Mondovi
ch,-l de canton de 8 100 hab., centre agricole le plus important de la r
égion bônoise ; vignobles,tabacs (Tabacoop)
Le 11e Convoi par Eug. WARION
Pieds-noirs d'hier et d'aujourd'hui, n°32, janvier 1993
sur site le 04/01/2002...déplacé ici le 20-9-2011

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------Partis le 16 Novembre 1848 des quais de Bercy de Paris, ils totalisaient 922 personnes femmes et enfants les 339 Concessionnaires du l le convoi qui partaient volontaires en Algérie créer entièrement le Centre Agricole de Mondovi dans la plaine de Bône. Ils répondaient à l'appel du Décret de l'Assemblée Nationale du 19 septembre 1848 de la IIe République créant des Colonies Agricoles dans la Province d'Algérie justement devenue Française cette année là. L'Etat octroyait aux citoyens Français volontaires une concession de terre d'une étendue de 2 à 10 hectares par famille selon le nombre de personnes.

------Répartis dans cinq péniches et après le discours du Général Cavaignac et la remise du Drapeau de la Colonie, il descendront par les canaux du Loing, de Briare, du Centre puis la Saône et le Rhône jusqu'à Arles. Ils termineront leur trajet en chemin de fer en traversant le nouveau tunnel de la Nerthe, 4633 m, pour arriver à Marseille le 30 novembre après 14 jours d'un périple rocambolesque. Au Lazaret de Marseille ils attendront la frégate à Vapeur "Le Labrador" qui les amènera en trois jours et demi à Bône où ils arriveront dans l'après ? midi du 8 décembre. Au Lazaret se trouvaient également les 835 Colons volontaires du 10e Convoi qui va créer Jemmapes attendant "Le Cacique". Ils sont tous volontaires pour une concession de 2 à 10 hectares de terre suivant l'importance de la famille et non des déportés comme on a bien souvent voulu les assimiler. Le décret de l'Assemblée Nationale du 27 Juin 1848 stipule : "seront transportés par mesures de sécurité dans les possessions françaises autres que l'Algérie, les individus reconnus avoir pris part à l'insurrection du 23 Juin et jours suivants". Arrivés à Bône ils seront hébergés à la caserne Yusuf et prendront part le 10 Décembre, avec les autochtones, à l'élection au suffrage universel du ler Président de la seconde République, Louis Napoléon Bonaparte. Se trouve parmi ces colons volontaires mon bisaïeul, Eugène Warion, né à Hennemont dans la Meuse, le 1er Juillet 1825. Etudiant en Théologie dans une institution des Batignolles à Paris, il obtiendra une concession de 5 ha, 77a, 29 ca. N°3645.

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Le 11 décembre les colons célibataires seront dirigés, pour y monter les tentes, sur l'emplacement aménagé par l'armée à Koudiat Menaa à 23 km au sud de Bône et à 7 km au Sud Est du camp de Dréan. Cet ancien camp romain se situe en bordure de route entre Penthièvre et les terres du Général Monk d' Uzer qui deviendra Duzerville. C'est enfin le 12 décembre que la totalité du 11 e Convoi arrivera sur l'emplacement qui deviendra le Mondovi que nous avons connu. Le livre écrit par Maxime Rasteil d'après le manuscrit de Eugène François, qui fut et qui reste le bréviaire de tous les Mondoviens, contient de nombreuses erreurs et est assez romancé. Eugène François était âgé de 9 ans en 1848 et ses parents étaient concessionnaires pour le 10e Convoi de Jemmapes. Après le décès de sa mère, sa sueur, son beau frère durant le choléra de 1849, il rentre en métropole en juillet avec son père qui décède, hélas, à Marseille après avoir renoncé à sa concession. Le manuscrit avait été donné en 1908 à l'Abbé Bigot curé de Blandan. Eugène François décède à Bône en 1917 et ce n'est qu'en 1930 que Mr Maxime Rasteil fera publier "Le Calvaire des Colons de 48". Le site prévu pour l'implantation de la commune avait à l'origine une superficie de 1656 ha, 52 a, 88 ca, et devait comprendre trois Centres Agricoles Mondovi 1, 2 et 3. Seul le centre n° 1 gardera le nom de Mondovi. Le n°2 après avoir été surnommé Mondovi - le -Haut prendra en 1852 le nom du Vaillant Général Barral. quant au n°3 qui devait s'appeler Zerizer il n'existera jamais.

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Installés sous des tentes type "Marabout" pour deux, voire trois familles, il faudra attendre les années 50 pour avoir les baraquements de planches individuels puis les logements en dur.

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L'administration militaire s'exercera dès 1848 avec le capitaine du 3è Génie Louis Blanchet, puis se terminera en 1852 avec le Commandant du 72e Adolphe Buirette de Verrières. Le régime civil prendra effet en 1852 avec la nomination comme ler magistrat de Jacques Rivaud venu avec le 16e Convoi et cessera en 1962 avec la municipalité de Mr Roch Péraldi qui a succédé à Mr Roland Bertagna après 25 années à la tête de la commune de 1933 à 1958. La Paroisse placée sous le patronage de St ? Ambroise, dont le choix avait été pris en cours de traversée, sera fondée le 7 mars 1849. Le 1er prêtre sera l'Abbé Malbet. Le dernier l'Abbé Robert, et avant que l'Eglise ne soit érigée en Mosquée, un Prêtre de Ste Anne de Bône venait y célébrer les offices. L'Abbé Noizaux, qui officie en 1851, abattra à Magran le dernier lion de la région. L'Eglise que nous avons connue sera inaugurée et officiellement remise à la Municipalité Warion en 1877. Elle possédait un tableau offert par Napoléon III lors de sa visite à Bône en juin 1865. Un poste de gendarmerie est créé le 15 juillet 1854 au centre du village. Le père du Maréchal Juin y fera un séjour. La gendarmerie définitive sera construite sur le CGC 13 qui mène à Penthièvre.

