les feuillets d'El-Djezaïr
Henri Klein

L'ensemble militaire
Batteries Extérieures
sur site le 15-2-2009

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Batteries Extérieures

Plusieurs forts défendaient Alger au-delà de l'enceinte, c'étaient :

Près de la Porte de l'Oued :
Bordj-Ez-Zoubia (le fort des Immondices), dont - détail déja donné - les fossés servaient de dépotoir à la ville. Il était aussi dénommé Fort-Neuf.
Ce fort, à. deux étages, fut construit, en 1805, par Mustapha-Pacha, sur l'emplacement d'un ouvrage fortifié qu'avait élevé Ramdam Pacha en 1576. Il comptait, en 1830, 27 pièces dont 4 étaient dirigées vers la campagne. Le colonel Marengo y eut ses condamnés. C'est encore une prison militaire.

Sur le terrain de l'Esplanade Bab-el-Oued :
Bordj Setti-Takelitt, de la Dame-Négresse ( Maraboute kabyle, inhumée jadis en ce lieu et que venaient â l'entrée du fort, invoquer les musulmanes en quête d'un époux. Ecrivant à ce propos au Ministre de la Guerre, le Général Berthezène disait : Une prière renouvelée trois jours de suite, suffit parait- il, pour que leur voeu soit exaucé!), appelé ausi Fort des Vingt-Quatre-Heures et Fort Ali-Pacha, dont Mohammed-Pacha commença la construction en 1557, et qui était armé de 27 canons. Ce fort disparut lors de la création de l'Arsenal.
On découvrit en 1853, dans le corps de sa maçonnerie, le squelette du martyr chrétien Géronimo, lequel, sur l'ordre d'Ali-Pacha, y avait été enseveli vivant en 1567, comme renégat de la foi musulmane. Les restes de ce martyr sont conservés à la Cathédrale d'Alger.

Au Ras-Tafoura (Cap de la Sortie), que domine l'actuel Square Guynemer :
Le Bordj du même nom, appelé aussi Fort Bab-Azoun, qui fut bâti de 1581 à 1584.
Mustapha-Pacha l'agrandit en 1798. Ce fort fut réparé, en 1816, par des officiers du Génie exilés de France pour faits politiques (Bérard). Il servit longtemps de pénitencier et fut détruit en 1905 ( Fait curieux, rien ne rappela l'emplacement de ce fort historique, sinon une enseigne en mosaïque sur le sol d'entrée d'un café du lieu, et comportant ces deux mots : Bar d'Azoun.). Ce fort présentait, vers la mer, dix-neuf embrasures hautes et dix-huit embrasures basses; vers la route, dix-huit hautes; vers le sud-est, dix-huit hautes et cinq basses; vers le nord-ouest, douze hautes et trois basses. En avant du fort, du côté de la mer, se trouvait un ouvrage, reste du fort primitif, qui était armé de onze canons. Le nombre total des pièces n'était toutefois que de soixante. Le fort était pourvu de deux fontaines.

En avant de la Casbah, au quartier des Tagarins :(voir: Tagarins)
Le Fort de l'Etoile ou Bordj Mohamed-Pacha, que construisit un renégat sicilien et dont il ne subsistait que des ruines en 1830 (voir à : "Rues, places, quartiers"; rue du Marché-des-Tagarins).
Une femme esclave, fut-il dit, le détruisit en mettant le feu à la poudrière pour se venger de son maître, alors gouverneur du dit fort. L'armement de cet ouvrage se composait de dix pièces.

Sur le Coudiat-es-Saboun (la Colline du Savon), le Fort-l'Empereur (Voir encore à : "Prise du Fort-l'Empereur" ), de 91 pièces. Sur son emplacement, en 1541, s'était installé Charles Quint avec deux cents canons, tandis que Ferdinand de Gonzague occupait les hauteurs supérieures et que Camille Calonne s'avançait au-delà de Bab-el-Oued. A ce propos s'évoque l'ancienne tradition locale d'après laquelle les Mozabites d'Alger se présentèrent sur la colline, vêtus en femmes, aux soldats chrétiens dont, grâce à cet artifice, ils firent un grand carnage, en reconnaissance de quoi, les gens du Mzab habitant la ville, furent gratifiés de privilèges commerciaux (droit exclusif d'exploitation des bains maures, monopole des boucheries)..

