêtes, sur des milliers de sujets, 
        qui lui permettent de préciser la répartition des teignes 
        en Algérie et leurs rapports avec les conditions démographiques. 
        Il fait l'étude systématique par l'ensemencement en milieu 
        de culture et surtout par l'inoculation aux animaux, de nombreux champignons 
        causant des mycoses humaines ou animales, et décrit dix espèces 
        ou variétés nouvelles. 
         
        -------------Maladies 
        des animaux domestiques. 
        -------------A. 
        Donatien et F. Lestoquard découvrent plusieurs Rickettsia, parasites 
        du chien, du boeuf, du mouton et du porc, font une étude détaillée 
        de leur cycle évolutif et montrent que ces rickettsioses sont des 
        maladies à prémunition. 
        -------------Ils 
        décrivent des maladies nouvelles : l'anémie pernicieuse 
        du mouton et de la chèvre, la bartonellose du boeuf, le typhus 
        du porc. Ils élucident la question des maladies rouges du porc 
        et inventent un pro-cédé de diagnostic rapide de la peste 
        porcine par intradermo-réaction. 
      -------------En 
        1919, Edm. Sergent et A. Lhéritier découvrent une maladie 
        nouvelle, la fièvre bilieuse hémoglobinurique des bovins, 
        et indiquent des caractères suggérant que la cause de la 
        maladie doit être une spirochétale. Cette hypothèse 
        a été montrée juste en 1935 en Russie, où 
        est décrit l'agent causal, Spirochaeta ictero-haemoglobinuriae. 
        Ce microbe est retrouvé en Algérie par A. Donatien et ses 
        collaborateurs. Ils étudient aussi la leptospirose canine et montrent 
        la fréquence de la leptospirose du rat à Alger. 
        -------------Description 
        et étude expérimentale par Edm. Sergent d'une maladie des 
        agneaux du Présahara algérien, la namoussia. 
         
        -------------Edm. 
        et Et. Sergent étudient la biologie, la thérapeutique et 
        la prophylaxie du varron du boeuf dû à Hypoderma bovis en 
        Algérie. 
         
        -------------L'Institut 
        Pasteur d'Algérie poursuit l'étude épidémiologique 
        approfondie et de longue haleine d'autres maladies menacantes pour l'Algérie, 
        en prenant pour base les recherches de laboratoire, et en ayant pour objet 
        l'instauration de méthodes prophylactiques rationnelles. 
         
        -------------Tuberculose. 
        -------------La 
        carte de la répartition de l'infection tuberculeuse chez les Indigènes 
        d'Algérie est établie par la méthode de la cuti-réaction 
        à la tuberculine. grâce à plus de 45.000 cuti-réactions 
        vérifiées. Cette carte a nermis de suivre la marche de la 
        contas-ion dans le pays. L'Institut Pasteur d'Algérie, oui a délivré, 
        de 1994 à 1960. 2RR non closes de vaccin antituberculeux B.C.G., 
        poursuit, depuis 1935. l'annlication svstématinue de la vaccination 
        antituberculeuse nar le B C.G. dans la commune d'Alger, avec un contrôle 
        riso urenx de ses résultats. D'autre part, H. Folev et L. Parrot 
        montrent, depuis 1928, comment on peut effectuer la vaccination des enfants 
        de tout âge, sans cuti-réactions préalables, dans 
        la population rurale. Les méthodes de lutte sociale contre la tuberculose, 
        qui produisent de bons résultats dans les pays civilisés 
        - et d'autant plus qu'ils sont plus civilisés - sont inanplicahles 
        dans les milieux ruraux d'Aleérie (à population disnersée), 
        à cause de la misère générale des Indicènes. 
        de leur ignorance. de leur imnrévovance. Seule. dans ce pays de 
        civilisation attardée. une méthode de vaccination collective 
        neut lutter contre la nronaaation de la tuberculose. Cette vaccination, 
        le vaccin B.C.G. permet de la généraliser à neu de 
        frais. La méthode la plus sûre, et la plus facile à 
        pratiquer dans le bled et la brousse, est la méthode de Foley et 
        Parrot de vaccination par scarifications cutanées, sans cuti-réactions 
        préalables, appliquées à tous les enfants au-dessous 
        de 15 ans. 
         