------L'épidémie de choléra éclate en juin 1849. Ce n'est que fin août de la même année qu'il disparaîtra après avoir fait 257 victimes sur les 915 habitants que comptait ce Centre agricole. Cependant Mondovi le Haut est épargné. Le 15.09.1849 une lettre sera adressée à Paris, 7 place Furstemberg, à Mr Charles et Cie, par une personnalité musulmane Mr Ali Ben Khérim habitant sur la commune. Elle est écrite en arabe et sera transmise avec sa traduction en français au Ministre de la Guerre. On peut y lire
--------------------"Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux. I1 n'y a pas d'autre Dieu que Dieu. II n'y a de force qu'en Dieu.
que Dieu soit propice à Mahomet, à sa famille, à ses compagnons. Sachent les destinataires de cette lettre, ceux à qui elle parviendra, mes amis Mme Sophie et Mr Charles que je leur présente mon salut, que la miséricorde eues bénédictions de Dieu soient sur eux. Je n'ai rien à vous apprendre que d'heureux. Si vous demandez des nouvelle de Mme Marie Mercier habitant Mondovi - le ? Haut, sachez qu'elle est en parfaite santé. Il ne manque rien, sinon de vous voir et d'être réunie à vous. Elle va sans cesse dans le pays des Béni Salah, Abdallah et Ahmed et exerce ses bienfaits sur tous. Car elle guérit et soigne les malades chez les Béni Salah, Ouled Sélim et au delà chez les Ouled Maamar et Bou Aziz. Tous ceux qu'elle soigne (que Dieu la récompense) l'aiment, qu'ils soient près d'elle ou loin d'elle. Sa puissance est grande et son rang élevé parce qu'elle soigne les gens sans leur demander ni argent, ni bœuf, ni mouton, ni poule même pas un os. C'est pour cela qu'elle est aimée dans toutes les tribus. Le salut sur vous de la part de vos amis Ali Ben Khérim, de ses fils Ahmed et Béchir et de la femme de ce dernier Taous Bent Saleh. Salut sur Mme Sophie et Mr Charles. Donnez nous de vos nouvelles et instruisez nous de tout ce qui vous intéresse".

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Il y a moins d'un an que les Colons sont sur les terres de ce centre Agricole. Madame Marie Mercier, 43 ans, avait un diplôme de sage femme. Elle accompagnait son fils Pierre, 25 ans, concessionnaire célibataire et son neveux Adrien Grémillon, 25 ans, Concessionnaire célibataire également. On est bien loin de trouver l'affreux colon venu pour s'accaparer des terres des autochtones et faire suer le burnous.

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La colonie s'organise. Elle accueillera les familles venues des vignobles du Sud Ouest de la France, du Tarn et de l'Auvergne. I1 ne sera gardé dans le village que le souvenir d'un seul Déporté politique en la personne de Eugène Hermine, Maire républicain des Basses Alpes déporté après 1851. Il sera bientôt Juge suppléant à Mondovi puis Maire et Conseiller Général de Randon. Vers 1860 nous verrons arriver des familles d'origine latine fuyant l'unification de l'Italie ou le chômage à Malte
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Hormis la population urbaine qui n'a jamais dépassé le millier d'Européens, de grandes fermes agricoles vont se développer sur la commune. Les vignobles de Guébar - Bou - Aoun a la superficie impressionnante de 5675 hectares avec son château, qui devait accueillir Napoléon III dans son périple Bonois. Les établissements de Bou Farah où l'élevage s'effectuait sur une vaste échelle avec des laiteries des plus modernes fournissant plus de 1.000 litres de lait par jour, la traite se faisant en musique. La cave vinicole de l'Oued Guérig appartenant à la famille Pavet. Les Domaines du Chapeau de Gendarme, Gazan, St Paul Chaubard où viendra naître Albert Camus. Les fermes françaises alentours de Beugin, Magran, d'autres plus modestes Cardenti, Latril, Albrieux, Albertini, Zamit, Jugue, Dardé fourniront progressivement à la commune ses ressources et ses besoins maraîchers. En 1920 c'est la création de la Tabacoop, qui bien avant celle de Bône groupera les productions de Tabac de la région. Elle emploiera une main d'œuvre importante autochtone et européenne. La Cave Coopérative créée en 1922 pourra recevoir près de 30.000 hectolitres de vins des moyens et petits producteurs. Le marché hebdomadaire du samedi permettra la vente de cultures maraîchères et du bétail. Le monument aux morts sera inauguré le 22 avril 1922. I1 portait les noms des Enfants de Mondovi, Morts pour la France. Guerre 1914/18 avec 54 noms chrétiens et musulmans, 7 pour la seconde guerre 1939/45. Le poilu, qui surmontait le socle, à plus de trois mètres de haut, se trouve à Eragny sur Oise dans le Val d'Oise.
L'Amicale des Mondoviens et leurs Amis a fait ériger une plaque de marbre portant les noms de ces héroïques soldats morts pour leur patrie en y ajoutant celui de notre jeune ami Claude Schwall tué pour que cette terre que nous avons tant aimée reste française après cinq générations de vie commune.

Eug. Warion-
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L'Amicale des Mondoviens et leurs Amis a été créée en 1977 sur une idée exprimée par feu le Docteur Marcel Taïeb. Son siège social 509 Boulevard Montesquieu. La salle 13320 Bouc - Bel - Air.
Le repas annuel a lieu le 1er dimanche de juillet dans une Région différente. Cette année 1993 il aura lieu à Bouc - Bel - Air