Les îles du littoral algérien
Jean Gueydan

sur site le 18-10-2010

extraits du numéro 109, marss 2005, de "l'Algérianiste", bulletin d'idées et d'information, avec l'autorisation de la direction actuelle de la revue "l'Algérianiste"

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Les îles du littoral algérien
Jean Gueydan

À part El-Djezaïr que tout le monde connaît, je doute fort que, même parmi les membres du Cercle " djezaïriste " (ce qui signifie le Cercle des îles), quelqu'un puisse citer beaucoup d'îles sur le littoral méditerranéen de l'Algérie. Je vais donc les énumérer en parcourant ce littoral d'est en ouest, c'est-à-dire depuis la frontière de la Tunisie (dont la dernière île est celle de Tabarka, la bénie, mot phénicien), jusqu'à la frontière du Maroc (dont les premières îles sont les trois Zaffarines, celles où souffle le zéphyr, mot grec).

Île de La Calle:
(36100 El Kala - ex La Calle - wilaya d'El Tarf).

Cette île étroite et basse mesure 350 m de longueur sur 60 m de largeur, elle est entourée de rochers qui la rendent inabordable si ce n'est en son port. Vers 1100 avant J.-C., les Phéniciens y ont créé une escale, mais nous ne savons pas comment ils la nommaient. Elle reçut un jour le nom berbère de Tuniza (Tunis), qui correspond à " ensa " (lieu où l'on fait halte pour la nuit, précédé de l'article féminin " T "). Les Romains ont bâti une ville sur le continent et ils ont donné à l'île, on ne sait pourquoi, le nom d'Île Maudite; ils l'ont reliée à la ville par une jetée formant un port. Les Arabes l'ont appelée Marsa el Kharas, le Port aux Breloques, (les breloques étant le corail). Au xvie siècle, l'île était fréquentée par les corailleurs français et italiens et ces derniers lui ont donné le nom européen de La Calle qui a ici le sens de cale au sens maritime du mot, de couloir, de calanque, d'abri entre deux pointes de terre ou de rochers. Les Français ont occupé l'île en 1836 et ont maintenu ce nom en le prononçant à la française. Les Algériens ont traduit par El-Kala. Après l'occupation française, l'île a été reliée au continent par une chaussée digue de 150 m. Plusieurs îlots sans nom sont situés à proximité du rivage, deux vers l'est, entre la frontière tunisienne et La Calle, six vers l'ouest, entre La Calle et le Cap Rosa.

Îlot du Lion :
(Bône - 23 000 Annaba - ex Bône).

A 5 km au nord de Bône, au pied du Ras el-Hammam (le Cap des Pigeons), un gros rocher de 17 m de hauteur a une forme extraordinaire et, vu sous un certain angle, représente une silhouette de lion.

Îlot du Fort Génois:
(23000 Annaba - ex Bône).

Sur un cap proche du précédent, à 8 km au nord de Bône, les Génois avaient construit au xve siècle un fort, en vue de protéger leurs navires qui venaient s'abriter à ses pieds; c'est ainsi que ce cap a pris le nom de Cap du Fort Génois. Il est entouré, à faible distance, d'un grand nombre de gros rochers qui méritent à peine le nom d'îlots.

La Voile Noire:
(23140 Seraïdi - ex Bugeaud - wilaya d'Annaba).

A l'extrémité d'une pointe aiguë, au nord de la plage de Seraïdi (ex- plage Bugeaud), se détache un rocher sans nom qui, vu sous un certain angle, a un aspect conique. Deux kilomètres à l'ouest, la " Voile Noire " est un autre rocher conique de 143 m de hauteur, qui se détache aussi à l'extrémité d'une pointe très aiguë avançant de 800 m en mer, comme un môle. De loin, on peut croire qu'il s'agit d'un bateau à voile. Son nom arabe est Qeloua es soudan, la Voile Noire, et on peut se demander pourquoi certaines cartes mentionnent " La Vache Noire ". Deux kilomètres plus loin, on croit voir une île, le Pain de Sucre, qui est en réalité un simple promontoire. Encore plus à l'ouest, un îlot sans nom se trouve au nord du Cap Axine.