        -------------Fièvre 
        ondulante. 
        -------------L'étude 
        épidémiologique de la fièvre ondulante, ou brucellose, 
        a permis à Edmond Sergent de conseiller, en 1908, des mesures prophylactiques 
        qui ont fait disparaître presque complètement la fièvre 
        ondulante des départements d'Alger et de Constantine. Il a montré, 
        dès 1908, la fréquence de la contamination par contact, 
        et l'existence de plusieurs races de Brucella melitensis. 
      -------------Trachome. 
        -------------H. 
        Foley, L. Parrot et Edmond Sergent effectuent des enquêtes sur l'épidémiologie 
        du trachome dans le Tell et au Sahara. L. Parrot propose un projet de 
        lutte contre le trachome en milieu indigène rural et crée 
        les " biout el aïnin ", organes principaux de cette lutte. 
        -------------H. 
        Foley et L. Parrot montrent que les " corps de Prowazek-Halberstadter 
        ", agents réels de la maladie, présentent les plus 
        grandes analogies avec les Protistes du genre Rickettsia, et en décèlent 
        l'existence dans l'épithélium conjonctival de nourrissons 
        bien avant l'apparition des lésions trachomateuses. 
        -------------A. 
        Donatien et F. Lestoquard étudient des conjonctivites granuleuses 
        à Rickettsia chez le boeuf, le mouton, le chien et le porc. 
         
        -------------Sodoku. 
        -------------R. 
        Horrenberger isole, en 1953, du cerveau de rats d'égout d'Alger, 
        six couches de Spirillum minus Carter, 1887 var. morsus muris Ch. Ruys. 
        1925, agent du sodoku. Le rat est donc à Alger un réservoir 
        de virus latent de cette maladie humaine. 
        -------------De 
        l'ensemble de ses recherches expérimentales, l'Institut Pasteur 
        d'Algérie a tiré une théorie qui intéresse 
        à la fois la biologie générale et la médecine 
        : la théorie de la prémunition. 
        -------------A 
        côté de l'immunité " vraie " que procure 
        une première attaque de certaines maladies infectieuses (rougeole, 
        scarlatine, etc.), il distingue une autre forme de résistance acquise 
        qu'il a désignée sous le nom de prémunition, et qui 
        est caractérisée par le fait qu'après certaines autres 
        maladies infectieuses (paludisme, piroplasmose, tuberculose, syphilis, 
        récurrente, fièvre ondulante, etc.) l'organisme ne résiste 
        à une nouvelle contamination que tant qu'il héberge encore 
        des microbes. Le terme de prémunition est aujourd'hui entré 
        dans le langage scientifique. L'avantage de cette notion n'est pas seule-ment 
        d'ordre théorique : elle sert à définir et à 
        préciser les possibilités et les limites de la vaccination, 
        de la sérothérapie, et des méthodes prophylactiques, 
        pour chacune des maladies virulentes. 
         
         
      ------------L'Institut 
        Pasteur d'Algérie a été amené à s'occuper 
        de questions de pathologie non microbienne et de questions d'ordre économique. 
         
        -------------Cailles 
        empoisonneuses. 
        -------------Mise 
        en évidence, avec preuve expérimentale, de cas d'intoxication 
        causés par l'ingestion de cailles " vertes " (du printemps) 
        qui s'étaient nourries de graines de ciguë. Les cailles " 
        de chaume " de la migration automnale, au retour d'Europe, ne sont 
        pas toxiques. Ces faits, observés en Algérie, expliquent 
        les cas d'intoxication suivant l'ingestion de cailles printanières 
        par les Hébreux, au cours de leur exode, et l'innocuité 
        des cailles dont ils se nourrirent à l'automne. A la suite de ces 
        observations, des cas d'empoisonnement par les cailles ont été 
        observés également en France (ciguë, oenanthe). 
         
        -------------Vitamine 
        antinévritique B1 conservée dans le riz étuvé. 
        -------------Des 
        expériences sur le pigeon montrent que lorsqu'on décortique 
        le paddy après l'avoir étuvé, une quantité 
        appréciable de vitamines actives subsistent dans le grain, d'où 
        l'indication de préférer le riz étuvé au riz 
        blanc. 
         
