Alger, Algérie : documents algériens
Série économique
L'industrie du liège en Algérie
Lièges comprimés pour l'exportation
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mise sur site le 9-10-2011
* Document n° 37 de la série : Économique - Paru le 20 novembre 1947 - Rubrique INDUSTRIALISATION

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L'industrie du liège en Algérie
Lièges comprimés pour l'exportation (
Voir " Documente Algériens ", série économique, n° 6 - 1er février 1946 : " Le Liège en Algérie ")

Deuxième pays du monde par ses surfaces couvertes en chêne-liège, l'Algérie ne se classe cependant qu'au troisième rang des pays méditerranéens producteurs de liège par le tonnage de sa récolte annuelle.

Superficie

Production

— Portugal

550.000 hectares

1.100.000 quintaux

— Espagne

340.000 hectares

800.000 quintaux

— Alg้rie

440.000 hectares

375.000 quintaux

— Italie

75.000 hectares

75.000 quintaux

— Maroc

300.000 hectares

40.000 quintaux

— Tunisie

140.000 hectares

80.000 quintaux

— France

150.000 hectares

85.000 quintaux

Il n'en reste pas moins qu'avec ses 375.000 qx la production algérienne a toujours fourni un appoint appréciable à l'économie du pays, appoint destiné à s'accroître rationnellement grâce d'une part aux travaux poursuivis par la Station de Recherches Forestières, d'autre part, à l'Industrialisation de l'Algérie.

ETAPES DE L'INDUSTRIE DU LIEGE EN ALGERIE.

Avant 1830, le liège, dont le commerce est à peu près inconnu, sert uniquement aux besoins domestiques des populations autochtones.

Dès 1840, les ressources de la région de Pilippeville-La Calle, sont signalées par les agents forestiers, mais l'exploitation des forêts ne se fait que lentement. C'est vers 1867 que s'effectuent les premières exportations de liège non ouvré. Quant au liège ouvré, il ne figure dans les statistiques d'exportation qu'à partir de 1901. A ce moment, l'industrie du liège est à l'état embryonnaire. Elle ne prend son essor qu'après la guerre 1914 - 1918 et surtout à partir de 1920. Essor assez factice d'ailleurs jusqu'en 1945 (les produits ouvrés ne figurent dans les exportations de liège que pour 7 % environ)

Ce faible pourcentage donne la mesure du développement possible de l'industrie algérienne qui s'est jusqu'à ces dernières années consacrée surtout à la bouchonnerie (2).

LIEGES AGGLOMERES.

Le bouchon, objet d'abord unique, ensuite principal de l'industrie du liège n'est plus à considérer que comme une production secondaire. En effet, le liège est à l'heure actuelle utilisé dans la proportion de 80 % environ par diverses industries étrangères à la bouchonnerie et en particulier pour la fabrication d'agglomérés.

On distingue deux sortes d'agglomérés : les " expansés purs " et les " agglomérés blancs " ou " fins ".

Les expansés purs ou agglomérés noirs sont agglutinés sous les seuls effets de la chaleur et de la pression. Ils sont utilisés principalement comme isolants dans la construction et les aménagements frigorifiques sous forme de briques, de panneaux, plaques, tubes, ainsi que comme matière anti-vibratoire pour les machines. Matériau recherché pour sa légèreté et ses propriétés isolantes, thermiques et acoustiques l'expansé pur s'avère inégalable pour certains emplois.

Les " agglomérés blancs " ou " agglomérés fins " sont agglutinés à l'aide d'un liant spécial (résine synthétique, caséine, etc...).

La fabrication des agglomérés nécessite un équipement mécanique important. Elle comporte le broyage du liège à l'aide de concasseurs, broyeurs, le tamisage qui permet le triage des grains d'après leur dimension. Ces grains comprimés dans des moules au moyen des presses sont ensuite enfournés et chauffés pendant plusieurs heures.

Les agglomérés blancs sont avant le moulage mélangés dans des malaxeurs à un produit agglutinant.

L'industrie algérienne s'est presque exclusivement consacrée jusqu'à ces toutes dernières années à la fabrication des expansés purs et timidement puisque sa production n'a été que de 30 à 40.000 qx par an. Il semble bien qu'elle soit actuellement engagée dans une voie d'extension. Plusieurs projets d'extension ou de création d'usines sont en cours (( Voir " Documents Algériens ", série économique, n° 27, du 15 juillet 1947 : " Industrialisation de l'Algérie ".)) : déjà une installation est terminée dans la banlieue d'Alger pour la fabrication d'agglomérés blancs dont la production permettra de satisfairè une partie des demandes formulées par la Métropole et l'étranger. Toutefois, il importe de tenir compte en ce qui concerne le développement de l'industrie du liège en Algérie de certains éléments économiques.

LES DEBOUCHES (note du site: normal pour des bouchons ) DES AGGLOMERES ALGERIENS (Ce paragraphe et les suivants s'inspirent d'un point de vue économique général exposé en la matière par l'U.N.I. T.E.C., au cours d'une série d'études effectuées à la demande de M. l'Ambassadeur, Gouverneur Général de l'Algérie,)

Il est incontestable qu'il existe actuellement une forte démande de liège aggloméré, mais il paraît extrêmement prudent de considérer ce fait comme momentané. Il n'est dû, en effet qu'à l'épuisement des stocks et aux reconstructions.