Île Takouch :
(21320 Cap de Fer - wilaya de Skikda, ex-Philippeville).

Au nord-est du Cap Takouch et à proximité du rivage, se trouve l'île Takouch, parfois nommée Djezira (île). C'est un rocher peu élevé, de couleur jaune ou rousse. Le nom ancien, Tacatua, est berbère et " Ta " est l'article féminin.

Île Sainte-Piastre :
(21320 Cap de Fer - wilaya de Skikda).

A 5 km à l'ouest du Cap Takouch et à 2 km du rivage, l'île Sainte Piastre a une centaine de mètres de diamètre et 33 m de hauteur. Sainte-Piastre est inconnue. S'agirait-il d'une piastre? Le nom actuel de l'île est aussi inconnu...

Îlot Tekedid :
(21320 Cap de Fer - wilaya de Skikda).

Le Ras Tekedid n'est autre que la pointe extrême-ouest du Cap de Fer et un phare y a été construit. Cette pointe est si bien détachée de la côte qu'on la prend souvent pour une île, ce qu'elle n'est pas. Tekedid, est un nom berbère et " Te " est un article.
À 700 m de son extrémité, se trouve un îlot de 27 m de hauteur qui, souvent, se distingue mal du cap.

Îlots de Skikda :
(21000 Skikda).

Plusieurs gros rochers, méritant à peine le nom d'îlots, bordent le rivage au lieu-dit Pont-Romain, entre Philippeville et Stora.

Île des Singes:
(21001 Stora - wilaya de Skikda).

Le phare de Stora est construit sur une petite île rocheuse, au nord de la ville, au pied de la redoute des Singes dont elle a pris le nom.

Île du Lion :
(Stora - 21001 Stora - wilaya de Skikda).

Située à 2 km au nord de Stora et à 200 m du rivage, cette île est un rocher triangulaire de 100 m de côté. Elle est flanquée vers l'ouest d'un ilot rocheux sans nom. À son nord-ouest, deux autres îlots rocheux bordent le rivage.

Île Srigina:
(21 001 Stora - wilaya de Skikda).

Relativement grande, cette île mesure environ 400 m de longueur nord-sud et 100 m de largeur est-ouest. Elle est située à 800 m du rivage et à 4 km au nord de Stora. C'est un rocher presque sans végétation sur lequel un phare a été construit. Ce curieux nom de Srigina a quelque analogie avec Sguigata, déformation de Rusicada, et qui, à une certaine époque, a désigné Stora. Les Grecs puis les Romains l'ont nommée Ydras nèsos (Hydrae insulae = Les îles d'Hydra). Ces mots étant au pluriel, il est probable qu'ils désignent l'île Srigina et les petits rochers peu élevés qui l'entourent.

Les deux Frères :
(21 001 Stora - wilaya de Skikda).

Près du rivage, à 4 km au nord ouest de l'île Srigina, deux gros rochers appelés "les deux frères" ou, en arabe, Djézaïr el Kalaa (les îles noires). Le plus grand, nommé Tarsakh ou Tarsa est un rocher nu, pyramidal. Le plus petit, d'un kilomètre plus à l'ouest, est de forme conique et n'a pas d'autre nom que "l'autre frère".

Les Sept îles :
(21150 Aïn Zouit - wilaya de Skikda).

Six kilomètres à l'ouest des "Deux Frères", un îlot rocheux de forme conique se trouve à proximité du rivage. Quelques centaines de mètres plus à l'ouest, six autres îlots analogues forment une chaîne rectiligne de 750 m de longueur, à peu près perpendiculaire au rivage. On les appelle les Sept-Iles, mais le nom arabe est Tsour Ahmed Djerbi (le boeuf ou le taureau d'Ahmed Djerbi).

Île Collo :
(21 210 Kerkera - wilaya de Skikda).

