Alger, Bab-el-Oued
Hôpital du Dey puis hôpital Maillot
LA PHYSIOTHÉRAPIE A L'HÔPITAL MAILLOT
Depuis un quart de siècle, la médecine s'est enrichie d'une branche nouvelle, très importante, la physiothérapie, qui met en œuvre les divers agents physiques.

Afrique du nord illustrée du 2-4-1921- Transmis par Francis Rambert

LA PHYSIOTHÉRAPIE A L'HÔPITAL MAILLOT

Depuis un quart de siècle, la médecine s'est enrichie d'une branche nouvelle, très importante, la physiothérapie, qui met en œuvre les divers agents physiques.

On se doutait bien auparavant que certains de ces agents pouvaient produire des effets utiles sur l'organisme humain, mais on n'en tirait parti que d'une manière empirique. Actuellement, il est possible de doser les effets et de conduire un traitement physiothérapique avec la même sûreté qu'un traitement par médicaments galéniques ou spagyriques, c'est-à-dire végétaux ou chimiques.

Basée sur des découvertes très récentes, la physiothérapie reste encore le domaine d'un petit nombre de spécialistes. Plus peut-être qu'aucune autre partie des sciences médicales, elle exige l'emploi de notions transcendantes de physique et de mathématiques et l'on peut constater avec satisfaction que des médecins tels que MM. Branly et d'Arsonval prennent cette fois la tête du mouvement scientifique, tandis que l'initiateur de la bactériologie, Pasteur, était chimiste comme Raspail et de même que ce dernier, n'eut jamais le diplôme de docteur en médecine.

Sans doute, à une époque déjà fort lointaine, les philosophes réunissaient à la fois toutes les connaissances, littéraires, médicales et scientifiques, mais, de nos jours, il n'est plus possible de tout embrasser. Le latin et le grec pur où les médecins commencent généralement leurs études, ne sont cependant plus exigés d'eux et l'on doit s'attendre à ce qu'il soit fait, dans les programmes de l'Université, une place plus importante aux sciences qui, même si les médecins se contentaient d'appliquer les découvertes des autres, leur seraient néanmoins indispensables pour la pratique intelligente de leur profession.

Ce changement d'orientation dans les études n'aurait pas nécessairement pour effet de diminuer l'importance des qualités psychologiques. Les médecins devront encore savoir observer le tempérament spécial de leurs malades et inspirer à ceux-ci une confiance absolue dans l'efficacité du traitement prescrit. Pour que la guérison soit rapide, il faut que le moral soit bon et, de même que l'avocat doit persuader les juges en défendant l'accusé, le médecin doit remonter le moral de ses malades par des paroles réconfortantes.

*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1921. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
N.B : CTRL + molette souris = page plus ou moins grande
TEXTE COMPLET SOUS LES IMAGES.


sur site :mai 2021

1200 ko -
retour
 

LA PHYSIOTHÉRAPIE A L'HÔPITAL MAILLOT
LA PHYSIOTHÉRAPIE A L'HÔPITAL MAILLOT
LA PHYSIOTHÉRAPIE A L'HÔPITAL MAILLOT

Depuis un quart de siècle, la médecine s'est enrichie d'une branche nouvelle, très importante, la physiothérapie, qui met en œuvre les divers agents physiques.

On se doutait bien auparavant que certains de ces agents pouvaient produire des effets utiles sur l'organisme humain, mais on n'en tirait parti que d'une manière empirique. Actuellement, il est possible de doser les effets et de conduire un traitement physiothérapique avec la même sûreté qu'un traitement par médicaments galéniques ou spagyriques, c'est-à-dire végétaux ou chimiques.

Basée sur des découvertes très récentes, la physiothérapie reste encore le domaine d'un petit nombre de spécialistes. Plus peut-être qu'aucune autre partie des sciences médicales, elle exige l'emploi de notions transcendantes de physique et de mathématiques et l'on peut constater avec satisfaction que des médecins tels que MM. Branly et d'Arsonval prennent cette fois la tête du mouvement scientifique, tandis que l'initiateur de la bactériologie, Pasteur, était chimiste comme Raspail et de même que ce dernier, n'eut jamais le diplôme de docteur en médecine.

