Alger,le port : la gare maritime
La prochaine gare maritime
Maquette au
Palais Consulaire

Echo d'Alger du 2-7-1948 - Transmis par Francis Rambert
sur site :nov. 2019

2.-
La nouvelle gare maritime d'Alger
L'œuvre en projet : sa première étape

Echo d'Alger du 13-1-1950 - Transmis par Francis Rambert
sur site :avril 2021

La nouvelle gare maritime d'Alger
L'œuvre en projet : sa première étape

Le projet de doter le port d"Alger d''une nouvelle gare maritime n'est pas d'hier. C est en l37 que fut autorisée, et aussitôt entreprise, dans l'ancien port, la construction d''un môle devant servir d'assise à une grande gare maritime, conçue et équipée selon les techniques moderne.
La première gare de ce genre, celle du môle Al-Djefna, qui est d'ailleurs encore " la " gare maritime d'Alger, n'avait, alors que dix ans d'âge ; mais il paraissait manifeste qu'à la cadence d'accroissement de son trafic, elle s'avérerait bientôt insuffisante. Aussi bien, n'offrait-elle pas seulement deux postes à quai, alors que non-pas deux, mais trois compagnies de paquebots desservent régulièrement notre port !
Le nouveau môle, qui prit plus tard le nom de môle de France, fut un vaste terre-plein en forme de trapèze, long de 300 mètres, et d'une largeur comprise entre 230 et 125 mètres. Il ne devait être terminé qu'en 1941. Dans l'intervalle était venue la guerre, reléguant en des temps meilleurs, l'édification de la gare projetée.

Le projet évolue

A quoi répondait ce projet, qui, grâce à la Chambre de commerce d'Alger, est entré cette année, après une longue pause, dans une première phase de réalisation ? D'abord à l'idée de grouper les, installations portuaires de voyageurs et les installations de la gare de chemins de fer d'Alger en une seule grande gare, maritime et ferroviaire à la fois. Sur cette idée, s'en greffa une autre : les exportations du port en primeurs (agrumes, autres fruits, et légumes) venaient d'augmenter en de telles proportions qu'on décida, en 1938, de doter la future gare de l'équipement et des locaux spéciaux qu'exigerait certainement un jour ce commerce en plein essor. Le projet subit toutefois sa plus importante modification en 1941 lorsque, faute d'un espace suffisant sur le terre-plein du môle et les quais d'enracinement, l'on décida d'en dissocier la gare ferroviaire. Seule subsistait la partie proprement maritime du projet, dont la mission relative aux exportations de primeurs fut définie à la fin des hostilités. Déjà la pratique d'un transit " sous froid " avait été promise en 1942 aux primeurs en provenance de l'intérieur du département ; on admit en 1945 que la gare maritime devrait, de plus, offrir la possibilité de " pré-réfrigérer ", c'est-à-dire de soumettre à une première réfrigération, les primeurs expédiées de la banlieue algéroise.

 

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Quai d'Ajaccio
Quai d'Ajaccio



La nouvelle gare maritime d'Alger
L'œuvre en projet : sa première étape

Le projet de doter le port d"Alger d''une nouvelle gare maritime n'est pas d'hier. C est en l37 que fut autorisée, et aussitôt entreprise, dans l'ancien port, la construction d''un môle devant servir d'assise à une grande gare maritime, conçue et équipée selon les techniques moderne.
La première gare de ce genre, celle du môle Al-Djefna, qui est d'ailleurs encore " la " gare maritime d'Alger, n'avait, alors que dix ans d'âge ; mais il paraissait manifeste qu'à la cadence d'accroissement de son trafic, elle s'avérerait bientôt insuffisante. Aussi bien, n'offrait-elle pas seulement deux postes à quai, alors que non-pas deux, mais trois compagnies de paquebots desservent régulièrement notre port !
Le nouveau môle, qui prit plus tard le nom de môle de France, fut un vaste terre-plein en forme de trapèze, long de 300 mètres, et d'une largeur comprise entre 230 et 125 mètres. Il ne devait être terminé qu'en 1941. Dans l'intervalle était venue la guerre, reléguant en des temps meilleurs, l'édification de la gare projetée.

Le projet évolue

A quoi répondait ce projet, qui, grâce à la Chambre de commerce d'Alger, est entré cette année, après une longue pause, dans une première phase de réalisation ? D'abord à l'idée de grouper les, installations portuaires de voyageurs et les installations de la gare de chemins de fer d'Alger en une seule grande gare, maritime et ferroviaire à la fois. Sur cette idée, s'en greffa une autre : les exportations du port en primeurs (agrumes, autres fruits, et légumes) venaient d'augmenter en de telles proportions qu'on décida, en 1938, de doter la future gare de l'équipement et des locaux spéciaux qu'exigerait certainement un jour ce commerce en plein essor. Le projet subit toutefois sa plus importante modification en 1941 lorsque, faute d'un espace suffisant sur le terre-plein du môle et les quais d'enracinement, l'on décida d'en dissocier la gare ferroviaire. Seule subsistait la partie proprement maritime du projet, dont la mission relative aux exportations de primeurs fut définie à la fin des hostilités. Déjà la pratique d'un transit " sous froid " avait été promise en 1942 aux primeurs en provenance de l'intérieur du département ; on admit en 1945 que la gare maritime devrait, de plus, offrir la possibilité de " pré-réfrigérer ", c'est-à-dire de soumettre à une première réfrigération, les primeurs expédiées de la banlieue algéroise.