Il faut dire île Collo et non pas île de Collo. Malgré ce nom, cette petite île se trouve à l'ouest du Cap Bibi, à une douzaine de kilomètres à l'est de la ville de Collo. Sur une colline de 60 m de hauteur, de couleur roussâtre, et dont le sommet est arrondi, elle constitue un excellent abri pour les navires. Peu de végétation, mais des milliers d'oiseaux: milans, éperviers, goélands, pétrels, pigeons... y vivent. Son nom phénicien, Chullu, signifie arrondi suite à la rondeur de son sommet. Ce nom a d'abord été celui de l'île qui a été le mouillage des plus anciens marins phéniciens; il est ensuite devenu celui du golfe et enfin celui de la ville. Les Arabes ont écrit El Koll ou El Qoll, mais Collo a été maintenu après l'indépendance. Il semble que cette île ait porté le nom de Rabhat Teffa (le bois des pommiers).

Pointe noire:
(21 220 Ouled M'Rabet - wilaya de Skikda).

Cette île, une pyramide rocheuse, d'une centaine de mètres de côté, prolonge un des promontoires centraux du Cap Bougaroun.

Rocher Tazerouts :
(18270 Sidi Abdelaziz - wilaya de Jilel).

Ce rocher isolé constitue une île près du rivage, à 1 km au sud de l'embouchure de l'Oued el-Kébir, alias Rhumel (ex-Ampsaga).

Île de Djidjelli:
(18000 Jilel - ex-Djidjelli).

Le nom phénicien I-Gilgil, l'île du crâne, est tiré d'une colline qui a la forme d'un crâne; les toponymes Golgotha et Galilée ont la même origine. En fait, l'île est une presqu'île plate qui se termine par un banc de rochers abritant un port. À l'ouest, se trouve le Rocher Picouleau.

Rochers des Pigeons:
(18000 Jilel - ex Djidjelli).

Quelques rochers à l'ouest de Djijelli forment des îlots.

Île el Afia :
(18000 Jilel -ex Djidjelli).

A 8 km à l'ouest de Djidjelli, non loin d'un cap que surmonte un phare, se trouvent plusieurs petits rochers; l'un d'eux, de couleur "rouge feu", est nommé El Afia (feu).

Écueil de la Salamandre:
(18000 Jijel - ex Djidjelli).

Il ne s'agit pas d'une île mais d'un rocher à fleur d'eau, à 4 km au nord-ouest d'El Afia.

Iles Cavallo:
(18130 El Aouana - ex-Cavallo - wilaya de Jijel).

Sur une longueur d'une dizaine de kilomètres, le front du Cap Cavallo comprend plusieurs îlots et rochers, la plupart arides et de faible hauteur, sauf les deux plus grands qui possèdent une maigre végétation. La plus grande île, à 1 km au nord-est du cap, est le Grand Cavallo (le Grand Cheval) qui mesure 360 m de long sur 80 m de large. La seconde, à 5 km au nord-est du cap, à l'est et légèrement plus au nord, est le Petit Cavallo (le Petit Cheval). Deux gros îlots portaient au siècle dernier le nom de Djezaïr el Khed et la plus grande Zirt el Khed. Les mots djezaïr (arabe) et zirt (berbère) signifient îles (Kheïl signifie peut- être giroflée...).

Île de Mansouria:
(18110 Ziamma-Mansouriah - wilaya de Jilel).


Cette île du golfe de Bougie est très proche du rivage et mesure environ 800 m de long sur 200 m de large, son altitude ne dépasse pas 20 m, mais elle constitue un très bon mouillage. Elle est reliée au rivage et au hameau de même nom par une chaîne de rochers le plus souvent à fleur d'eau. Elle a très certainement été habitée depuis la plus grande antiquité mais on ignore le nom qu'elle portait. Vers 1090, El Mansour (Le Victorieux), roi de Bougie, fit construire dans l'île un château qu'il nomma Mansouria (celui de Mansour); au fil des siècles le château a disparu mais a laissé son nom à l'île.

Îlot du cap Carbon :
(de Bougie - 06000 Bejaia - ex Bougie).

