DUPERRÉ
Les mines de fer

[...] De même, les Turcs, aux temps où Alger était un nid de pirates. Rendus dédaigneux par les immenses richesses que contenaient leurs vastes empires, tous ces peuples n'extrayaient que le meilleur du minerai : très souvent même, dans les scories de leurs installations rudimentaires, on a retrouvé des mattes riches pour être rémunératrices. Une tentative d'exploitation par les anciens est donc souvent un gage rassurant. Il est bien peu d'exemples que cette constatation ait été pour ceux qui l'ont admise une source de déceptions.

La région du Chéliff est une de celles qui a été la plus favorisée par la nature. Les gisements sont situés au pieds des contreforts Nord-Ouest des massifs montagneux du Doui. C'est une série de vallonnements qui prennent naissance à proximité du village de Duperré.

Les mines de Duperré fournissent de l'excellente hématite rouge et brune contenant un peu de phosphore, dont la métallurgie moderne tire aisément parti.

Leur rendement est allé sans cesse en augmentant. Le plus brillant avenir leur est réservé ainsi qu'aux mines de Rouïna.

(voir l'article.)

Afrique du nord illustrée du 21-1-1922 - Transmis par Francis Rambert
mise sur site : janvier 2021
* La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. On est en 1922. Amélioration notable plus tard.

200 ko -

retour
 

TEXTE COMPLET SOUS LES IMAGES.


LES MINES DE FER

Il n'est pas faux de dire, quand l'on parle de l'Algérie, que son sous-sol renferme de véritables trésors.

Sa richesse superficielle, la fertilité des plaines où le soleil dore les moissons et mûrit les lourdes grappes sucrées, les vastes étendues où paissent les troupeaux de moutons, ses plantations d'arbres producteurs dont l'été charge les rameaux de fruits sucrés autour desquels tourne le vol sonore des guêpes voraces, tout cela n'est rien auprès des ressources infinies qu'offriront un jour, aux hommes nouveaux, l'exploitation et la mise en valeur des richesses qui dorment dans la nuit froide de la terre.
Parmi ces richesses, il faut en premier lieu citer le fer, le fer dont l'emploi ne fait qu'augmenter chaque jour, si réclamé par les besoins de l'industrie et de la vie modernes, que, dans le recul des temps, quand on se retournera plus tard vers le passé, on ne manquera pas de considérer notre époque comme l'âge du fer, le fer qui constitue aujourd'hui la fortune des nations

Or, avec les mines de Normandie, de Lorraine et d'Algérie, la France pourrait être la nation la plus riche du monde en minerai. Et quel sérieux appoint lui apporterait dans sa production globale celle de l'Afrique du Nord ?

Le fer existe en effet un peu partout en terre algérienne, et ce qu'il y a de remarquable, c'est qu'au rebours de ce qui s'est produit pour les gisements de cuivre, la minéralisation, loin de s'atténuer en profondeur, semble au contraire augmenter au fur et à mesure que l'on avance dans les mystérieuses profondeurs de la terre. Le plus bel avenir est donc réservé à ceux qui exploiteront ces amas ferrugineux. La découverte de ces richesses souterraines remonte à la plus haute antiquité.
Les Romains les connurent et en tirèrent parti. On a pu s'en convaincre aisément par la trouvaille, dans les éboulements d'anciennes excavations, de différents outils datant de leur époque.

Mais, comme leurs besoins étaient en somme plus restreints que les nôtres, ils n'exploitèrent les gisements que d'une façon superficielle.

De même, les Turcs, aux temps où Alger était un nid de pirates. Rendus dédaigneux par les immenses richesses que contenaient leurs vastes empires, tous ces peuples n'extrayaient que le meilleur du minerai : très souvent même, dans les scories de leurs installations rudimentaires, on a retrouvé des mattes riches pour être rémunératrices. Une tentative d'exploitation par les anciens est donc souvent un gage rassurant. Il est bien peu d'exemples que cette constatation ait été pour ceux qui l'ont admise une source de déceptions.

La région du Chéliff est une de celles qui a été la plus favorisée par la nature. Les gisements sont situés au pieds des contreforts Nord-Ouest des massifs montagneux du Doui. C'est une série de vallonnements qui prennent naissance à proximité du village de Duperré.

Les mines de Duperré fournissent de l'excellente hématite rouge et brune contenant un peu de phosphore, dont la métallurgie moderne tire aisément parti.

Leur rendement est allé sans cesse en augmentant. Le plus brillant avenir leur est réservé ainsi qu'aux mines de Rouïna.

Il est intéressant de suivre l'évolution de ces dernières. C'est en 1872 et en 1873 qu'elles furent découvertes et travaillées par MM. Gaguin. entrepreneurs du chemin de fer d'Alger à Oran. En 1903. MM. Gaguin vendirent leurs droits à M. Theys, qui devait, en 1907, constituer une puissante société au capital de cinq millions de francs.

Sous son impulsion, on poursuivit la découverte des ressources minières. Une partie du gisement se trouvant noyée, la Société acheta une chute d'eau de 14 m 20 de hauteur sur le Chéliff donnant une force de quatre à cinq cents chevaux.

L'embarquement des minerais se fait dans le port d'Alger. Depuis l'ouverture de la mine jusqu'au 1er janvier 1921, on avait embarqué une quantité de un million 246.956 tonnes.

Les nouvelles acquisitions sont venues accroître le domaine de la Société, celles des mines de Breïra et de Beni-Akil, situées sur le bord de la mer. entre Ténès et Cherchell.

Des travaux intéressants ont été exécutés pour desservir la mine, située à neuf kilomètres du bord de la mer, par un câble aérien qui descend les minerais sous la seule action de la pesanteur et peut transporter jusqu'à 350 tonnes par jour au port d'embarquement.

Là, les minerais sont déversés dans un vaste dépôt en forme d'entonnoir, pouvant emmagasiner 12.000 tonnes. Au fond, sont disposées des trappes ou trémies qui déversent le minerai sur un ruban métallique fixe. Ce ruban se décharge à son tour sur un autre ruban mobile qui s'allonge au-dessus de la mer grâce à un porte-à-faux pouvant aller de 17 à 35 mètres, suivant la place du navire.

La station navale a été faite pour recevoir des bateaux de 5.000 tonnes.

De même, à Philippeville, un câble aérien de 17 kilomètres amène les minerais jusqu'au port après avoir traversé des terrains marécageux et passé au-dessus de plusieurs bras de mer.

Les gisements donnent des minerais à haute teneur de fer sans impureté et de la pyrite qui. jusqu'ici, a été exclusivement employée en Algérie à la fabrication des engrais.

Les mines de Rouïna sont sur le pied d'une production de 150.000 tonnes par an ; celles de Breïra. De 90.000 ; celles de Philippeville, de 60,000.

Nous nous sommes étendus à dessein sur ces exploitations pour montrer l'activité que l'on a commencé à déployer dans le domaine minier, en Algérie ; mais la Colonie pourrait occuper une place plus importante dans la production française.

En 1913, nous produisions 5.200.000 tonnes de fonte et 4.600.000 tonnes d'acier. En 1919, ces chiffres sont tombés respectivement, à 2.400.000 et à 2 millions 100.000 tonnes.

Puisque notre sous-sol nous offre les moyens de nous relever, il convient que nous l'exploitions, aussi bien en France qu'aux colonies.