Le problème des primeurs...
Ainsi se dessinait l'importance du rôle assigné à la gare maritime dans le commerce des primeurs et aussi dans ce qu'on appelle la " chaîne du froid ". La gare assurerait, en particulier, la correspondance entre la station d'expéditions " sous froid " construite à Orléansville pour des transports quotidiens de 50, puis de 200 tonnes de primeurs, et les cales réfrigérées' dont les compagnies d'armement ont équipé leurs paquebots et cargos rapides.
L'ampleur à donner à ses installations devait répondre aux exigences croissantes du trafic. Déjà, dans les années d'avant-guerre, les exportations du port en primeurs avaient atteint, ou même dépassé, 150.000 tonnes par an. Remontant en flèche après la guerre, elles furent de 72.000 tonnes en 1946, 113.000 en 1947, 200.000 environ en 1948 et en 1949. Elles seront bien supérieures cette année. C'est donc une sage prévision qui fixa à plus du double des exportations d'avant-guerre le trafic que la gare pourrait avoir à assurer. On ne négligeait pas, ce faisant, la concurrence, d'ailleurs forcément limitée. de l'avion, et celle d'autres services d'exportation, non spécialisés, du port lui-même.
Mais l'on tenait un aussi juste compte des capacités de transport des paquebots et cargos, de plus en plus grands et de plus en plus rapides, du problème de leur fret de retour dans la métropole, et surtout du développement marqué des cultures maraîchères et fruitières du département. Pour les agrumes en particulier, l'état des plantations assure une augmentation certaine de la production jusqu'en 1953. Cependant, la prudence ne fut pas exclue du projet. On se réserva de modifier l'importance des installations en étendant ou, au contraire, en ajournant certains travaux. On conserva la possibilité d'affecter telle ou telle partie des installations réalisées à des marchandises diverses aussi bien qu'aux primeurs.

...et la solution admise
La comme ailleurs, le débit en période de pointe fut un élément de calcul déterminant, affecté de
l'indispensable coefficient de sécurité dû aux facteurs imprévisibles (simultanéité de départs de paquebots, vague de chaleur excessive, jours chômés répétés, etc...). Il fut admis en définitive que la gare maritime devrait être en mesure de recevoir en un jour un maximum de 3 à 4.000 tonnes de primeurs, de traiter " sous froid " et de stocker la valeur de deux jours d'arrivages, soit une quantité de 6 à 8.000 tonnes. On admit de même que les apports proviendraient, en proportions à peu près équivalentes, de la région algéroise par camions, et de l'intérieur, principalement de la vallée du Chélif, par wagons. Les surfaces couvertes nécessaires à la réception furent calculées en conséquence, et fixées à 'un total de 13.000 mètres carrés. Ainsi largement comprise, la réception permettra le .reclassement des marchandises à leur déchargement des wagons et des camions, la constitution, le cas échéant, de volants utiles à la bonne marche des opérations, et l'emploi d'appareils de manutention à grande capacité, convenant aux divers modes d'emballage, cageots, caisses, ou " containers ".

La " chaîne du froid "
L'évaluation des stockages envisagés conduisit à prévoir des salles de stockage, réfrigérées ou non, d'environ 80.000 mètres cubes, correspondant à une surface couverte de 24.000 mètres carrés. Enfin, le traitement en " chaîne du froid " fut basé sur le principe, qui n'est d'ailleurs ni formel ni définitif, de la conservation des primeurs délicates à + 2°, 'et des agrumes à + 6°.
En tablant sur la moyenne des différences avec la température extérieure, et sur diverses données telles que les durées de " pré-réfrigération ", elles-mêmes fonction des inerties thermiques, on estima à 7 millions de frigories-heure et à 5.000 C.V. la production de froid et la puissance de l'équipement frigorifique dont il serait souhaitable de disposer. Tout ceci ne peut être qu'approximatif. Le nombre et l'emplacement des chambres froides sont susceptibles de varier au cours des travaux. L'emploi de machines frigorifiques à circulation de saumure, qui permet une distribution facile du froid dans de vastes limites, donnera sur ce point beaucoup de souplesse. Signalons aussi l'éventualité, que déterminera l'expérience, de faire concourir l'installation à des exportations de viande congelée

