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Francis Garnier
CREATION du Centre de Colonisation de BENI HAOUA

 


Envoi, textes, illustrations : Camille Bortolotti Junior
mise sur site le 29-1-2011

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CREATION du Centrre de Colonisation de BENI HAOUA

UN PEU D'HISTOIRE

Tout a commencé par une décision du 4 juillet 1893, N° 6537 du Gouverneur de l'Algérie en vue de créer, par le truchement de son ministère du Commerce, de l'Agriculture et de la Colonisation, un centre de colonisation dans la baie des Béni Haoua.

Le 27 Février 1896, Monsieur le Préfet d'Alger soumet à Monsieur le gouverneur Général un avant projet de création du centre de colonisation de Béni Haoua.

Ce projet prévoit 35 feux agricoles dotés de 35 hectares,, quelques lots industriels, et 42 lots urbains.
Les communications seraient assurées par mer, avec la construction d'une darse abritée par un rocher naturel, El Djilani, situé à environ 1.500 mètres du groupe projeté.

Le centre serait alimenté en eau potable par la captation de 4 sources débitant 4 l /s.

Les lots de jardin seraient irrigués par la dérivation de deux rivières se jetant à la mer.

On pourrait en outre aménager et dévier la source d'Aïn Titaouine.

La construction du chemin qui doit relier ce centre à Ténès, et qui forme le prolongement de la route de Mostaganem à Cherchell est évaluée à 300.000 Frs. Mais cette dépense ne saurait entrer en ligne de compte dans l'installation du village, attendu que ce chemin est classé, et sera ouvert dans un avenir plus ou moins éloigné, que le village soit ou non crée.

L'établissement du village, de ses communaux, alimentation en eau, irrigation, etc… est évalué à 285.000 Frs.

Quant à la darse, elle profitera aux bateaux chargés de la surveillance des côtes, et à la reprise de l'exploitation des mines de Béni Aquil.

Monsieur Marcel, qui est à l'origine de ce rapport ajoute que tous les propriétaires du littoral sont d'accord pour dire que les transports par mer sont moins onéreux et plus pratiques que par terre.

En conséquence, contrairement à l'avis de Monsieur Godard, il n'y a pas lieu de subordonner cette création à l'achèvement de la route de Mostaganem à Cherchell, et une bonne piste muletière suffirait.

D'un point de vue stratégique, pour la défense du littoral, et pour empêcher les débarquements clandestins d'armes et de poudre, il y a un intérêt primordial à occuper ce point.

Le 4 Juin 1896, une décision préfectorale ordonne la création de ce centre.

Malheureusement, l'opposition de Monsieur Godard fera que jusqu'en 1901, plus rien ne se passe.

Néanmoins, il devait y avoir de sérieux bruits de couloir, car déjà, des européens se portaient acquéreurs de terrains ; c'est ainsi qu'on apprend que :

Le 24 Mars 1895, Monsieur Cot, ancien secrétaire de la commune mixte de Ténès acquiert par devant Maître Lemoine, notaire, 4 hectares qu'il paie 250 Frs à El Aroussi Aïssa Ben Mohamed.

Un peu plus tard, le 26 Avril 1899, le Sieur Raynaud Paul, maçon à Dupleix a acheté par acte passé devant notaire 98 hectares de terres couvertes de broussailles portant les numéros 1481 1482 … pour 500 Frs aux vendeurs Boudjema Mohamed Ben Moktar et Bellaouel Cheik Ben Henni.

Ce même jour, par devant Maître Audibert, notaire à Ténès, Monsieur Roubaud Aristide, de Dupleix, achète pour 1.150 Frs, 300 hectares de terres incultes aux dénommés Mérouane Ben Aïssa Ben Mérouane, et Mérouane Djelloul.

Ceci est mentionné dans un rapport d'enquête du 8 Mars 1902 effectuée en vue du rachat des terres par le bureau de la Colonisation, des expropriations envisagées et des indemnisations à verser et menée par le Sous-préfet d'Orléansville et transmise au Gouverneur Général par l'intermédiaire du Préfet d'Alger.

Le 26 Mars 1901, une Minute du Gouverneur Général à Monsieur le Préfet d'Alger informe celui-ci que le financement du Chemin de Dupleix à Ténès a été décidé, et qu'il sera assuré moitié par la voierie de Ténès, moitié par les Ponts et Chaussées de Dupleix.

Il demande en outre, afin d'éviter des spéculations de se porter acquéreur des terrains.