A 9 km au nord-ouest du cap Carbon, au sud du Ras Selsoul, se trouve un petit îlot rocheux sans nom.

Île des Pisans:
(06000 ou 06 340 ? - wilaya de Bejaïa):

Cette île qu'il faut nommer île des Pisans et non pas île Pisan, est située à 12 km à l'ouest du cap Carbon. Elle mesure 400 m de longueur et culmine à 31 m d'altitude, possède de la végétation et offre un excellent abri aux navires. Elle est parfois désignée sous le nom arabe d'île Djeribia. Le nom d'île des Pisans marque le souvenir des relations commerciales régulières entre Bougie et Pise en Italie; le roi de Bougie l'avait concédée aux marins pisans pour entreposer les marchandises qu'ils allaient vendre et celles qu'ils venaient d'acheter à Bougie, notamment de la cire pour fabriquer des bougies. L'île est environnée de plusieurs îlots rocheux.

Îlots du Cap Sigli:
(06431 Djeblaa - wilaya de Bejaia) :

A mi-chemin entre l'île des Pisans et le cap Sigli, et à 800 m du rivage, existe un rocher à fleur d'eau et sans nom. A l'est du cap Sigli, se trouvent une dizaine de rochers et un îlot sans nom, de couleur rousse, à peine séparé du rivage et tout à fait aride. Le cap lui-même est entouré d'une multitude de petits rochers de formes très irrégulières.

Rochers du cap Tlédès :
(15650 Taksebt - wilaya de Tizi-Ouzou).

Une quinzaine de rochers forment autant d'îlots à l'est du cap Tlédès; ils sont curieusement alignés du sud-ouest au nord-est.

Îlots de Tigzirt :
(15600 Tigzirt - wilaya de Tizi-Ouzou).

Au nord de la ville de Tigzirt, (voir sur ce site, en fait "mon" site)autrefois Taksirt et plus récemment Tighzirt-sur-Mer, un promontoire s'avance en mer et s'étale sur un petit îlot boisé et habitable. Un autre îlot voisin, une roche aiguë, à pentes escarpées est situé à faible distance du rivage et rattaché à la terre par une chaussée maçonnée destinée à devenir quai de débarquement tant à l'ouest qu'à l'est. Mais les tempêtes l'ont démoli.

Rochers de Zemmouri el Bahri :
(35260 Zemmouri - ex Courbet - wilaya de Boumerdès).

Deux proches et gros rochers sans nom sont situés à faible distance du rivage, un autre existe à 5 km au sud-ouest, près du Cap Blanc et trois autres encore à 7 km au sud-ouest, au lieu dit Le Figuier.

Île Aguelli :
(35460 Reghaïa - wilaya de Boumerdès).

Cette île rocheuse est située à 1 km au nord-ouest de Reghaïa-plage. Elle mesure environ 200 m de longueur et 100 m de largeur.

Djezaïr El Kodra :
(Aïn Chrob, 35310 Aïn-Taya - wilaya de Boumerdès).

A 2 km à l'ouest de l'embouchure de l'Oued Reghaïa, cet ancien îlot est aujourd'hui relié à la terre par des plages de sable.

Le Rocher :
(35310 Aïn-Taya - wilaya de Boumerdès).

C'est le nom d'un rocher de 23 m de haut situé à 3 km au nord d'AinTaya.

Îles Sandja
(35320 Marsa - ex Jean-Bart - wilaya de Boumerdès).

A 400 m au nord de Jean-Bart, deux îlots rocheux d'une centaine de mètres de diamètre et de 10 m de hauteur portent le nom d'îles Sandja. Ce nom vient peut-être de l'ethnonyme Sanhadja, important groupement de tribus berbères. Zénètes, Zenati, Sénégal ont la même origine.

Banc de Matifou :
(35320 Bordj el-Bahri - ex Cap-Matifou - wilaya de Boumerdès).

Il ne s'agit pas d'une île mais d'un banc, à 10 km au nord de Bordj el-Bahri, prolongement naturel des Aguelli, Rocher et Sandja.

(À suivre)