Alger, des hôtels
L'hôtel Saint George
24 avenue Foureau-Lamy

L'HOTEL ST-GEORGE
va renaître à la vie civile...
Ses salons, ses sous-sols, ses jardins ont abrité la plus formidable organisation de guerre mondiale

par Roger Frison-Roche
Echo d'Alger du 11-12-1946 - transmis par Francis Rambert

Le Saint-George, la Casbah, les fêtes, les garden-parties, les guides, les marchands d'orientalisme, les Anglais et les Anglaises, les escales de croisières... Vous souvenez-vous ?

C'est si loin déjà ! Pas loin dans le temps, mais bien dans l'histoire

C'était l'époque heureuse de l'entre deux guerres ! Epoque heureuse ! Voire ? En ce temps pour un « Français de la métropole » Alger ne faisait pas encore figure de capitale de l'Empire, de plaque tournante de l'Afrique, de grande escale aérienne, de siège du Gouvernement provisoire, que sais-je encore ! Non, Alger était douceur et musique. Alger était orientale aux yeux du monde, Alger la Blanche !...

Après une nuit en mer le touriste venant de France, levé avant l'aube, arpentait le pont des vieux «gouverneurs » scrutant l'horizon, avide d'être le premier à découvrir dans le jour naissant le blanc calice de la Casbah et la verdoyante crinière des Tagarins et d'El-Biar ; il vibrait au lever de soleil africain, saluait d'une larme d'émotion l'apparition irradiante du disque solaire, alors que encore nimbé des buées phosphorescentes de la nuit, l'astre éblouissant bondissait hors des flots jaspés, éclaboussant de sa sanguine les montagnes de Kabylie. On admirait encore à cette époque.

C'était le temps du grand tourisme, des somptueux relais pour voyageurs fortunés dans les oasis du Sud, et à Alger, sur la hauteur de Mustapha, c'était l'époque ardente du Saint-George où venait hiverner l'élite de l'oisive mondiale.

Beaucoup d'Anglais, principalement, attirés par le climat magnifique de l'hiver algérien. Combien d'entre eux renonçaient, l'ayant une fois connu, à quitter le rivage africain et, délaissant les brouillards de finissaient leurs jours sur les collines dominant la baie. Certains demandaient même comme un privilège d'être enterrés là-haut, dans ce cimetière presque gai du boulevard Bru, bien plus jardin que nécropole. L'un d'eux n'alla-t-il pas jusqu'à se faire immerger en pleine baie.

Comme on l'aimait Alger

Passons, passons. Ces digressions me sont venues à l'esprit tout à l'heure, en apprenant incidemment que le « Saint-George » allait être prochainement rendu à sa destination première d'hôtel de séjour. De toute cette époque du grand tourisme il était le témoin immuable. Et, lorsqu'en 1939, il fut réquisitionné, on peut bien affirmer qu'une nouvelle époque commença, l'ère paradisiaque était close; le monde aveugle allait prendre contact brutalement avec la réalité de la vie.

Depuis sept ans, le palais néo-mauresque, à l'architecture compliquée et baroque, ayant abandonné sa destinée première, a été le siège d'autres activités beaucoup plus considérables, masquées derrière les frondaisons exotiques de son parc
(suite dans les articles.)


mise sur site : oct. 2019

180 ko - 5
retour
 
'HOTEL ST-GEORGE

'HOTEL ST-GEORGE