Cette Minute est signée Vanier.

Le Préfet d'Alger charge donc l'administrateur de la commune mixte de Ténès de faire une enquête.

Il en ressort que les indigènes sont tout à fait hostiles à l'idée de céder leurs terrains.

L'enquête traîne un peu, puisque le rapport met un an à venir : 26 Mars 1902.

L'année 1903 semble être celle des négociations, pas de lettre officielle.

Simultanément, il est lancé un projet d'aménagement maritime du rocher Si Djilani ; un plan de ce projet est élaboré le 12 septembre 1903 par Monsieur Branlière. Avant de l'approuver et de le présenter, Monsieur Godard fait une étude très complète (et fastidieuse !) des vents, crues des oueds, étude des houles, des envasements, etc…

C'est finalement en 1906, le 03 Mars, que ce projet sera accepté… Et la darse jamais construite !!!

En 1904, un courrier original : il émane de la Chambre des Députés, signature illisible ; il est adressé à " Monsieur le Gouverneur Général, et Cher Collègue… ". Suite à une pétition des habitants de Dupleix, l'Assemblée demande au Gouverneur Général de prendre en considération la nécessité de créer un centre à Béni Haoua !

Le 03 Mai 1905, le Gouverneur Général, par arrêté, autorise sur le territoire de Béni Haoua, l'accomplissement des formalités d'expropriation pour cause d'utilité publique, d'un territoire de 700 hectares.

Le 17 Mai 1905, le Préfet demande l'accélération des indemnisations des propriétaires ayant vendu à l'amiable, une liste avec dates et superficies est jointe à cette demande.

On y retrouve les noms de familles connues, comme Bourkaïb, Akrich, Maklouf, Belaouane…

Le 20 Mai 1905, Publication au Journal Officiel " El Mobacher ", bihebdomadaire, de l'intégralité de l'arrêté d'expropriation, avec les noms des propriétaires, les superficies, etc…, le tout pour un total de 700 hectares.

Le 18 Août 1905, le Gouverneur Général prend un arrêté déclarant d'Utilité Publique la création du centre de Béni Haoua, prononce l'expropriation pour 700 hectares, et insiste pour que la prise de possession soit faite d'urgence.

Le 09 Octobre 1905, le service des Ponts et Chaussées remet au Gouverneur l'Avant Projet de construction du village des Béni Haoua. Ce plan, réalisé par Monsieur Brontière, ingénieur, est contresigné par Monsieur Godard, ingénieur en chef.

Plan d'implantation de 1905 :
En cliquant sur la carte ci-dessous, vous obtiendrez une image agrandie à promener sur votre écran, où bon vous semble, en la tirant par la barre de navigation.

Le 06 Février 1909, la Direction des Travaux Publics informe que le chemin de grande communication d "Alger à Mostaganem sera livré à la circulation en Avril de cette année.

Le 13 Décembre 1909, Le préfet avise le Gouverneur général que la route est achevée au-delà de Ténès, et insiste pour accélérer la création du centre de Béni Haoua.

Le Gouverneur Général approuve ces projets et en donne l'ordre d'exécution par décision 3590 du 25 Juin 1909, et 5996 du 03 Décembre 1909.

Le 15 Mars 1910, un courrier du service spécial des travaux de colonisation approuve le projet, et lance les adjudications. Ce courrier émane du bureau de Blida ( ?) ; il est écrit par Monsieur Dumond.

Ce projet définitif prévoit :

  14 lots urbains de 8 ares 64
1 lot communal de 12 ares 84
10 lots d'estiveurs de 12 ares 80
15 lots de jardins de 15 à 18 ares.

NB : Estiveurs n'est pas une déformation d'estivants, comme par exemple nos voisins d'Orléansville qui venait passer leur vacances à la mer ! Ils sont, tout simplement, des pasteurs qui pratiquent une estive saisonnière pour leur troupeaux et qui seraient de passage au village.

La rue principale se confond avec le chemin du littoral ; sa largeur sera portée à 16 mètres.

Les rues adjacentes épousent la pente naturelle du terrain qui ne dépasse pas 0,07.

Le 11 Avril 1910, Monsieur Godard remet un rapport sur le projet de lotissement sur le territoire des Béni Haoua.

Ce rapport prévoit :

  7 concessions agricoles
7 concessions industrielles
10 lots d'estiveurs.

Les concessions agricoles comprendront :

  7 lots urbains d'une contenance de 8 ares 64 chacun
7 lots de jardin de 15 ares chacun
7 lots de grandes cultures de 74 à 95 hectares chacun.

