l'enseignement - Algérie, Alger
Arts et métiers graphiques
TYPOS et LINOS en FLEUR

Voici ouvert par une heureuse initiative un stage d'apprentissage de ces ouvriers d'élite

Alger-revue, été 1957 - collection B.Venis
mise sur site le 27-9-2007

18 7 Ko / 17 s
retour
 

A l'instar des grandes cités de ce monde industriel, Alger se devait de posséder, non pas un " Collège Technique d'Arts Graphiques ", mais au moins une section d'apprentissage des Métiers Graphiques.

L'industrie algérienne de transformation des papiers, autant que l'artisanat du reste, se réclamaient de jour en jour d'ouvriers de plus en plus qualifiés dans leur profession, profession qui n'admet pas l'unique spécialisation.

C'est pourquoi la Direction générale du Travail et de la Main-d'œuvre en Algérie, sollicitée par les syndicats, décidait d'ouvrir, dans le cadre de la Formation Professionnelle Accélérée, le 17 juin dernier, une section d'apprentissage des Métiers Graphiques.

Un embryon de section dont le but final parait devoir être des plus satisfaisants devait démarrer sur-le-champ avec les seules ressources dont elle disposait dans l'immédiat. Mais grâce au dévouement des uns, ou désintéressement des autres, à leur ardeur il devait connaître, dès les premiers jours, un franc succès.

Attentifs aux explications des moniteurs Evrard (à gauche) et Raïs (au centre). les apprentis s'initient an fonctionnement d'une s Morfale ..
Attentifs aux explications des moniteurs Evrard (à gauche) et Raïs (au centre). les apprentis s'initient an fonctionnement d'une " Monéfel" ..

Deux premiers stages y furent créés, destinés à répondre aux besoins les plus impérieux de la corporation : Un stage de formation à la profession de compositeur typographe et un stage de formation à la profession d'opérateur linotype.

Il va de soi que pour faire un excellent ouvrier de la profession il est nécessaire de posséder, non seulement un esprit animé du désir de bien faire mais aussi une instruction générale et un niveau de connaissances universelles assez étendu. Des qualités de goût, intellectuelles et morales doivent également être requises, de même qu'une farouche bonne volonté de se surpasser sans cesse.

Chaque jour dans la vie courante, le typographe puise les éléments qui concourent à sa perfection. Aussi les principes d'éducation mis en vigueur par la Formation Professionnelle sont-ils basés sur la perfectibilité par la personnalité.

Faire ressortir la personnalité d'un individu et y découvrir ses facultés propres d'adaptation est notre premier travail. L'orientation ultérieure est subordonnée à l'état d'esprit et à la volonté du stagiaire qui suit la progression normale de l'enseigne-ment technique indispensable imposé par le programme.

Dans le cas de compositeur typo, le C.E.P.E. est un minimum exigé de même que dans celui d'opérateur lino, qui bénéficie de la formation typographique complète et nécessaire à la bonne exécution de sa profession. On ne saurait, il fout en convenir, exiger moins !

Une visite médicale très sévère et un examen psychotechnique sanctionnent l'admission au centre du stagiaire.. Un test sur l'habileté manuelle, visuelle lui est soumis et c'est dans une ambiance particulière et des conditions d'hygiène remarquables que débutent les cours pratiques, avantageusement complétés par des cours théoriques où l'histoire du métier et les principes élémentaires de graphisme y sont enseignés. De plus, une révision des règles grammaticales de même que leur application en cours de travaux a lieu périodiquement. Le goût qui est une des qualités essentielles du bon typo, y est développé au moyen du dessin géométrique, dessin de lettres, exécution de maquettes et cours de perfectionnement aux Beaux Arts. L'étude de la matière et des matériaux utilisés dans la profession, des procédés d'impression annexes, au contact desquels le typographe devra entrer, font également partie du programme.

La corporation, bien sûr, n'échappe pas non plus aux lois qui régissent les temps nouveaux et il est bien nécessaire de préciser que dans ce domaine on ne peut se flatter d'être un ouvrier complet auquel il ne reste plus rien à apprendre. Cependant le but que s'est assigné la Formation Professionnelle accélérée est de fournir, non pas un ouvrier hors catégorie en 18 mois de stage, mais un bon demi-ouvrier capable de satisfaire les exigences de l'heure, tant par sa qualification que par son souci d'exercer un métier noble et de tradition, dont il pourra être fier.

La section envisage, d'autre part, la publication et la diffusion ultérieure d'un bulletin mensuel préparé avec la collaboration des maîtres-imprimeurs d'Alger, des élèves du centre et de l'administration, relatif au fonctionnement des cours et aux travaux d'élèves. Il comprendra également nombre d'articles techniques intéressant l'ouvrier d'imprimerie et le chef d'entreprise.

R. EVRARD


Signalons ici les initiatives heureuses de MM. Bonnefois, directeur départemental du Travail et de la Main-d'œuvre, Longchamp, inspecteur divisionnaire du Travail, et Blancord, secrétaire général des maîtres imprimeurs. Nous n'aurions garde d'oublier M. Godart, le dévoué directeur du Centre de métallurgie d'Alger.

D'ores et déjà, la section dispose d'un capital machines s'élevant à environ 3 millions et d'un matériel plomb évalué à 4 millions.

Durant leur stage, prévu pour 18 mois les apprentis perçoivent un solaire mensuel de 13.000 fr. Il s'y ajoute une prime d'assiduité de 1.500 francs payable en fin de stage et consacrée à l'achat de matériel personnel nécessaire à l'exercice de la profession. Des sondages actuels permettent de chiffrer à 70 environ le nombre de postes à pourvoir de personnel qualifié.

La direction de cette section a été confiée à M. Evrard, moniteur-chef, ancien élève de l'école Estienne et du Cercle de la Librairie, secondé par deux moniteurs : MM. Ruggia et Raïs.

Actuellement, la section est implantée au 66, de l'avenue de la Bouzaréah, en attendant l'achèvement des locaux dont elle dispose au Centre de métallurgie d'Alger, à Ben Aknoun, où l'on envisage l'institution d'un régime d'internat pour les apprentis venant de l'intérieur.