-le FONDOUK

À 32 km., d'Alger, commune de 11 200 hab., située à 100 m d'alt., au milieu de vignobles, de cultures de primeurs, de céréales et de tabac. Carrières de marbre non exploitées. Marché le jeudi ; le mercredi pour le tabac.

extrait des " aux échos d'Alger, numéro 55 ", déc 1996

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FONDOUK SES DEBUTS VERS 1850

 

Le développement agricole de FONDOUK, arrêté à l'origine par le mauvais état sanitaire, fut ensuite retardé par les difficultés de défrichement que présentait son territoire couvert de palmiers nains si vigoureux qu'ils avaient étouffé 600 arbres plantés par l'administration sur les boulevards extérieurs, par l'insuffisance et le morcellement excessif des concessions (la plupart étaient divisés en 5 ou 6 lots) et par l'éloignement de tout centre important.

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A la fin de 1851, la superficie ensemencée en céréales n'était que de 62 hectares. L'année suivante, lors d'une visite qu'il effectua à ce centre en novembre, le Préfet constata l'état d'inculture de certaines portions du territoire, notamment d'une vaste concession de 175 hectares faites à un colon " puissamment recommandé ", LECOQ DU RONCERAY, qui en 1846 n'avait cessé de fatiguer l'administration locale et supérieure de ses plaintes et de ses réclamations. Les habitants l'appelaient " le fléau du pays " parce qu'il faisait assigner aux fins de dommages et intérêts tous ceux qui laissaient leurs troupeaux pénétrer sur ses terres. " Depuis trois ans surtout. disait le Préfet, ses terres sont tout à fait en friche, faute de ressources pour les faire cultiver, et l'état de gêne dans lequel il se trouve peut être tel qu'après avoir demandé avec la plus vive insistance la délivrance de ses titres de propriété qui se trouvent signés depuis plus de deux mois, il n'est pas encore venu les retirer dans mes bureaux, parce qu'on lui a fait connaître qu'il devait préalablement acquitter un droit de 14 francs pour la transcription et ces nouveaux titres à la conservation des hypothèques ". Ce colon puissamment recommandé n'était guère recommandable.Deux questions de la plus haute importance pour l'avenir du FONDOUK furent soumises au Préfet, l'irrigation et l'agrandissement du territoire.La première fut réglée assez rapidement. Deux projets furent présentés l'un consistait dans la construction d'un barrage il fut rejeté comme " devant occasionner une dépense disproportionnée aux résultats qu'il en était permis d'espérer " l'autre, qui préconisait le creusement d'un canal de dérivation sur le Hamiz, fut accepté et un crédit de 15.000 E fut alloué à cet effet. Les travaux commencés le 1cr avril 1853 et terminés l'année suivante comprirent un canal principal de dérivation et deux canaux secondaires qui nécessitèrent la construction de deux aqueducs, l'un de 60 mètres, l'autre de 260. Une étendue de 57 hectares fut susceptible d'être irriguée. Comme le produit annuel d'un hectare de terre arrosée était évalué à 150 francs, les dépenses d'établissement pouvaient être couvertes en deux ans uniquement par l'excédent de rendement. Les colons qui s'étaient engagés à rembourser par annuités le montant des avances faites par l'Etat firent une excellente opération. Dès que les travaux furent achevés, ils s'occupèrent activement de défricher le territoire irrigable qui était encore en broussailles et. l'année suivante, ils pouvaient planter une étendue de 48 hectares en tabac. La récolte qui atteignit 57.000 kilos leur rapporta un bénéfice net de 40.000 francs.La question de l 'agrandissement du territoire fut plus difficile et plus longue à résoudre. Dans son rapport du premier trimestre 1852. 1 inspecteur de colonisation ROI signalait, malgré certains progrès dans les cultures. la situation encore bien précaire du FONDOUK et proposait comme remède que le peuplement de ce centre, formé presque uniquement de colons pauvres, fut complété au moyen de quelques familles aisées, prises soit parmi les transportés politiques, soit parmi les nombreux demandeurs de concessions auxquels seraient distribuées des concessions importantes. Il serait facile de trouver des terres vacantes dans les Haouchs voisins qui étaient nombreux en particulier les haouchs Ben DENOUN, OULED, GHALIA, HOURIA, OUZZA, BLAHADIA; quelques-uns appartenaient aux indigènes par indivis avec l'État, d'autres n'avaient pas été revendiqués, mais se trouvaient occupés par des indigènes. La commission des transactions et partages vint étudier cette question et parvint à rendre disponibles 523 hectares qui, à la suite de réclamations, furent réduits à 3. Le lotissement ne put être fait que le 2 avril 1857. 48 concessions furent portées à 9 hectares et 50,8 ne comprenant que des lots urbains reçurent la même contenance et 10 nouvelles de 9 hectares chacune furent destinées à combler les vides. Les terres avaient été divisées en deux catégories, celles qui étaient couvertes de broussailles et celles qui étaient cultivées, et chaque complément de concession se trouvait divisé en deux lots.