Afin de donner une valeur égale à toutes les propriétés, il sera tenu compte de la qualité des terres et aussi de la configuration géographique du sol.

Les terres du territoire de Béni Haoua peuvent se diviser en deux parties bien distinctes :
          Les terrains situés au nord de la route et le long de l'oued limite ouest (Mentrach) d'une superficie de 100 hectares en plaine complantée de figuiers, terres excellentes.
          Le reste du territoire, quoiqu'en partie de bonnes terres est très accidenté et les enlèvements des récoltes n'y seront point faciles.

Le lotissement rural et urbain comprendra en outre
  Une place et le lot des bâtiments communaux
Un lot de jardin pour la dotation des écoles
Une réserve autour du village
Un communal de parcours
Un emplacement pour les aires à battre et les meules
UNE PEPINIERE (lot 32)
Un marché
Un cimetière européen
Un lot pour la dotation d'une école indigène
Sept cimetières indigènes
Onze réserves de puits et sources














Le centre mesurera 200 mètres de long, et 88 de large ; le centre aura une superficie de 770 hectares 94 ares 45 centiares.

A noter que dans ce rapport, le rocher de la Mine ne s'appelle plus " Si Djilani ", mais " l'Ilot Dzira Sidi Ben Djilalli "

Reste encore à définir les limites du Domaine Maritime.

Ce Domaine sera du côté de la mer la limite des concessions et sa limite pourrait être source de difficultés avec les concessionnaires riverains.

Dans une note du 19 juillet 1910, l'Ingénieur Dale pose ce problème. La difficulté réside en ce que cette limite varie avec le temps selon que la mer corrode le rivage ou au contraire le repousse vers le large par des apports.

Au motif de quoi, il ne sera pas donné suite à une demande du Sieur Caïola qui voulait s'installer le plus près possible de la mer.

Néanmoins le Service Topographique demande au Préfet de faire tracer le chemin de 10 mètres de large, au nord du territoire afin de pouvoir procéder au bornage.

Le 9 Septembre 1910, le préfet prescrit aux services spéciaux de la colonisation de présenter d'urgence le projet des travaux à effectuer pour procéder à l'ouverture de ce chemin qui doit servir de limite entre les propriétaires du centre et la réserve domaniale qu'il y a lieu de constituer le long du rivage.

Ce chemin sera tracé sous forme de piste non empierrée.

A la suite de ce rapport, les plans définitifs et l'état des lotissements sont dressés et signés par Monsieur G. Bailly, contrôlés par Monsieur Gentil, et acceptés par Monsieur Godard.

Le 28 Avril 1910, le Docteur Sergent, de l'institut Pasteur, remet au Gouverneur Général un rapport complet sur l'état sanitaire des populations résidantes chez les Béni Haoua. Il était accompagné lors de sa visite par Monsieur Brousse, administrateur de la commune mixte de Ténès, et du docteur Cambillet de Ténès.

Sa mission était d'étudier les risques de paludisme dans un rayon de 1.500 mètres autour du futur centre.

Le docteur Sergent prévoit notamment :

  - Le captage des sources Aïn Bakri et Aïn Immellen. Ces deux sources ne seraient mises à la disposition de l'irrigation que toutes les 48 heures…
- Le comblement des mares printanières des oueds Ellala et Outar.

Ces travaux sont estimés à un coût de 2.000 Frs, et acceptés.

Le 20 Septembre 1910, le Service Topographique réclame au Gouverneur général de couvrir ses frais, soit la somme de 1.016 Frs 32, frais de route inclus.

Le 21 Juillet 1911, le Trésor Publique remet un rapport d'évaluation des divers lots et concessions. Celles-ci sont estimées de la façon suivante :

  Propriété N° 1
Propriété N° 2
Propriété N° 3
Propriété N°4
Propriété N° 5
Propriété N° 6
Propriété N°7
4.064,30 F
6.205,60
5.508,80
4.780,80
6.353,40
5.849,06
5.868,20

L'observation suivante suit cette estimation :
" Les propriétés de Béni Haoua se prêtent à la culture de la vigne et à l'élevage, mais en raison de la nature tourmentée la culture des céréales ne parait pas donner de bons résultats.
Il convient de remarquer en outre que les sept grands lots ruraux ont accès à la route nationale N° 11.