        -------------Toxicité 
        de la décoction de thé noir. 
        -------------Des 
        expériences sur le cobaye montrent l'existence dans les préparations 
        de thé noir, dans les décoctions plus que dans les infusions, 
        d'une substance très toxique pour cet animal. Ce poison se pro-duit 
        sans doute pendant la fermentation que subit le thé noir au cours 
        de sa préparation en usine. Le thé vert, qui subit seulement 
        un début de fermentation, vite arrêtée par le chauffage, 
        ne contient qu'une très faible quantité de ce toxique. 
        -------------Ces 
        expériences sur le cobaye viennent à l'appui des observations 
        des hygiénistes qui ont dénoncé les ravages causés 
        par l'abus de la décoction de thé noir, causant une véritable 
        toxicomanie, chez les populations indigènes de l'Afrique du Nord, 
        depuis l'Egypte jusqu'en Tunisie. Au contraire, l'infusion de thé 
        vert à la marocaine, à la menthe et très sucrée, 
        est inoffensive. 
         
        -------------Hygiène 
        rurale. - Fosse et fumier sans mouches. 
        -------------Différents 
        procédés propres à empêcher les fumières 
        de devenir des gîtes à mouches ont été expérimentés. 
        Celui qui donne le meilleur résultat, tant au point de vue de la 
        lutte contre les mouches qu'au point de vue de la production d'un bon 
        compost, est la fosse double à fonctionnement alternatif, à 
        fermentation anaérobie. 
         
        -------------Rouissage 
        de textiles. 
        -------------Pendant 
        la seconde guerre mondiale, l'Institut Pasteur a pu improviser la fabrication; 
        avec les moyens les plus simples, 'd'une excellente ficelle avec des tiges 
        de lin ayant servi à la production de graines. Il a préparé 
        également, avec l'alfa, une pâte qui a été 
        utilisée pour fabriquer du papier d'emballage et des tissus grossiers. 
         
        -------------Chèvre 
        rouge du Sahara du Nord-Est. 
        -------------Les 
        caractères anatomiques et biologiques de la chèvre rouge 
        du Sahara du Nord-Est (Mzab, Touggourt) ont été étudiés, 
        et on a montré que le duvet hivernal de ces chèvres, sans 
        emploi jusqu'ici dans ce pays, peut être filé et tissé 
        et donner un tissu analogue au châle de Cachemire. 
         
        -------------Protection des forêts 
        contre les chèvres dévastatrices. 
        -------------Des 
        expériences ont montré que la section des incisives, pratiquée 
        dans certains districts des Pyrénées pour éviter 
        que les chèvres écorcent les châtaigniers, ne les 
        empêche pas de détruire les bourgeons et les ramuscules des 
        arbres. 
         
        -------------Des 
        recherches ont été effectuées sur des questions n'ayant 
        pas de rapport direct avec la pathologie. 
       
        -------------Cristallites. 
        L'étude microscopique de liquides organiques étalés 
        en couche mince sur une plaque de verre a permis à Etienne Sergent 
        d'assister à l'apparition et au développement, dans des 
        préparations en voie de dessiccation rapide, de figures géométriques, 
        les cristallites. 
         
        -------------Indice 
        digital. 
        -------------Un 
        nouvel indice somatique a été étudié, par 
        Etienne Sergent, dans les races humaines et chez les quadrumanes. Il a 
        été appelé indice digital : c'est le rapport entre 
        la longueur de l'index et celle de l'annulaire d'une même main. 
        La recherche de l'indice digital, quand elle aura porté sur un 
        grand nombre de sujets, présentera sans doute de l'intérêt 
        pour distinguer et classer les groupes humains. Elle peut, d'autre part, 
        être utile, à cause de sa simplicité, dans l'anthropométrie 
        judiciaire, qui se sert déjà, pour l'identification des 
        individus, de la longueur du médius gauche et de la longueur de 
        l'auriculaire gauche. 
         
        -------------Stigmates 
        héréditaires des races chevalines. 
        Etienne Sergent établit un rapport entre les épis des diverses 
        races de chevaux d'Algérie et leurs harnachements, qui laissent 
        des stigmates héréditaires différents chez le cheval 
        de selle et chez la bête de somme. 
         
