De Fort-Napoléon à Fort-National
CHIENS DE GUERRE
Article paru dans le Dauphiné-Libéré
sur site le 20-3-2012

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--CHIENS DE GUERREMichel Lefèvre (à droite), auteur du livre, avec Jean Bador qui évoque ses souvenirs. Photos Le Progrès et DR

Gruto, fidèle compagnon de Jean Bador, a été immortalisé sur la pellicule le 25 janvier 1960 à Aït-bou-Madhi.

Les "Chiens de guerre" et leurs maîtres
lors de la guerre d'Algérie

Cinquante ans après son incorporation en Algérie,
c'est en 2008 que Jean Bador, habitant à Yzeron (Rhône), a retrouvé Michel Lefèvre, son ancien chef du 1er peloton cynophile. Une rencontre pleine de souvenirs avec, à la clé, un livre écrit par Michel Lefèvre sur les "Chiens de guerre" pour faire connaître l'emploi de ces chiens basés à "Fort National" en Grande Kabylie durant la guerre d'Algérie.

Jean Bador a participé à ce livre par ses témoignages poignants. Il faisait partie des éclaireurs et pisteurs
qui, accompagnés de leurs chiens, étaient en tête de section pour assurer la sécurité de leurs compagnons. En un temps où il n'y avait pas de détecteurs de mines et où c'était le flair des chiens qui les permettait de sauver des vies. Le rôle des pisteurs consistait également à effectuer la recherche de personnes après des accrochages ou de récupérer des armes.

Le livre retrace chronologiquement toute cette époque de troubles et témoigne des risques permanents pris par ces hommes qui étaient toujours en tête. Mais c'est aussi la longue épopée de jeunes agriculteurs, comme Jean Bador, qui ont quitté leur terre pour des contrées lointaines durant de longs nois. Jean le raconte avec moult détails dans le chapitre "D'Yzeron à Hérounen" . La dure séparation en avril 1958, le mois de ses 20 ans, pour aller rejoindre le 6e BCA à Grenoble ; puis, son départ en Algérie le 19 septembre 1958, après les classes et quelques péripéties, quarante-huit heures de traversée à bord de l'Atos II. Là-bas, c'était la dure réalité des combats, des gardes à haut risque, puis son affectation au "Fort national" comme maître chien. Dans le deuxième chapitre "Quand c'est pas l'heure... ", Jean raconte la dure vie des soldats en zone d'insécurité, le moral souvent atteint et la conscience d'avoir échappé au pire en revenant vivant des opérations. Une symbiose homme-chien ressort de tous ces récits où la vie de l'un dépendait parfois de l'autre, comme le souligne Jean vis-à-vis de Gruto, son compagnon à quatre pattes : " Cinquante ans après, à travers ce récit de pistage, je tiens à te rendre cet émouvant hommage et à te remercier pour toutes les fois où, grâce à toi, j'ai pu retrouver ma famille et revoir mon pays ! " Et enfin la "quille" en août 1960 et le retour à Yzeron avec des souvenirs de grande camaraderie entre soldats et officiers.

POUR EN SAVOIR PLUS
"Chiens de guerre - Une vie de chien en Kabylie (1958/59)" de Michel Lefèvre, Éditions d'Héligoland 2011, 224 pages, 24 €.
Disponible par correspondance sur le site Priceminister.

CHIENS DE GUERRE
Une vie de chien en Kabylie (1958/59)
eYENS