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Cet agrandissement allait rendre un peu de vigueur au village anémié. Si la culture du tabac avait fait des progrès, celle des céréales était restée stationnaire 150 hectares en 1854, 160 en 1856. Les rares colons qui avaient planté de la vigne s'étaient vus dans l'obligation de l'arracher à cause des ravages causés par les chacals et les oiseaux. Bien rares étaient les colons qui avaient réussi à acquérir une certaine aisance le Préfet n'en put citer que deux dans le discours qu'il prononça à la distribution des primes de l'exposition agricole d'ALGER de 1854 le colon ANGÈLE qui, arrivé en 1846 avec une famille de 11 personnes et 100 francs de ressources, possédait 8 ans après une maison et une ferme de 4 hectares, récoltait plus de 40 quintaux de céréales et avait fait quelques plantations de tabac et de coton et le colon GINFSTY qui, installé en 1845 avec ses quatre enfants et une avance de 88 francs, avait en 1854 une maison, une concession entièrement défrichée et couverte de blé, de maïs, d'avoine, de tabac et de coton. -----La majorité des colons n'avait, en 1856, mis en valeur qu'une faible partie des lots qui leur avaient été concédés ." Ce centre ne progresse pas, constate dans son rapport du 31 décembre l'inspecteur de colonisation ROI. Sur 950 hectares distribués, il y en a 216 seulement en culture. Le nombre des familles présentes étant de 72, c'est 3 hectares par famille, espace beaucoup trop restreint. Aussi la misère est assez grande dans ce village, et ce serait vraiment un bienfait pour cette population s'il était possible de faire défricher à chaque colon un hectare ou deux par les bras de l'armée (rapport ROI du 31 décembre 1856 ) ".L'aide militaire accrut l'étendue des cultures, qui était en 1859 de 340 hectares, mais elle n'amenda nullement la majorité des colons qui préféraient le cabaret ou la danse au travail des champs. " Les colons de ce centre, déclare l'inspecteur de colonisation, sont peu laborieux, aiment beaucoup la danse et dépensent volontiers au cabaret tout ce qu'ils gagnent ; les défrichements exécutés annuellement sont insignifiants "La population de la " ville du FONDOUK " ne dépassa pas pendant la période en question les proportions de celle d'un village. L'effectif qui était de 243 en 1848 monta à 380 en 1855 grâce à l'arrivée de familles espagnoles pour descendre à 338 en 1859, malgré l'agrandissement du territoire. Au recensement de 1856, où la population totale, y compris celle des fermes, est de 513 habitants, on remarque que l'élément français ( 252 habitants ) est légèrement inférieur à l'élément étranger (261 dont l68 espagnols et 83 allemands ).
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L'état sanitaire resta satisfaisant, sauf en 1857, année pluvieuse pendant laquelle la mortalité atteignit la forte proportion de 10,58 % ; l'année précédente, qui avait été très sèche, n'avait accusé que pour le pourcentage très faible de 0,5 g.

Avec l'amicale autorisation de Madame Gisèle FINIEL-SEGURA