Plaque tournante des lignes aériennes
L'AÉRODROME DE MAISON-BLANCHE
est devenu en 15 ans
UN DES PLUS IMPORTANTS DU MONDE
Les premiers avions se posèrent sur ce terrain en 1919
Orly, le Bourget, Croydon,
La Cuardia, Tempelhof, autant de noms qui font naître dans l'esprit,
chaque fois qu'on les prononce, une foule d"images, d'événements.
Il en est un aujourd'hui de part l'Europe et peut-être même
dans le monde, de plus en plus connu,
d'autant qu'il évoque, curieux paradoxe, un bâtiment public
universellement connu : Maison- Blanche.
Maison-Blanche, aéroport d'Alger, au trafic sans cesse croissant,
est une escale internationale des plus appréciées pour les
" liners " transcontinentaux.
De jour et de nuit, à une cadence régulière, les
quadrimoteurs reliant les États-Unis à l'Europe et auMoyen-Orient,
ainsi qu'à l'Afrique noire, se posent à Maison-Blanche.
De par sa position géographique on ne peut l'éviter.
En cinq ans. Maison-Blanche a connu un essor inattendu. Et sa croissance
n'est pas près de se stabiliser.
Maison-Blanche est étroitement liée au développement
du transport aérien commercial. Parcourez son histoire et c'est
toute l'épopée de l'aviation civile qui renaîtra.
Maison-Blanche a vu le jour voici 30 ans.
Les premiers avions qui se posèrent à Maison-Blanche, en
1919, ne permettaient pas à l'époque de songer à
une telle expansion pour cette petite commune des environs immédiats
d'Alger.
Quelques aviateurs y effectuèrent en effet des vols d'entraînement,
à partir du terrain d'un ami.
Mais l'idée était lancée, prenait corps et était
concrétisée, administrativement, en 1921, par un arrêtéd'occupation
et d'expropriation.
Maison-Blanche était née. Un an plus tard on y construisait
quatre hangars. C'était un hangar à dirigeable de 150 mètres
de long, récupéré par la France enAllemagne au titre
des dommages de guerre.
Il fut transporté de Casablanca à Alger. Coupé en
hauteur et fractionné, il offrait ainsi de vastes abris toujours
appréciés d'ailleurs. Ce sont situés à l'escale
militaire. L'Aéronautique navale les utilisa quelque temps, mais
son passage à Maison-Blanche ne laissa pas de traces...
1924, début héroïque
de l'aviation civile
C'est en 1924 que les " civils " s'installent officiellement
à Maison-Blanche avec l'Aéro-club d'Algérie et la
Compagnie aérienne française, spécialisée
dans la photographie aérienne. Elle utilisait un " AR ",
récupéré de la guerre et un " Nieuport "
moteur Hispano.
L'aéro-club était équipé avec un " Henriot
14 ", moteur rotatif de 80 chevaux Rhône, et d'un " Caudron
232 ", un des premiers sortis, doté d'un moteur Renault de
cent chevaux.
Peu après, la Compagnie française d'aviation voyait le jour.
C'était une petite école de pilotage. Ons'entraînait
sur " Caudron " et sur " Soopwith ".
1927 sera marqué d'une pierre noire par l'Aéro-Club d'Algérie,
auquel déjà, sont attachés deux noms: MM. Billon
du Plan et Prévost.
Le 8 mai Bonin se tuait au cours d'une démonstration publique.
Dans l'accident disparaissaient également Granval, un parachutiste
et Morand, d'Affrevllle. élève de l'Aéro-Club. Le
regretté Bonin avait monté une petite école de pilotage
avec un " Spad 16 "
Installations améliorées
Luttant contre la malchance, croyant en l'aviation devenue pour eux une
religion, les dirigeants del'Aéro-Club d'Algérie construisaient,
sur l'emplacement actuel, un premier hangar, quelques années plus
tard un second et en 1934 un atelier de réparations et d'entretien.
Le Club-House, aujourd'hui dirigé par les wagons-lits, était
inauguré en 1932.
Le terrain de Maison-Blanche occupait alors une surface de 13 hectares.
Il n'y avait pas de pistes. Le principe n'en était d'ailleurs pas
connu....
Premiers transports réguliers
C'est en 1936 que les premières lignes aériennes algériennes
furent ouvertes et assurées. L'une assurait le littoral algéro-tunisien,
l'autre le Sud.
MM. Henri Germain et Étienne en sont les précurseurs, Il
convient de leur rendre l'hommage qui leur est dû. Leur action aura
énormément contribué au développement, à
la vulgarisation de l'aviation commerciale en Algérie.
La première compagnie de transports avait l'appellation commerciale
suivante : Lignes aériennes
nord-africaines. Elle s'était assurée le concours technique
de l'Aéro-Club d'Algérie qui avait mis à sa disposition
ses installations, son personnel, le chef pilote Ferraris et Descamps.
Oran, Alger. Bone et Tunis étaient reliés par des "
Dragons de Havilland 84 ", bimoteurs de 120 chevaux.
Ils reliaient notamment Alger à Tunis en 4 heures.
Parallèlement. la Société algérienne de Transports
tropicaux, avec des " Farman 190 ", type " Frégate
" assurait le Sud.
C'était du travail " costaud " devait nous dire Ferraris.
Les terrains n'étaient pas équipés comme maintenant
et les passagers éventuels peu convaincus dela régularité
de la ligne.
Enfin en 1936-37 naissait la Régie Air-Afrique créée
par le commandant Dagneaux. Aujourd'hui, sur l'aéroport de Maison-Blanche,
l'avenue centrale porte le nom du commandant Dagneaux, le premier à
avoir exploité, au départ d'Alger, la ligne Zinder, Fort-Lamy,
Brazzaville.
" Air Afrique " disposait d'une flotte excessivement moderne
et d'équipages de classe. Équipée tout d'abord de
" Goëland-Caudron 448 ", la " RAA " assura notamment
avec cet appareil la transversale Oran-Tunis.
C'est le 1er mai 1938 que le premier " Goéland ", baptisé
l'" Ouragan ", fut mis en service.
La " Régie Air Afrique " possédait également
des " Bloch Colonial 120 " avec lesquels elle assurait Alger-Brazzaville.
En 1938, le commandant Dagneaux et ses collaborateurs prenaient livraison
du premier " Potez 661 ", piloté du Bourget à
Alger par le fameux René Lefèvre.
Destiné à assurer le tronçon Bangui-Tananarive, c'était
un quadrimoteur (220 CV).
Enfin, le 17 avril 1939, " Air Afrique " recevait son premier
" Lockheed " que Lefèvre était allé toucher
aux Etats-Unis. La compagnie avait passé commande de 5 avions.
" Lockheed " recevait 11 passagers, sa vitesse de croisière
était de 335 kmh. Ils ont renforcé l'escadrille des "
Bloch " sur Alger-Brazzaville.
Le premier vol d'essai sur cette ligne était effectué le
19 mai 1939. Le " Lockheed " reliait Paris-Alger-Brazza en 23
h. 11' à la moyenne horaire de 343 kmh. A bord se trouvaient MM.
Dagneaux, Lefèvre et Volmerange.
Et le 3 juin, l'appareil était mis en service sur Alger-Brazzaville,
piloté par M. Poulin, premier piloted'Air Afrique.
Signalons d'ailleurs que le " Lockheed " survole toujours les
immenses étendues désertique pour le
compte de l'Aéro-Africaine, nouvelle dénomination de la
glorieuse SATT du colonel
Étienne.
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