        -------------Biologie 
        des moineaux. 
        Edm. et Et. Sergent publient, en 1951, une étude sur " La 
        vie des moineaux algérois ".  
      SERUMS, VACCINS, ETC... 
        INVENTES A L'INSTITUT PASTEUR D'ALGERIE.  
      -------------Sérum 
        antiscorpionique. (voir 
        n°31) 
        -------------L'Institut 
        Pasteur d'Algérie a été sollicité d'étudier 
        la préparation d'un sérum contre les scorpions. Les scorpions 
        tuent, en Algérie, plus de monde que les vipères à 
        cornes : plusieurs dizaines de personnes par an. Etienne Sergent a résolu 
        la question. Ses recherches ont établi d'abord la toxicité 
        du venin des différents scorpions de l'Afrique du Nord. Cette toxicité 
        varie beaucoup d'une espèce à l'autre et, pour la même 
        espèce, suivant les régions. Ainsi, le scorpion dit " 
        languedocien ", qui existe dans le Midi de la France, n'y cause jamais 
        d'accidents mortels, tandis que sur le littoral algérien, aux portes 
        d'Alger, il a plusieurs fois donné la mort à des enfants 
        européens. Etienne Sergent a ensuite préparé un sérum 
        antiscorpionique polyvalent qui, au titrage, sauve de 80 à 100 
        % des souris, dont les témoins, qui ont reçu la même 
        dose de venin, meurent tous en moins de deux heures. Chez les êtres 
        humains piqués par des scorpions, et qui présentent des 
        symptômes alarmants faisant prévoir une fin imminente, le 
        sérum en sauve de 89 à 93 %. 
      -------------Etienne 
        Sergent montre que l'injection d'une grande quantité d'eau salée 
        a un heureux effet contre les envenimements. 
         
        -------------Vaccin 
        anticlaveleux. 
        -------------La 
        Métropole a intérêt à faire venir des moutons 
        d'Algérie, pour diminuer le prix de la viande sur les marchés 
        français. Mais les moutons d'Algérie peuvent introduire 
        en France la clavelée, maladie qu'ils supportent assez bien, tandis 
        que les moutons français y sont très sensibles. Par suite, 
        le Ministère de l'Agriculture n'autorise l'entrée en France 
        des moutons algériens vivants que s'ils sont préalablement 
        immunisés contre la clavelée. J. Bridré et A. Boquet 
        ont inventé un vaccin anticlaveleux sensibilisé qui produit 
        les meilleurs résultats et qui permet ainsi l'exportation en France 
        des moutons de l'Afrique du Nord, pour le plus grand profit des éleveurs 
        algériens et des consommateurs métropolitains. Ce vaccin 
        est demandé à enstitut Pasteur d'Algérie par plusieurs 
        pays étrangers. A. Donatien et F. Les-toquard inventent une méthode 
        de contrôle de l'immunité anticlaveleuse par intradermo-réaction. 
         
        -------------Virus-vaccins 
        antipiroplasmiques. 
        -------------Une 
        expérience de 20 ans, portant sur plus de 36.000 bovins, montre 
        l'efficacité et l'innocuité des virus-vaccins antipiroplasmiques 
        inventés à l'Institut Pasteur d'Algérie. 
         
        -------------Sérum 
        antibrucellique. 
        -------------Edmond 
        Sergent a préparé, chez le cheval, un sérum contre 
        la fièvre ondulante avec des souches algériennes de Brucella 
        melitensis. Ce sérum n'a aucune action sur les accès aigus, 
        mais il a procuré un soulagement complet et immédiat dans 
        les séquelles douloureuses tardives de la maladie. 
         
        -------------Antagonisme 
        microbien. 
        -------------Edmond 
        Sergent a obtenu, en 1903, un extrait de levure de bière qui agit 
        comme la levure fraîche sur les lésions suppuratives à 
        staphylocoques (furonculose de l'homme, abcès expérimentaux 
        sous-cutanés du lapin). 
         
        -------------Vaccination 
        par des virus colorés vivants. 
        -------------Edmond 
        Sergent a inoculé, en 1902, à des lapins, dans la veine, 
        ou dans le péritoine, ou sous la peau, des pneumocoques colorés 
        par le cristal-violet, qui étaient restés bien vivants, 
        car, ensemencés dans un milieu de culture approprié, ils 
        poussaient abondamment. Inoculés sous la peau, ces pneumocoques 
        colorés vivants tuaient les lapins aussi vite que les pneumocoques 
        non colorés ; inoculés dans une veine ou dans le péritoine, 
        ils ne les faisaient aucunement souffrir et les immunisaient solidement, 
        au contraire, comme une inoculation d'épreuve le montrait. 
        -------------Cette 
        méthode de préparation d'un vaccin grâce à 
        la coloration du virus par le cristal-violet a été utilisée, 
        34 ans plus tard, par Marion Dorset, pour l'obteni ion d'un vaccin contre 
        la peste porcine. 
         