Les sept lots ruraux sont vendus dès novembre 1911. Ainsi :

Propriétaire
Acte d'achat
Lot urbain
Lots ruraux
Superficie totale
Prise de possession
Propriété
Valeur
BORTOLOTTI Jérôme
06 Nov. 1911
1
3 - 46
96 ha 94a 64
08 janv 1912
1
4.064,30
BACHET Henri Georges
06 Nov. 1911
34
13 - 44
90 ha 35a 94
08 janv. 1912
7
5868,20

MARQUIE Germain
06 Nov. 1911
13
14 - 38
96 ha 27a 99
08 janv 1912
6
5.844,70
MONIER Antoine
06 Nov. 1911
6
2 - 21
78 ha 62a 60
08 janv 1912
3
5.508,80
LAN Jules
08 Nov. 191
10
15 - 27
80 ha 72a 69
08 janv 1912
5
6.3053, 60
DUROY Emile
07 Nov. 1911
3
1 - 33
76 ha 29a 64
10 avr 1912
2
6.205,60
PLUMETet BRAUX
08 Nov. 1911
8
4 - 16
83 ha 82a 60
08 janv 1912
4
4.780,72

Sur cet état cadastral, on remarquera que Monier a été dispensé de résidence à compter du 10 octobre 1922, Plumet à compter du 12 mai 1923, et Marquié à compter d'octobre 1923.

Quant à la teneur des différentes propriétés, la répartition des terrains irrigables, plaines et terres déjà défrichées parce que déjà en culture est assez équitable ; le reste étant terres de broussailles, lentisques, figues de barbarie, sur des terrains pentus et caillouteux…

Sept propriétés à vendre
En cliquant sur la carte ci-dessous, vous obtiendrez une image agrandie à promener sur votre écran, où bon vous semble, en la tirant par la barre de navigation.

N.B. Bachet et Marquié sont en réalité des prête-noms de Bortolotti qui se trouvait donc propriétaire de 282 ha. A 24 ans, c'était faire preuve d'une grande ambition, de courage, et d'esprit d'entreprise, bref, d'un véritable esprit de pionnier !

Aux environs de 1920, Bortolotti rachètera la propriété de Duroy, ce qui le rendra propriétaire de 358 ha, soit la moitié du centre de colonisation (700 ha).

Lan n'a jamais exploité.

Voilà donc le Centre créé ; les premières familles viennent s'y installer, mais manquent encore des infrastructures essentielles, pourtant bien prévues à la conception, telles que l'école, la poste, et la Mairie.

L'appel d'offre est lancé. Le 31 janvier 1912, le Préfet d'Alger informe le Gouverneur que le marché a été attribué au Sieur Guillon moyennant un rabais de 16% sur les prix du bordereau. Le marché est conclu au prix de 32.577,22 Frs. Le 26 Février 1912, le Gouverneur Général accepte ce prix et autorise les travaux. A cette occasion, le 8 décembre 1912, un crédit spécial de 93,70 Frs est alloué à Monsieur le chef du service spécial des travaux de colonisation.

Le 8 mai 1913, Monsieur Brigol adresse à Monsieur le Maire de la commune mixte de Ténès le procès verbal sans réserve de la réception des travaux.

Le 9 mai, monsieur Dumond, conducteur divisionnaire des travaux demande le déblocage d'un crédit partiel de 2.440,22 Frs, le solde devant être payé en 1914, sans précision de date.

Le 23 mai, le Gouverneur général fait verser les fonds.

Bien que l'école soit finie, des bâtiments scolaires magnifiques de l'avis du Conseiller Général de Ténès, il n'y a toujours pas d'institutrice ; ce qui motive la lettre du Conseiller à Monsieur Brunel, le 19 décembre 1913. pour réclamer une nouvelle fois la nomination d'une institutrice.

Le 24 décembre, Monsieur Brunel lui répond qu'il fait le nécessaire, et que le ministère de la colonisation prendra en charge pendant deux années consécutives le traitement de cette institutrice directrice. Une note spéciale en informe Monsieur Robert, délégué financier.

L'Ecole Mixte sera ouverte fin janvier 1914.

Le 24 mai 1913, le service des Postes, Télégraphes et Téléphone transmet au Gouverneur Général une note dans laquelle il expose la justification de la création d'un bureau de Postes :

Ce village comprend 300 Européens, et 5.000 indigènes (il inclut certainement le personnel des mines de Breira et de Béni akil), reçoit journellement 70 à 80 correspondances par jour, qui ne peuvent être retirées qu'au bureau de Dupleix distant de 16 Km.

