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-L'enseignement primaire en Algérie
La scolarisation en Algérie
Dominique Cianfarani

---------En 1952, Dominique Cianfarani, directeur d'école à Batna, conseiller de l'Union française et président de la Commission des Affaires économiques, faisait un bilan de l'œuvre française de scolarisation en Algérie. Le texte présenté ici, hormis une citation extraite de l'article de Dominique Cianfarini, est inspiré de ce bilan.
Le texte ci-dessous est extrait d'un numéro spécial de "l'Algérianiste", bulletin d'idées et d'information. - n°14 - 15 mai 1981.avec l'autorisation de la direction actuelle de la revue "l'Algérianiste"
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------------En 1952, Dominique Cianfarani, directeur d'école à Batna, conseiller de l'Union française et président de la Commission des Affaires économiques, faisait un bilan de l'œuvre française de scolarisation en Algérie. Le texte présenté ici, hormis une citation extraite de l'article de Dominique Cianfarini, est inspiré de ce bilan.
------------" Le problème de la scolarisation qui prend une acuité sans cesse accrue dans nos territoires d'outre-mer revêt un caractère dramatique dans nos départements algériens. La démographie accélérée de l'Algérie augmente, à la cadence de plus de cent mille unités, chaque année, le nombre des enfants d'âge scolaire à scolariser. Ce nombre dépasse aujourd'hui 1.700.000 et sa résorption s'avère urgente et difficile à la fois...
------------" La France est en Algérie depuis cent vingt ans. Les trois départements d'Oran, d'Alger et de Constantine sont français comme ceux des Bouchesdu-Rhône, de la Seine, des Vosges ou du Finistère, et le service de l'instruction publique en Algérie a toujours été " rattaché " administrativement au ministère de l'Education nationale. On peut, dès lors, se demander les raisons de la situation dramatique où se débat l'Algérie, quant à la scolarisation de tous ses enfants d'âge scolaire. L'infâme propagande contemptrice de l'oeuvre française en rejette la responsabilité sur le " colonialisme ".

Un peu d'histoire

------------Il n'est donc pas superflu de rappeler que, dès les premières années de notre établissement en Alger, le haut commandement militaire ouvrit des classes d'enseignement français qui se heurtèrent à la méfiance des autochtones, craignant que par l'école, on ne visât à détacher les musulmans de la religion du Prophète. Il faut donc avoir la loyauté de reconnaître que l'opposition des familles fut le principal obstacle au développement de l'instruction en Algérie. La grande insurrection de 1871 ne devait pas aplanir les difficultés ; aussi, à la fin du siècle dernier, à la veille de la loi accordant son autonomie financière à l'Algérie, le nombre des enfants scolarisés n'atteignait pas 30.000.
------------C'est à partir des premières années de ce siècle, que l'enseignement des indigènes de l'Algérie commença à se développer, lentement, sans doute, mais à un rythme constant, que les années de guerre de 1914-1918 n'ont pas, certes, permis d'accélérer. Le nombre des enfants scolarisés n'atteignait pas moins de 200.000 à la veille de la Libération. Si beaucoup reste encore à faire, quelque chose de considérable a donc été fait, il importait de le souligner.

Le plan de 1944

------------Le Gouvernement provisoire de la République du général De Gaulle, bien qu'assailli par les multiples problèmes que posait la libération de la patrie, se pencha sur celui de la scolarisation algérienne. Par le décret du 27 novembre 1944... un plan, étalé sur vingt ans, fut établi pour la scolarisation d'un million d'enfants.
------------Au cours des huit dernières années, la progression fut constante, et passe de 241.206 en 1944-1945, à 380.316 en 1951-1952.
------------Cette progression est manifestement insuffisante pour obtenir une scolarisation définitive dans les délais impartis par le plan du décret du 27 novembre 1944. A cette cadence, au terme fixé (1964), l'Algérie se trouverait encore avec deux millions d'enfants à scolariser et, chaque année, ce nombre ira croissant au rythme de l'accroissement de la population algérienne, soit 150.000 à 160.000 âmes annuellement.
------------La population autochtone.., réclame aujourd'hui des écoles pour ses enfants et il n'est rien de plus humiliant pour un pays comme la France, de ne pouvoir recevoir dans ses écoles tous les enfants qui se présentent. Il faut donc, au plus tôt, reviser sur le plan de la scolarisation de 1944 et rechercher les voies et moyens de sa rapide réalisation. Celle-ci ne pourra être obtenue sans la participation massive du budget métropolitain.


 

L'effort algérien

------------L'Assemblée algérienne, trop souvent et injustement critiquée dans son effort financier de scolarisation, n'a jamais méconnu l'ampleur de la tâche à accomplir et fait le maximum de ses possibilités pour en sortir.
------------Elle consacre 16,20 p. 100 de son budget ordinaire et 17 p. 100 de son budget extraordinaire à l'enseignement public, soit environ le sixième de ses revenus budgétaires. Aucun territoire de l'Union française, métropole comprise, n'affecte un pareil pourcentage de ses ressources fiscales à l'instruction populaire.
------------Cet effort considérable ne saurait être sensiblement dépassé sans compromettre le développement des autres facteurs de progrès économique et social...
------------Toute aggravation de la fiscalité algérienne contribuerait à précipiter un marasme économique qui ne se fait que trop sentir déjà.

Devoir et charges de souveraineté

------------L'Enseignement public, tout comme la Défense nationale, est un devoir de souveraineté. La nation doit en assumer la charge au même titre.
------------L'école est le plus sûr facteur de rayonnement français et la " présence française " outre-mer ne peut se passer de ce rayonnement dans les esprits et dans les ceeurs. C'est par l'école que le génie français rapprochera les hommes et les peuples et fera de notre Union française une noble parcelle de plus haute humanité.
------------La métropole doit aider l'Algérie à résoudre, entre autres problèmes angoissants, ce drame que constitue la scolarisation incomplète de ses enfants.

Dominique Cianfarani