En souvenir de Charles-Quint, la citadelle reçut la dénomination de Fort l'Empereur (bordj-Sultan Kala-Si). Elle porta aussi celle de : Bordj-Moula Hassan qui commémora son fondateur (1545). Celles encore de : Bordj-Ettam (Fort-des-Paons); de Bou-Lila (du Père de la Nuit), par allusion, peut-être, à la redoute que, pendant la nuit, fit établir là Charles-Quint. Le Fort porta de même, mais passagèrement, une dénomination assez inattendue.
Le général Berthezène rapporte en effet dans son ouvrage : "Dix-huit mois à Alger", que les jeunes soldats de la Conquête, persuadés qu'il n'avait jamais existé qu'un empereur, appelèrent le Fort-l'Empereur, Fort-Napoléon. Ce souverain était censé, dit-il, avoir fait bâtir cette forteresse pendant la campagne d'Egypte !
Le premier ouvrage turc de la colline, ne fut qu'une tour ronde servant de réduit, qu'armaient trois pièces. En 1579, Hassan le Vénitien, craignant une nouvelle attaque des Espagnols, fit fortifier ce lieu. Quatre bastions encadrèrent alors la tour.
Le principal ingénieur de ce fort fut Alcay de Hassan.
En 1656, cette construction fut modifiée à la suite d'une chute de la foudre.
Au centre du château, s'élevait jadis, un palmier qui servait de point de repère aux navigateurs.
Ce fort fut pris, le 14 juillet 1830, par l'armée française, quelques instants après l'explosion de sa poudrière à laquelle les Turcs, avaient mis le feu. Entrèrent avec les troupes, les généraux Huré, Valazé et de La Hitte. Sa garnison fut de 80 hommes.

La plupart des travaux de défense que nous avons cités, ont été effectués avec des pierres provenant de Rusguniae (note du site: cap Matifou) ou de Tipasa.

D'autres ouvrages extérieurs concouraient avec ces forts à la défense de la ville. C'étaient, au nord : Topanet Ettabia, de 11 canons; batterie voisine du Fort-Neuf.

A 30 mètres au-delà : Topanet el-Hamra (la batterie rouge), de 8 pièces; toutes deux furent englobées dans les remparts nouveaux.

A 200 mètres de celle-ci : Topanet Sidi Kettani (voir El Kettani), à la pointe du même nom, armée de 14 canons, qui disparut aussi sous la nouvelle enceinte. Là furent aménagés des bains de mer publics.

Près de la Salpêtrière, dans le voisinage de l'ancienne source des Génies ( Ou Seba Aïoun : les Sept-Fontaines. Disparues sous le boulevard Pitolet.) où les Négresses d'Alger venaient autrefois, le mercredi, sacrifier des poulets :

Topanet Aïoun Beni Menad, qui, après son déclassement fut transformée en cabaret. De vagues restes en subsistaient naguère encore, sur le bord de la route de Saint- Eugène.

Un peu plus loin : Le Fort des Anglais ( Souvenir de canonnades échangées avec les Anglais, sous le dernier dey, Hussein, qui dès lors, fit renforcer cet ouvrage.) nommé par les Arabes : Bordj Kalaat el-Foul (Fort du château des Fèves), ces légumineuses étant cultivées aux alentours. Ce bordj, armé de 22 canons, fut bâti sous le pacha Hassan en 1580, par le corsaire Djafar qui devint pacha à son tour. El Hadj Ali le répara en 1770, ainsi que le
mentionne une inscription gravée sur l'une de ses pierres. Mustapha Pacha qui possédait au pied du Bouzaréah, au quartier Zeghara, la villa Esnadji, fit établir, de celle-ci jusqu'au fort, une conduite d'eau pour le passage de laquelle il acheta divers terrains. Mustapha Pacha fit aussi édifier la fontaine, voisine de ce bordj, qui longe la route départementale (adossée au cimetière).
Le Fort des Anglais fut utilisé comme entrepôt de poudre de chasse. C'est, aujourd'hui, le siège de la Colombophilie. Le fort, en 1873, reçut des émigrants alsaciens-lorrains destinés à la région de Tizi-Ouzou.

Au-delà de ce fort, sur un plateau : Topanet Kalaat el-Foul, dénommée aussi Ras el-Nader, (la tête du plateau), armé de huit pièces.

La Consulaire érigée à Brest
La Consulaire érigée à Brest
(illustration "Feuillets d'El-Djezaïr)

Au-dessous de cet ouvrage : Une autre batterie du même nom, pourvue de quatre canons.
Ces deux batteries n'existent plus.