Il demande au Gouvernement Général de bien vouloir prendre à sa charge les frais d'installation et les frais de fonctionnement de ce bureau pendant deux ans pour un montant de 2.960 Frs la première année, et 2.810 la deuxième.

Dans ces frais sont compris le salaire du facteur (1800), les frais de régie (100) une indemnité de chaussure (50) l'habillement (160) et le transport des dépêches de Dupleix à Béni Haoua (1800). Bien sur, la mise à disposition du service d'un local est indispensable.

Le 23 avril 1914, le directeur des Postes informe Monsieur Brunel que tout est prêt pour l'ouverture du bureau à Béni Haoua. Néanmoins, il demande une rallonge de crédits, car il n'a pas pu traiter le transport du courrier à moins de 2.400 Frs par an. C'est l'entreprise Faissolle, entrepreneur à Cherchell qui est adjudicataire, et qui sera payé mensuellement.

L'ouverture du bureau est fixée au Premier Juin.


Le centre de Pointe Rouge existe déjà, et le centre d'El Marsa est en gestation. On parle toujours de " Béni Haoua ", bien que le nom de Francis Garnier fasse de timides apparitions.

Il aura fallu 19 ans d'enquêtes, de formalités, de pérégrinations administratives pour enfin arriver au résultat. Mais, à décharge, il faut bien reconnaître que la longueur de cette gestation est due en partie au manque de moyens de communication ; tant que la route Dupleix Ténès n'a pas été finie, les choses ont stagné.

Deux personnages ont joué un rôle important dans la création : Messieurs Godard et Brunel ; ils méritent d'être cités.

Il reste maintenant deux ans aux colons pour défricher, essayer de discipliner les crues des oueds, mettre en culture un maximum de terres, tout en construisant leur maison, avant que n'arrive la guerre de 1914.

Camille BORTOLOTTI
(petit-fils de C.B.)

*********
Voici un petit poème que mon père, Gilbert, (fils donc de Camille - le Grand- ) a rédigé et lu à une des premières réunions des Anciens de
Francis Garnier. Nous nous réunissons tous les ans en Octobre, dans la région de Marseille. C'est Serge Socias qui a pris l'initiative, il y a 11 ans, de rassembler tous les anciens...

C'est en 1912, j'y crois y sont tordus
Qui z'arrivent 4 roumis dans ce pays perdu
Y'avait M.MONIER, y avait le père DUROY
BORTOLOTTI bien sûr, l'autre j'sais pas pourquoi,
Y restait pas longtemps, presque personne s'rappelle de lui.
Mais mon père y m'a dit que c'était M'sieur MEGRELLE.

Y s'mettaient au travail, y semaient l'orge et le blé,
Y plantaient de la vigne et plus tard des figuiers.
Alors, tous y t'arrivent, le village il est né
Fini BENI-HAOUA, et vive FRANCIS GARNIER.

La forge c'est LEDESMA, MOUNIOS à l'épicerie,
COMARTIN c'est l'champêtre, le café LOUIS HENRI.
Tout l' monde y travaille, tout l'monde y sont contents,
Et tout ça A KARBI ça dure presque 50 ans.

Mais, il arrive DE GAULLE , Allah y mahalou,
Y faire l'indépendance, i s'a foutu de nous.
Tu t'en vas ou tu meures, mieux tu foutras l'camp.
Et tous y sont partis, même Madame CAN.
Où y vont ?... y savent pas, et c'est dans la souffrance
Qui z'ont fait la valise et s'embarquent pour la FRANCE

Plus personne y travail, la vigne elle a crévi ;
Les figuiers y en a plus , les chévres les ont bouffés
Les amis séparés, y peuvent plus se voir,
Et tout l' monde y pensait, c'est fini cette z' histoire.

Mais c'est trop pas possible, il a dit M'sieur SOCIAS,
I cherchant les adresses. i faire convocations
Pour qu'à Coudoux ici, on fait la réunion.

Et tous vous êtes venus, contents d'vous retrouver,
De dire comment ça va, et parler du passé ;
De s'taper l'anisette avec beaucoup d'kémia,
De faire un bon guelton, et boire un bon kaoua,
Jurant de se r'trouver ici un jour ou l'autre,
Et crier tous ensemble, vive SOCIAS, vivent nous autres.


GILBERT BORTOLOTTI
Pour tous les Anciens et Amis de FRANCIS GARNIER,
A l'occasion de leur rencontre à Coudoux, le 9 octobre 1999