        -------------Extrait 
        de Mélia pour la protection des cultures contre les acridiens. 
        -------------Le 
        Melia azedarach, est un arbre que les sauterelles pèlerines et 
        leurs criquets n'attaquent jamais. A l'Institut Pasteur d'Algérie, 
        Michel Volkonsky a eu l'idée, en 1937, de tirer du Mélia 
        des extraits qui ont le même pouvoir répulsif que la plante 
        vivante sur les acridiens. Etienne Sergent, en 1944, simplifie la préparation 
        de ces extraits, les expérimente et en vulgarise l'emploi, efficace 
        en particulier pour la protection des potagers, des vergers et des cultures 
        les plus précieuses, telles celles qui poussent sous les dattiers 
        des oasis. 
      -------------Edm. 
        Sergent et Alice Poncet montrent que l'effet répulsif du feuillage 
        de Mélia, qui est puissant sur certaines espèces d'acridiens, 
        est nul sur d'autres espèces très voisines. 
      SERUMS, VACCINS, ETC... 
        DONT LA PREPARATION EST PARTICULIEREMENT DEVELOPPEE A L'INSTITUT PASTEUR 
        D'ALGERIE. 
      -------------Vaccin 
        triple contre la typhoïde et les paratyphoïdes A et B. 
        -------------C'est 
        à l'Institut Pasteur d'Algérie que fut ins tauré 
        pour la première fois, en octobre 1914, le vaccin triple appelé 
        plus tard T.A.B. 
         
        -------------Sérum 
        contre la peste porcine. 
        -------------La 
        peste porcine, maladie due à un virus invisible, doit son nom à 
        la rapidité avec laquelle elle se propage et à la gravité 
        de ses atteintes. On peut dire que 95 % des animaux frappés dans 
        un troupeau succombent. L'Institut Pasteur (A. Donatien, F. Lestoquard, 
        Edm. Plantureux) prépare, à Alger, un sérum dont 
        l'emploi renverse la proportion des pertes et sauve 95 % d'un effectif 
        conta-miné. Ce sérum satisfait non seulement aux besoins 
        de l'Algérie, mais à ceux de la Métropole, pour :'application 
        de la séro-inoculation. 
        -------------Un 
        vaccin antisuipestique, coloré par le cristal-violet, conformément 
        au principe établi par Edm. Sergent en 1902, est préparé 
        à l'Institut Pasteur d'Algérie. 
         
        -------------Vaccins 
        antirabiques. 
        -------------La 
        rage est encore extrêmement répandue en Algérie : 
        le nombre des personnes traitées à Alger varie, suivant 
        les années, de 3.000 à 4.000. Le traitement préventif 
        contre la rage après morsure, appliqué à l'Institut 
        Pasteur même à Alger, a utilisé le vaccin classique 
        préparé avec les moelles desséchées, puis 
        un vaccin phéniqué. Depuis le ter janvier 1950, les médecins 
        de l'intérieur de l'Algérie peuvent pratiquer la vaccination 
        à domicile avec du vaccin phéniqué qui leur est envoyé 
        par l'Institut Pasteur d'Alger. 
      -------------R. 
        Horrenberger constate en 1952, dans une gr ande enquête, que les 
        rats d'égout d'Alger ne sont pas un réservoir de virus rabique 
        latent, comme c'est le cas à Tanger. 
      -------------Edm. 
        Plantureux prépare, depuis 1930, un vaccin formolé contre 
        la rage, destiné à la vaccination des chiens avant morsure. 
        Les décrets présidentiels du 14 décembre 1929 et 
        du 19 août 1936 dispensent de l'abatage, en Algérie, les 
        chiens mordus ou roulés par un animal enragé ou ayant pu 
        être en contact avec lui, pourvu qu'ils aient été 
        vaccinés depuis plus de 20 jours et moins d'un an, ou revaccinés 
        depuis moins d'un an. Plusieurs milliers de chiens sont vaccinés 
        préventivement chaque année. Le même vaccin peut être 
        utilisé, après morsure, chez les herbivores. 
         