Sur le promontoire de Mers-el-Debban ( Mers ed Debban : Port aux Mouches. Désignation plutôt surprenante, le lieu n' étant pas plus que d'autres, infesté de mouches. N'y aurait-il pas erreur de prononciation? M. Valat, professeur agrégé d'Arabe au Lycée d'Alger, signala en effet, une pièce (titre de propriété) de 1789, où l'endroit est dénommé : Mers ed Deman : le port du Gouvernail.) (Port-aux-Mouches) que l'on appela dans la suite, Pointe-Pescade (Pointe de la Pêche) :

Le Bordj de Mers-El-Debban, bâti en 1671 par El-Hadj Ali Agha. Ce fort qui fut réparé en 1724, était gardé par 15 Janissaires. Son armement était de six pièces. Il comportait aussi une importante poudrière.

A 50 mètres en arrière de celui-ci :
Le fort d'Hussein, de 1823, armé de 19 pièces.

A quelques pas plus loin, près de l'oued Ferrah :
Topanet Mers-el-Debban, dont l'armement se composait de 12 canons que les artilleurs turcs, en 1830, jetèrent à l'eau à l'arrivée des Français.
De ces trois ouvrages, que dominait le fortin de la Bouzaréah, le dernier mentionné, seul, subsiste. Il était occupé par la Douane. Les terrains avoisinant ces ouvrages furent loués dès 1848 à des particuliers.

Enfin, à Sidi-Ferruch : (note du site : voir Sidi-Ferruch)
La Torre Chiqua, que vint reconnaître, en 1808, le capitaine Boutin et dont l'armement se composait alors "d'un mauvais canon".

Puis une batterie à fleur d'eau, qui fut élevée dans le voisinage quelques années après. Tous ces forts et batteries étaient servis par des habitants de la côte. La liste en était dressée par l'autorité militaire turque.

Au sud et au sud-est de la ville, se trouvait établie également sur la côte, une suite de batteries que nous désignerons ici, par les numéros qu'on leur donna après 1830.

C'étaient :
La batterie n° 1, au bas du quartier occupé aujourd'hui par le square Bresson.
La batterie n° 2, à l'endroit où débouche, sur le boulevard, la rue de Ménerville.
La batterie n° 3, batterie Terzu, sur la falaise où fut élevée la Manutention.
La batterie n° 4, au carrefour de l'Agha.
La batterie n° 5, en avant du Champ-de-Manoeuvre.
La batterie n° 6, sur le front du Jardin d'Essai.
La batterie n° 7, à la gauche de l'embouchure de l'oued Kniss - au Hamma - lieu où débarqua Charles-Quint.
Les batteries n° 8 et 9, à la droite du même oued.
La batterie n° 10, dite de Charles-Quint ( Cette batterie fut appelée aussi Topanet-el-Moudjehadin (des champions de la guerre sainte), en mémoire des 200 Musulmans enterrés là, qui furent tués en 1775 lors du débarquement de l'armée espagnole d'O'Reilly.), aux dunes d'Hussein-Dey où se termina le débarquement de l'armée impériale.
Les batteries n° 11 et 12, à la droite de l'embouchure de l'Harrach. Ces batteries furent déclassées et louées à des particuliers en 1850.
A quelques kilomètres vers l'Est : Bordj-el-Kifan (le Fort-des-Côteaux), dénommé plus tard : Fort - de - l'Eau, que bâtit Djafar Pacha en 1581. L'ouvrage fut cédé à la Douane, le 25 avril 1855 ( Ce fort présentait quatre pièces du côté de la mer, une du côté des terres. Les autres étaient pointées à gauche et à droite sur le champ de la plage.).
Une petite batterie à l'entrée de l'oued Hamiz. .
A l'extrémité du Cap Matifou :
Bordj-Tementfoust, construit en 1661 sur l'ordre du pacha Ismaël par RamdanAgha, et refortifié en 1685 par Mezzo-Morto, à la suite du bombardement de Duquesne. Sa garnison était de 15 hommes ( Cet ouvrage de forme octogonale, possédait 22 pièces (une sur le côté où s'ouvre la porte, et trois sur chacun des sept autres). Il était le seul avec le Fort des Anglais, à être pourvu d'un fossé.). (Voir à : Villas, région Matifou).
Le canon de ce fort annonçait aux Algériens l'arrivée du nouveau pacha nommé par la Porte.
Ce fut dans une anse voisine que Charles-Quint rembarqua son armée sur les débris de sa flotte.

Ces divers ouvrages - du fort Bab-Azoun au fort Matifou - comprenaient 120 pièces, que les marins français vinrent enlever, le 22 août 1830.

Tous les forts et batteries dont mention vient d'être faite, et qui sont pour la plupart détruits aujourd'hui, ont été utilisés après 1830 par l'armée de la Conquête.

NOTA : Le Bordj-el-Kantara, ou Fort-du-Pont, qui fut dénommé aussi Maison- Carrée, n'était, à vrai dire, qu'une caserne retranchée.