Le problème des voyageurs
L'autre problème principal auquel s'attaquait le projet, le problème du transit des voyageurs, n'étaitpas sans offrir de difficultés, comme, par exemple, celle de ménager un accès direct et rapide au niveau de la ville.. .
On sait que, malgré la concurrence de l'avion, le nombre de voyageurs empruntant à Alger la voie maritime augmente toujours. Il faut en chercher la raison dans le domaine démographique et social :
accroissement de la population elle-mème. et, aussi, dans l'ensemble de ses besoins et facilités de déplacement. Il y avait 255.000 voyageurs par mer en 1938, et y en eut 270.000 cn 1949. ce qui plaça Alger au quatrième rang des ports de France et d'Afrique du Nord. La caractéristique de ce trafic est l'ampleur des variations saisonnières : la moitié du mouvement annuel s'effectue pendant les trois mois d'été, avec des pointes atteignant 2.500 personnes par jour. D'où la nécessité de spacieuses installations, dotées de surfaces très supérieures à celles édifiées sur le môle Al-Djefna ,il y a plus de vingt ans. Une semblable extension fut prévue à l'égard des bureaux et locaux des deux premières compagnies de navigation qui assumeront la charge de l'exploitation (partie " voyageurs ") de la gare maritime : la Cie Gle Transatlantique, et la Cie de Navigation Mixte. Il est également prévu, et fort à propos d'ailleurs, que les installations dont ces deux compagnies disposent aujourd'hui sur le môle Al-Djefna. seront mises aussitôt au service d'autres compagnies.

Les marchandises diverses
Quant au problème des marchandises diverses, il sera réglé sur le principe de l'attribution d'un poste à quai sur la partie ouest (contiguë à l'enracinement) du môle de France à chacune des deux grandes compagnies exploitantes, et de la " banalisation ", c'est,-à-dire la mise à la disposition de tout armement ou agence qui en fera la demande, des deux postes à quai de la partie Est, à l'extrémité du môle. De grands hangars à marchandises communiqueront de plain-pied avec ces quatre postes à quai, et totaliseront une surface couverte d'environ 15.000 ›mètres carrés. Les circuits que devront suivre dans la gare les primeurs, qu'elles soient incluses ou non dans la chaîne du froid, et les marchandises diverses, feront l'objet de règles très précises qui sont encore en cours de mise au point.

Le projet architectural
Telles sont, rapidement esquissées, les principales données qui serviront de base au projet architectural. Celui-ci devait par ailleurs se conformer à la topographie et aux règlements d'urbanisme de la ville d'Alger. Bien que l'on ne disposât que de dimensions limitées dans le sens de la hauteur, l'on s'attacha à grouper le maximum d'installations sur le môle lui-même, afin d'éviter de trop longues manipulations entre les lieux de déchargement des arrivages et ceux de chargement (par sabords ou par grues) sur les navires.
Les quatre grands courants de circulation ou de manutention se partageront trois étages, reliés par ascenseurs ou voies inclinées : au rez-de-chaussée les marchandises diverses, au premier étage les primeurs " sous froid ", au second étage les autres primeurs et le trafic des voyageurs.
Cette conception à abouti à un grand bâtiment qui épousera la forme trapézoïdale du môle de France, avec 275 mètres de long et de 90 à 117 mètres de large. Sur le terre-plein d'enracinement, un autre grand bâtiment constituera le hall de réception des primeurs sous froid. Pour permettre la circulation sur le quai, ces deux bâtiments, distants de 30 mètres, ne seront reliés qu'aux niveaux des étages.
Enfin, le toit du second bâtiment, vaste terrasse où se présenteront les voyageurs et où parqueront les voitures, communiquera directement avec le boulevard Carnot, au-dessus d'une autre route portuaire de 35 mètres, par un ensemble approprié de rampes et d'escaliers. Ainsi le voyageur, pour s'embarquer, se rendra-t-il de la ville à la gare maritime sans passer par les quais.

La première étape
Un projet aussi grandiose, à la Lyautey, pourrait-on dire, avec ce que cela implique de vaste et de pratique à la fois, ne saurait être réalisé entièrement dans un proche avenir. Aussi la Chambre de
Commerce a-t-elle prévu, dans l'exécution des travaux, plusieurs étapes qui échelonneront dans le temps les financements nécessaires. La première étape comprendra la construction de la moitié-ouest du bâtiment du môle de France, construction d'ailleurs réduite au rez-de-chaussée et au premier étage.
C'est elle que l'on a vu sortir de terre ces derniers mois. Elle sera terminée dans le courant de 1952.
A cette époque, la nouvelle gare maritime comportera donc les hangars du rez-de-chaussée dévolus à la Cie Gle Transatlantique et à la Cie de Navigation Mixte, la moitié de l'équipement frigorifique afférent au premier étage construit, ainsi que des installations provisoirement suffisantes pour les deux compagnies de navigation et leurs services de voyageurs. Les trains de voyageurs comme de marchandises y auront accès, mais le passager en provenance de la ville passera encore par les quais, comme_il le fait aujourd'hui pour aller s'embarquer à la gare du môle Al-Djefna. Pour limitée qu'elle soit, cette première étape n'en constituera pas moins une grosse amélioration de nos moyens portuaires algérois : elle correspond à des besoins urgents, notamment en surfaces couvertes, et nous savons que les utilisateurs sont impatients d'en disposer.