        -------------Vaccin 
        antityphique non vivant. 
        L'Institut Pasteur d'Algérie prépare, en grand es quantités, 
        le vaccin antityphique non vivant, d'après la méthode de 
        Paul Durand et Paul Giroud. Pour cette préparation, il a pris l'initiative 
        d'utiliser, outre la souris et le lapin, deux nouveaux an imaux, le mouton 
        et la chèvre, ce qui augmente beaucoup le rendement. 
         
        -------------Vaccin 
        antivariolique. 
        -------------Ce 
        vaccin est préparé pour l'Algérie et les Ter ritoires 
        du Sud. Il a été délivré, pendant la guerre, 
        aux armées alliées. A. Donatien a instauré l'heureuse 
        technique de sacrifier la génisse avant la récolte du vaccin. 
         
        -------------Autres 
        vaccins. 
        -------------Préparation 
        à Alger du vaccin anti-rouget par le procédé de Staub, 
        du vaccin contre le charbon symptomatique, des vaccins contre la mammite 
        gangréneuse de la chèvre et contre la mammite gangréneuse 
        de la brebis, par le procédé de Bridré, du vaccin 
        de Nègre et Boquet contre la lymphangite épizootique des 
        Solipèdes. Auto-vaccins à usage médical ou à 
        usage vétérinaire. 
         