Il est d'ailleurs très difficile de chiffrer exactement ces demandes car les utilisateurs dans l'espoir d'obtenir plus vite et plus sûrement satisfaction, s'adressent à plusieurs maisons à la fois pour les mêmes besoins. On risquerait donc, en totalisant les demandes, d'arriver à un chiffre trois ou quatre fois supérieur aux besoins réels.

D'un autre côté, les demandes de liège aggloméré sont essentiellement fonction du prix de ce matériau. Dès qu'il est trop cher, on s'adresse à des succédanés dont certains prennent de plus en plus d'importance, notamment la laine de verre, le verre multicellulaire. Les produits similaires obtenus à partir des laitiers peuvent être bien meilleur marché encore.

Or, les prix du liège sont faits par les deux pays gros producteurs : le Portugal et l'Espagne. Les fluctuations monétaires peuvent pas suite influer fortemént sur les cours du liège et entraîner soit de fortes demandes de lièges algériens, soit leur mévente.

Si nous examinons maintenant ce qu'a fait dans le domaine des agglomérés le Portugal qui en produit 200.000 qx par an (contre 35.000 pour l'Algérie), nous constatons que les exportations de liège aggloméré ne s'y élèvent qu'à 10 % des exportations totales de liège de ce pays. Et cependant, il existe rien qu'aux U.S.A. un marché pour 90.000 tonnes d'agglomérés.

C'est que les U.S.A. (où va 55 % de la production mondiale) comme d'ailleurs tous les gros utilisateurs d'agglomérés (Angleterre, Allemagne, Scandinavie et Japon) sont équipés pour l'agglomération du liège et, en conséquénce, importent seulement du brut ou des déchets.

Il est d'ailleurs à prévoir que si tous les pays se trouvaient gênés dans leur importation de liège brut et de déchets, par suite d'one production massive d'agglomérés sur les lieux de production, ils prendraient immédiatement des mesures pour protéger leurs industries, tout comme dans le domaine de la fabrication dés bouchons. Ces derniers sont, en effet, frappés de droits tels dans la plupart des pays, que le seul débouché d'exportation pour les bouchonneries algériennes est la Métropole.

ORIENTATION DE LA PRODUCTION.


Etant donné les conditions économiques mondiales actuelles il ne paraît pas très probable que les demandes de liège aggloméré, assez considérables en ce moment, se maintiennent dans un proche avenir.

Les débouchés que pourrait alors trouver une industrie algérienne des agglomérés se réduiraient à ceux-là méme qu'exploitait l'industrie métropolitaine d'avant-guerre, soit au maximum : les Balkans, le Mayen-Orient, l'Egypte. Et il est bon de se souvenir que cette industrie métropolitaine était à l'époque, dans des conditions économiques d'échange meilleures, déjà suréquipée en ce domaine.

Pour ces raisons, il serait sans doute sage de ne pas escompter pour des exportations éventuelles de liégé aggloméré d'Algérie une proportion de la récolte totale supérieure à celle que nous avons vue transformer au Portugal, soit 10 %.

C'est donc à 30.000 ou 35.000 qx que se situerait en période normale et au grand maximum le montant possible de ces exportations.

La commission consultative du liège a fixé, momentanément, le plafond des quantités de liège destinées à l'agglomération à 50.000 quintaux. Tant du point de vue intérieur que du point de vue extérieur, il y peu de chances, du moins dans les prochaines années que ce plafond soit jamais atteint.

Un débouché appréciable pourrait être fourni à l'industrie du liège aggloméré par la fabrication de futailles en liège surcomprimé destinées au transport du vin d'exportation. Une usine capable de 30.000 fûts est actuellement en cours d'aménagement et il semble que ces emballages puissent être fabriqués dans des conditions très acceptables.

ECHANGES POSSIBLES AVEC L'U.R.S.S.


En raison de l'évolution des conditions économiques mondiales et dans un souci de recherche des éléments de détente économique hautement souhaitable dans une Algérie dont l'industrie naissante a besoin de débouchés, les techniciens et la haute administration se sont préoccupés de trouver des clients éventuels pour les lièges algériens.

L'inexistence en U.R.S.S. de produits possédant les qualités du liège (les écorces de bouleau ou d'essences similaires ne sont que des remplaçants de peu de valeur pour beaucoup d'emplois) peut donner lieu à un courant d'échanges intéressants car les essais d'acclimatation de chênes-lièges sur les rivages de la Mer Noire n'ont pas donné de résultats sérieux.

Contre le liège fourni, l'Algérie pourrait recevoir de l'amiante dont l'U.R.S.S. dispose comme ressource naturelle. Ce matériau, de la plus haute importance pour les usines de tuyaux en fibro-ciment construites ou en construction au titre de l'industrialisation, ainsi que pour l'équipement industriel comme calorifuge à haute température, ne se trouve en Algérie qu'en faibles quantités dans le Sud oranais.

De ces échanges rationnels, techniquement et économiquement préparés et organisés, peut dépendre un essor nouveau d'une industrie prospère actuellement, mais que les conditions économiques mondiales peuvent venir bouleverser.