Fort-de-l'eau
Construction d'une Station de T.S.F.
à Fort-de-l'Eau
Les 31 mai, 1er et 2 juin prochains
FORT DE L'EAU
fêtera le centenaire de sa création
Le gouverneur général présidera les manifestations
auxquelles assisteront les alcades et de nombreux visiteurs des Baléares

Extraits de l'Echo d'Alger du 16-5-1952 - Transmis par Francis Rambert
Texte : Jean-Pierre DEJEAN

Lorsque les soldats de 1830 poussèrent une reconnaissance sur le littoral est algérois, ce qui allait devenir Fort-de-l'Eau se présentait à leurs yeux sous l'aspect d'une vaste étendue sèche et désertique. Parsemée de cailloux, allant jusqu'à la mer toute proche.

Seul un fort barbaresque construit sur un piton rocheux des bords de la Méditerranée et connu par les indigènes sous le nom de Bordj-el-Khifane, rompait la monotonie de ce paysage désolé. C'était un de ces fortins construits par les Turcs au 16° siècle pour se défendre d'une tentative de débarquement comme ils en avaient d'ailleurs subi avec Charles Quint.

Mais les soldats ne se souciaient guere de l'histoire. Sur cette terre aride ils cherchaient plutôt une source pour s'abreuver. Ce fut le puits, situé à l'intérieur du fort, qui allait fournir l'eau recherchée. Ils baptisèrent alors le fortin " Le fort de l'eau ". Ce nom devait rester et allait devenir le nom de la future localité.

L'armée d'Afrique comprenait de brillants capitaines, des hommes aux vues réalistes, décidés à asseoir leur conquête sur une œuvre fertile et colonisatrice. Et les administrateurs civils qui, à l'époque, suivaient les armées, étaient eux aussi gens qui comprenaient parfaitement l'œuvre féconde que la France devait effectuer en Algérie.

Parmi ces Français, trop souvent méconnus, il y en avait un qui venait de faire ses preuves a Dély-Ibrahim, où il avait fondé le pxemler village français sur la terre d'Afrique : le baron de Viaiar, qui devait encore s'illustrer par la création de nombreux centres de colonisation.

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FORT DE L'EAU

FORT DE L'EAU

Les 31 mai, 1er et 2 juin prochains
FORT DE L'EAU
fêtera le centenaire de sa création
Le gouverneur général présidera les manifestations
auxquelles assisteront les alcades et de nombreux visiteurs des Baléares

Lorsque les soldats de 1830 poussèrent une reconnaissance sur le littoral est algérois, ce qui allait devenir Fort-de-l'Eau se présentait à leurs yeux sous l'aspect d'une vaste étendue sèche et désertique. Parsemée de cailloux, allant jusqu'à la mer toute proche.

Seul un fort barbaresque construit sur un piton rocheux des bords de la Méditerranée et connu par les indigènes sous le nom de Bordj-el-Khifane, rompait la monotonie de ce paysage désolé. C'était un de ces fortins construits par les Turcs au 16° siècle pour se défendre d'une tentative de débarquement comme ils en avaient d'ailleurs subi avec Charles Quint.

Mais les soldats ne se souciaient guere de l'histoire. Sur cette terre aride ils cherchaient plutôt une source pour s'abreuver. Ce fut le puits, situé à l'intérieur du fort, qui allait fournir l'eau recherchée. Ils baptisèrent alors le fortin " Le fort de l'eau ". Ce nom devait rester et allait devenir le nom de la future localité.

L'armée d'Afrique comprenait de brillants capitaines, des hommes aux vues réalistes, décidés à asseoir leur conquête sur une œuvre fertile et colonisatrice. Et les administrateurs civils qui, à l'époque, suivaient les armées, étaient eux aussi gens qui comprenaient parfaitement l'œuvre féconde que la France devait effectuer en Algérie.

Parmi ces Français, trop souvent méconnus, il y en avait un qui venait de faire ses preuves a Dély-Ibrahim, où il avait fondé le pxemler village français sur la terre
d'Afrique : le baron de Viaiar, qui devait encore s'illustrer par la création de nombreux centres de colonisation.

La création de Fort-de-l'Eau

Le baron de Vialar qui employait dans sa propriété des maraîchers venus des îles Baléares et plus particulièrement de Minorque, eut l'idée en- 1849 d'en installer quelques-uns à Fort-de-l'Eau. On sourit à cette proposition insensée. Le baron de Vialar passa pour un utopiste. Comment pourrait-on faire vivre sur un sol aussi ingrat et aride des hommes qui n'auraient même pas la répartition des terres que l'on donnait habituellement aux colons désireux de s'implanter. Les discussions furent vives entre l'administration et le baron de Vialar. Celui-ci finalement, eut gain de cause.

Bientôt 50 familles, venant de Mimorque, Majorque et d'Ibiza, s'installèrent autour du fort sur les 500 hectares qui leur avaient été alloués.

Chacune reçut 6 hectares de terre ainsi qu'un petit lot urbain.

Alors commença pour ces hommes rudes à la tâche, travailleurs infatigables. sobres et acharnés à leur besogne, un travail de titan qui allait faire de cette région une des
Plus belles et des plus productives de l'Algérois.

Les champs furent débarrassée de leurs cailloux, les rochers récalcitrants sautèrent sous les charges d'explosifs, de la terre et du terreau furent apportés, des puits furent forés et bientôt les premières récoltes maraîchères apparurent. Un miracle venait d'être accompli.

Et Fort-de-l'Eau, connu sous le nom de commune de la Rasauta, prit de l'extension au point d'englober un moment Maison-Carrée.