        -------------Ferments 
        lactiques. 
        -------------L'emploi 
        des ferments lactiques contre les infections intestinales est connu et 
        pratiqué depuis longtemps. Une circonstance fortuite amena l'Institut 
        Pasteur d'Algérie à s'en occuper. Un médecin de Bône 
        ayant demandé, en 1917, du ferment bulgare, dont la culture avait 
        dû être abandonnée pendant la guerre, Edmond Sergent 
        lui envoya, pour remplacer ce bacille, un microcoque isolé du beurre, 
        d'un faible pouvoir acidifiant. Ces cultures eurent un effet prodigieux 
        dans le traitement de plusieurs cas de gastro-entérites infantiles. 
        Maurice Béguet fut alors chargé de cette étude. Il 
        établit les deux règles suivantes qui donnent des résultats 
        excellents : administrer des cultures fraîches (de moins de 4 jours, 
        tous les microbes y sont encore vivants) - à doses massives, correspondant 
        au volume de la ration alimentaire qu'elles remplacent. Les cultures fraîches 
        de ferments lactiques en lait écrémé ont, en plus 
        de leur action thérapeutique, u ' va leur nutritive qui met les 
        nourrissons à l'abri de l'inanition, danger de la diète 
        hydrique. 
      ENSEIGNEMENT. 
      -------------En 
        plus de sa mission de recherche scientifique, l'Institut Pasteur est chargé 
        de l'enseignement supérieur de la microbiologie, par la parole 
        et par l'écrit : conférences et cours de paludologie; - 
        stages dans ses laboratoires, de travailleurs français ou étrangers 
        ; - direction scientifique des médecins désignés 
        pour les postes des Territoires du Sud ; - publication, chaque année, 
        de plusieurs dizaines de milliers de tracts diffusant les notions nouvelles 
        sur les maladies infectieuses et leur prophylaxie; - enseignement par 
        l'exemple, dans une station expérimentale, des méthodes 
        inspirées par la microbiologie et applicables à l'hygiène 
        et à l'économie rurales. - L. Parrot a écrit, en 
        1922, le " Livre de la bonne santé " (Kitab eç 
        Cih'h'a), avec une version en arabe, " dédié aux Musulmans 
        de l'Afrique du Nord par l'Institut Pasteur ". 
      -------------Toutes 
        les recherches effectuées à l'Institut Pasteur d'Algérie, 
        ainsi que le compte rendu des applications pratiques, sont consignés, 
        chaque année, dans une publication trimestrielle, les Archives 
        de l'Institut Pasteur d'Algérie ; un Rapport annuel du directeur 
        les résume. On y trouve également l'inventaire de recherches 
        sur les parasites d'animaux inférieurs et d'animaux sauvages : 
        bactéries, protozoaires, champignons, etc... Ces études 
        ne sont pas seulement intéressantes pour le naturaliste, mais, 
        par les analogies qu'elles révèlent, elles apportent d'utiles 
        enseignements au médecin. 
      SERVICES PRATIQUES. 
      -------------Enfin, 
        l'Institut Pasteur d'Algérie assure des services pratiques d'intérêt 
        public : Enquêtes et missions demandées par le Gouverneur 
        général ; - services d'analyses microbiologiques concernant 
        sur-tout les maladies pestilentielles dont la constatation peut entraîner 
        l'intervention de l'Etat; - service de préparation et de délivrance 
        dei sérums, vaccins et produits microbiologiques nécessaires 
        aux services d'assistance et d'hygiène et aux services vété 
        rinaires sanitaires de l'Algérie. 
      -------------Le 
        directeur de l'Institut Pasteur d'Algérie est le conseiller technique 
        du Gouverneur général pour toutes les questions de pathologie, 
        d'hygiène et d' économie rurale relevant de la microbiologie. 
      STATION EXPERIMENTALE 
        DU MARAIS DES OULED- MENDIL. 
      -------------Un 
        marais de 360 hectares, dernière retraite des paludismes et des 
        piroplasmoses bovines dans la plaine de la Mitidja, à 25 km. d'Alger, 
        a servi d'expérience cruciale d'assainissement rapide, total, sans 
        risques pour la santé des travailleurs, par les méthodes 
        modernes. Le réservoir de virus a été tari par la 
        cure médicamenteuse des anciens paludéens voisins du marais, 
        les gîtes à anophèles ont été abolis, 
        le sol a été drainé, desséché, essarté, 
        défoncé, mis en valeur, boisé, couvert de routes, 
        de constructions. 
      -------------Vingt 
        ans après le début de l'expérience, on peut en tirer 
        la conclusion : aucun des pionniers qui ont débroussaillé, 
        défoncé, drainé le marais, aucun des ouvriers agricoles 
        qui l'ont labouré, semé, moissonné, n'a eu le paludisme. 
        Les Européens, neufs et sensibles au paludisme, qui constituaient 
        les " sujets d'expérience ", parmi lesquels des enfants 
        nés sur le domaine, habitent les trois fermes de jour et de nuit. 
        Ils sont tous restés complètement indemnes de paludisme. 
        Aucun des ouvriers indigènes, sédentaires ou de passage, 
        n'a manqué à l'appel pour cause de fièvres. Aucun 
        n'a signalé de cas dans sa famille. Des vaches laitières 
        de races françaises pacagent là où naguère 
        on n'osait point, par crainte des piroplasmoses, mener les boeufs de labour. 
        -------------La 
        dépression marécageuse jusque là inhabita ble et 
        inculte a été " humanisée " et a été 
        transformée en une station expérimentale particulièrement 
        favorable à l'étude des problèmes d'hygiène 
        et d'économie rurales propres au pays. 
      -------------Le 
