Fort-de-l'eau

Fondation de Fort de l'Eau

L'historien algérien Victor Bérard écrivait, en 1861: « Fait unique en Algérie, le village de Fort-de-l'Eau, qui compte deux cents cinquante habitants, n'a pas un seul cabaret ! »

Pour qui connaît bien et l'histoire et les moeurs de notre colonie, cette phrase de Victor Bérard a une signification très caractéristique.

Presque tous les villages d'Algérie ont eu comme embryon, une cantine militaire ou une auberge, et dans tous, aux premiers temps de leur création, les cabarets ont occupé une place importante.

C'est que Fort-de-l'Eau a une origine bien spéciale, et que sa fondation fait autant d'honneur à la vaillante population mahonnaise, qui en a été l'ouvrière, qu'à l'esprit libéral du Gouvernement qui , en a permis l'Installation sur un territoire chèrement acheté par le sang français, et en a favorisé le développement par des sacrifices pécuniaires réitérés.

Echo d'Alger du 11-3-1913 - Transmis par Francis Rambert
en ligne :déc. 2014

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Fondation de Fort de l'Eau

C'est à Charles-Quint qu'est dû, indirectement, le choix de l'emplacement. de ce village.

Lors de l'expédition espagnole contre Alger, la plage de Fort-de-l'Eau avait servi le 25 octobre 1511, de point de débarquement d'arrière garde, à cinq mille femmes flamandes, napolitaines et espagnoles que l'on avait embarqué avec l'expédition de Charles-Quint et qui devaient. servir avec les soldats de l'empereur, à faire souche d'une population chrétienne à Alger lorsque les Arabes en auraient été chassés.

Lorsque la tempête du 28 octobre eut anéanti à tout jamais avec sa flotte, le rêve du grand empereur, les Turcs virent la nécessité d'établir un fortin sur cette plage, pour empêcher un nouveau débarquement.

En 1556, Mohamed Kurdogli fit commencer l'édification d'un fort sur un rocher dominant la plage, cette construction ne fut terminée qu'en 1581, par Djifar Pacha, et reçut le nom de Bord-el-Kifan " le Fort des Précipices."

Dans la cour de ce fort était creusé un puits, procurant de l'eau en abondance, ce qui fit que le fort, fut appelé par la première garnison française qui l'occupa, le « Fort de l'eau ».

C'est au baron de Vialar, cet éminent colon de la première heure, que l'on doit le choix du territoire de Fort-de-l'Eau et l'idée d'y établir cinquante familles de cultivateurs mahonnais.

Aux premiers jours de la colonisation, les Mahonnais s'étaient montrés les seuls cultivateurs maraîchers connaissant les méthodes de cultures africaines, et pouvant résister aux émanations délétères des défrichements.

Après des vicissitudes bureaucratiques, qui durèrent deux ans, l'administration décida (1819) l'installation des familles mahonnaises dont chacune reçut deux hectares de terre de labour, vingt ares de terre de jardin et six ares de terrain à bâtir.

Les archives de la colonisation ont conservé les noms de ces premiers colons qui sont :
Alzina, Antoine et Gabriel.
Barbet, Jean et Joseph.
Camps Mathieu.
Capo Dominique.
Coli Jean.
Fedélich Jean.
Gener François.
Gurne Bernard.
Juaneda François.
Laurent Joseph.
Marquez Mathieu, Jean, Antoine et Joseph.
Mascara Jean et Michel.
Marcadal Barthélemy et Antoine.
0liva Laurent, Obéric, Jean.
Pons Barthélemy, père et fils ;
Thomas Jean et son fils Christophe ;
Jacques Joseph et Christophe.
Ségui Raymond et Laurent.
Sastre Joseph.
Sallor Jacques et Jean.
Sintès Bernard, Laurent, Jean, Joseph, Pierre et Moustache.
Tuduri François et Antoine.
Villa Pierre et Ximénès Jean.

Dès les premiers temps de la fondation de Fort-de-l'Eau, les cultures maraîchères se firent une large place sur le marché d'approvisionnement d' Alger et sont encore la principale ressource de cette localité.

Vers 1895, un grand entrepreneur algérois, M. Gueirouard, obéissant aux inspirations d'Ernest Mallebay, directeur des « Annales Africaines », entreprit de transformer la plage de Fort-de-l'Eau, et une dune qui la limite, en une station balnéaire et estivale, à l'instar des plages normandes.

Une cinquantaine d'élégants chalets qui furent édifiés, ainsi qu'un boulevard front de mer en terrasse surplombant la plage, donnent à cette nouvelle station un aspect aristocratique.

C'est à Fort-de-l'Eau qu'à éte installé le premier poste public de téléphone sans fil communiquant avec ceux des côtes de Provence.

Fort-de-l'Eau a été érigé en commune de plein exercie par décret du 8 juin 1881, sa superficie est de deux mille trois cents hectares. Sa population est de près de trois mille habitants, ce qui constitue
une densitéde population des plus importantes d'Algérie, en tant que commune rurale.

Cette prospérité ne pourra que s'acroitre car, de plus en plus, Fort-de-l'Eau et ses environs deviennent un lieu de villégiature algéroise hivernale autant qu'estivale.

Gaston MARGUET.