Sans doute, à une époque déjà fort lointaine, les philosophes réunissaient à la fois toutes les connaissances, littéraires, médicales et scientifiques, mais, de nos jours, il n'est plus possible de tout embrasser. Le latin et le grec pur où les médecins commencent généralement leurs études, ne sont cependant plus exigés d'eux et l'on doit s'attendre à ce qu'il soit fait, dans les programmes de l'Université, une place plus importante aux sciences qui, même si les médecins se contentaient d'appliquer les découvertes des autres, leur seraient néanmoins indispensables pour la pratique intelligente de leur profession.

Ce changement d'orientation dans les études n'aurait pas nécessairement pour effet de diminuer l'importance des qualités psychologiques. Les médecins devront encore savoir observer le tempérament spécial de leurs malades et inspirer à ceux-ci une confiance absolue dans l'efficacité du traitement prescrit. Pour que la guérison soit rapide, il faut que le moral soit bon et, de même que l'avocat doit persuader les juges en défendant l'accusé, le médecin doit remonter le moral de ses malades par des paroles réconfortantes.

Nous pouvons donc ajouter incidemment que, sur le terrain politique, les médecins, qui tiennent le second rang, après les avocats, continueront à occuper une place aussi éminente. D'ailleurs, les avocats eux-mêmes ne sont plus astreints à l'étude du grec et du latin et seront pour la plupart moins instruits sur l'histoire de l'ancienne république romaine que feu leur confrère Robespierre et son ami le médecin Marat.

Mais laissons de côté la politique, qui n'a pas le droit d'entrer à l'hôpital militaire d'Alger, où le centre de physiothérapie de l'Algérie va nous permettre de passer en revue les méthodes nouvelles.

Le premier service de physiothérapie fut créé, en 1907, à l'hôpital Maillot, par M. le médecin-major Hirtz, aujourd'hui professeur au Val-de-Grâce, Les excellents résultats obtenus, notamment pour la guérison des blessés du Maroc évacués sur Alger, firent donner une extension rapide à ce service qui, dès avant la grande guerre, pouvait être envié par les hôpitaux de France.

Le titulaire actuel est M. le médecin principal Miramond de Laroquette, qui en avait été chargé en 1913 et 1914 et eu a repris la direction à la paix. Tous les Algérois se rappellent que, pendant les hostilités, l'Union des Femmes de France (section algérienne) organisa à l'Hôtel Continental, transformé en hôpital auxiliaire, un centre de physiothérapie où des milliers de blessés furent soignés avec le plus grand dévouement.

Depuis l'armistice, l'hôpital auxiliaire ayant été fermé, le centre de physiothérapie est revenu à l'hôpital Maillot où, sous l'impulsion de son directeur actuel, il ne cesse de se développer et de se perfectionner.

Commençons notre visite rapide par les salles de mécanothérapie, où l'on utilise l'agent le plus anciennement connu, le mouvement. Là, des appareils variés permettent de faire jouer les articulations des membres blessés et d'empêcher, par des exercices gradués, les ankyloses et les atrophies.

Nous n'insistons pas sur le massage.

La lumière et la chaleur sont très employées et on les associe généralement sous forme de bains de lumière électrique ou de lumière solaire.
La cure solaire, pour laquelle les malades doivent être exposés nus pendant une assez longue durée, ne peut être pratiquée sans inconvénient à l'air libre en toute saison. Aussi a-t-on récemment construit, à l'hôpital Maillot, une galerie vitrée où pourra être maintenue, dans la saison froide, une température minimum de 25° à l'ombre.

L'action du soleil peut être, suivant les besoins, diminuée par des écrans ou augmentée par des miroirs multiples que M. Miramond de Laroquette a fait établir, sur le principe des miroirs ardents attribués à Archimède. Cet officier a donné beaucoup d'autres preuves d'une ingéniosité toujours mise au service des blessés, mais la modestie nous semble aussi nécessaire en parlant d'un ami qu'en parlant de soi-même et nous croyons répondre à son désir en n'insistant pas sur la part qui lui revient dans les progrès réalisés.

L'insolation peut être généralisée à tout le corps ou limitée à la partie malade.

Les résultats sont excellents dans le traitement de nombreuses maladies, particulièrement de la tuberculose et des suites des blessures de guerre.
L'électricité est utilisée de diverses manières.