        compte rendu de cette expérience a été pu blié 
        par l'Institut Pasteur d'Algérie, sous le titre : " 
        Histoire d'un marais algérien ", en un volume d e 
        294 pages, 310 figures, planches ou cartes. 
      ETUDES SAHARIENNES DE 
        L'INSTITUT PASTEUR D'ALGERIE. 
      -------------L'exploration 
        scientifique, du point de vue de la microbiologie, de la parasitologie 
        et de l'entomologie médicale, à laquelle s'est livré 
        l'Institut P asteur d'Algérie, ne s'est pas bornée au Tell, 
        mais s'est étendue à tout le Sahara. 
      -------------Nous 
        rappellerons brièvement les principales découvertes concernant 
        la pathologie humaine, animale ou végétale du désert 
        : 
      -------------- 
        Découverte du mode de transmission de la fièvre récurrente 
        à poux ; 
        -------------- 
        Découverte du mode de transmission du bouton d'Orient ; 
        -------------- 
        Invention du sérum antiscorpionique ; 
        -------------- 
        Découverte du microbe, un trypanosome, qui cause la principale 
        maladie du dromadaire, le debab, et de son mode de transmission ; 
        -------------- 
        Découverte du champignon qui cause la plus dangereuse maladie du 
        dattier, le baïoudh ; 
        -------------- 
        Divulgation de l'existence, dans les montagnes du Sahara central, de la 
        myiase oculaire humaine découverte en Kabylie (en kabyle " 
        thimni ", - dans la langue des Touareg " tamné ") 
        ; 
        -------------- 
        Invention de l'extrait de Mélia, qui protège contre les 
        sauterelles pèlerines et leurs criquets les cultures des palmeraies- 
        ; 
        -------------- 
        Décèlement d'un foyer d'ankylostomiase dans une oasis du 
        Sud constantinois ; 
        -------------- 
        Description et étude expérimentale d'une m aladie des agneaux 
        du Présahara algérien, la na.-moussia ; 
        -------------- 
        Dénonciation du danger d'invasion de l'Afrique du Nord par la peste 
        bovine, à travers le Sahara, et indication des mesures de douane 
        sanitaire à prendre ; 
        -------------- 
        Monographies d'oasis et de populations sah ariennes ; 
        -------------- 
        Publication, en 1953, par Edmond Sergent, d'une étude sur " 
        Le peuplement humain du Sahara ", d'après les connaissances 
        actuelles de géographie physique et de géographie humaine 
        : quelles races d'hommes pourront repeupler le Sahara ? L' acclimatement 
        d' familles " blanches " ainsi que l'acclimatement de familles 
        " noires " est impossible au Grand-Désert pour des raisons 
        d'ordre physiologique, d'ailleurs différentes. Sous le climat actuel, 
        le peuplement proprement dit du Sahara ne pourra être réalisé 
        que par les familles des Oasiens négroïdes, travailleurs de 
        la terre, dans la mesure où l'eau vitale et une alimentation suffisante 
        leur seront assurées. Quant aux Nomades, s'ils ne se sédentarisent 
        pas, ils sont incapables de prospérer dans un pays pacifié 
        et policé. 
      -------------H. 
        Foley, poursuit, depuis 40 ans, l'exploration scientifique du Sahara, 
        au cours d'un long séjour dans le poste de Beni Ounif-de-Figuig 
        et de nombreuses missions, et en dirigeant les investigations des médecins 
        des Territoires du Sud, qui sont tous ses élèves. Son oeuvre 
        de prospection n'est pas seulement médicale ; elle embrasse toutes 
        les questions de démographie et d'histoire naturelle. 
      RAYONNEMENT DE L'INSTITUT 
        PASTEUR D'ALGERIE. 
      -------------Le 
        directeur de l'Institut Pasteur d'Algérie a été envoyé 
        en Grèce, en 1919, par le Dr E. Roux, pour négocier avec 
        le gouvernement de ce pays les bases d'un Institut Pasteur à Athènes 
        et, de nouveau, en 1934, pour la révision du contrat passé 
        entre l'Institut Pasteur de Paris et le gouvernement hellénique. 
      -------------Le 
        Dr Roux l'a également chargé, de 1928 à 1932, de 
        créer un Institut Pasteur à Casablanca, d'établir 
        un contrat avec le gouvernement chérifien du Maroc, de choisir 
        l'emplacement du nouvel Institut, d'en dresser les plans, de le construire, 
        de l'organiser et d'équiper les laboratoires. 
        Il a été appelé par le Comité d'Hygiène 
        de la S.D.N. à faire partie de la Commission du paludisme de la 
        S.D.N., et à la présider à partir de 1935. 
        -------------L'Institut 
        Pasteur d'Algérie s'efforce de remplir la tâche essentielle 
        qui lui est assignée : contribuer à l'avancement de la science 
        par des travaux de recherche. D'autre part, il assure les services pratiques, 
        relevant de la microbiologie, nécessair es à la préservation 
        de la Santé publique et à l'économie rurale du pays. 
        En Algérie, comme dans tous les pays d'outre-mer, et plus encore 
        que dans la Métropole, les travaux des Instituts Pasteur ne présentent 
        pas seulement un intérêt d'ordre scientifique, mais, à 
        ne les envisager que du point de vue utilitaire, ils ont pour résultat 
        une économie de vies humaines et de journées de maladies, 
        et la protection des troupeaux et des cultures. 
      Dr Edmond SERGENT, 
        Membre de l'Institut (Académie des Sciences), 
        de l'Académie nationale de Médecine, 
        de l'Académie d'Agriculture de France 
        et de l'Académie des Sciences coloniales. 
        Directeur de l'Institut Pasteur d'Algérie. 
        
     |