Les années passent ;; le 2 Juin 1881, par décret, la commune est érigée en plein exercice et prend officiellement le nom de Fort-de-l'Eau.

Fort-de-|'Eau en 1952

Depuis la localité n'a fait que croître et embellir. Les 50 familles du début se sont transformées en 5.000 habitants européens dont plus de 3.000 perpétuent le nom de leurs ancêtres, les " Mahonais ", comme on les appelle plaisamment, et dont ils ne rougissent pas, car ils furent de ceux qui ne doutèrent pas et qui firent de cette terre désertique un magnifique jardin potager aux mille richesses.

Le monument aux morts de Fort-de-l'Eau porte gravé sur ses flancs le nom de ses fils qui ont donné leur vie pour la France et ils sont nombreux les Camps, les Piris, les
Pons, les Torres et les Ferrer inscrits sur la dalle sacrée. Et on ne saurait oublier la mémoire de François Pons, lui aussi descendant de ces premiers " Mahonais ", qui fut
de 1924 à 1942 un de ces maires dont s'enorgueillit une ville ; dont les réalisations hardies et heureuses contribuèrent à. la prospérité de la cité et qu'une population en larmes accompagna a sa dernière demeure il y a trois mois à peine.

Les fêtes du centenaire

Le souvenir des ancêtres venus des Baléares, qui créèrent la localité, est resté trop vivace au cœur des Aquafortains pour qu'ils songent à fêter le centenaire sans y faire participer ceux des leurs qui sont restés dans leurs îles. Aussi le comité d'organisation que préside Me Moulis, maire, y a-t-il invité les sept alcades de Minorque - ce sont les
maires de localités de l'île - qui seront accompagnés des alcades de Palma de Majorque et d'Ibiza. Cette délégation sera conduite par M. J. Victory, alcade de Mahon. Bien entendu, ils ne seront pas les seuls Mahonais qui participeront aux fêtes du centenaire. En effet, dès qu'elles furent connues aux Baléares, elles suscitèrent un enthousiasme extraordinaire. Nos confrères majorqualns et minorquains en parlèrent longuement et bientôt plus de 400 inscriptions de gens désirant se rendre à Fort-de-l'Eau. furent reçues dans les mairies. Mais se posa alors le grave problème du transport. La compagnie maritime " Transmediteraneo ", qui devait mettre un bateau spécial à la disposition des voyageurs, se récusa en raison du congrès eucharistique qui a lieu à la même époque à Barcelone. Les compagnies françaises de navigation ne purent, elles non plus, souscrire aux demandes de bateau. C'est donc quelques Minorquais seulement qui effectueront le voyage par avion, à. moins que d'ici là, la compagnie Air-Algérie, qui actuellement étudie la question, ait pu mettre sur pied une rotation d'avions.

Tout cela n'empêchera pas Fort-de-l'Eau de commémorer les fêtes du centenaire de sa création avec un faste particulier. Les réjouissances se poursuivront pendant trois
jours, les 31 mai, 1er et 2 juin et seront placées sous la présidence de M. le gouverneur général Léonard et de M. le préfet Trémeaud qui, le 31 mai, se rendront à Fort-de-l'Eau en visite officielle. Entourés de toutes les hautes personnalités civiles et militaires et par les invités des Baléares. auxquels se joindront vraisemblablement M. Edme de Fréminville, consul général de France aux Baléares, et M. Manuel Galan y Pacheco de Padilla, consul général d'Espagne à Alger, ils assisteront le soir à un grand banquet pour lequel on peut, d'ores et déjà., se faire inscrire à la mairie.

Auparavant, le stade municipal, entièrement rénové, modernisé, aura été le théâtre d'un grand match de football qui mettra aux prises une entente aquafortaine et le Club Deportivo Minorqua.

A côté de ces manifestations officielles, les réjouissances populaires seront menées de front, puisque, le soir du 31 mai, un grand bal réunira toute la jeunesse, agrémenté par un spectacle de danses rythmiques présenté par les enfants des écoles.

Dimanche 1er juin, les boulistes disputeront un concours, avant que la compagnie de sapeurs-pompiers placée sous le commandement du lieutenant Piris, reçoive son drapeau et participer ensuite avec les sections de Maison-Carrée, de l'Arba, Hussein-Dey et Maison-Blanche à des démonstrations de lutte contre l'incendie.

L'après-midi, une grande bataille de fleurs, la première que connaîtra Fort-de-l'Eau, se déroulera sutour de la place de la République.

Déjà, on en parle partout dans la région. A Rouïba, Aïn-Taya. Cap-Matlfou, comme à Fort-de-l'Eau, des projets sont ébauchés et on murmure que des idées sensationnelles seront réalisées à rendre jaloux les corsos fleuris de Boufarik, de Blida ou d'Affreville, pourtant de renommée fameuse. Bien entendu, tout cela se terminera par un nouveau bal et le lendemain, lundi 2 juin, le programme de la journée comprendra un concours d'élégance automobile qui réunira, sur la vaste avenue de France, les plus élégantes carrosseries et les derniers modèles de la production automobile présentés par de belles et charmantes conductrices.

Ainsi se termineront ces fêtes du centenaire de Fort-de-l'Eau. Elles auront permis aux visiteurs de mieux connaître ce miracle du travail et de la colonisation.

Quant au vieux maraîcher aquafortain, au visage bruni, il contemplera avec fierté ses champs, œuvre de ses ancêtres. avenir de la région, et dans les derniers échos de la fête, le souvenir des morts viendra. rejoindre la joie des vivants.