Par l'électrodiagnostic on évalue la gravité des lésions subies par les centres nerveux et suit les progrès vers la guérison.

Dans l'électrothérapie, on soumet le malade à des courants continus, ou interrompus, ou statiques, ou à haute fréquence, selon la nature de l'affection dont il souffre.

L'installation de radiologie du centre de physiothérapie est particulièrement importante. Quatre postes de rayons X y fonctionnent en permanence, soit pour le diagnostic, soit pour le traitement.

L'utilisation des rayons X est actuellement indispensable pour faire un diagnostic précis dans un grand nombre de maladies, et l'on sait eu outre quel est leur rôle dans la recherche des corps étrangers et l'examen des fractures ou luxations.

Sans insister sur le détail des cas où les rayons X sont employés à la guérison, nous signalerons que des centaines de jeunes soldats indigènes, atteints de teigne faveuse, sont, chaque année, traités et guéris à l'hôpital Maillot ; ils seraient sans cela perdus pour l'armée.

Depuis un très petit nombre d'années, le radium est appliqué à des usages thérapeutiques, et certaines de ses radiations ont des propriétés analogues à celles des rayons X.

Mais le radium offre parfois sur eux de notables avantages. Employés par quantités extrêmement faibles et n'occupant qu'un très petit volume, les sels de radium peuvent être introduits, par des cavités naturelles ou artificielles, jusqu'au contact des tumeurs, que les rayons X, émis de l'extérieur, n'atteindraient pas sans agir trop fortement sur les tissus intermédiaires.

Malheureusement, le radium coûte très cher et le centre de physiothérapie de l'Algérie n'en possède pas. C'est une lacune regrettable. Les procédés nouveau de la physiothérapie doivent, pour donner des résultats complètement satisfaisants, être appliqués pur un personnel exercé. On ne saurait par conséquent s'y prendre trop tôt pour donner à nos grands hôpitaux, où passent tant de malades, la possibilité de pratiquer ces procédés et de tirer d'une expérience prolongée des éléments de progrès.

Il serait trop long d'indiquer les multiples objets des recherches auxquelles peut donner lieu la physiothérapie, soit pour en perfectionner la technique, soit pour mettre à la portée de tout le personnel les résultats de calculs souvent rébarbatifs.
Terminons cette rapide revue par une courte remarque, motivée par l'absence de radium au centre de physiothérapie et, sauf erreur de notre part, dans tous les grands hôpitaux de l'Algérie.

En France, on parait beaucoup compter sur le concours des citoyens fortunés quand il s'agit de certaines dépenses. Les musées s'enrichissent surtout par des dons et, l'année dernière, lorsqu'il fallut loger la collection Doucet, constituant un cadeau de valeur considérable, une dame généreuse fournit aussitôt deux millions. De nombreux hôpitaux bénéficient également des sentiments charitables des particuliers et ceux de Lyon sont remarquablement bien dotés par les citoyens notables de cette ville.

La parcimonie apparente de l'État, dont le budget manque d'élasticité, est donc, en l'espèce, la reconnaissance tacite de l'existence, chez les citoyens aisés, de sentiments altruistes très développés, qui se trouvent ainsi très heureusement mis en lumière.

Il n'y a pas de raison pour qu'il en soit autrement en Algérie, même en l'absence de milliardaires. Avec quelques dizaines de billets de mille, on peut déjà faire beaucoup de bien.

NOTE DE LA RÉDACTION. La publication de cet article nous fournit l'occasion de signaler une invention que MM. Millot et Miramond de Laroquette viennent de réaliser à Alger et qui a fait l'objet d'une communication à l'Académie des Sciences dans sa séance du 28 février dernier. Il s'agit d'une balance radiologique pour le dosage des rayons X en radiographie et en radiothérapie.

Les pesées faites sur cette balance n'ont aucun rapport avec le poids des rayons X mais sont un procédé original de calcul pour résoudre très simplement tous les problèmes d'application médicale des rayons X. L'emploi de cet appareil permettra de renoncer aux approximations souvent dangereuses, auxquelles la complexité des problèmes obligeait à recourir, et les malades y gagneront autant que les médecins.